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de Cluny l'en ont tiré je ne sais où il est à présent. » D. Calmet, Vamp., t. II, p. 91. Le même Bénédictio, ibid, p. 266, abrège très-inexactement le récit de l'Arménien. Il en rapproche celui que fait Thespésius dans Plutarque, longue et froide parodie, à la fin du traité de Sera num. vindict., et beaucoup d'autres plus modernes. La divine Comédie du poëte italien n'est donc qu'une imitation.

Pag. 121. Aridée surnommé le Grand.... D'autres lisent Ardiée. « Ce passage prouve, dit S.-Justin, que Platon croyait non seulement au jugement des morts, mais encore à la résurrection telle que l'enseignent les prophètes. Comment, en effet, cet Aridée et les autres, s'ils eussent laissé sur la terre leur dépouille mortelle, leur tête, leurs pieds, leurs mains, leur corps tout entier, seraient-ils ainsi punis dans les enfers? car on ne dira pas que l'âme ait une tête, des mains et des pieds. Mais Platon, ayant lu en Egypte les témoignages des prophètes, et reçu leurs enseignemens sur la résurrection des corps, nous apprend ici que le corps est jugé avec l'âme. » Exhort. ad gent., c. 27. Clém., Str., V, p. 592, A; Chalcid., in Tim., c. 135. « Ligatis manibus et pedibus ejus, mittite eum in tenebras exteriores. » Matth., E., XXII, 13. Théodoret, qui, Thérapeut., disc. XI, semble croire que le philosophe n'a représenté nulle part, comme les Apôtres, le corps jugé et puni, avait oublié ce texte de la République et celui de S.-Justin.

Ils faisaient, pour monter, de vains efforts.... « L'âme coupable une fois séparée du corps, les fantômes qui l'abusaient s'évanouiront.... tout l'emportera, tout la précipitera dans le sein de son Dieu; et le poids de son iniquité la fera sans cesse retomber sur elle-même : éternellement forcée de prendre l'essor vers le ciel, éternellement repoussée vers l'abîme. » Massillon, le mauais Riche.

Ces coupables, dont rien ne devait purifier la vie. « La religion païenne qui ne défendait que quelques crimes grossiers, qui arrêtait la main et abandonnait le cœur, pouvait avoir des crimes inexpiables.... La nôtre fait assez sentir que, s'il n'y a point de crime qui par sa nature soit inexpiable, toute une vie peut l'être; qu'il serait très-dangereux de tourmenter sans cesse la miséricorde par de nouveaux crimes et de nouvelles expiations; qu'inquiets sur les anciennes dettes, jamais quittes envers le Seigneur, nous devons craindre

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d'en contracter de nouvelles, de combler la mesure, d'aller jusqu'au terme où la bonté paternelle finit. >> Montesquieu, Esprit des Lois, XXIV, 13.

Pag. 123. Une immense lumière, droite comme une colonne.... Idées de Parménide, Cicér., de Nat. deor., I, 11. Les idées suivantes sont aussi de Parménide, à en croire les extraits de Stobée, Eclog. Physic. part. I, p. 482, ed. Heer. Le spiritualisme a renouvelé ces images si grandes et si pures. « Nous arrivâmes, dit un martyr dans S.-Augustin, de Origine animæ, 1. I, nous arrivâmes en un lieu où brillait une clarté immense. Perpétue était avec moi. Je lui dis : Voilà ce que nous promettait le Seigneur.

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Au sommet, est suspendu le fuseau de la Nécessité.... le peson.... Ou verticillus, Plin., XXXVII, 2. Les botanistes appellent fleurs verticillées celles qui, formées ainsi d'agrégations sphériques, s'élèvent par étages, et finissent en pyramide. L'auteur du Génie de l'Homme, chant I, p. 9, a décrit en beaux vers cette astronomie platonique, que crate aurait condamnée, Xénoph., Mem., IV, 7. Il s'en faut bien qu'elle soit claire et juste; mais je m'applique à traduire ces passages difficiles avec une extrême fidélité. Le premier ciel est peut-être le ciel de crystal, qui imprimait le mouvement aux cieux inférieurs (Fontenelle, 1" Soirée des Mondes), ou simplement, le ciel des étoiles fixes. Les trois sphères qui ont un même cours sont le Soleil, et Mercure et Vénus, satellites du Soleil, selon les Egyptiens; ainsi de suite jusqu'à Saturne. Si vous êtes eurieux de rêveries célestes, Plutarque, de Pl. phil., II, 15; Macrobe, sur le Songe de Scipion; M. Ast, édit. de la Républ., Leipsick, 1814, ., p. 630, vous donneront des explications qui ne conviennent pas à ces notes.

