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royales du 20 mai 1664, enregistrées le 4 mai de 1651. l'année suivante. 1

1651. Le cardinal-ministre et la reine régente n'eurent pas le temps de réaliser leurs rêves de propagande apostolique. Ils en furent détournés violemment par la guerre de la Fronde, guerre moins frivole et plus politique qu'on ne le suppose communément. Ce n'est pas ici le lieu de dérouler cette triste page de nos annales : elle appartient tout entière à l'histoire générale du royaume. On détachera seulement de ce grand drame un épisode dont le sol de la Saintonge et de l'Aunis devint momentanément le théâtre.

Après avoir combattu pour la cour et l'aristocratie contre les gens de robe et le tiers-état, le petit-fils de Charlotte de la Trimouille, ce jeune et valeureux duc d'Enghien qui, à vingt-deux ans, avait déjà éclipsé la gloire militaire des plus illustres capitaines de son siècle, le Grand Condé enfin, se trouvait, par un de ces reviremens de fortune si communs dans ces temps de trouble et d'anarchie, jeté malgré lui à la tête du parti des parlementaires et de la bourgeoisie contre le baronnage et la royauté. Aussi médiocre dans les luttes politiques qu'il était grand sur

Rochelle le 1er juillet 1661, en remplacement de Jacques Raoul, mort le 15 mars précédent, et mourut le 22 novembre 1693, âgé de 74 ans. (Voy. Hugues du Tems, Clergé de Fr., tom. II, p. 526 et suiv.)

1 Gall. Christ. Eccl. Santon. tom. II, p. 1085. Hugues du Tems, loc. cit., p. 526 et suiv.-Arcère, Hist. de la Rochelle, tom. II, p. 485 et suiv.

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1651. les champs de bataille, Louis de Condé avait soulevé contre lui, par l'inconséquence de sa conduite et l'impétuosité de son caractère, tout ce que la France renfermait d'hommes influens. Forcé de quitter la cour, où sa liberté était menacée, et ne respirant plus que vengeance, il se retira dans son gouvernement de Guienne où quelques amis vinrent le joindre, et la guerre civile ne tarda pas à éclater dans cette province.

Reçu avec enthousiasme par le parlement et le peuple de Bordeaux, le prince conçut un vaste plan de campagne. Il résolut de lever une armée dans les provinces aquitaniques et de marcher sur Paris. Mais le Grand Condé eut le tort immense de flétrir ses lauriers en s'unissant à ces Espagnols contre lesquels il avait naguère combattu avec tant de gloire pour la France. Cette faute lui aliéna la plupart de ses partisans, et au lieu de pouvoir, comme il l'avait projeté, marcher sur Paris à la tête d'une grande armée, il se vit bientôt attaqué lui-même dans la Guienne. Anne d'Autriche et Louis XIV, alors âgé de treize ans, s'avancèrent jusqu'à Poitiers pour diriger les opérations de la campagne, et leur escorte fut renforcée dans cette ville par des troupes considérables levées par le comte d'Harcourt.

Après s'être assuré de quelques places de la Dordogne et avoir fait une tentative inutile sur Montauban où le sieur de Saint-Luc s'était fortifié, Condé passa la Garonne avec quelques troupes et vint guer

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royer en Saintonge. Il s'empara sans combat de Tail- 1651. bourg et de quelques autres places. Louis de Bassompierre, évêque de Saintes, homme de bien et bon serviteur du roi, abandonna, à regret, sa ville épiscopale à Monsieur le prince. Condé y mit pour gouverneur le sieur de Chambon, qui brûla les faubourgs, afin de pouvoir mieux défendre la ville en cas d'attaque. Le prince remonta ensuite la Charente pour aller s'emparer d'Angoulême; mais il n'osa attaquer cette ville où le marquis de Montausier, gouverneur de Saintonge et d'Angoumois, s'était enfermé avec un grand nombre de gentilshommes du pays. S'étant alors replié sur Cognac, il investit cette ville et s'empara sans difficulté des faubourgs : puis il reprit le chemin de Bordeaux où l'appelaient des affaires urgentes, laissant une partie de ses troupes devant Cognac, pour continuer le siége de cette ville, sous le commandement du jeune duc de la Rochefoucault et de Henri de la Trimouille, prince de Tarente. 1

