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fe odeur, qui à la vérité devient beaucoup moins fenfible par l'habitude.

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43. On peut placer un ou plufieurs Ventilateurs, de différentes grandeurs dans un Navire, à proportion de la Carguaifon; Et dans les Vaiffeaux qui fervent d'infirmeries, où l'on ferme les Sabords d'une fimple toile qui laiffe un libre paffage à l'air, on pourra, en attirant le mauvais air par le moyen des Ventilateurs, en fubftituer fans ceffe de nouveau, fans qu'on s'en apperçoive.

44. Ces Ventilateurs feront fu tout fort utiles dans les Vaiffeaux neufs, qu'on a obfervé être les plus mal-fains, à raifon de la grande quantité d'exhalaifons provenant de la Seve du bois neuf, exhalaifons qui rendent un air renfermé plus à craindre,

45. Ils feront aussi un fûr préfervatif pour les Chevaux qu'on

transporte dans les Navires , qui font quelquefois fuffoqués, lorfque dans une tempête on eft obligé de fermer les Ecoutilles.

46. On pourra auffi chaffer par leur moyen du fond de Cale, les dangereufes vapeurs qui s'élevent du bled; vapeurs fi fort à craindre, que quelquefois on n'ofe fe hazarder à defcendre fous le Franc Til lac, qu'après avoir tenu les Ecoutilles ouvertes pendant quelque

tems.

47. Ce renouvellement de l'air fera encore utile, non feulement pour la confervation de plufieurs fortes de Marchandises, mais encore pour celle du bois de charpente, & des Vaigres du fond de Cale même, foit que ce bois y foit en magazin ou mis en oeuvre. D'ailleurs, il rendra l'air du fond de Cale moins nuifible, quoiqu'il ait toujours une mauvaife odeur, provenant de l'eau qui y féjourne, & que les Pompes ne fçauroient

enlever entiérement. Le moyen de corriger en partie cette mauvaise odeur de l'eau, eft d'y jetter fouvent de nouvelle eau de la Mer, & de la franchir enfuite avec les Pompes; cette méthode eft bonne, & doit être mise en pratique, nonobftant l'ufage des Ventilateurs. b.

48. Quant à la principale objection qu'on a faite contre ces Ventilateurs, qui roule fur la peine & la difficulté de les mettre en mouvement, on fent affez combien elle eft frivole & mal fondée, lorfqu'on examine bien ce dont il s'agit En effet, comme ils font principalement néceffaires aux endroits où il y a un grand nombre d'hommes, le travail en ce cas fe trouvant partagé également entre tous, devient par-là peu confidérable; car fi deux hommes peuvent les faire aller pendant un quart d'heure, quatre hommes en fe relevant pourront bien continuer ce travail pendant une heure.

Suppofons

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Suppofons donc qu'il y ait cinq cent, ou quatre cent quatre-vingt hommes dans un Vaiffeau, & que chacun prenne fa part du travail; il fe trouvera que le tour de chacun n'arrivera que de cinq en cinq jours, pour travailler une demi-heure. Et fuppofons que dans un Vaiffeau deftiné au tranfport des Efclaves de Guinée, il y ait deux cent hommes, ce qui est à peu près le nombre ordinaire ; dans ce cas, chacun d'eux fera obligé de travailler une demiheure tous les deux jours: mais comme dans un pareil Vaiffeau les Ventilateurs feront plus petits que ceux qui font décrits ci devant, le travail en fera auffi d'autant moins pénible. Ce que je viens de dire, fuppofe qu'il faille renouveller l'air fans difcontinuer nuit & jour ; ce qui ne fera pas néceffaire dans les Vaiffeaux de guerre, quand on pourra tenir les Sabords ouverts, & qu'il fera du vent, De maniere qu'en fuppofant que cela arrive pendant la moitié du

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temps que l'Equipage fera à bord, alors chaque homme n'aura que demi-heure de travail de dix en dix jours.

Ce calcul eft fait, en fuppofant que tous ceux de l'Equipage travailleront également aux Ventilateurs ; mais ôtons- en un cinquiéme pour les Officiers, les Infirmes, &c. dans ce cas, chacun des autres aura demi-heure de travail une fois en huit jours. Et fuppofé même qu'il fallut les faire aller fans difcontinuer, un travail de demi-heure tous les cinq jours, feroit-il affez grand & affez difficile, pour rendre l'ufage de cet inftrument impraticable? Et l'avantage de fauver tous les ans la vie à des milliers d'hommes, n'eft-il pas affez confidérable pour récompen fer d'un auffi petit travail? Seroitil dit de nos braves & vaillans foldats de Marine, que plûtôt que de travailler une demi-heure une fois tous les dix jours, ils aimeroient mieux refter oififs & les bras croifés, au rifque de voir éteindre

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