tin sol étranger, nos fourmis auxiliaires ne connoissent ni servitude ni oppression; elles jouissent de toute liberté, vivent avec leurs compagnes, comine si elles étoient sœurs, et trouvent dans une sorte de sentiment maternel la récompense de toutes leurs peines; en un mot, leur première destination n'a éprouvé aucun changement essentiel. Nous voyons que dans une famille d'insectes laborieux, telle que celle des apiaires, la nature, relativement aux nomades, aux melectes, etc., s'est écartée de son plan général, en donnant aux espèces de ces genres des mœurs parasites. Ces apiaires profitent des travaux de quelques autres hymé⚫ noptères de la même famille. Elles placent leurs œufs dans les nids des derniers, et leurs petits s'y nourrissent et s'y développent aux dépens de la postérité de ceux-ci. Les substances alimentaires, déposées en quantité suffisante dans ces retraites, peuvent se conserver jusqu'au moment où les larves de ces apiaires parasites se métamorphoseront en nymphes. Celles des larves des fourmis sont plus liquides, plus variées, et leur emploi se renouvelle souvent chaque jour. Nos jeunes fourmis ont besoin d'être nourries à la becquée. Leur état exige d'ailleurs d'autres soins, et qu'elles ne peuvent recevoir que d'individus chargés de cette fonction, et réunis en société nombreuse. En voulant établir dans la famille des fourmis une société d'espèces parasites, la nature n'a pu préserver leur postérité d'une extinction générale et certaine, qu'en instituant un nouvel ordre de choses, celui que nous venons d'exposer, et qui, malgré son anomalie apparente, est toujours digne de sa haute sagesse. En terminant l'histoire des fourmis amazones, j'inviterai les naturalistes à faire quelques expériences dont le résultat pourroit servir à la compléter. Il faudroit, par exemple, 1.o transporter dans leur habitation primitive, les fourmis auxiliaires, et introduire les neutres de ces espèces, qui sont restés sur leur terre natale, dans les fourmilières mixtes; 2.o enlever de ces dernières habitations, les larves et les nymphes des fourmis auxiliaires, afin de s'assurer si l'affection qu'ont, pour ces nourrissons, les neutres de ces espèces, ne les retient point uniquement auprès d'eux; 3.° priver, par un changement inverse, ces fourmilières mixtes, des jeunés amazones; 4.o retenir et conserver leurs femelles, immédiatement après leur fécondation, d'abord solitairement, ensuite de compagnie, et soit avec les ouvrières seules de la même espèce, soit avec les fourmis auxiliaires. POLYERGUE ROUSSÂTRE, Polyergus rufescens, Latr.; Fourmi roussatre, ejusd., Hist. nat. des fourmis, pag. 186, pl. 7, fig. 38, l'ouvrière; Fourmi roussatre (ou amazone), Hub., Recherch. sur les fourm., pl. 2, fig. 2, 3, l'ouvrière; fig. 3, le mâle; fig. 4, la femelle; Formica testacea, F? Le corps de l'ouvrière est long de trois lignes, d'un fauve-marron pâle, glabre, luisant, avec les yeux petits, noirs; les mandibules noirâtres; l'extrémité postérieure du tronc élevée ; l'écaille en forme d'ovoïde renversé, assez épaisse et entière; et l'abdomen ovoïde et court. La femelle ressemble beaucoup à l'individu précédent; mais elle est plus grande, avec le dos du corselet continu, ou sans enfoncement; les ailes sont blanches, avec le point épais et marginal, et les nervures, d'un roussâtre clair. Les ailes supérieures ont deux cellules cubitales, dont la seconde est fermée par le bord postérieur; il n'y a point de nervures récurrentes. Le mâle est de la grandeur de l'ouvrière, noir, avec les ailes blanches, les organes sexuels roussatres, l'écaille échancrée; les deux extrémités des cuisses, ainsi que les jambes et les tarses, sont pâles. Depuis la publication de mon histoire des fourmis, j'ai trouvé plusieurs fois cette espèce aux environs de Paris, principalement au bois de Boulogne. Elle fréquente généralement les lieux où la fourmi noir-cendrée est commune. (L.) POLYIDOS. Un des noms grecs de l'OGNON, de la STAPHYSAIGRE et de l'ELLÉBORE BLANC. (LN.) POLYGALA, Polygala. Genre de plantes de la diad phie octandrie, et de la famille des rhinantoïdes (de ce de son nom, selon Jussicu), qui offre pour caractères : un calice à cinq divisions, dont deux beaucoup plus grandes, en forme d'ailes souvent colorées; une corolle tubulée, fendue supérieurement, à limbe composé de deux lèvres, l'une supérieure, bifide, l'autre inférieure, concave, multifide et entière; huit étamines recouvertes par la lèvre inférieure, et réunies en deux paquets; un ovaire supérieur, surmonté d'un style à stigmate un peu épais et bifide; une capsule comprimée, en cœur renversé, biloculaire, bivalve, et contenant une ou deux semences luisantes. Ce genre renferme des plantes frutescentes et herbacées, à feuilles ordinairement alternes, et à fleurs disposées en épis terminaux, dont les unes ont un appendice plumeux, cilié, et les autres sont simples. On en compte environ cent espèces, dont cinq seulement appartiennent à l'Europe; les autres sont propres au Cap de Bonne-Espérance ou à l'Amérique septentrionale. Parmi les espèces qui ont un appendice plumeux aux fleurs, il faut remarquer : LE POLYGALA VULGAIRE, qui a la tige herbacée, simple, 1 P couchée à sa base, et