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ARTICLE V.

Province de Tche-kiang.

par

CETTE province, autrefois le féjour de quelques Emde Tche-kiang. pereurs, est une des plus considérables fa fituation maritime, son étendue, ses richesses & le nombre de fes habitans; elle est bornée au fud par celle de Fo-kien ; au nord & à l'oueft par celles de Kiang-nan & de Kiang-fi, & à l'est par la mer. L'air y eft pur & fain; fes campagnes font arrofées par quantité de rivieres & de canaux très-bien entretenus; les fources d'eau vive & les lacs qui s'y trouvent, contribuent encore beaucoup à sa fertilité. Ses peuples font doux, fpirituels & fort polis envers les Étrangers; mais on prétend qu'ils font extraordinairement superstitieux.

On éleve dans cette province une quantité prodigieuse de vers à foie; on y voit des plaines entieres couvertes de mûriers nains, qu'on empêche de croître; on les plante & on les taille à peu près comme les vignes. Une longue expérience a convaincu les Chinois, que les feuilles des plus petits mûriers procurent la meilleure soie. La principale branche du commerce de cette province font donc les étoffes de foie; celles qu'on y fabrique, & auxquelles on mêle l'or & l'argent, font les plus belles & les plus eftimées dans tout l'Empire. Quant aux autres pieces plus communes, on en transporte dans toute la Chine, au Japon, aux Philippines & en Europe, une quantité prodigieufe; &, malgré cette exportation, il en refte encore affez dans la province, pour en donner de quoi faire un habit complet,

au

au même prix que fe vendent en France les étoffes de laine les plus groffieres.

C'est de cette province que viennent les meilleurs jambons, & ces petits poiffons dorés dont on peuple les viviers: on y trouve auffi l'arbre qui produit le fuif, & une forte de champignons qu'on tranfporte dans toute la Chine. Après les avoir confits dans le fel, on les feche & on peut les garder toute l'année ; il fuffit de les tremper dans l'eau, pour leur rendre leur premiere fraîcheur, lorfqu'on veut en faire ufage.

On compte dans le Tche-kiang onze villes du premier ordre, foixante-dix - fept du fecond & du troifieme, & dix-huit fortereffes qui feroient en Europe des villes confidérables.

Hang-tcheou-fou, la métropole de la province, est, selon les Chinois, le Paradis de la terre: on peut la regarder comme une des plus riches, des mieux fituées & des plus grandes villes de l'Empire; elle a quatre lieues de circuit, fans y comprendre fes fauxbourgs, & le nombre de fes habitans monte à plus d'un million. On compte dans fon enceinte environ soixante mille ouvriers qui travaillent à la soie : mais ce qui rend cette ville délicieuse, c'est un petit lac, nommé Si-hou, qui baigne le pied de fes murailles du côté de l'Occident; l'eau en eft pure & limpide, & fes bords font prefque par-tout couverts de fleurs. On y a élevé, fur des pilotis, des falles & des galeries ouvertes, foutenues de colonnes, & pavées de grandes pierres carrées, pour la commodité de ceux qui veulent se promener à pied, Des levées, revêtues de pierres de taille, traversent le lac en différens sens. Les ouvertures, pratiquées de distance en

G

Province

de Tche-kiang.

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de Take-kiang.

distance, pour le paffage des barques, font recouvertes par des ponts d'une forme agréable.

Au milieu de ce lac s'élevent deux petites ifles, où l'on se rend ordinairement après avoir pris le plaifir de la promenade en bateaux; on y a conftruit un temple, & quelques maisons propres à des parties de plaifir; l'Empereur a luimême près de là un petit palais.

Cette ville, comme capitale de la province, a une garnifon de trois mille hommes fous les ordres du Vice-Roi, & de fept mille Tartares commandés par un Général de la même nation. Elle a dans fon reffort fept villes du second & du troifieme ordre.

fes

Kia-king-fou est une ville qui n'a de remarquable que rues, qui font ornées de très-beaux portiques, fous lefquels on peut fe promener à l'abri du soleil & de la pluie. Sept villes du troisieme ordre en dépendent.

