Et fait trembler les ennemis. (Peste! où prend mon esprit toutes ces gentillesses?) " Que font les révoltés? dis-moi, quel est leur sort? » Nous les avons taillés en pièces, « Ah! quel succès! ô dieux! Qui l'eût pu jamais croire? » Raconte-moi, Sosie, un tel événement. » Je le veux bien, madame; et, sans m'enfler de gloire, Je puis parler très savamment. (Sosie marque les lieux sur sa main ou à terre.) C'est une ville, en vérité, Aussi grande quasi que Thèbe. La rivière est comme là. Et l'espace que voilà, Nos ennemis l'occupèrent. Sur un haut3, vers cet endroit, Étoit leur infanterie; Et plus bas, du côté droit, Étoit la cavalerie. Après avoir aux dieux adressé les prières, Voilà notre avant-garde à bien faire animée; (On fait un peu de bruit.) 1 Plaute et Molière ont fait le même anachronisme. Ptérélas ne vivait point an temps d'Amphitryon. Il était fils de Taphius, fils d'une nièce d'Alene, père d'Amphitryon. Telebe était la capitale de l'ile de Taphe, voisine et peu éloignée d'Ithaque, Située vis-à-vis de l'Acarnanie. › Haut, pour hauteur, élévation. Qui d'abord... Attendez, le corps d'armée a peur; MERCURE, sous la figure de Sosie, sortant de la maison d'Amphitryon. Sous ce minois qui lui ressemble, Chassons de ces lieux ce causeur, Dont l'abord importun troubleroit la douceur Que nos amants goûtent ensemble. SOSIE, sans voir Mercure. Mon cœur tant soit peu se rassure, Et je pense que ce n'est rien Crainte pourtant de sinistre aventure, Allons chez nous achever l'entretien. MERCURE, à part. Tu seras plus fort que Mercure, SOSIE, sans voir Mercure. Cette nuit en longueur me semble sans pareille. MERCURE, à part. Comme avec irrévérence Parle des dieux ce maraud! Mon bras saura bien tantôt Et je vais m'égayer avec lui comme il faut, Ah! par ma foi, j'avois raison : Certain homme dont l'encolure 'Plaute, qui d'ailleurs a tant d'envie de faire rire, même quand il ne le faut pas, est tombe ici dans un défaut tout opposé. Il a mis dans la bouche de Sosie un récit très-suivi, très-détaillé et très-sérieux de la victoire des Thébains, tel qu'il pourrait être dans une histoire ou dans un poëme. Molière a conservé le ton de la comédie et la mesure de la scène... Il amène Mercure quand Sosic ne sait plus où il en est. (La Harpe.) Ne me présage rien de bon. Je veux chanter un peu d'ici. MERCURE. (I chante.) Qui donc est ce coquin qui prend tant de licence (A mesure que Mercure parle, la voix de Sosie s'affoiblit peu à peu.) Veut-il qu'à l'étriller ma main un peu s'applique? SOSIE, à part. Cet homme assurément n'aime pas la musique1. MERCURE. Depuis plus d'une semaine Je n'ai trouvé personne à qui rompre les os; Pour me remettre en haleine. SOSIE, à part. Quel diable d'homme est-ce-ci? De mortelles frayeurs je sens mon amne atteinte. Peut-être a-t-il dans l'ame autant que moi de crainte, Pour me cacher sa peur sous une audace feinte? Faisons-nous du cœur par raison : Il est seul, comme moi; je suis fort, j'ai bon maître, Ce trait appartient à Molière le reste est imité de Plaute. Résolument, par force ou par amour, Je veux savoir de toi, traître, SOSIE. Je fais le bien et le mal tour à tour; Je viens de là, vais là; j'appartiens à mon maître 1. MERCURE. Tu montres de l'esprit, et je te vois en train 'Ce dialogue est imité de Plaute et de Rotrou. Voici le passage de ce der Lequel des deux me plaît, ou tous les deux ensemble. Ce maraud veut périr. MERCURE. SOSIE. Tel menace qui tremble. MERCURE. Mais qui, de grâce, es-tu? Qui t'amène en ce lieu? SOSIE. l'appartiens à mon maître. Es-tu content? Adicu. |