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fait, qu'Homere, dans le premier exemple, ait marqué en quelles occafions arrive la fré quence d'éclairs? Eft-ce penfer, de deman der, comme il fait, fur le fecond éxemple, quelle reffemblance il y a entre ces deux Combat tans, & un troupeau de Boeufs? Certainement il paroît fuffire que Diomede & le Lion fe jettent de la même maniére, le premier fur deux ennemis, le fecond fur des Boeufs; & que ni ceux-ci, ni ceux-là ne foient capables de fe défendre. Que fi le Critique n'a pas étudié les petites chofes, comment aura-t-il étudié les plus grandes? En vérité comme Turnus dans l'Eneïde eft abandonné de Jupiter, M. de la Motte paroît abandonné & des Mufes & d'Apollon.

Ajoutons qu'il demande trois conditions p. 104. dans une Image, la netteté, l'unité & la force, qu'affurément il n'explique pas bien: les Maî tres en demandent trois qui s'entendent mieux, 1. que la chofe d'où l'on prend l'image, foit très éloignée du fujet; 2. qu'elle y ait beaucoup de rapport, 3. qu'elle foit trés connue. Tel eft un Serpent bleffé, & un Vaiffeau à demi brifé; ou, Orphée pleurant fa femme* Eneid. & un Roffignol pleurant fes petits †.

5.

En voilà, je crois, affez pour prouver quet Georg fi M. de la Motte a fçû écrire & penfer, ilt femble avoir oublié l'un & l'autre. Je laiffe donc des mots & des phrafes affectées, des vers tout à fait mauvais, qu'il nous préfente pour bons, avec une prévention auffi intrépide p. 4. que celle qu'il attribué aux Commentateurs; enfin grand nombre de penfées, ou de raifonnemens extraordinaires, grand nombre Hh 3

aufli

4:

&

auffi d'épithètes ou inutiles ou illusoires
par lesquelles il veut paroître prouver ce
qu'affûrément il ne prouve pas.

Deux Pour ce qui vous regarde, Meffieurs, j'ai
Derta-v deux Differtations manufcrites fur les Ou

tions

contre

vrages de M. de la Motte: Je ne fai fi on les M. de la imprimera. L'une fur la Préface qu'il a mife Motte à la tête de fes Réfléxions; l'autre fur un prin.

cipe de Poëtique qu'il a combattu, & fur un Difcours d'Homere qu'il a cenfuré. On dit qu'elles viennent de Cambray, d'autres les at tribuent à M. de Valincourt de l'Académie Françoife. Elles preffent très vivement l'Ad verfaire; plus pourtant la feconde que la premiére; du moins la matiére en eft plus importante. Le principe de Poëtique fur lequel elle roule en partie, eft l'unité d'action, d'abord rejettée par M. de la Motte comme une régle arbitraire; & enfuite adroitement admife par lui-même dans fes Réfléxions, & même folidement établie, mais avec une parfaite diffimulation de ce qu'il avoit dit contre auparavant; cet Auteur en ufant peut-être ainfi, de peur que fa rétractation ne lui fit trop d'honneur s'il l'eût fait avec moins d'adreffe.

Ajoûtons, Meffieurs, pour vous mettre au fait, que M. Terraffon combat l'ancienne erreur de M. de la Motte, & établit l'unité d'action, quoique d'ailleurs il n'ait écrit que pour combattre Homere avec lui. L'Auteur donc des deux Differtations après avoir expliqué tout cela, vous met auffi en caufe: Voici Comment.

» Remar

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Auteurs

Journal.

,, Remarquons ici, dit il, que ce ne font pas & les ,, feulement les amateurs outrez de l'Antiqui- de ce „, té, qui demandent l'unité d'action dans l'E ,, popée, comme les Auteurs du Journal de la ,, Haye femblent le croire, ce font les ennemis "mêmes les plus outrez de cette Antiquité; ,, c'eft M. Terraffon, c'eft même M. de la Mot ,, te. L'un & l'autre trouvent aujourd'hui qu'il ,, n'est point vrai que cette régle ne foit fondée fur rien, ou feulement fur l'éxemple des anciens Poëtes, comme l'a cru d'abord M. de la Motte & comme le croit encore après lui, ,, à ce qu'il paroît, la Société Litteraire. M. de la Motte & M.Terraffon reconnoiffent qu'elle eft fondée fur des raisons très pertinentes ,, auxquelles on ne doute point que les Auteurs du Journal ne fe rendent enfin, comme M. de la Motte s'y eft rendu dans fes Réfléxions "fur la Critique. On l'efpére d'autant plus ,, qu'ils écrivent fans intérêt & fans paffion; & ,,qu'en fait de goût, de Poëfie, d'Eloquence, l'erreur fied moins aux Secretaires du Public, tels que font tous ceux qui font des Jour,,naux, qu'aux Auteurs particuliers, qui fouvent, comme des enfans perdus, peuvent être téméraires. Ils peuvent quelquefois dans l'ardeur de fe fignaler, laiffer le bon parce ,, qu'il eft ancien, & donner dans le mauvais ,, parcequ'il a l'air de la nouveauté. Mais les ,, Auteurs publics, munis de bonnes études, ,, doivent alors s'oppofer à leur entreprise, & ,, comme une digue, empêcher le progrès de ,, l'illufion, fans attendre ni que ceux qui lui 99 ont donné cours en reviennent, ni qu'un au,,tre les réfute. Que s'ils ont manqué de le Hh 4 », faire,

