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P. 422, V. 17. Une preuve fidèle de l'infidélité, a paru un

peu jeu de mots.

ACTE IV.

SCÈNE I.

P. 425, v. 24. Er le refus souffert, etc.; le sens de ces deux vers a paru embarrassé. SCÈNE III.

P. 432, v. 9. Vers moi, moins coupable; on diroit aujourd'hui envers moi.

SCÈNE IV.

P. 438, v. 1. Une heure ensuite, pour une heure après, n'a pas paru d'usage.

ACTE V.

SCENE II.

P. 444, v. 17. Vous prétende, pour dire prétende à vous épouser, ne se diroit guère aujourd'hui.

SCÈNE III.
.

P. 447, v. 14. Dont l'humeur y paroît concertée ; y a paru de

trop.

Ib. v. 21. Peut-être y pourriez-vous étre mal adressée, pour vous adresser mal, ne sauroit se dire.

P. 448, v. 4. Lácher la balance, a paru une mauvaise expres

sion.

1b. v. 5. Poursuivre à, pour continuer à, ne se dit pas.

SCÈNE IV.

P. 449, v. 3. Leurs témoins; leurs est équivoque.
SCÈNE VI.

P. 452, v. 20. Créance, pour croyance, ne se dit plus.
SCÈNE VII.

P. 455, v. 8. Puisque vous n'êtes point, etc.; la construction a paru embarrassée et louche dans ces deux vers.

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SUR

LE MISANTHROPE.

UN chasseur, dit le célèbre M. Piron, qui se trouve en << automne, au lever d'une belle aurore, dans une plaine ou

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«

<< dans une forêt fertile en gibier, ne se sent pas le cœur plus réjoui que dut l'être l'esprit de Molière, quand, après avoir fait le plan du Misanthrope, il entra dans ce champ vaste où tous les ridicules du monde venoient se présenter en foule et comme d'eux-mêmes aux traits qu'il << savoit si bien lancer. La belle journée du philosophe! « Pouvoit-elle manquer d'être l'époque du chef-d'œuvre de << notre théâtre ? »*

Cette admirable comédie n'a guère plus d'action et de mouvement que celles de Térence; mais que de conversations! que de situations délicieuses! que de traits inimitables ! que de tableaux offerts à nos regards! C'est la société presque entière du milieu de l'autre siècle qui passe sous nos yeux. Combien de caractères différens, toujours soutenus jusqu'au dénouement le plus simple et le plus vrai! La coquette, la prude, les petits maîtres, Philinte, Oronte, servent tous à l'envi à faire sortir le caractère d'Alceste, le plus achevé et le plus singulier (dit le P. Rapin)* qui ait jamais paru sur le théâtre.

* Le même P. Rapin écrit à M. le comte de Bussy, en 1672 : « On fait tous les objets plus grands qu'ils ne sont; on fait un misan<thrope plus misanthrope qu'il n'est.... Le génie du peuple est gros

sier, il faut de grands traits pour le toucher. » On voit que du temps de Molière les hommes les plus habiles étoient bien loin de penser qu'il eût affoibli ce caractère.

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

1 ON supprimoit, du temps de Molière, quatre vers de cette scène, où notre auteur parle de son École des Maris. Ces quatre vers commencent par Et crois voir en nous deux, etc.

Non, l'amour que je sens pour cette jeune veuve

Ne ferme point mes yeux aux défauts qu'on lui treuve.

La Fontaine a employé ces deux mêmes rimes dans sa fable du Gland et de la Citrouille, livre 1x, imprimée pour la première fois en 1678.

Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve

Dans les citrouilles je la treuve.

C'est ainsi qu'il a mis dans sa fable des Poissons et du Cormoran, livre xa, émute pour émeute.

Χ

L'écrevisse en hâte s'en va

Conter le cas grande est l'émute,

On court, on s'assemble, on députe.

Ces petites licences étoient tolérées du temps de Molière et de La Fontaine, et l'on pourroit dire, à cet égard, avec M. de Voltaire :

Aimons jusqu'aux défauts heureux

De leur mâle et libre éloquence.

