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Pag. 341. N'effacerons-nous pas en même temps ces mots odieux.... « Dic, quæso, num te illa terrent? triceps apud inferos Cerberus? Cocyti fremitus? transvectio Acherontis?.... Hæc fortasse metuis, et idcirco mortem censes esse sempiternum malum. » Cic., Tuscul., I, 5.

Supprimons aussi les lamentations... Transcrit par Stobée, Serm. CVI. Cicéron montre la même sévérité, Tuscul., II. pass., et surtout c. 24: Sin erit ille gemitus, etc. Il blâme ensuite les poëtes, au commencement de la troisième Tusculane, et il n'épargne ni Homère ni les tragiques. Les disciples de Socrate parlent ici comme ceux de Zénon. Malebranche réfute victorieusement cette vanité Stoïque, exagérée encore par Sénèque. Rech. de la Vérité, liv. II, P. III, c. 4. Tout ce chapitre est plein de philosophie et de vraie religion. Il dit ailleurs, V, 2: « Ce n'est ainsi pas Chrétiens philosophent. Ils ne nient pas que la douleur ne soit un mal, et qu'il n'y ait de la peine dans la désunion des choses auxquelles nous sommes unis par la nature. »

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Pag. 343. Prions encore Homère.... de ne pas nous représenter.... Iliad., XXIV, 10; XVIII, 23. Critique citée par Eusèbe, Prép. Ev., XIII, 14.-Et Priam, ce roi presque égal aux dieux.... Iliad., XXII, 414.-Hélas! le ciel me donne.... Iliad., XVIII, 54. Max. de Tyr, Serm. XXIV.Quel est autour des murs.... Iliad., XXII, 168.-Pleurs cruels! vains sanglots!.... Iliad., XVI, 433. Clément d'Alexandrie, Protrept., p. 37, A, cite les mêmes vers, et ajoute: « Ainsi la volonté de Jupiter est impuissante, et Jupiter, en pleurant Sarpédon, s'ayoue vaincu. >>

Pag. 345. Nos citoyens ne doivent pas se livrer non plus à des ris immodérés. « Exsultans gestiensque lætitia turpis est: eodem enim vitio est effusio animi in lætitia, quo in dolore contractio. » Cic., Tuscul., IV, 31. Epictète, dans son Manuel, c. 42, ne parle pas autrement; et Stobée, Serm. V, p. 161, ed. Schow., les Pères de l'église Clément d'Alex., Pædagog., II, 5, p. 166, Salvien, de Provident. Dei, I.VI, ont répété ces austères maximes. On sait que Diogène Laërce fait rire Platon très-modérément. Le rire inextinguible est de l'Iliade, I, 599.

Pag. 347. Le mensonge.... est quelquefois pour les hommes un remède utile.... L'inflexible philosophe devient tolérant : voilà le salubre mendacium de Tite-Live, II, 64; Hérodote,

III, 72; Aristote, Ethic., IV, 13; Platon lui-même, Républ., II, 21; V, 8; Sext. Empiric., adv. Log., VII, 43; Libanius, Ep. 121; Synésius, Ep. 105; St.-Clém. Alex., Strom., VII, p. 730; St.-Jérôme, contre Rufin, I; St.-Hilaire, sur le Ps. 14, etc. Mosheim, en condamnant cette pensée, De turbata per rec. Platonic. Ecclesia, c. 43 sq., nous apprend qu'on s'en est trop souvent servi pour autoriser les fraudes pieuses. C'est ce qu'on nomme, je crois, parler par écono– mie. Cette thèse n'a jamais été plus ingénieusement soutenue que par le D'. Swift, The art of political lying, dont M. Morellet, dans ses Mélanges, a donné une imitation vraiment originale sous le titre des Mensonges politiques. Comme Platon se joue ici de son sujet, je puis renvoyer à des ouvrages qui sont aussi des jeux d'esprit.

Pag. 347. Philosophe, artisan.... Odyss., XVII, 283. Stobée cite tout ce passage, Serm. XLIV, et le suivant, Serm. V.-Respecte Agamemnon.... Iliad., IV, 412.--Le courage et l'honneur.... Iliad., III, 8; IV, 431. Philostr., Héroïc., p. 86.-Va, despote enivré.... Iliad., I, 225. Plutarque, de Legend. poët., c. 4.-0 charmes des festins!...... Odyss., IX, 8.-Malheureux le mortel.... Odyss., XII, 342.

