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notre résumé : nous voulons parler d'un agent destructeur secret, dont l'invention, dit-on, et la propriété appartiennent à un capitaine Warner, auquel, bien qu'il n'ait aucun grade dans la marine royale, on donne ordinairement le titre de commander Warner. Depuis plusieurs années des bruits terribles et effrayants avaient excité l'anxiété publique. On disait que nous étions à la merci d'un individu qui savait les moyens de détruire une nation, et qui, dans le cas où le Gouvernement ne voudrait pas lui abandonner un demimillion de souverains en échange de sa machine, quitterait le pays et irait apprendre aux étrangers les moyens de réduire notre flotte en pièces. Cette demande paraissait si raisonnable, dans un cas de cette importance, qu'on ne manqua pas de crier contre l'imprévoyance, la lenteur, l'incapacité du ministère..... Enfin, une expérience fut faite en présence de sir Robert Peel, de sir George Murray, de sir Henry Hardinge, de sir Francis Burdett et d'autres personnes de rang et de savoir. Une embarcation de 23 pieds de long sur 7 de large fut placée sur une grande nappe d'eau. Elle était remplie de pièces de bois solides sur une profondeur de 4 pieds 1/2, traversées dans toutes les directions et réunies ensemble au moyen de clous de 8 pouces. Ce bateau pesait, dit-on 2 tonneaux 1/2, et son contenu 5 tonneaux 1/2.

Lorsque les assistants eurent pris place, l'inventeur mit son projectile en mouvement, frappa l'embarcation et la brisa immédiatement en mille pièces. Au moment du choc, l'eau s'ouvrit et offrit à l'œil l'aspect d'un énorme bol, tandis que, sur sa surface troublée, on remarquait un éclat semblable à l'éclair qui sillonne les nues. Une colonne d'eau fut lancée en l'air, comme une grande source de laquelle étaient projetés, à quelques centaines de pieds, les débris du canot, dont quelques-uns retombèrent à plusieurs centaines de mètres dans les champs voisins. Les spectateurs examinèrent plusieurs pièces, et trouvèrent les grands clous

entièrement rompus, le mât ressemblait à un arbre fendu par la foudre; et l'on n'avait jamais rien vu, auparavant, produire une destruction si soudaine et si complète. Comment un effet aussi puissant avait-il été produit? c'est ce qui ne fut pas révélé; mais l'appareil employé pour cela ne pesait pas plus de 18 livres.

Les résultats de cette terrible expérience donnèrent lieu à une discussion parlementaire, à la suite de laquelle le ministre répliqua qu'il avait eu l'occasion de voir les effets extraordinaires produits par la machine du capitaine Warner, et qu'il s'était adressé au maître général de l'artillerie, le priant de charger deux officiers d'examiner cette découverte. Après de longs débats, relatifs aux personnes qui devaient être chargées de cet examen, et dont le capitaine. Warner aurait voulu que le choix lui fût laissé, ainsi qu'à l'énorme somme de 400,000 livres sterling (9,084,000 fr.) demandée par celui-ci pour faire connaître son secret, il fut ordonné, le 8 juillet 1834, que des expériences seraient faites devant une commission mixte d'officiers d'artillerie et de marine; mais, le 14 du même mois, l'inventeur fit des objections au choix qui avait été fait de Woolwich pour le lieu des épreuves, et sollicita la promesse que l'opération ne serait pas publique ; il manifesta, en outre, le désir qu'il n'y eut que 3 officiers au lieu de 6, et que Wanstead Parck fût choisi pour le lieu des essais. On accueillit toutes ses demandes, et le jour fut fixé au 21 du même mois. Les officiers se présentèrent au rendez-vous; mais on ne put trouver nulle part le capitaine Warner. Enfin l'on apprit que, le matin du même jour, il avait quitté sa maison de Claybury pour se rendre à Londres. En même temps, la Chambre des communes, qui avait été saisie d'une demande d'enquête sur la question, repoussa la motion à une majorité de 2 voix contre 72 1

1 Dans une lettre à l'éditeur de l'United service Magazine, M. Warner dément une partie des faits avancés dans cette notice: Des circonstances indépendantes

N° 59.

SUR les cloisons en fer impénétrables à l'eau, par C. W. WILLIAMS,
Esq., de Liverpool.

Extrait du rapport au Parlement sur les bâtiments à vapeur.
(Mechanic's Magazine de janvier 1844.)

Le désir de diminuer ou de prévenir les accidents auxquels sont sujets les bâtiments à la mer a longtemps occupé les recherches et l'attention des philanthropes et des savants; et en comparant la nature fragile d'un navire à la puissance terrible de la mer; en pensant qu'une simple planche est tout ce qui est interposé entre ces éléments et les hommes qui sont à bord, nous sommes tentés de manifester notre étonnement, non pas de voir si peu de bâtiments se perdre, mais d'en voir tant échapper au naufrage.