Hou-tcheou-fou eft fituée fur un lac qui lui a donné fon nom. La quantité des foies qu'on y travaille eft inconceque vable. Pour en donner quelque idée, il fuffit de dire le tribut que paye en étoffes une ville de fa dépendance, nommée Te-fin-hien, monte à plus de cinq cent mille taëls ou onces d'argent. Son reffort renferme sept villes, dont une eft du fecond ordre & fix du troifieme.

·po,

Ning-po-fou, que , que les Européens ont appelé Liam est un très-bon port fur la mer orientale de la Chine, el vis à-vis le Japon. A dix-huit ou vingt lieues de cette place maritime, est une ifle appelée Tcheou-chan, où les Anglois aborderent la premiere fois qu'ils vinrent à la Chine.

On fabrique à Ning-po des foies extrêmement eftimées dans les pays étrangers, & fur-tout au Japon, où les Chinois

vont les échanger pour du cuivre, de l'or & de l'argent. Cette ville en a quatre autres fous sa jurisdiction, avec un grand nombre de forteresses.

Chao-hing-fou est située dans une plaine vaste & fertile: on prétend que ses habitans font le peuple de la Chine le plus redoutable en fait de chicane; ils font en effet si versés dans la connoiffance des Loix, que les Gouverneurs de province & les grands Mandarins prennent parmi eux tous leurs Siang-cong ou Secrétaires.

On voit à une demi-lieue de cette ville un tombeau, que les Chinois difent être celui du grand Yu. A côté de ce monument on a élevé un magnifique édifice, par les ordres de l'Empereur Chang-hi, qui, la vingtieme année de fon regne, alla vifiter ce tombeau.

Chao-hing-fou a dans fa dépendance huit villes du troifieme ordre.

Tai-tcheou-fou, Kin-hoa-fou, Kin-tcheou-fou, Yentcheou-fou, Ouen-tcheou-fou & Tchu-tcheou-fou font les villes les moins confidérables de la province; la premiere a fix villes fous fa jurisdiction; la feconde, célebre par la valeur de ses anciens habitans, en a huit; la troisieme cinq; la quatrieme fix; la cinquieme trois, & la fixieme dix. On dit que fur les montagnes voifines de cette derniere ville, il exifte des pins d'une groffeur fi extraordinaire, qu'ils peuvent aisément contenir quarante hommes dans la cavité de leur tronc.

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de Tche-kiang.

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de Hou-quang.

ARTICLE VI.

Province de Hou-quang.

LA
province de Hou-quang occupe à peu près le centre
de l'Empire; le fleuve Yang-tfe-kiang la traverse d'Occident
en Orient, & la divise en deux parties, l'une feptentrio-
nale & l'autre méridionale. Cette province, dont la plus
grande partie du fol eft en plaines, arrofées de canaux, de
lacs & de rivieres, eft très-renommée pour fa fertilité ;
les Chinois l'appellent le grenier de l'Empire, & il est passé
en proverbe parmi eux, que l'abondance du Kiang-fi peut
bien fournir à la Chine entiere ce qu'il lui faut pour un
déjeûner; mais que la province feule de Hou-quang peut la
nourrir & la raffafier.

On voyoit autrefois dans cette province, des Princes de la race de l'Empereur Hong-vou; mais cette famille fut détruite par les Tartares, lorfqu'ils firent la conquête de la Chine. On vante beaucoup fes toiles de coton, fes fimples, fes mines d'or, fa cire & fon papier fait de bambou.

La partie feptentrionale de cette province contient huit fou ou villes du premier ordre, & foixante du fecond & du troifieme. La partie méridionale en comprend sept du premier ordre, & cinquante-quatre du second & du troifieme, fans compter les bourgs, les places fortes & les villages dont elle eft femée.

Vou-tchang-fou, qui eft la capitale de toute la province, & en même temps de la partie feptentrionale, eft comme le centre & le rendez-vous de tous les peuples commerçans. de la Chine. Cette ville a beaucoup fouffert, ainfi que

le

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