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Babylone, mais ils resteront dans une sujétion éternelle. Après cela, sur quoi fondes-tu tes vaines espérances de délivrance? Eh! n'as-tu pas bien mérité ces ténèbres qui couvrent tes yeux, toi qui as fermé les yeux du Christ à la lumière, en meurtrissant de coups son visage (1)! Et c'est pourquoi leur dos sera éternellement courbé sous le poids de la servitude. Et parce que tu as répandu avec fureur le sang divin du Christ, quelle punition te sera infligée? « Tu verseras sur eux la coupe de ta colère; tu les <«< saisiras dans ta fureur, et leur demeure deviendra dé<«< serte; » ce qui se rapporte à la ruine du temple. Mais, apprends-nous, ô prophète! pourquoi cette ruine du temple? Est-ce à cause de l'idolâtrie du peuple qui adora le veau d'or, ou pour avoir versé le sang des prophètes, ou à cause des adultères et de la corruption d'Israël? Tu me réponds: Ce n'est point à cause de cela; car Dieu avait, pour ces fautes, accordé son pardon; mais parce qu'ils ont fait périr le Fils de Dieu, qui était venu pour les sauver; le Fils qui est coéternel au Père. Aussi a-t-il dit : « Faites, mon Père, que leur temple <«< tombe en ruine; » parce qu'ils ont persécuté celui que le Père avait envoyé pour opérer le salut du monde, c'est-à-dire qu'ils l'ont fait périr d'une mort injuste et violente, et qu'ils ont ajouté à la douleur de mes plaies des douleurs nouvelles. Les péchés du monde ont d'abord été une douleur pour le Christ, à cause de son amour pour les hommes; mais les Juifs lui ont causé une douleur nouvelle par leur ingratitude. Aussi a-t-il dit : « Faites qu'ils <«< ajoutent iniquité sur iniquité, et qu'ils n'entrent point << dans votre justice; qu'ils soient effacés du livre des vi<«< vants, et qu'ils ne soient point écrits avec les justes. » Que peux-tu répondre à cela, peuple juif? Laissons Mathieu et Paul; mais qu'opposeras-tu à la prophétie de David, ton oint du Seigneur, lui qui a prononcé la terrible

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sentence contre toi, et comme dit Job: Ep'w #p's vμas to Ninaiw, και αψευδεί λέγοντας : Tu as acheté le Christ comme un vil esclave; tu as couru sur lui comme sur un voleur pris en flagrant délit. Je pourrais encore rapporter la prophétie de Salomon, qui annonce clairement tout ce qui doit arriver par rapport aux Juifs, non-seulement pour ce qui regarde les faits déjà accomplis, mais encore ceux que l'avenir tient en réserve; l'incrédulité des Juifs et leur cruauté envers le Christ y est clairement désignée (1) lorsqu'il dit : « Faisons tomber le juste dans nos pié«<ges, parce qu'il nous est incommode, qu'il est contraire « à notre manière de vie, qu'il nous reproche les viole«ments de la loi, et qu'il nous déshonore en décriant les «fautes de notre conduite. Il assure qu'il a la science « de Dieu, et il s'appelle le Fils de Dieu. » Et plus loin, il dit (2): «< Sa vue seule nous est insupportable, parce que << sa vie n'est point semblable à celles des autres, et qu'il suit «< une conduite toute différente; il nous considère comme « des gens qui ne s'occupent que de bagatelles; il s'abs<< tient de notre manière de vivre comme d'une chose im<< pure; il préfère ce que les justes attendent à leur mort. >> Et remarque encore ceci, fils de la Judée, c'est qu'aucun juste ni aucun prophète ne s'est appelé Fils de Dieu. Voici encore ce que Salomon met dans la bouche des Juifs au sujet du Christ : « Il a découvert nos plus secrètes pensées, « et il se glorifie d'avoir Dieu pour Père. Voyons donc si <«< ce qu'il dit est vrai, et attendons quelle sera sa fin; «< car s'il est vraiment le Fils de Dieu, Dieu le protégera « et le délivrera des mains de ses ennemis. Condamnons« le à une mort ignominieuse, et nous verrons si ses ac«<tions répondent à ses discours. » Enfin, David s'exprime ainsi au sujet du dernier événement : « Le Christ «<leur parlera alors dans sa colère; il les remplira de << trouble dans sa fureur (3). » Et Salomon, au sujet des (1) Sap. II, 1-12 et suiv. - (2) Id. 15. (3) Ps. II, 5.