Pag. 349. Contemplez ensuite Jupiter même.... Iliad., XIV, 292 sqq. Eusèbe, Prép. Ev., XIII, 14; Maxime de Tyr, Serm. XXIV; Josèphe, contre Apion, II, 8, etc.Loin des parens cruels que trompa leur amour.... Iliad., XIV, 296.-Voyez enfin Mars et Vénus.... Odyss., VIII, 267 sqq. Lucien, Dial. des dieux, XVII. Cicéron, après avoir cité quelques vers amoureux: «O præclaram emendatricem vitæ poëticam! quæ amorem, flagitii et levitatis auctorem, in concilio deorum collocandum putet. » Tuscul., IV, 32. Clément d'Alex., Protreptic., p. 39; Cyrille, in Julian., II, et les autres apologistes, ont dû être encore plus sévères.

Pag. 351. Moi, vaincu par le sort!.... Odyss., XX, 17. Cité encore, Républ., IV, 15; Phédon, p. 71, éd. de 1602; Chalcidius, in Tim., c. 181; Isidore de Péluse, Epist., IV, 25, etc.

Les dieux à nos présens.... Suidas nous apprend qu'on attribuait ce vers à Hésiode. Iliad., IX, 493; Eustathe, in Odyss., III, 147; Iamblique, de Myst., VIII, 8. Platon en condamne plusieurs fois la pensée, réprouvée aussi par le Deuteronome, X, 17: « Le grand Dieu, le Dieu puissant,

le Dieu terrible ne fait acception ni des supplians ni de leurs offrandes.» D'autres poëtes sont aussi coupables qu'Homère, Euripide, Médée, 963; Plaute, Rud., 22; Ovide, de Art., I, 442, etc.

Pag. 351. Qu'on ne fusse point l'éloge.... de Phénix.... Iliad., IX, 511.-Pour accepter les présens d'Agamemnon.... Iliad., XIX, 278.—Et ne rendre qu'à prix d'argent.... Iliad., XXIV, 594.-Apollon, qui te plais.... Iliad., XXII, 15.— Rebelle au dieu Scamandre.... Iliad., XXI, 233; Philostr., Heroic., p. 216.-Cette chevelure déjà consacrée.... Iliad. XXIII, 142, 151; Philostr., Apoll. Tyan., IV, 16.—Qu'il ait traîné Hector.... Iliad., XXII, 395.-Ni qu'il ait égorgé des prisonniers.... Iliad., XXIII, 175.

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Pag. 353. Ne laissons pas croire que Thésée, fils de Neptune.... Euripide, Hippol., v. 898. Les vers cités ensuite ne se trouvent aujourd'hui dans aucun fragment des tragiques.

Pag. 355. Et si jamais un homme.... Sans parler des interprétations subtiles que l'on propose ici d'après quelques anciens rhéteurs, il suffira d'indiquer, parmi les nombreux écrivains qui ont cité cet exil d'Homère, Cicéron, de Rep., IV, 5; Josèphe, contre Apion, II, 8; Maxime de Tyr, XXIII, 3; Eusèbe, Prép. Ev., V, 12; Grégoire de Nazianze, Or. XXIII, etc. Aristote, Poët., ch. 25, réfute indirectement celui qu'il aime à combattre : «Homère, ditil, enseigne à tous les poëtes l'art de raconter les mensonges.» Aristote admire cet art, il en explique les secrets, et le plus grave des philosophes disserte sur le pouvoir des chimères et des fictions. Il semble même, dans le chapitre suivant, prévenir les objections religieuses: « Ce que les poëtes disent des dieux n'est peut-être ni le meilleur ni le vrai; mais rien de plus incertain, répondrait Xénophane. Cette apologie n'aurait pas convaincu les juges de Socrate. Denys d'Halicarnasse, Lettre à Pompée, p. 126, accuse ri diculement Platon de jalousie. Lucien, Hist. vérit., I. II, ne venge le poëte qu'en exilant le philosophe de l'île des Bienheureux: «< Il habite, dit-il, sa république, où il vit suivant ses lois. » Maxime de Tyr, Disc. XXIII, examine si Platon a bien fait de bannir Homère: il approuve son maître. Cicéron paraît aussi l'approuver dans ce qui nous reste de sa République, IV, 5; Tuscul., II, 11; de Nat. deor., I, 16; II, 28. Proclus, Comment. sur la Rép.

