comme son abbaye de Saint-Evroult possédait le prieuré de Noyon - sur - Andelle, cette contrée ne pouvait manquer de lui être parfaitement connue. 1 : Cependant vers le milieu de ce même XII. siècle, le patronage de l'église d'Ecouis, nommée alors Saint-Aubin, fut donné à l'abbaye du Bec, par un certain Alvered de Gamaches (1). Ce patronage entra ensuite par échange dans le domaine des rois de France, puis fut donné par Philippe--le-bel à Enguerrand de Marigny. Tout le monde connaît l'immense crédit dont jouit Enguerrand à la Cour de ce monarque, les richesses qu'il amassa, la fin tragique à laquelle il fut condamné, et la tardive réparation de ses ennemis envers sa mémoire. Le nom de sa famille était Leportier, à cause de la garde de l'une des quatre portes du château de Lyons, héréditairemement confiée à ses ancêtres. Celui de Marigny provenait d'un fief dont la motte existe encore sur la commune de Dampierre, dans les environs de Gournay. C'est au mois de janvier 1310 que ce seigneur fonda la collégiale d'Ecouis, l'un des derniers établissements de ce genre que la piété d'un particulier ait élevés dans notre province. Il en (1) En 1308. Invent. du trésor des Chartes; normandie, Caux, III.Ibid. Gisors, V. Dans cet acte fort curieux, les terres de labour du Vexin et du Roumois sont estimées 25 sols l'acre en capital. 460 SUR QUELQUES MONUMENTS attacha le patronage à ses fiefs de Marigny et du Plessis, qui l'ont conservé jusqu'à la revolution. Alips, sa fille, porta ce patronage et ces seigneuries dans la maison de Fescamp. Bientôt ils passèrent dans celle de Gamaches, par le mariage de Marie de Fescamp, petite-fille d'Alips, avec Guillaume de Gamaches, premier du nom, puis dans celle de Chatillon-sur-Marne, par le mariage en 1439 de Blanche de Gamaches, petitefille de Marie, avec Jean, seigneur de Chatillon. Marguerite de Chatillon, leur fille, épousa en 1452 Pierre de Roncherolles, troisième du nom; depuis cette époque jusqu'au-delà du milieu du XVIIIe siècle, la maison de Roncherolles est restée en possession de la seigneurie d'Ecouis qui depuis 200 ans a figuré quelquefois dans ses titres sous le nom de baronnie (1). L'église d'Ecouis, sans être d'une beauté ou d'une étendue remarquables, présenté quelques circonstances dignes d'attention pour l'histoire de l'art ; c'est l'une de celles dont la date est (1) Cette seigneurie, ainsi que celles de Marigny et du Plessis, furent vendues vers 1770 à M. Gaillard de Beaumanoir, dont la marquise Dauvet acheta la seigneurie d'Ecouis vers 1780. A la même époque Marigny passa dans les mains de M. de Merval, puis en 1806 dans celles de M. de Belmont et enfin dans celles de M. Vatrin. la plus certaine, puisque nous connaissons d'une manière authentique l'époque de sa fondation (1er. janvier 1310), et celle de sa dédicace (1313). La rapidité de sa construction, qui paraît peu croyable au premier coup d'œil; s'expliquera plus facilement quand on saura qu'elle est, si nous osons parler ainsi, tout d'une venue, sans une colonne, sans un pilier, sans une nervure à l'intérieur, sauf des chapelles latérales entre la croisée et le portail, qui peuvent avoir été ajoûtées postérieurement, et dont il ne subsiste plus que celles du côté du midi (1). Toutes les fenêtres de cet édifice sont pointues, fort simples et bien éloignées de cette élégance et de cette richesse d'ornements qu'on admire dans les fenêtres presque contemporaines du chœur de Saint-Ouen de Rouen. Celles d'Ecouis sont terminées par des rosaces à quatre lobes, excepté aux extrémités où l'on retrouve les rosaces à six lobes si fréquentes dans les constructions des XIII. et XIVe. siècles. La vitre du fond du transsept septentrional présente encore les armes du fondateur (d'azur à 2 fasces d'argent ). On (1) Il paraît que c'est là qu'était établie la paroisse avant la révolution. La voûte actuelle est moderne et substituée à une précédente en charpente. 