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MARS 18,

SAINT

ÉDOUARD,

ROI D'ANGLETERRE, MARTYR. + 1000

EDOVA

DOUARD, fils d'Edgar, Monarque de toute l'Angleterre, fuccéda à fon pere en 975, n'étant encore âgé que de 13 ans. Il fe conduifit en tout par les confeils de faint Dunftan, qui avoit faitla cérémonie de fon facre. Son regne fut celui de toutes les vertus. Il fe rendit fur-tout recomman▾ dable par l'intégrité de fes moeurs, par fa piété, fa modeftie, fa clémence & fa charité envers les pauvres. Ses fujets s'applaudiffoient tous les jours de vivre fous la domination d'un fi bon Prince, Mais la mort prématurée devint bientôt pour eux une fource de larmes.

,

Elfride, fa belle-mere, s'étoit oppofée à fon couronnement, & avoit remué mille refforts pour faire élire le Prince Ethelred, qu'elle avoit eu d'Edgar, & qui n'étoit âgé que de fept ans. Ses intrigues n'ayant pas réuffi, elle conçut une haine implacable contre Edouard, & résolut de le per, dre. Le jeune Roi, qui connoiffoit les fentiments de fa belle-mere ne laiffoit pas de lui donner en toute occafion les preuves les moins équivoques de fon refpect & de fon affection. Il agiffoit à l'égard d'Ethelred, comme il auroit fait à l'égard du plus tendre des freres ; & fa conduite étoit d'autant plus admirable, que la diffimulation n'y avoit aucune part; elle avoit pour fondement un cœur vrai & fincere. Elfride n'en fut point tou→ chée; l'efprit de vengeance & d'ambition lui firent fouler aux pieds les loix facrées de la nature & de la religion.

Il y avoit trois ans & demi qu'Edouard régnoit,

lorfque chaffant dans une forêt voifine de Wareham, au Comté de Dorfet, il alla faire une MARS is. vifite à sa belle-mere (a). Mais Elfride, au lieu de reconnoître une pareille marque d'attention exécuta l'horrible projet qu'elle avoit formé depuis long-temps. Elle ne vit pas plutôt entre fes mains celui dont elle avoit juré la perte, qu'elle le fit inhumainement poignarder par un de fes domeftiques. Le ciel découvrit le corps du malheureux Prince qu'on avoit jetté dans un marais, & l'honora de plufieurs guérisons miraculeuses. On l'enterra dans l'Eglife de Notre-Dame de Wareham, d'où il fut transféré trois ans après au Monaftere de Shaftsbury. Plufieurs Eglifes demanderent & obtinrent quelque portion de fes Reliques. La mort de faint Edouard arriva le 18 Mars, jour auquel il eft nommé dans le Martyrologe Romain.

Cependant Elfride, déchirée de remords, & frappée des miracles qui s'opéroient par l'interceffion du Saint, rentra férieusement en elle-même, & prit une ferme réfolution d'expier fon crime par une fincere pénitence. Elle quitta le monde, & fonda les Monafteres de Wherwel & d'Ambresbury. Elle fixa fa demeure dans le premier, & y paffa faintement le refte de fa vie. Son fils Ethelred, qu'elle avoit voulu voir Roi, fut un Prince lâche & malheureux. L'Angleterre, fous fon regne, fut expofée à toutes fortes de calamités, & furtout aux incurfions des Danois.

Voyez Guillaume de Malmesbury; Brompton, Abbé de Jorval au Comté d'Yorck; & le Polychronicon de Ralph Higden, publié par Gale.

(4) Elle étoit alors à Cor- caftle) dans l'ifle de Purbeck. felgeate (aujourd'hui Corfe

MARS 19.

SAINT ANSELME,

ÉVÊQUE DE LUCQUES.

+1086 ANSELME, NSELME, né à Mantoue, étudia dans cette ville la Grammaire & la Dialectique. Ayant enfuite embraffé l'état eccléfiaftique, il tourna fon application du côté de la Théologie & du Droit canonique, dans lefquels il fit de grands progrès. L'Evêque de Lucques, fon oncle, devenu Pape en 1061, fous le nom d'Alexandre II, le choifit pour fon fucceffeur, & l'envoya en Allemagne pour recevoir l'inveftiture des mains de l'Empereur Henri IV, comme cela fe pratiquoit alors. Mais Anfelme revint fans avoir voulu la recevoir, dans la perfuafion que les puiffances féculieres ne pouvoient donner les dignités eccléfiaftiques. Ayant été facré par Grégoire VII, en 1073, il reçut enfin de Henri l'anneau & le bâton paftoral. Il en eut enfuite du fcrupule, & alla fe faire Moine à Cluny; il fallut un ordre du Pape pour l'obliger à reprendre le gouvernement de fon Eglife.

