*********** CHAPITRE XX. Les Evangelistes fe contentent de dire en un mot, que Notre-Seigneur fut crucifié quoiqu'ils fçuffent comme S. Paul, de quelles richeffes un tel myftere eft rempli. Moins l'homme paroît dans une conduite fi peu humaine, plus l'operation de Dieu eft manifefte. Parallele de JESUSCHRIST & d'Ifaac. Réflexions fur l'impreffion qu'eût faite fur nous l'oblation d'Ifaac par Abraham, & fur celle que doit faire le facrifice de JESUS-CHRIST abandonné par fon Pere à de cruels miniftres. Douceur, tranquillité,' majefté de JESUS-CHRIST cloué fur la croix. Elevation entre le ciel & la terre de CHAPITRE XX. PARTIE l'autel fur lequel il s'immole. Objet qui fuffiroit feul pour fixer toutes nos pensées. Le concours de la condannation de deux criminels avec celle de JESUS-CHRIST, parut aux Juifs une rencontre heureufe. Mais cette circonftance humiliante étoit néceffaire, afin que J.C.fût reconnu pour le Meffie. Rien ne paroifsoit plus difficile que d'allier la condannation publique du Meffie avec fa qualité prouvée par fes miracles. Mais les moiens emploiés par les Juifs contre JESUS CHRIST nous applaniffent cette difficulté. La croix de JESUSCHRIST placée entre deux criminels, devient un tribuAnal. Comparaifon de JESUSCHRIST & de Joseph, mais avec des differences effentielles. Les trois croix repréfentoient trois états, ou trois causes. La fouveraine auto- D. XIX. 18. Là ils le crucifierent, & avec lui [ces] deux autres criminels. « C. XXIII. 33. Qui étoient des vo- « leurs, mettant l'un à droite, & l'autre à gauche. α D. 18. Et JESUS au milieu. « rang ARTICLE I. Les Evangeliftes fe contentent de dire en Lus on fait d'attention au ca "Practere inimitable des Evange CHAPITRE X X. ARTICLE I. liftes, plus on y reconnoît la conduite d'un autre efprit que celui de l'homme. Ils fe contentent de dire en un mot, que leur maître fut crucifié, fans marquer ni étonnement, ni compaffion, ni reconnoiffance ils ne difent pas même de quelle nature fut fa croix, quoiqu'il y en eût de plufieurs efpeces. Aucun d'eux ne parle des cloux qui l'y attacherent: & ce n'eft que par l'hiftoire, de fa réfurrection que nous en fommes informés, ca 2. Ils fçavoient, comme S. Paul, de quelles benedictions fa croix étoit la fource, de quelles prédictions elle étoiť l'accompriflement, de quels myfteres elle étoit le terme & le fceau. Ils avoient mille inftructions à nous donner par rapport à cet évenement incroiable à la raifon humaine. Ils étoient pleins de réflexions. Leur gloire étoit de connoître JESUS-CHRIST Crucifié, de ne connoître que lui & de ne prêcher que lui,& ils n'ont qu'un mot à nous dire fur fon crucifiement, 3. Qui parleroit ainfi d'un ami qui auroit donné fa vie pour lui? Quel fils rapporteroit d'une maniere fi fimple & f courte, comment fon pere l'auroit exempté du dernier fupplice en le fouf frane X X. ARTICLE frant en fa place? Mais c'eft en cela CHAPITRE que le doigt de Dieu eft évident, & moins l'homme paroît dans une conduite fi peu humaine, plus l'operation de Dieu eft manifeste. ARTICLE I I. Parallele de Jesus-CHRIST & d'Ifaac & que Ils le crucifierent. « que II. 1. C'est ainfi l'Ecriture rapporte qu'Ifaac fut mis lur le bois, qui lui de- Gen. XXII. 2, voit fervir de bûcher, & qu'il fut lié avant d'être immolé, fans nous dire un feul mot, ni des difpofitions de ce fils, ni du difcours que fon pere lui tint: fans nous préparer à un tel facrifice par quelques réflexions, & fans nous dire avec quels fentimens le fils & le pere s'y étoient foûmis. 2. Mais au lieu que Dieu fe contenta de la préparation du cœur de l'un Tome VIII. Xx |