Juifs et du Christ, et de l'admirable patience que celui-ci montrera en face de ses ennemis, qui ont été sourds à ses plaintes, s'écrie (1): « Les méchants, à cette vue, seront «< saisis d'une horrible frayeur; ils diront en eux-mêmes, << étant touchés de regret, et jetant des soupirs dans le secret <«<< de leurs cœurs : Ce sont-là ceux qui ont été autrefois l'objet << de nos railleries, et que nous donnions pour exemples des << gens dignes de toutes sortes d'opprobres. Insensés que nous <«< étions! Leur vie nous paraissait une folie, et leur mort << honteuse. Cependant les voilà élevés au rang des enfants << de Dieu, et ils partagent le bonheur des saints. Nous nous << sommes donc égarés de la voie de la vérité; la lumière « de la justice n'a point lui pour nous, et le soleil de l'intelligence ne s'est point levé sur nous. Nous nous sommes <«<lassés dans la voie de l'iniquité et de la perdition; nous «< avons marché dans des chemins âpres, et nous avons « ignoré la voie du Seigneur. De quoi nous a servi notre >> orgueil? Toutes ces choses ont passé comme l'ombre. »

(1) Sap. v, 3.

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(Il manque ici quelques phrases dans l'original.)

FRAGMENTS

DU DISCOURS CONTRE BÉRON ET HÉLICEN.

(Traduit du grec par Anastase, prêtre. )

Ceci est extrait du Discours de saint Hippolyte, évêque de (Porto) Portus Romanus, et martyr de la vérité, qui convertit les hérétiques Béron et Hélicen, et dans lequel il traite de la connaissance de Dieu et de l'Incarnation, et qui commence ainsi : Ayıos, ayıos, ayıos Dominus Sabaoth, incessanti voce clamantes, Seraphim Deum glorificant.

C'est la toute-puissance de Dieu qui a créé toutes choses; il les conserve par les lois qui sont propres et particulières à chaque espèce et à chaque genre, et par une émanation continuelle de son immense vertu; car c'est lui seul qui est l'auteur de toutes choses; c'est lui qui donne à tout la vie et le mouvement, et qui fait mouvoir toute chose du sein de sa puissante immobilité. C'est son immensité même qui est la cause de son immobilité, parce qu'il n'y a rien hors de lui dans quoi et autour de quoi il puisse se mouvoir. D'ailleurs, la faculté de se mouvoir dans ce qui est immobile, c'est le mouvement même. C'est ce qui peut expliquer comment, selon nous, le Verbe a été fait homme véritablement sans péché, revêtant ce qui était resté pur de l'humanité, et comment s'incorporant dans la chair pour notre salut, sa nature est restée parfaite, pleine et

entière par son immobilité; et comme il est consubstantiel au Père, il s'est fait consubstantiel à la chair. Mais, tel qu'il était avant la chair, il est resté après, immense et sans bornes; et, faisant dans sa chair ce qui était de son essence divine, il s'est montré sous un double rapport, sous le rapport divin et humain tout à la fois, et cependant il n'a pas cessé d'agir en vertu de sa seule et unique nature. Immense comme Dieu, et borné comme homme, possédant la perfection de l'une et l'autre de ces deux natures, conservant à chacune les propriétés qui leur sont propres et sans mélanges, et non point, comme quelques-uns le prétendent, par comparaison de ce que nous appelons entre le plus petit et le plus grand. Car les comparaisons n'ont lieu qu'entre les choses de même nature, et non point entre choses de nature différente. Car rien de ce qui est fini ne peut être comparé à Dieu, qui est infini, puisque le fini et l'infini diffèrent naturellement entre eux sous tous les rapports, et ne souffrent nulle comparaison. Cela n'empêche pas que le fini et l'infini ne possèdent chacun l'unité qui leur est propre, que rien ne peut rompre, et qui échappe à toutes les recherches de la science. Car la divinité du Christ reste après son incarnation comme elle était avant, infinie, incompréhensible, impassible, immuable, pouvant tout par elle-même, et pour tout dire, subsistant (1) substantiel, source infinie de tout bien et de toute vertu.

DEUXIÈME FRAGMENT DU MÊME DISCOURS.

D'après les saintes Ecritures, le Christ est un homme sans péché, et non point un Dieu transformé, comme il le sait lui-même, puisqu'il est l'auteur des choses qui sont au-dessus de notre compréhension; dans son incarnation,

(1) Substance à la fois et auteur de la substance.

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