Images de page
PDF
ePub

talens et passèrent leur vie à le défendre, et tous les siècles l'ont absous.

P. 139. Comme je ne veux point de cet art fastueux des rhéteurs. Fraguier, Dissert. sur Socrate, 1713, explique très-bien le caractère du philosophe et ces mots du Gorgias. Il traduit aussi une partie de la comparaison suivante. On ne peut trop consulter les Mémoires de Fraguier, de Garnier, d'Arnaud, sur Platon et Socrate, dans le recueil de l'Académie des Inscriptions.

Pag. 141. C'est de l'iniquité qu'il faut trembler.... « Je vous le dis à vous, ô mes amis; ne tremblez pas devant ceux qui tuent le corps, et n'ont rien à vous faire de plus. Je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après vous avoir tués, peut vous envoyer aux tourmens. Oui, je vous le dis, craignez celui-là.» S.-Luc, Evang., XII, 4, 5.

Pag. 143. Je veux vous conter les destinées de l'homme.... « Je leur parle en paraboles, parce que leurs yeux ne voient pas, et que leur esprit ne comprend pas ce qu'entendent leurs oreilles. » Matth., Evang., XIII, 13. Tel est encore le langage de Socrate dans le Phédon, lorsqu'aux preuves métaphysiques de l'immortalité de l'âme, il ajoute des peintures pleines d'illusions et d'espérances, et se plaît à décrire en poëte le séjour des heureux, celui des coupables, tous les mystères de l'avenir. Cicér., Tuscul., I, 29, 30. Après les Deux mondes, Her l'Arménien, et l'épilogue du Gorgias, j'ai cru inutile d'extraire ce morceau presque semblable du Phedon, ouvrage plus connu, digne d'être lu tout entier plusieurs fois, et traduit avec soin par Dacier. Cet homme laborieux a peu d'élégance et d'élévation dans le style, mais il sait bien le grec et le français, il s'exprime avec justesse et pureté; on voit qu'il écrit dans un bon siècle.

Les trois fils de Saturne..... Homère, Iliad., XV, 187. Plutarque, à la fin de sa Consol. à Apollonius, transcrit la fable suivante. Lucien l'imite, Necyom. et pass. Warburton la traduit, t. I de sa Légation de Moïse. Rollin en donne l'analyse, Hist. anc., X, 1, 3. Massieu, Mém. de l'Acad. des Inscr., t. II, compare cette allégorie au chant onzième de l'Odyssée.

le

Pag. 147. L'âme aussi.... emporte chez les morts.... son caractère, ses habitudes, ses affections. « Platon a conçu premier que l'âme, séparée du corps, arrive à une autre vie

LA VERTU, LE CRIME, L'AVENIR.

493 dans le même état moral où l'a laissée le moment de la mort, c'est-à-dire, avec les affections vicieuses ou vertueuses qui lui ont été habituelles dans son union avec le corps; ce qu'il n'a pas développé suffisamment à beaucoup près, mais ce qui, par une suite de conclusions philosophiques, conduit à infirmer la grande erreur de ceux qui, pour nier les peines et les récompenses à venir, soutiennent que l'âme, dégagée des sens, ne peut rien conserver des habitudes qui ne tenaient qu'aux objets sensibles. » M. de La Harpe, Cours de Litt., I' partie, III, 2.

re

Pag. 147.Il la trouve toute cicatrisée de parjures et de crimes.... Voyez, sur cet emblème d'une âme dépravée, Cudworth, System. intellect., V, 3, 21, sq., et les savantes notes de Mosheim. Tacite, Annal., VI, 6, admirait cette image poétique des vérités morales : «< Neque frustra præstantissimus sapientiæ firmare solitus est, si recludantur tyrannorum mentes, posse adspici laniatus et ictus; quando, ut corpora verberibus, ita sævitiâ, libidine, malis consultis animus dilaceretur. >> Voy. Cicér., pro Sull., 27; de Off., III, 21; Sénèque, de Ira, II, 36; Plutarque, de Sera num. vindicta, c. 20; Julien, Caesar., p. 309; Marc-Aurèle, III, 8; L11cien, Tyrann.; Claudien, in Ruf., II, 504, etc.

Quiconque subit un juste châtiment.... Lois, IX, 2; XI, 12; Hérodote, II, 120; Sénèque, de Ira, I, 15; de Clement., I, 22; Alcinoüs, c. 23; Aulu-Gelle, VI, 14; Lactance, de Ira Dei, c. 18; Théodoret, Disc. VI, etc. Le même Théodoret, Disc. XI, cite et commente presque tout ce récit du jugement.