En exécution d'un Décret qu'avoit rendu le Pape Léon IX, il voulut réduire à la vie commune les Chanoines de fa Cathédrale. Il étoit foutenu en cela par la Comteffe Mathilde, Souveraine de Lucques & d'une grande partie de la Tofcane; mais les Chanoines formerent une oppofition qu'il lui fut impoffible de vaincre, même par la févérité des peines canoniques. Les chofes en vinrent à un point qu'ils fe révolterent contre leur Evêque, & le forcerent de fortir de la ville de Lucques, en 1079. Anfelme fe retira auprès de la Comteffe Mathilde dont il dirigeoit la confcience. Il favoit jufques dans l'embarras des affaires les

plus tumultueufes, fe ménager des moments pour fe récueillir en la préfence de Dieu, & pour ra- MARS 18. nimer fa ferveur par l'exercice d'une prière fer

vente.

Le Pape ne permit pas qu'Anfelme reftât plus long-temps enfeveli dans fa retraite. Il le fit fon Légat en Lombardie, & le chargea de la conduite de plufieurs Diocèfes, qui par le malheur des circonftances étoient dépourvus de Pasteurs. Il mourut à Mantoue le 18 Mars 1086. Sa fainteté fut atteftée par des miracles avant & après fa mort (a). Il eft honoré d'un culte public en Italie; & la ville de Mantoue l'a choifi pour fon Patron. Le Martyrologe Romain le nomme en ce jour. Voyez dans Canifius, Lect. antiq. T. 3. p. 372. fa Vie écrite par Baldus fon Pénitencier.

(a) Saint Anfelme fit une » avoit marché droit en la préApologie de Grégoire VII, où » fence de Dieu, au milieu fon but étoit de montrer : » même des ténebres dont la 1°. qu'il n'appartient point aux» paffion des hommes avoit enPrinces temporels de donner des veloppé la caufe qu'il défenPafteurs à l'Eglife; 2°, de ré- » doit. Quoique fon efprit ait futer les prétentions de l'Anti-» pu s'égarer faute de bien difpape Guibert. Il compofa un » cerner les vrais motifs ou le autre Traité pour prouver que» véritable objet de la religion, les Princes temporels ne peu-» fon cœur n'a pu fe tromper vent difpofer des hiens de l'E-» en demeurant toujours fidele glife. On trouve ces deux Ou-» à Dieu. Il n'eut point de part vrages dans les Lectiones antiquæ à l'ambition de ceux en fade Canifius, T. 3. p. 389. &„ veur defquels il croyoit fervir dans la Bibliotheque des Peres,» l'Eglife : & fa faute, s'il en Lugdun. T. 18. Colon. T. 10. " commit une, fut celle de tous Saint Anfelme, en fe déclarant contre les inveftitures, croyoit de bonne foi fervir l'Eglife.» "Elle a reconnu, dit un Auteur » moderne, que faint Anfelme

les gens de bien qui jugent
volontiers des intentions des
autres par la droiture & l'ins
nocence des leurs »

MARS 19.

XIX. JOUR DE MARS.

SAINT JOSEPH.

SAINT

neur,

AINT Jofeph defcendoit en droite ligne des plus grands Rois de Juda, & des plus illuftres d'entre les anciens Patriarches: mais il tire fa principale gloire de fes vertus, & fur-tout de fon humilité. Aucun Hiftorien n'a écrit fa Vie; & nous ne favons de lui que ce que le Saint Esprit a bien voulu nous en apprendre. Dieu l'ayant deftiné à être le pere nourricier de fon Fils manifefté dans la chair, le donna pour époux à la Sainte Vierge. Quelques Auteurs ont avancé qu'il étoit veuf d'une premiere femme, dont il avoit eu plufieurs enfants, favoir, faint Jacques le mi& ceux que l'Evangile appelle les freres du Seigneur. Mais ils fe trompent ; ces freres du Seigneur étoient les coufins germains de Jefus-Chrift, étant nés du mariage de Marie, fœur de la Sainte Vierge, avec Alphée, lequel vivoit encore quand le Sauveur fut crucifié. Saint Jérôme affure (1) que faint Jofeph a toujours été vierge, & il est conftant qu'après avoir été uni à fa fainte épouse, il vécut toujours dans la plus parfaite continence. Le Ciel avoit préfidé à un mariage qui entroit dans l'accompliffement de fes deffeins. Marie en devenant mere, n'avoit plus rien à craindre de la calomnie pour fon honneur; elle trouvoit de plus dans Jofeph un aide qui partageoit avec elle le foin de pourvoir à la fubfiftance de fon Fils un compagnon qui l'affiftoit dans fes voyages,

(1) L. adv. Helvid, c. 9.

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