Nos anciens poètes écrivoient treuve, comme l'a fait ici Molière. Voyez Ronsard, livre I, ode v:

Comme on voit l'orgueil d'un torrent
Bouillonnant d'une trace neuve,

Ravager tout cela qu'il treuve.

Voyez aussi Malherbe, aux Ombres de Damon :

Qu'à peine en leur grand nombre une seule se treuve.

3 Les commentateurs de Boileau prétendent que cette Célimène étoit une femme très connue à la cour, et la même que ce satirique peignit vingt-huit ans après par ces vers : Nous la verrons hanter les plus honteux brelans,

Donner chez la Cornu rendez-vous aux galans, etc.

On doit voir, dans la différence des deux portraits, que Molière ne prêta jamais à son art la licence de la satire, et qu'il évita scrupuleusement de peindre ce qui devoit rendre plus odieux que ridicule.

Nous ne pouvons trop appuyer sur cette observation, que nous trouvons chez nos meilleurs écrivains. Voyez la Lettre sur la musique, par M. l'abbé Arnaud. On a déjà oublié (dit ce juge éclairé de tous nos arts) que la tragédie a son plaisir qui lui est propre, et que le ridicule est le fondement et l'âme de la comédie. Ridiculum comœdiæ fundamentum et anima. Demetr. Phaler.

4 La peste

SCÈNE II.

de ta chute, empoisonneur au diable ! En eusses-tu fait une à te casser le nez !

La critique ne voit ici qu'un jeu de mots; mais un examen plus approfondi y voit une réponse brusque et grossière, très digne du caractère d'Alceste. Les gens de son humeur se permettent, dans leurs accès, ce qu'ils condamneroient dans les autres.

5 Il faut convenir que dans cette scène, les complimens du sage Philinte, et son ton d'admiration à chaque vers du Sonnet d'Oronte, indisposent contre lui; mais n'oublions pas qu'il pouvoit se tromper comme le public sur le mérite du Sonnet. Le sieur de Visé, dans sa Lettre sur le Misanthrope, dit que le Sonnet étoit selon la manière d'écrire du temps.

Alceste, devenu Molière en cet instant, a plus de goût que son vertueux ami; mais cet ami, qui ne voit dans les défauts humains que des moyens d'exercer notre philosophie,

et qui en fait le plus bel emploi que trouve la vertu, sera toujours le guide le plus sûr et le plus sensé qu'on puisse se proposer. C'est le véritable honnête homme de la pièce; il réduit souvent Alceste à ne pouvoir lui répondre que par des brusqueries. Philinte se trompe ici sur des vers. Eh! qu'importe? Il ne se tromperoit pas sur le mérite ou le démérite d'une action.

Molière, dit M. Marmontel dans sa Poétique françoise, met en opposition les mœurs corrompues de la société et la probité farouche du Misanthrope; entre ces deux excès paroît la modération d'un honnête homme. Quel fonds de philosophie ne faut-il pas pour saisir ainsi le point fixe de la vérité ! C'est à cette précision qu'on reconnoît Molière, etc.

Observons que ce premier acte n'a que trois scènes, et qu'il est un chef-d'œuvre d'exposition. Le Misanthrope de Molière et le Bajazet de Racine ont seuls, dans les deux genres, le mérite supérieur d'exposer en agissant. Molière, dit-on, sans être aussi misanthrope qu'Alceste, s'étoit copié dans la manière embarrassée et froide dont celui-ci reçoit les protestations d'amitié d'Oronte. Ennemi de toutes les faussetés, il ne pouvoit se faire à ces serremens de mains et à ces embrassades, encore de mode chez les François d'aujourd'hui.

Il faut en convenir, de toutes les réponses que fait Philinte à Alceste, celle qui regarde la fureur de ces embrassemens, dont le Misanthrope le gronde, est la plus foible. Il y a quelque apparence qu'Alceste exagère en ce moment les politesses et les honnêtetés que vient d'arracher à Philinte l'homme dont il a presque oublié le nom; M. d'Alembert a remarqué, avec autant de justesse que de goût, que la foiblesse de la réponse du sage donnoit, mal à propos, trop d'avantage au Misanthrope.

L'illustre Fénélon avoit dit avant M. R. de G. que Molière avoit donné un tour gracieux au vice, avec une austé

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