Pag. 149. Et leurs châtimens.... ne sont utiles qu'aux témoins de leur effroyable et douloureuse éternité. « O Etre clément et bon, quels que soient tes décrets, je les adore : si tu punis éternellement les méchans, j'anéantis ma faible raison devant sa justice; mais si les remords de ces infortunés doivent s'éteindre avec le temps, si leurs maux doivent finir, et si la même paix nous attend tous également un jour, je t'en loue. Le méchant n'est-il pas mon frère? Combien de fois j'ai été tenté de lui ressembler! Que, délivré de sa misère, il perde aussi la malignité qui l'accompagne; qu'il soit heureux ainsi que moi : loin d'exciter ma jalousie, son bonheur ne fera qu'ajouter au mien. »> Emile, IV.

Le tyran Archelaus sera du nombre.... Aristote, Poli

tique, V, 10; Diodore, XIII, 49; XIV, 37; Elien, Var. hist., II, 21; VIII, 9; XIV, 17. Voici ce qu'on trouve plus haut dans le Gorgias; je laisse parler Cicéron « In Gorgia Socrates, quum esset ab eo quæsitum, Archelaum, Perdiccæ filium, qui tum fortunatissimus haberetur, nonne beatum putaret? Haud scio, inquit; nunquam enim cum eo collocutus sum. Ain'tu? an tu aliter id scire non potes? Nullo modo. Tu igitur ne de Persarum quidem rege magno potes dicere, beatusne sit? An ego possum, quum ignorem, quàm sit doctus, quàm vir bonus? Quid? tu in eo sitam vitam beatam putas? Ita prorsus existimo, bonos, beatos; improbos, miseros. Miser ergo Archelaus? Certè, si injustus. » Tuscul., V, 12. L'Arioste, Orland., et Fénelon, Télém., XVIII, réservent aussi de plus cruels supplices pour les mauvais rois.

in

P. 149. Plus puissans, ils sont plus coupables.... « Facilius est camelum per foramen acûs transire, quàm divitem intrare regnum cœlorum. » Matth., Ev., XIX, 24 ; Marc, X, 25. Celse voulait prouver par ce verset que le Messie avait lu Platon. Origène l'a réfuté, liv. VI contr. Cels. « Les puissans conserveront, s'ils n'y prennent garde, une malheureuse primauté de peine, dans laquelle ils seront précipités par la primauté de leur gloire. »Bossuet, Serm. sur la Providence.

Pag. 151. A leur tête, la voix de la Grèce place Aristide. Plutarque, en finissant la Vie d'Aristide, cite et confirme l'avis de Platon, qui préfère toujours cet homme juste à Thémistocle et à Périclès.

Il lui sourit, et l'envoie aux iles du bonheur. « Itaque ab exordio generis humani quicumque in Deum crediderunt, eumque utcumque intellexerunt, et secundùm ejus præcepta piè et justè vixerunt, quandolibet et ubilibet fuerint, per eum procul dubio salvi facti sunt. » D. Augustin, Epist. XLIX ad Deogr. Ainsi, dans l'Alcoran, Sur. II: « Et les Croyans, et les Juifs, et les Chrétiens, et les Sabéens, et tous ceux qui adorent un Dieu, croient au dernier jour et font le bien, obtiendront le pardon du Seigneur et n'auront pas à trembler devant lui. » Le vers suivant est de l'Odyssée, XI, 568.

Je travaille à présenter une âme pure à mon dernier juge. << Toute la vie des philosophes, comme le dit Socrate ( dans le Phédon), est une méditation de la mort. » Cicér., Tuscul., I,

30. M. de La Harpe, Cours de Litt., Ire part., liv. III, ch. 2, a donné de cette page une traduction dont je n'ose parler.