les feuilles linéaires, lancéolées. Il est vivace et se trouve par toute l'Europe, dans les bois, les pâturages, et autres lieux incultes. C'est une plante de cinq à six pouces de haut, qui embellit nos coteaux pendant une partie de l'été par ses agréables épis de fleurs bleues variant quelquefois en rouge et en blanc. On l'appelle dans quelques contrées le laitier ou l'herbe à lait, parce qu'on croit qu'elle donne beaucoup de lait aux bestiaux qui en mangent, et par suite aux nourrices. Il paroît, d'après des observations de Duhamel, consignées dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1732, qu'elle est béchique et incisive à un degré si éminent qu'on ne peut trop l'employer dans la pleurésie et la péripneumonie. : ; Le POLYGALA AMER a les tiges droites, les feuilles supé rieures lancéolées, et les inférieures presque ovales et plus grandes. Il est vivace, et se trouve presque exclusivement 'sur les collines calcaires. Il ressemble beaucoup au précédent au premier coup d'œil; mais il est généralement plus petit, et très-amer. Il jouit des propriétés ci-dessus mentionnées, même à un degré plus éminent, et est de plus purgatif. ', Le POLYGALA DE MONTPELLIER a sa tige simple, droite, et les feuilles lancéolées, linéaires et aiguës. Il se trouve sur les coteaux incultes des parties méridionales de la France. Il ressemble beaucoup au vulgaire; mais il est annuel, et sa racine ne pousse ordinairement qu'une seule tige... Le POLYGALA PÉRUVIEN a la tige légèrement frutescente, Jes feuilles lancéolées, linéaires, et les fleurs presque en tête. Il croît au Pérou, où il est connu sous le nom de clin-clin, et où il est regardé comme un puissant diurétique, pris en infusion.1 Le POLYGALA FAUX-BUIS est frutescent, a les feuilles lancéolées, les fleurs éparses et à carène arrondie. Il se trouve dans les parties montagneuses de l'Europe. C'est un arbrisseau rampant, qui s'éloigne un peu du genre, mais qui ne présente d'ailleurs rien de remarquable. V. POLYGALOÏDE. Le POLYGALA A FEUILLES DE MYRTE a la tige frutescente, -les feuilles unies, ovales, obtuses, et la carène de la fleur Junulée. Il vient d'Afrique, et se cultive dans quelques jardins d'ornement. C'est un arbuste de deux ou trois pieds de haut, qui ne manque pas d'agrément, mais qui est sujet à la gelée. Parmi les espèces qui n'ont point d'appendice plumeux aux fleurs, il faut principalement distinguer: Le POLYGALA SENEGA, qui a la tige droite, herbacée, trèssimple, et les feuilles larges et lancéolées. Il est vivace, et se trouve dans l'Amérique septentrionale. V. pl. M. 26, où il est figuré. Sa racine passe en Amérique pour un spécifique assuré contre la morsure des serpens, et en Europe on l'esfime diaphorétique et alexipharmaque. On l'a, pendant quelques années, singulièrement préconisée en France, contre les pleurésies, les fluxions de poitrine, les hydropisies, etc.; mais elle est tombée dans l'oubli. Il n'en reste pas moins certain que c'est un puissant sudorifique. C'est le poligala grandiflora de Walter, ainsi que je m'en suis assuré en Caroline, où je l'ai fréquemment observe. Le POLYGALA JAUNE a les fleurs en tête allongée, la tige droite et les feuilles lancéolées, aiguës. Il est annuel, et se trouve en Caroline, où je l'ai observé dans les lieux humides. Ses épis de fleurs très-denses et d'un jaune vif, le rendent un des ornemens des bois pendant une grande partie de l'été. Le POLYGALA POLYGAME est herbacé, a les feuilles oblongues et obtuses. Il ressemble un peu au polygala vulgaire; mais ses fleurs sont verdâtres, et il y en a de deux espèces : les unes, en épis terminaux, sont pourvues de toutes leurs parties; les autres, qui naissent sur des petits épis radicaux, n'ont ni calice ni pétales, et s'enfoncent en terre comme les fleurs du trèfle souterrain, de la gesse et de la vesce amphicarpes. Walter a cité ce fait dans sa Flore de la Caroline, et j'ai eu occasion de le vérifier pendant mon séjour dans cette partie de l'Amérique. Le genre HEISTER a été établi aux dépens de celui-ci. (в.) POLYGALOIDES. Genre établi par Dillen et adopté par Haller, pour placer le POLYGALA, FAUX-Buis; c'est le Chamabuxus de C. Dauhin et de Tournefort. (LN.) POLYGALON ou POLYGALA. Selon Dioscoride, c'étoit un petit arbuste haut d'un palme, garni de feuilles comme celles de la lentille, et ayant un goût astringent; pris en breuvage, il faisoit, dit-on, venir le lait aux nourrices. Pline donne la même description, excepté qu'il affirme ce que Dioscoride rapporte comme un bruit populaire. Les commentateurs de ces anciens botanistes rapportent avec doute le polygala à des espèces de légumineuses des genres hippocrepis, astragalus, hedysarum, coronilla, ou bien à l'illecebrum verticillatum, et surtout à notre POLYGALA VULGAIRE, nommé laitier, parce que l'on croit qu'il augmente le lait des bestiaux qui en mangent. Matthiole pensoit avec Calceolarius, que le polygala de Dioscoride étoit le coronilla juncea. Calceolarius assuroit avoir plusieurs fois éprouvé que les nourrices se faisoient venir le lait en continuant l'usage de cette plante. Tournefort et Adanson sont de l'avis que notre laitier vul gaire est le polygala; aussi lui ont-ils fixé ce nom, devenu |