462 SUR QUELQUES MONUMENTS les voit aussi sur un écusson porté par un ange au sommet du portail; ce portail, peu remarquable dans son état actuel, offre un pilier central orné d'une statue de la Vierge; sur les piliers latéraux étaient, avant la révolution, les statues d'Enguerrand et d'Alips de Mons, sa troisième femme, portant chacun dans leurs mains une église dont ils faisaient hommage à la reine des Cieux (1). Ce portail est orné de deux clochers qui sans être d'une grande élévation, s'aperçoivent de très-loin, ainsi que tout l'édifice, à cause de leur heureuse position au milieu de l'une des plaines les plus vastes et les plus unies que l'on puisse rencontrer. Cette circonstance ajoûte tellement à l'effet extérieur du monument, qu'elle trompe le voyageur sur les véritables dimensions. Le tombeau d'Enguerrand a été complètement détruit pendant la révolution (2). Voici ce qu'en dit le père Toussaint du Plessis dans la descrip (1) Ces figures ont été données par Millin, Antiquités nationales, III, no, 28, pl. II. Alips de Mons pòrte, une guimpe. Le portail se trouve pl. I. On voit aussi dans ce recueil les figures d'un nommé Cornu et de sa femme, qui étaient placées près de l'entrée ; celle de la femme est remarquable par l'élégance de sou costume et sa gentillesse. (2) Un témoin oculaire de l'exhumation nousa rapporté qu'Enguerrand était de petite taille et qu'il avait la tête trés-forte. ELQUES MONUMENTS un écusson porté par un ange ortail; ce portail, peu remar état actuel, offre un pilier cenatue de la Vierge; sur les pilers , avant la révolution, les statues t d'Alips de Mons, sa troisième ht chacun dans leurs mains une faisaient hommage à la reine des que Гоп est orné de deux clochers qui, e grande élévation, s'aperçoivent ainsi que tout l'édifice, à cause se position au milieu de l'une des s vastes et les plus unies qu'elle rer. Cette circonstance ajoûte telextérieur du monument, ageur sur les véritables dimensions. d'Enguerrand a été complètement nt la révolation (2). Voici ce qu'es oussaint du Plessis dans la descrip nt été données par Millin, Antiquitės matiš pl. II. Alips de Mons porte une gaimpe. Le l. I. On voit aussi dans ce recueil les figures a et de sa femme, qui étaient placées près de a femme est remarquable par l'élégance de soa illesse. culaire de l'exhumation nousa rapporté qu'Eaetite taille et qu'il avait la tête très-farte. > DU DÉP, DE L'Eure. 463 tion de la Haute-Normandie Ce que ce mausolée a de remarquable, ce sont cinq figures qui en forment le couronnement. Jesus-Christ assis comme pour prononcer la sentence tient le milieu. Deux anges, l'un à droite et l'autre à gauche sont à ses côtés, la trompette à la main, Charles de Valois et Enguerrand de Marigny terminent la représentation, le premier avec la couronne, ducale sur la tête, à la droite de J., C., et Enguerrand, tête nue, à genoux et à la gauche, accusant le prince de l'avoir fait mourir injustement. » Tout cet ouvrage, qui n'est que de pierre, est appuyé contre le mur du sanctuaire du côté de l'Evangile (1). « Il ajoute que ce tombeau ne fut élevé qu'après la permission qui en fut donnée par Louis XI en 1475, à condition que si l'on faisait graver une épitaphe, il n'y serait fait aucune mention de son supplice. » Les caractères de la décoration du portail et particulièrement sa division en deux entrées, par un pilier central, ne permettent guères de le rapporter, une autre époque. Il est probable, d'après cela que le tombeau et le portail sont l'ouvrage de (1) On trouve l'épitaphe d'Enguerrand de Marigny dans Faria, hist. de Roueni, II, p. 388. Ce tombeau est figuré dans l'ouvrage de Millin cité ci-dessus. |