Maître de tout le pays situé au midi de la Charente, à la réserve de Cognac, le prince jeta les yeux sur la Rochelle dont la possession lui eût assuré celle du pays d'Aunis. Dans cette ville commandait alors Louis Foucault, comte du Daugnion. Ce seigneur, rusé politique, après avoir rempli la charge de vice-amiral dans le gouvernement de la Rochelle,

Mém. de Mme de Motteville, tom. V, p. 9o et suiv.

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1651. île de Ré, Oleron et Brouage, sous Armand de MailléBrézé, duc de Fronsac, surintendant du commerce. et de la navigation, s'y était maintenu de sa seule autorité, après la mort du duc, tué, le 14 juin 1646, au siége d'Orbitello en Toscane.

« Le malheur du duc de Brézé, dit un contemporain, fut d'avoir trouvé du Daugnion, qui l'empauma de telle sorte, qu'on pouvait dire qu'il faisait tout ce que l'autre voulait. A la mort du duc, du Daugnion, qui était vice-amiral, quitta tout et s'alla saisir de la Rochelle. Ça été un grand tyran. Il fit faire un balustre dans le chœur de l'église de Brouage où il entendait seul la messe. Pas une femme n'y eût osé entrer. On fermait les portes de la ville quand il dînait. Il avait cent gardes montés comme des SaintGeorges, et rançonnait fermiers et marchands. Grande maison, grand équipage, tout cela bien réglé et point de désordre, pourvu qu'on fit ce qu'il voulait. 1»>

Le but de ce personnage était de se faire une position indépendante, dans les cantons maritimes de l'Ouest, à la faveur des troubles politiques qui déchiraient le royaume, et de se rendre redoutable à tous les partis, afin de vendre son alliance plus cher à celui qui voudrait l'acheter. Le cardinal Mazarin l'avait envoyé sommer de se rendre auprès de lui, mais il s'en était excusé sous de frivoles prétextes. « Alors,

↑ Mém de Tallemant des Réaux. Paris 1834, tom. II, p. 50

DU COMTE DU DAUGNION.

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dit une femme de la cour, le ministre vit clairement 1651. qu'il y avait beaucoup à craindre de ce côté-là; mais comme c'était un mal sans remède, il fit semblant de le tenir pour excusé, et jugea que le désir d'un bâton de maréchal était la cause de sa désobéissance. »>

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Louis de Condé s'efforça d'attirer du Daugnion dans son parti et lui fit proposer de le recevoir dans la Rochelle avec des troupes pour fortifier cette ville. Le comte se montra assez disposé à servir les intérêts du prince; mais, non moins défiant qu'ambitieux, il n'entendit pas se donner un maître et ne chercha dans l'alliance de Condé que le prestige d'un nom illustre pour le faire servir à ses propres desseins. Il alla trouver le prince à Bordeaux et lui représenta qu'un chef de parti devait tenir la campagne avec son armée, tandis que ses lieutenans occuperaient les villes. Condé ne fut pas dupe de cette défaite, mais il feignit de s'en contenter, pour éviter une scission funeste à sa cause encore mal affermie.

Du Daugnion, de retour à la Rochelle, ne songea plus qu'à affermir son pouvoir dans cette ville où tout cédait à la violence de son caractère impérieux. Il fortifia les tours de la Lanterne, de la Chaîne et de Saint-Nicolas, fit raser les maisons contiguës aux deux premières et construire près de la troisième une redoute formée de deux demi-bastions. Pour défendre l'entrée de l'Aunis du côté de la Sèvre, il fit bâtir un

↑ Mém. de Mãe de Motteville, tom. IV, p. 178.

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