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Pag. 125. Le premier, qui sert d'enveloppe.... L'auteur du traité sur le Monde, attribué à Aristote, et traduit par Apulée, de Mundo, est ici le meilleur interprète : « Il y a sept astres errans, qui se meuvent chacun dans autant de cercles concentriques; de manière que le cercle d'au-dessus est plus grand que celui d'au-dessous, et que les sept, renfermés les uns dans les autres, sont tous renfermés dans la sphère des fixes. » Trad. de Batteux, II, 6.

Pag. 127. Est assise une Sirène.... Le savant M. Ast indique ici Plutarque, Symposiac., IX, 14; (aj. De la créa

tion de l'âme, 29); Héraclide, Alleg. Homer., c. 12; Proclus, Theolog. Platon., VI, 23; Schol. ad Homer. Il., I, 46; Macrobe, in Somn. Scip., II, 3, etc. Mais dans sa note sur les Parques, il oublie les vers de Catulle, Thét. et Pélée, v. 305. Il valait mieux renvoyer au Mém. de Banier, Acad. des Inscr., 1720. La mythologie du Nord a aussi ses trois Parques, Urda, le passé, Verandi, le présent, et Skulda, l'avenir, qui, avec Rosta et Gadur, va sur les champs de bataille choisir les guerriers qui doivent mourir.

P. 127. D'abord un hierophante nous range autour d'elle.... Cébès, Tabl., c. 7; S.-Clément, Stromat., 1, 15; Plotin, Ennead., III, 4, 3; Proclus, Comment, sur le pr. Alcib., p. 303; Théodoret, Therapeut., VI, etc.

N'accuse que toi, n'accuse pas ton Dieu.... Lucien, de Merc. conduct., 42; Max. de Tyr, XLI, 5; Chalcid., in Tim., c. 152; Iamblique, de Myst., IV, 6; Alcinoüs, c. 19, etc. Plusieurs Pères de l'Eglise ont allégué ce passage, et Arnobe l'a commenté : « Sortem vitæ eligendi nulli est, inquit Plato, Deus causa; neque alterius voluntas adscribi potest cuiquam rectè, quum voluntatis libertas in ipsius sit posita libertate, qui voluit. » Advers. gentes, II, p. 52, ed. Elmenhorst.

Pag. 129. Qu'il ne se livre qu'à la science qui fait le sort de l'homme. « Entre nous et le ciel, l'enfer ou le néant, il n'y a donc que la vie, qui est la chose du monde la plus fragile; et le ciel n'étant certainement pas pour ceux qui doutent si leur âme est immortelle, ils n'ont à attendre que l'enfer ou le néant. Il n'y a rien de plus réel que cela, ni de plus terrible. Faisons tant que nous voudrons les braves; voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde. » Pascal.

Pag. 133. Cet homme venait des cieux.... Proclus, dans son Comment. sur le pr. Alcibiade, p. 293, explique ingénieusement cette pensée : « Les âmes qui ont formé le cortége du Dieu suprême, et qui l'ont vu régner sur les douze grands dieux et sur le monde, s'en ressouviennent quand elles descendent parmi les hommes, et elles veulent régner à leur tour. Mais trop souvent elles ignorent le véritable empire, et cherchent dans les choses sensibles la puissance et l'autorité. Heureuses celles dont l'inexpérience trouve un guide éclairé, qui les sauve en leur apprenant à ne commander qu'à elles-mêmes, et les rend dignes de retourner

dans les cieux! Mais celles que les vaines apparences séduisent, veulent commander aux autres, se perdent à chercher des sceptres, des couronnes, et remplissent leur vie mortelle de tyrannies et de douleurs. »

Pag. 133. Ainsi, qu'un homme arrivé sur notre terre.... << Puer autem eram ingeniosus, et sortitus sum animam bonam; et quum essem magis bonus, veni ad corpus incoinquinatum.» Lib. Sapient., VIII, 19.