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p. 368 sqq., et surtout p. 382, justifie à-la-fois les fables d'Homère et celles de Platon: le disciple ne veut pas se contredire comme le chef de l'école. Mais on n'exigeait pas du commentateur ses révélations allégoriques sur Vulcain et le rire des dieux, sur leurs passions et leurs larmes, sur Jupiter et Junon, Vénus et Mars, etc. Toute cette mysticité aurait bien étonné l'auteur de l'Iliade.

Parmi les modernes, Jules Scaliger, quoiqu'il sacrifie toujours Homère à Virgile, traite Platon magistralement, Poëtic., 1, 2, et récrimine contre lui. En 1577, Guillaume Paquelin, Beaunois, fit paraître à Lyon son Apologème pour le grand Homère, contre les répréhensions du divin Platon sur aucuns passages d'icelui, requête adressée au parlement de Dijon, à qui l'auteur semble demander un arrêt contre Platon en faveur d'Homère. L'abbé Massieu, dans le second vol. de l'Acad. des Inscriptions, défend encore Homère qui n'avait pas besoin d'être défendu. Lilio Giraldi, 1er Dialogue sur les poètes, p. 36, éd. de 1696, entre bien mieux dans la pensée du philosophe; et Rollin, Traité des Et., II, 1, 2, essaie après lui le rôle de conciliateur. Rousseau, qui ne veut rien concilier, cite la traduction latine de Ficin dans sa note sur ces mots de la Lettre à d'Alembert: « Il n'est pas bon qu'on nous montre toutes sortes d'imitations, mais seulement celles des choses honnêtes et qui conviennent à des hommes libres. »>

DE LA CENSURE DRAMATIQUE.

MA

"( AIS ceux qui représentent des tragédies, les souffririezvous?.... Répondez-moi seulement en législateur et en philosophe.-Si ces tragédies n'ont pas pour but d'instruire en donnant du plaisir, je les condamnerais: Platon veut qu'on ne laisse point introduire dans sa république des poëmes et des tragédies qui n'auront pas été examinés par les gardes des lois, afin que le peuple ne voie et n'entende jamais rien qui ne serve à autoriser les lois et à inspirer la vertu.... Jene souffre point dans notre république des gens oisifs, qui amu

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sent les autres, et qui n'ont point d'autre métier que celui de parler. » Fénelon, Dial. I sur l'Eloquence.

Pag. 357. Tous ces jeux qui n'ont pour but que le rire.... Aristote, Polit., VII, 18, interdit même à la jeunesse l'entrée des spectacles.

Pag. 361. Nous vous donnerons un chœur pour vos tragédies.... La même locution se trouve, Républ., II, 21; et les Scholies publiées par Ruhnken l'expliquent ainsi : « Chez les Athéniens, tous les poëtes comiques et tragiques n'obtenaient pas un choeur; on n'en donnait qu'aux plus renommés et à ceux qu'on en jugeait dignes. » Ce commentaire, suivant l'usage, ne nous apprend rien: consultez Aristophane, passim, avec son Scholiaste, grammairien habile et instruit ; Athénée, XIV, 9; Potter, Archaeol. gr., I, 15; et les Dissertations de l'abbé Vatry.

Voilà, je crois.... les lois à porter sur les représentations théâtrales.... Platon, suivant Dacier, Vie de Pl., p. 118, avait encore tiré ceci de la tradition des anciens Hébreux : ils avaient des juges établis pour juger des pièces nouvelles en prose ou en vers; ces juges ne recevaient que celles qui s'accordaient avec la religion, et ils rejetaient les autres. Ils empêchaient aussi qu'on chantât les hymnes et les cantiques sur d'autres tons que les tons ordinaires et permis. » Eusèbe, Prép. Evang., XII, 22, 23, p. 350. Mais, dit un auteur plus moderne, « la première marque de l'impuissance des Censeurs à prévenir les abus de la comédie, sera de la laisser établir; car il est aisé de prévoir que ces deux établissemens ne sauraient subsister long-temps ensemble, et que la comédie tournera les Censeurs en ridicule, ou que les Censeurs feront chasser les comédiens. » Lettre à d'Alembert sur les spectacles.

PUNITION DES SACRILÉGES,

I.

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DES TRAÎTRES, DES PARRICIDES.

POUR

que la peine des sacriléges soit tirée de la nature de la chose, elle doit consister dans la privation de tous les

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