Palais, qui a été détruite lors des réparations nouvelles faites, il y a quelques années, au Palais de Justice: elle était trèsancienne. Elle a été remplacée par un simple lieu de dépôt où les accusés sont renfermés pendant la durée de leurs affaires à la cour d'assises. L'édifice, à l'exception de son péristyle, du côté de la place de Saint-Didier, de sa porte d'entrée du côté de la GrandeEchelle, de son pignon méridional et du donjon de Maubergeon, n'offre aucun ornement extérieur. Quelques auteurs reportent la construction du Palais de Justice de Poitiers aux temps de l'empereur Julien, lorsque ce prince reconstitua les provinces des Gaules. Il fut peut-être aussi ce palais Galien que la commune renommée prétendait, du temps de l'annaliste Bouchet, avoir été bâti à Poitiers vers le troisième siècle par l'empereur Galien. Quoi qu'il en soit de ces opinions, il n'est pas douteux que l'établissement du palais de Poitiers remonte plus haut encore; en effet, lorsque Galba accorda le droit de cité à toutes les villes des Gaules, Poitiers eut comme elles une administration municipale, et il est vraisemblable que le Palais actuel a remplacé celui où se réunissaient les décurions chargés d'administrer cette cité, ce qui paraît démontré par les débris gallo-romains dont nous avons déjà parlé. Les princes wisigoths, qui succédèrent à la domination romaine dans la seconde Aquitaine, habitèrent sans doute cet édifice lorsqu'ils venaient à Poitiers, sans cependant enlever son usage à la curie qui administrait encore la cité; car il est incontestable que ces princes conservèrent, au moins pour les Gallo-Romains, les lois et les institutions qui étaient propres à ces derniers; et si cette opinion est admise, les murs du palais de Poitiers durent être témoins des hésitations et des anxiétés d'Alaric II, lorsque ce roi s'avança jusqu'à Poitiers et y séjourna pour y surveiller les démarches de Clovis, qui se disposait à envahir ses États, inquiétudes qui ne devaient cesser que par la défaite et la mort du prince wisigoth dans les champs de Voclade. Reconstruit et restauré par Pépin-le-Bref; ce prince y résida au mois de juillet 768, lorsqu'après avoir vaincu Waïfre, duc d'Aquitaine, il vint à Poitiers avec sa femme et toute sa cour, et où il confirma les priviléges de l'abbaye de SaintHilaire. Les comtes institués par Charlemagne, fils de ce prince, pour administrer le comté du Poitou, firent leur résidence ordinaire au Palais. Ils y tinrent leurs plaids et les assemblées générales du comté; ces assemblées avaient lieu, suivant l'opinion générale, dans une salle d'audience nommée le Malhberg, qui semble avoir donné son nom à la tour de Maubergeon, reconstruite sans doute sur ses ruines. Louis-le-Pieux, fils de Charlemagne, habita aussi le Palais tandis qu'il régnait sur le Poitou comme roi d'Aquitaine, car il l'appelait son palais royal de Poitiers. Pépin, son fils, qui régna après lui sur l'Aquitaine, y fit également sa résidence; on croit qu'il y mourut, car, suivant les chroniques du temps, il fut enterré, en 838, dans le monastère de Sainte-Radegonde de Poitiers. Louis-le-Pieux ayant ensuite donné le royaume d'Aquitaine à Charles-le-Chauve, à l'exclusion du jeune Pépin, son petit-fils, une ligue se forma pour soutenir les droits de ce dernier, et Louis vint de nouveau à Poitiers pour comprimer ce mouvement des seigneurs aquitains; il y habita encore le Palais, puis il retourna précipitamment sur les bords du Rhin, lorsqu'il apprit la révolte de son fils Louis-le-Germanique; laissant à Poitiers l'impératrice Judith et Charles-le-Chauve, qui continuèrent avec succès la guerre contre le jeune Pépin. Les comtes du Poitou, étant devenus héréditaires, continuèrent leur résidence dans ce palais. Guillaume V, dit le Grand, l'un d'eux, le reconstruisit avec magnificence au commencement du onzième siècle. Ce prince, ami de la gaie science, y appela souvent les trouvères et les troubadours, qui firent les délices de sa cour par leurs poésies, leurs chants, et les récits de leurs voyages aventureux. Il y réunit une bibliothèque, chose rare alors, et, si on en croit l'annaliste Bouchet, il y établit une école. Quelques-uns attribuent à Guy-Geoffroy, fils de ce prince, la construction de la salle des Pas -Perdus; ils se fondent sur le style de sa décoration et surtout sur le mélange de l'ogive et du plein cintre qu'on y remarque. Tandis qu'en le comparant avec les églises de Saint-Pierre et de Sainte-Radegonde, qui présentent les mêmes caractères, on peut trouver entre elles des analogies qui rapprocheraient cette construction de notre époque et la rapporteraient à la fin du douzième siècle. Le Palais était alors entouré de fossés, la tradition s'accorde en cela avec les documents écrits, c'est pourquoi l'église de NotreDame-la-Pelite est nommée dans plusieurs chartes : Beata Maria de ante pontem aulæ regio pictaviensis. Notre-Dame de devant le pont du palais royal de Poitiers, parce que cette église paroissiale, sur les ruines de laquelle nous avons vu construire la boucherie actuelle de la ville, était située en face du pout jeté sur les fossés pour donner accès au Palais. Eléonore d'Aquitaine, comtesse de Poitou, habita également le palais de Poitiers, ainsi que ses enfants. Elle