Pag. 135. Le corps d'un rossignol reçut l'âme de Thamyris. Thamyris, ou Thamyras, fils de Philammon, disputa aux Muses le prix du chant, et les Muses le rendirent aveugle, Iliad., II, 595; Schol. ad Odyss., XIX, 432; Pausan., IV, 33; IX, 30; Parthénius, Narrat. 29; Apollod., I, 3, 3; Properce, II, 18, 19; Ovide, Amor., III, 7, 62; de Art., III, 399; Stace, Theb., IV, 183. Milton aveugle se compare à Thamyris et à Homère, Parad. lost., III, 35.

Mais je vis un cygne.... Voy. la note sur le songe de Socrate, p. 451.

Une autre âme.... c'était Ajax.... Plutarque, Symposiac., IX, 5, au lieu de ὡς τὸ εἰκός· τὴν δέ..., semble lire τὴν Eixooth d..., comme si Platon, en supposant que l'âme d'Ajax arrive la vingtième, faisait allusion à l'évocation du Chant XI de l'Odyssée, v. 542. Ce texte me paraîtrait plus vraisemblable encore, si Plutarque l'expliquait avec moins de subtilité.

Toute la nature vivante est soumise aux mêmes lois. Voilà bien la métempsycose de l'école Italique. Cette doctrine, adoptée dans le Phèdre, la République et le Phedon, est expliquée par Virgile, Æn., VI, 748; Ovide, Metam., XV, 158; Tertullien, de Anim., 28; Apologet., 48; S.-Augustin, de Cio. D., X, 30; Plotin, Enn., III, 4, 2; Porphyre, Vit. Pythag., 19; Sallustius, de Düs et mundo, c. 20; le P. Mourgues, Plan theolog. du Pythagorisme, XI, 3; Cudworth, System. intell., I, 31, etc. Je ne sais sur quoi se fondaient les savans dont parle Clément d'Alexandrie, Strom., 1, p. 304, B, pour croire que Pythagore avait été disciple d'Ezechiel le prophète. Le P. Rapin, qui n'a pas compris le texte de S.-Clément, lui fait dire qu'Ezéchiel et Pythagore étaient le même philosophe, nommé différemment par les Grecs et par les Hébreux.

Quand il ne reste plus d'âme à pourvoir d'un avenir.... Clé

LA VERTU, LE CRIME, L'AVENIR. 491

ment Al., Strom,, V, p. 592, C; Eusèbe, Prép. Ev., XIII, 13. Iamblique parle du fleuve Amélès ou Léthé, de Myster. Ægypt., III, 20 : il y voit, comme Proclus, in Tim., p. 339, et Servius, in Æn., VI, 714, l'image allégorique de ce corps mortel, qui fait oublier à l'âme son origine, ses droits et ses devoirs. Le même philosophe essaie d'expliquer la doctrine de l'Ange tutélaire, ibid., IX, 6; mais presque partout, dans le disciple de Porphyre, le magicien et l'astrologue prennent la place du vrai Platonicien.

Pag. 137. Je me suis vu sur le bûcher funèbre.... Si vous avez quelque doute sur la vérité de ces merveilles, écoutez encore D. Calmet, abbé de Sénones, Apparitions, ch. 21: «Nous avons connu un bon religieux, qui s'élève quelquefois de terre, et demeure suspendu sans le vouloir.... Je connais une religieuse, à qui il est souvent arrivé de se voir ainsi élevée en l'air à une certaine distance de la terre; ce n'était ni par son choix, ni par l'envie de se distinguer, puisqu'elle en avait une véritable confusion. » T. I, p. 174, éd. de 1751. Les Actes de Bollandus, 24 juillet, racontent la résurrection de Christine, et ce qu'elle avait vu et entendu dans l'autre vie, etc.

Voltaire, Quest. sur l'Encycl., art. Dogmes, imite grotes=quement la vision de l'Arménien.

LA VERTU, LE CRIME, L'AVENIR.

Pag. 139. Oui, je puis être traîné devant les juges d'Athènes...

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Socrate eut-il raison de ne rien dire pour sa défense? Maxime de Tyr traite cette question dans un de ses Discours, le XXXIX® d'Henri Est. et le IXo de Markland. Le Platonicien admire Socrate. On sait que Lysias, quelques jours avant le jugement, lui offrit un plaidoyer. Platon même voulut parler devant le tribunal des Héliastes. Il composa depuis l'Apologie. Lisez l'admirable péroraison de cet ouvrage, et l'imitation de Cicéron, Tuscul., 1, 41. L'orateur romain devait aimer un grand homme persécuté. Socrate fut bien vengé : ses disciples, Platon, Xénophon, Antisthène, consacrèrent leurs

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