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Pois ruerent Absalon en une grant fosse de cele lande, et jeterent pierres sur lui. Rois, p. 187.

D

Et li vilains qui vint apres

Leva la hache quant vint près,

Son coup rua de grant air.

Renart, v. 2073.

RUFFLE, subst. m. Vent d'orage.

Ou vous aurez o le ruffle en la joue.

Ball. X.

Le sens indique que le rufle, c'est le vent, la rafale; si vous êtes pendu, vous aurez le vent sur la joue. L'examen philologique vérifie cet aperçu à priori. Le mot rufle est anglais; Palsgrave donne le verbe to ruffle dans le sens de plier (du linge ou des étoffes), froncer, froisser, ce qui est identiquement le verbe languedocien rufa, froncer, rider.

Un gons que rufabo lou naz, cité par Lacombe, c'est-à-dire un chien qui fronçait le nez.

Les dictionnaires modernes dédoublent cette signification 1° to ruffle, v. actif, froncer, froisser, chiffonner, déranger, inquiéter, etc. » 2o to ruffle, v. n. s'agiter, devenir orageux. Le substantif ruffle conserve le double sens : 1° chose plissée, spécialement manchette; 2o désordre, tumulte. En combinant le sens du verbe anglais avec son substantif, on conclut que le ruffle c'est le plissement de l'air, qui se trouble, se ride, et produit le vent d'orage.

L'allemand a rüffel, qui nous renvoie à riffel, et nous retombons dans les origines et le sens primitif de riffler (voyez ce mot), qui signifie plisser et rayer.

RUMATIN, subst. m. Romarin?

Adraguerent de guoble maint crupault,
De rumatin et puis mol sucre gras.

Ball. XI.

Infiniment probable qu'il faut lire rumarin pour romarin. Cet aromate, que les Italiens emploient encore comme condiment du riz, et dont l'infusion est très excitante, passait chez nos ancêtres pour aphrodisiaque.

D'autre part, reumaticus signifie humide dans le texte bas-latin, qui locus valde reumaticus fuit ». S. Apollin. ap. Du Cange. — Laquelle église qui est très froide, rumatique et malscine. Tr. des Ch. JJ. 189, p. 412, an 1460. Le rumatin serait simplement un liquide, ce qui convient d'ailleurs au passage ci-dessus.

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Enfin, on trouve çà et là rumat, brûlé; ruman, brûlé; rumat, julienne, herbe de Sainte-Barbe, plante vulnéraire.

* RURIE, subst. Coup, atteinte.

La giffle gardez de rurie.

Ball. VI.

Mot unique; pas d'autre exemple connu.

Rurie paraît formé de ruer (v. ci-dessus) comme lurie de luer, comme tuerie de tuer, sûrie de suer, etc.

Notons toutefois le verbe rurer, éloigner. Je vous prie, faites rurer le mary d'icelle femme et je vous prometz en bone foy la vous baillier... Rurez vous d'ici. » Tr. des Ch. JJ. 191, p. 68, an 1454.

SAINCE, subst. f. Torchon, guenille.

Quant de gaing n'ay plus vaillant une saince.

Ball. IX.

Le mot est tellement rare qu'on ne saurait pas qu'il a existé si Cotgrave ne nous l'eût conservé en cet article de son dictionnaire: « Since f. A dish clowt, shoe cloet, to wipe down tables, or to rub the house. Le poitevin l'a conservé sous cette forme: « Sinse, s. m. torchon qui sert à essuyer le four avant de mettre la fournée », et de cince, long bâton à l'extrémité duquel sont attachés des chiffons pour nettoyer le four. Il est probable que ces deux explications données par M. L. Favre n'en font qu'une en réalité.

Saince est le même que l'italien cencio, qui signifie également haillon, chiffon, et qui fait cenci au pluriel. Nous avons à Rouen la rue des Chinchers, qui est précisément la rue des Fripiers, comme l'a très bien établi Génin. Recr. phil. II, 404. Des chinchers supposent des chinches, c'est-à-dire des chiffons; mais Génin lui-même n'en saurait citer un exemple. Heureusement, si chinche nous manque, nous retrouvons chincheux pour déguenillé, c'est le cencioso italien.

Si li convint sa reube vendre
Et canger, coi que nus en die,

A une povre hiraudie

Qui molt estoit povre et chincheuse.

Le Chevalier au barisel.

Cheincerie existe aussi, au sens de lingerie : « Cheincerie une fois par an 2 deniers ». Coutume de la vicomté des eaux de Rouen, citée par Génin.

Saince, sinse et chinche tiennent de près à chainse, qui signifiait autrefois vêtement de lin, casaquin de femme, peut-être chemise. Quant à l'identité que Génin veut

établir entre chainse et camisia, voyez la note de Littré (vo Chemise) où ces étymologies sont discutées d'après Diez. Le plus clair est qu'on n'en sait rien, et que l'étymologie de la chemise elle-même est inconnue.

Le slang a le mot chink qui signifie argent.

SAINCER, v. a. Deux sens, qui expriment ici la même image dégoûtante: 1° nettoyer comme avec la saince; 2o saigner.

Et retrallez se le bizouart saince.

Ball. IX.

1 Sincer, v. To whipe, to rub, to make clean with a clowt. Cotgrave. Cincer, v. a. poit. Nettoyer le four

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avec la cince.

2° Sainc, sang. Boudins de sainc. Livre des mestiers. Sangler. Le suppliant regarda sa dague qu'il trouva plaiée et sanglée. Tr. des Ch. JJ. 190, p. 161, an 1460. Sans. sang. " Se li sans qui descendi de mon visage.

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Men. de Reims, § 270.

SARPES, subst. pl. (voyez à Arpes la variante que j'ai adoptée, le vers ci-dessous n'offrant aucune construction saisissable).

Prince des gayeulx les sarpes.

Ball. IV.

Sa sarpe et sa coignie prist

Dont aguisie avoit son pieus.

Ren. v. 16424.

Sarpe, s. f. ancienne forme de serpe. En cas de

résistance, mettez la main à la sarpe et frappez comme

des sours.

La Comédie des proverbes, p. 12. - Voire mais (dis-je) vous vous dampnez comme une sarpe, et estes larron et sacrilege. Rabelais, I, 302.

Sarper, v. a. Terme de marine. « Le vent fut doux et la mer tranquille tant que l'armée des François et de Gennes firent ancres sarper et voiler tendre. » J. d'Auton, p. 271.

SAULDREZ. Deuxième personne pluriel du futur de sauldre, v. a., ancienne forme française intermédiaire entre saillir et saulter, dont elle comporte les deux significations. Il signifie, je crois, saillir dans l'exemple suivant :

Prince planteur, quant vous sauldrez la hye.

Ball. IX.

« Pourtant qu'il soit suffisant à sauldre les vaches. » Anc. cout. de Bret. fo 157 r°, dans La Curne. « Sauldra en la rue tout prest et ira à cheval devant le logis du chief. » W. de la Colombière. Théâtre d'honneur, I, p. 71.

Et adonc quant les Anglois voient
Que nulz de Paris ne sauldroit,
Ils se partent le chemin droit.

EUST. DESCH. ms, fo 575, c. 3.

Sauldroit au même sens dans le Petit Jehan de Saintré, p. 285. On conjuguait : je saul, tu saus, il saut; je sauldray, etc.

Saudre, payer.

Se sainte yglise excommenie,
Li frere pueent bien assaudre
S'escommeniez a que saudre.

Ms. 7218, fo 327, ap. LA CURNE.

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