Les accidents auxquels les navires, et particulièrement les vapeurs, sont exposés ont généralement pour causes : premièrement un choc violent contre des roches ou tout autre corps solide susceptible de nuire à la charpente du bâtiment; et, en second lieu, des abordages accidentels avec d'autres navires, abordages par suite desquels quelque partie de l'un des navires, ou même de tous les deux, se trouve endommagée au point de permettre à l'eau de s'y introduire en telle abondance, que les efforts de l'équipage pour la chasser au moyen des ponipes deviennent impuissants.

Des esprits inventifs se sont efforcés de trouver des procédés pour diminuer le danger résultant de pareils accidents; et au nombre de ces procédés se trouve l'emploi de tubês à air hermétiquement fermés, en assez grand nombre

de la volonté de l'inventeur, le manque d'eau dans l'étang où devaient être faites les épreuves, le départ de l'amiral Stopford, rapporteur de la commission chargée d'examiner l'invention de M. Warner, la formation d'une nouvelle commision secrète, occasionnèrent des retards dans l'intervalle desquels eut lieu le rejet de la motion faite en la Chambre des communes. (Note du traduçteur.)

pour que, dans le cas où le corps du navire serait rempli d'eau, celui-ci conservât encore assez de légèreté pour rester à flot. Il a été pris une patente pour cette invention, et l'on a publié un mémoire très-ingénieux dans lequel on démontrait quelle protection apporterait un nombre dorné de tubes distribués dans toute l'étendue du navire. Il ne paraît pas cependant qu'on ait essayé la possibilité de mettre en place une quantité suffisante de ces tubes ou vaisseaux pleins d'air, ou qu'on ait disposé de cette façon un navire de quelque grandeur, de manière à en démontrer l'utilité.

Qu'on parvienne à découvrir un moyen d'empêcher l'irruption de l'eau dans le navire, de manière à la limiter à la quantité qu'en peuvent chasser les hommes de l'équipage avec le secours des pompes, c'est un espoir dont on ne peut se flatter. Et même, dans le cas où le bâtiment frappe sur une ancre ou tout corps susceptible de rompre une partie de son fond ou de son flanc, lors même qu'un seul bordage est enlevé, la grandeur de l'avarie peut être telle, qu'il devienne impossible à toute puissance humaine de maintenir le navire à flot. Il m'a semblé que le seul moyen praticable d'empêcher dans ce cas la submersion complète du navire était de confiner l'effet de l'avarie dans cette portion ou section du navire qui a supporté celle-ci : c'est sur cette base que reposent les moyens de conservation que je vais proposer.

On n'a encore rien essayé pour empêcher l'eau de se répandre à la fois dans tout le corps du navire, lorsque, par suite d'un choc ou de toute autre cause, elle s'y est frayé un passage: là cependant se trouve la source d'un grand danger, particulièrement à bord des vapeurs, parce que les feux qui sont placés à la partie inférieure de la coque sont promptement éteints par l'eau, et que les chances de salut qu'on peut avoir en se rendant promptement à terre se trouvent ainsi anéanties. Sur les vapeurs, le plus petit dé

rangement de l'un des tuyaux de communication entre l'intérieur et l'extérieur, destinés à l'introduction de l'eau ou à son expulsion de la machine et de la chaudière, a souvent causé les accidents les plus graves. Dans un de ces cas, l'introduction accidentelle d'un morceau d'herbe marine sous la soupape de la pompe d'épuisement de la cale d'un bâtiment à vapeur suffit pour le faire remplir presque jusqu'à couler bas d'eau. Mais quand on consière que ces accidents, qui trop souvent occasionnent la submersion totale d'un vapeur, sont locaux dans leur origine, et n'affectent qu'une petite portion du navire, et que la quantité d'eau introduite est souvent assez faible pour n'offrir que peu de résistance à la puissance des pompes, on conçoit qu'on apportera au navire une protection importante et efficace, en confinant l'eau dans la partie qui a supporté l'avaric.

Cette idée de diviser la coque du navire en compartiments tous impénétrables à l'eau a, dit-on, été mise en pratique par les Chinois dans leurs barques de commerce, dont les diverses divisions, parfaitement calfatées, sont fermées à clefs et appartiennent à différents armateurs.

Ce moyen de donner de la sécurité aux navires me vint à l'idée pendant la construction du vapeur en fer le Garryowen, qui navigue aujourd'hui sur les eaux du Shannon, à Limerick, et des barques de commerce que les vapeurs de la compagnie de Dublin remorquent sur cette rivière. Quand la coque est en fer, comme celle du Garryowen, les cloisons en plaques de fer y sont d'une application facile et efficace; et indépendamment de la grande force que donnent à tout le système cette espèce de ponts intérieurs et transversaux, ces divisions sont elles-mêmes susceptibles d'être aussi bien rendues inaccessibles à l'eau que le navire lui-même.

L'expérience a prouvé qu'il était impossible de construire en bois une division ou cloison impénétrable à l'eau,

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