y fit successivement reconnaître comme comtes de la province, le 8 août 1157, Louis VII, dit le Jeune, roi de France, son premier mari, et plus tard Henri II, roi d'Angleterre, qu'elle avait épousé après la dissolution de son premier mariage; on prétend même qu'elle y mourut, mais ce fait est contesté par ceux qui veulent que cette princesse ait fini ses jours dans l'abbaye de Beaulieu, près de Tours. Aprés la confiscation du Poitou sur Jean-sans-Terre, fils de cette princesse, Philippe-Auguste vint à Poitiers, il y habita le Palais. Ce fut pendant le séjour qu'il y fit en 1204, qu'il accorda à la ville de Niort les mêmes droits de commune dont jouissaient les habitants de Rouen. Il y régla aussi les droits et les obligations du sénéchal du Poitou, et il y donna de semblables règlements pour les sénéchaux de Touraine et du Maine. Saint Louis habita ce palais, à son tour, lorsqu'il vint à Poitiers en 1241, pour y installer son frère Alphonse, à qui Louis VIII, leur père, avait donné le comté de Poitou en apanage par son testament, et afin que ce nouveau suzerain y reçût les hommages de ses vassaux. Alors le palais de Poitiers fut témoin des réjouissances et des fêtes splendides qui signalèrent le séjour de ce prince, où la noblesse et le haut clergé de la province rivalisèrent de zèle et de magnificence. Le roi y confirma les priviléges de la ville de Poitiers; et ce fut là aussi que Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, excité par sa femme Isabelle d'Angoulême, veuve de Jean-sans-Terre, vint rétracter insolemment l'hommage qu'il avait fait à Alphonse; injure qui devait être vengée par la victoire de Taillebourg, et la soumission humiliante de son orgueilleux auteur. Le comte de Derby, général anglais, qui s'empara de Poitiers en 1346, livra cette ville au pillage et à l'incendie. Il brûla une partie du Palais; mais cet édifice fut réparé en 1595, après l'expulsion des Anglais par Jean, duc de Berry, qui était devenu comte de Poitou, après avoir aidé Charles VII à chasser ces étrangers de la province. Ce fut ce prince qui fit construire l'élégant pignon méridional de la salle des Pas-Perdus, et le donjon de Maubergeon tel qu'on le voit maintenant. Le dauphin Charles, fils de Charles VI, s'y fit proclamer roi de France sous le nom de Charles VII, en 1422, après la mort de son père. Il y transféra le Parlement de Paris, qui y séjourna de 1418 à 1456. Ce fut aussi dans le palais de Poitiers que les docteurs les plus habiles et les magistrats de cette cour examinèrent cette célèbre pucelle, cette Jeanne-d'Arc, qui se prétendait inspirée de Dieu pour chasser les Anglais de France, et faire sacrer le roi à Reims, et qui justifia cette inspiration par le succès. Mais le roi n'habitait pas alors le Palais ; il avait fixé son séjour dans le château que son oncle le duc de Berry avait fait construire sur les bords du Clain, dont on y remarque encore les ruines. Il est vraisemblable que c'est depuis cette époque que le Palais de Poitiers a cessé d'être la résidence des rois et des princes, et qu'il devint exclusivement celle des tribunaux, surtout celle de la sénéchaussée royale du Poitou, que Charles VII créa le 26 janvier 1430, à laquelle il réunit l'ancienne prévôté royale, et qui cependant ne commença ses fonctions que six ans après, le 12 janvier 1436. Louis XI avait donné le duché de Guienne à son frère Charles, duc de Berry. Il transféra, par suite de cette cession, le Parlement de Bordeaux à Poitiers, au mois de novembre 1469. Cette cour tint sans doute ses séances au Palais. Le duc de Guienne étant mort, le 12 mai 1472, son duché fut réuni à la couronne, et le Parlement retourna à Bordeaux, après avoir séjourné plus de trois ans à Poitiers. Cette dernière ville, pour l'indemniser des dépenses que le séjour du Parlement lui avait occasionnées, reçut cinq mille livres de celle de Bordeaux. Le même roi convoqua, dix ans après, les états du Poitou, ainsi qu'il l'avait fait dans les autres provinces du royaume. Il venait de conclure le traité d'Arras, dont un article stipulait le mariage du dauphin de France avec Marguerite, fille de Maximilien d'Autriche. C'était pour avoir l'avis de ses sujets sur ce mariage qu'il avait convoqué ces états. Cette réunion eut lieu, suivant un manuscrit de l'hôtel de ville, au palais de Poitiers, sous la présidence de Jean Chambon, lieutenant général de la sénéchaussée, que les mémoires du temps nous représentent comme un homme droit et grand justicier. On ignore quel fut l'avis des états quoi qu'il en soit, le mariage n'eut pas lieu, Les grands-jours, ces assises solennelles que nos rois avaient instituées pour la réforme des abus qui s'introduisaient dans l'administration de la justice et dans la discipline des tribunaux, étaient le plus ordinairement convoqués, après des temps de troubles ou d'émeutes, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, suivant les circonstances et les besoins, avec une compétence qui s'étendait souvent sur plusieurs provinces. Ils se réunirent plusieurs fois à Poitiers. Suivant les registres de l'hôtel de ville, les premières réunions de cette cour y auraient eu lieu au mois de septembre 1387, et au mois de décembre 1590. Les comptes de Pierre Chartren, receveur de cette |