Pag. 153. Si dans nos recherches nous avions trouvé quelque chose de plus salutaire.... « On peut dire que les objections que l'on forme contre les principaux articles de notre foi sont si fortes, qu'il n'est pas possible d'en donner des solutions claires, évidentes, et qui ne choquent en rien notre faible raison, parce qu'en effet ces mystères sont incompréhensibles. » Malebranche, Rech. de la Vérité, 1. III, Iˇe part. «Les Mahométans disent, selon Chardin, qu'après l'examen qui suivra la résurrection universelle, tous les corps iront passer un pont appelé Poul-Serrho, qui est jeté sur le feu éternel.... c'est là où se fera la séparation des bons d'avec les méchans.... Philosophe, tes lois morales sont fort belles; mais montre-m'en, de grâce, la sanction. Cesse un moment de battre la campagne, et dis-moi nettement ce que tu mets à la place du Poul-Serrho. » Emile, liv. IV. M. de Châteaubriand, vers la fin du Génie du Christianisme, a cité les mêmes paroles.

Garde-toi plutôt de faire du mal que d'en souffrir.... Principe avoué par Aristote, Rhet., I, 7; Cicéron, Tuscul., V, 19; Philippic., XI, 4; Plutarque, de Legend poët., c. 14; Lucien, Phalar., I, c. 9; Maxime de Tyr, XVIII, 7; Synésius, Ep. 30, etc.

les

Pag. 155. La mort continuera pour toi le bonheur de la vie.... « Si les hommes mouraient à eux pour vivre à Dieu, les cieux, pour ainsi dire, leur seraient aussitôt ouverts, vallées se combleraient, les montagnes seraient aplanies, et toute chair verrait le salut de Dieu. » Fénelon, Lettr. sur la Religion.

LE GÉNIE DE SOCRATE.

C'EST une voix dont les inspirations m'arrêtent, sans m'exciter jamais. « La raison n'est point active: elle retient quelquefois, rarement elle excite. » Emile, liv. IV. Bodin, Démonomanie, II, 2, parle d'un de ses amis, dont l'esprit

familier avait plus de complaisance. Il l'arrêtait en lui tirant l'oreille gauche, Cynthius aurem Vellit, et admonuit, Ecl. VI, 3; mais il l'encourageait, en lui touchant l'oreille droite, à ce qui devait lui être heureux et utile. En voici un qui est peut-être encore meilleur prophète. D. Calmet raconte, d'après Grotius, Epist., II, 405, qu'un homme qui ne savait pas un mot de grec vint trouver M. de Saumaise le père, conseiller au Parlement de Dijon, et lui montra ces mots qu'il avait ouïs la nuit en dormant, et qu'il avait écrits en caractères français à son réveil : Apithi; ouc osphrainè tèn sèn apsychian? M. de Saumaise les lui expliqua: Va-t-en ; ne sens-tu pas la mort qui te menace? Sur cet avis, l'homme déménagea et quitta sa maison, qui s'écroula la nuit suivante. Quelle langue parlait le Génie de Socrate?

Pag. 157. Le beau Charmide, fils de Glaucon. Platon est bien sévère ici pour son oncle ( en suivant la généalogie adoptée par Diogène Laerce et par Proclus); il se montre plus indulgent dans le Charmide. Mais Xénophon, Mem., III, 7, nous intéresse davantage au fils de Glaucon, lorsqu'il suppose que Socrate l'engage à prendre part au gouvernement et ne peut vaincre sa modestie. Xénophon n'était donc pas injuste envers la famille de celui qu'il n'aimait pas.

Demandez encore à Clitomaque, frère de Timarque.... Dacier avoue qu'il n'a trouvé aucun vestige de cette histoire; car ce Timarque n'est pas sans doute celui qui alla consulter sur le Génie de Socrate l'oracle de Trophonius.

Pag. 159. Et comme il marche maintenant avec Thrasylle sur Ephèse et l'Ionie.... La première année de la 93° Olympiade, 346 de Rome. Platon avait environ vingt ans, et Socrate soixante. Les Athéniens, après quelques avantages, furent battus à Ephèse. Xénoph., Hist. Gr., I, 2. Plutarque, Vie d'Alcibiade, atteste aussi que les Ephésiens élevèrent un trophée de bronze à la honte des vaincus. Il est vraisemblable, de l'aveu de Wesseling, que dans Diodore, XIII, 64, il faut lire Thrasylle au lieu de Thrasybule. Ce Thrasylle, malheureux même dans la victoire, périt du dernier supplice, avec cinq autres généraux, pour n'avoir pas enseveli les morts après le combat des Arginuses.

Pag. 161. Thucydide, fils de Mélésias.... Mélésias est un des interlocuteurs du Lachès. Il était fils de Thucydide, beaufrère de Cimon, et défenseur de l'aristocratie contre Périclès,

« PrécédentContinuer »