2

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P.40. &

41. de fa

Dis.

Crit.

,, faire, ou que même ils fe foient laiffé trom,, per, il ne leur refte d'autre parti à prendre, ,, que celui de fe reconnoître, fur tout quand ,, l'Auteur même de leur erreur s'eft reconnu, &c.

Pour ne vous rien laiffer, Meffieurs, à defirer fur l'article, voici les raifons i de M. Terrafon; 2. de M. de la Motte.

Le premier établit que l'unité d'action eft la propriété fondamentale du Poëme Epique; après quoi, on voit, dit-il, par la régle précédente que je fuis fort éloigné de croire que la vie entiére d'un Héros puiffe être le fujet d'un Poëme Epique; car ce fujet ne fuppofant aucun but certain dans le Héros, fes actions n'auroient point entre elles cette liaison, qui fait courir le Lecteur comme d'une baleine, jufqu'à la conclufion. Nous ne prétendons pas interdire aux Poëtes de travailler à ce qu'il leur plaira, comme on n'a pas défendu à Ovide, de faire fes Métamorphofes: mais en s'écartant de la régle, ils feront autre chose qu'une Epopée, & ils auront bien de la peine à remplacer par leur efprit naturel, les avantages que leur donneroit la régle.

2. Fart.

Sur la

Crit.

P. 45.

Le fecond dit d'un côté, que l'art de l'Auteur des Refl. eft d'écarter tout ce qui peut rendre fon deffein équivoque, autrement il ne fauroit faire ce plaifir d'unité qui vient de ce qu'on rapporte naturellement toutes les parties à un tout, qu'on en approuve les proportions, & qu'on admire l'intelligence de l Ouvrier, qui n'a rien fait au bazard, & qui femble avoir conça fon Ouvrage tout à la bid. p. fois. Il dit d'ailleurs, que l'unité fait fans doute un fort bel effet dans un Poëme, qu'il faut bien de l'art au Poëte pour arranger fon action de ma

LA.

nière qu'elle croiffe toûjours, qu'elle intéresse de plus en plus à mesure qu'elle avance, & que les Episodes qu'il y mêle en parviffent les paries néceffaires. C'est auffi un grand plaisir pour le Lecteur d'embra fer un grand nombre d'incidens & d' Images fous le même point de vue.

NOUVELLES LITTERAIRES.

De Naples.

Lavant fort utile Ouvrage de fa façon, fur

E P. Putiguani Jefuite, nous a donné un fort

l'Inftitution &c. des Ordres Religieux. Voici le Titre. Fo. Dominici Putignani, e Societ. Fefu. De Regularium Inftitutionibus. Pars Prier &c. Neapoli 1713. in 4. pag. 342. Pars altera, Neapo poli. 1714. pag. 335. Le I. Volume eft partagé en 3. Livres. Le 1. traite de la vie reguliere; le 2. du progrès & de la diverfité des Ordres Reli gieux & des veritables intentions des Fondateurs ; & le 3. des Loix communes & fondamentales de tous les Ordres. Le fecond volume eft auffi parta. gé en 3 parties. La premiere traite des Elections Canoniques; la feconde des Procedures juridiques; & la 3. des plus confidérables Privileges qui appartiennent aux Ordres Reguliers. Ce Savant Auteur nous exqlique ce qu'il y a de plus effentiel fur toutes ces matiéres, avec beaucoup d'ordre & de jugement: Ainfi on peut dire que dans ces deux volumes nous avons un fort bon Abregé de ce qui regarde l'Etat Regulier.

On avoit publié ici en 1709. un Recueil de dix Difcours ou Oraifon faites par quelques Orateurs Hh f

parmi

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