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Joseph fat l'instrument dont Dieu se servit pour sauver l'enfant Jésus de la fureur d'Hérode. Ce prince cruel et jaloux ayant résolu le massacre des innocens un ange apparut à Joseph, et lui ordonna de se lever, de prendre Jésus, de fuir en Egypte, et d'y rester jusqu'à ce qu'il fût averti d'en sortir. Une fuite aussi soudaine ne déconcerta point le Saint; il obéit sur-le-champ, sans même s'informer du temps marqué pour le retour. Il est aisé de juger de ce qu'il eut à souffrir en traversant de vastes déserts et des pays inconnus, avec un enfant et une tendre vierge. Saint Chrysostôme remarque (4), à cette occasion, que Dieu traita saint Joseph comme il a coutume de traiter ses serviteurs il leur envoie des épreuves pour purifier leurs cœurs des souillures de l'amourpropre, de manière toutefois qu'il mêle à leur amertume la douceur des consolations. « Joseph, , dit ce Père, est inquiet en voyant la grossesse › de Marie, mais un ange vient le tirer de ses per› plexités. Il se réjouit à la naissance de Jésus ; › mais cette joie est suivie d'une grande crainte. » Hérode et toute la ville de Jérusalem conspirent > contre les jours de l'enfant. La joie renaît à l'a> doration des mages; mais elle est troublée par › une nouvelle crainte : il faut fuir dans une terre > inconnue. >>

Nous lisons dans les Pères, qu'à l'entrée de Jésus en Egypte, les oracles devinrent muets, et que les statues des faux dieux tremblèrent, furent même renversées en plusieurs endroits, conformément à ce passage du dix-neuvième chapitre

travailloit en fer et en bois. Le texte de saint Justin favorise cette opinion. « Joseph et Jésus, dit ce Pere, faisoient des » charrues et des jougs pour les bœufs. »

(4) Hom. 8 in Matt. t. VII, p. 123, edit. Ben.

d'Isaïe Les idoles d'Egypte seront ébranlées devant sa face (b). Les Pères attribuent encore au séjour que le Sauveur fit en Egypte, cette merveilleuse fécondité qui y produisit durant plusieurs siècles une multitude innombrable de saints (c).

Après la mort d'Hérode, Dieu avertit Joseph, par une vision, de retourner en Judée avec l'enfant et sa mère. Il obéit avec sa promptitude ordinaire; mais ayant appris, à son arrivée, qu'Archélaüs avoit succédé à Hérode, il eut peur que le fils n'eût hérité de tous les vices du père. Il ne voulut donc point s'établir dans son royaume, malgré toutes les facilités qu'il y eût trouvées pour l'éducation du saint enfant; ainsi, conformément à l'ordre que Dieu lui donna en songe, il se retira dans la Galilée, qui étoit de la domination d'Hérode Antipas, frère d'Archélaüs. Il choisit pour sa demeure la ville de Nazareth, où la naissance de Jésus avoit fait moins de bruit. En fidèle disciple de Moyse, il alloit tous les ans célébrer la Pâque à Jérusalem. Il n'avoit plus rien à craindre d'Archélaüs, exilé par Auguste, qui avoit fait de la Judée une province de l'empire romain.

Jésus ayant atteint sa douzième année, alla célébrer la Pâque à Jérusalem avec ses parens. Après la fête, Marie et Joseph reprirent la route de Nazareth, ne doutant point que Jésus ne fût avec les personnes de leur connoissance et de leur compagnie. Ils ne s'aperçurent de son absence qu'au bout d'un jour. Pénétrés de la plus

(6) Voyez saint Athanase, l. de Incarn.; Eusèbe Demonst. ev. l. 6, c. 20; saint Cyrille, Cat. 10; saint Ambroise, in Ps. 118, Octon. 5; saint Jérôme, in Is. 19; saint Chrysostôme, saint Cyrille d'Alexandrie, in Is. ; Sozomène, Hist. l. 5,

4. 20 etc. "

(e) Voyez les Vies des Pères du désert.

vive douleur, ils retournèrent à Jérusalem. Hs le cherchèrent trois jours consécutifs, et le trouvèrent enfin dans le temple, assis au milieu des doc teurs de la loi, les écoutant, et leur faisant des questions dont la sagesse ravissoit d'admiration tous ceux qui étoient présens. Joseph et Marie furent eux-mêmes saisis d'étonnement. Mon fils, lui dit sa mère encore toute áccablée de la douleur que lui avoit causée la privation de sa divine présence, « mon fils, pourquoi en avez-vous agi de la sorte avec nous? Voilà que votre père et » moi nous vous cherchions fort affligés.

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Jésus leur répondit que sa qualité de Messie l'obligeoit à s'employer aux choses qui regardoient le service de son père, et que par conséquent le temple étoit le lieu où l'on devoit le trouver. Il 'donnoit à entendre, par ces paroles, qu'il n'avoit paru en public que pour procurer la gloire de son père, el pour préparer les princes de la synagogue à le recevoir, en leur faisant comme toucher au doigt que les oracles des prophètes, au sujet de la venue du Messie, alloient avoir leur accomplissement. Nous devons observer ici que le même Jésus, qui n'avoit point communiqué à Joseph et à Marie le dessein qu'il avoit de rester dans le temple pour obéir au Père éternel, leur étoit soumis dans toutes les autres choses. Il partit donc avec eux de Jérusalem pour se rendre à Nazareth.

Comme l'écriture ne nous apprend plus rien de saint Joseph, il faut qu'il soit mort avant les noces de Cana, et le commencement de la mission publique du Sauveur. On ne peut douter qu'il n'ait eu le bonheur d'expirer entre les bras de Jésus et de Marie. C'est pour cela qu'on invoque saint Joseph pour obtenir la grâce d'une bonne mort, et la pré

sence spirituelle de Jésus à cette heure qui décide de l'éternité.

On lit à l'église, le jour de la fête de S. Joseph, l'histoire du patriarche du même nom, qui fut surnommé le Sauveur de l'Egypte, pour avoir délivré ce pays des horreurs de la famine. Mais notre Saint mérite ce surnom à bien plus juste titre, puisque Dieu le choisit pour conserver la vie au Sauveur du monde, qu'un tyran cruel vouloit mettre à mort. Allez à Joseph, disoit Pharaon aux Egyptiens. Ne nous semble-t-il pas entendre une voix intérieure qui nous dit: Allez à Joseph, adressez-vous à lui avec confiance? Que n'obtiendra-t-il pas d'un Dieu fait homme, qui a bien voulu le regarder comme son père, et lui obéir sur la terre?

Le pieux Gerson avoit une grande dévotion à saint Joseph, et il tâchoit de l'inspirer aux autres, comme on le voit par ses lettres et par ses sermons. Il écrivit sa vie en vers (d), et composa un office en son honneur. Sainte Thérèse choisit le même Saint pour le principal patron de son ordre. Voici comment elle en parle dans le sixième chapitre de sa vie : « Je choisis le glorieux saint Joseph » pour mon patron, et me recommande à lui en » toutes choses. Je ne me souviens pas d'avoir » jamais rien demandé à Dieú par son interces»sion, que je ne l'aie obtenu. Jamais je n'ai » connu personne qui l'ait invoqué sans faire des » progrès notables dans la vertu. Son crédit auprès » de Dieu est d'une merveilleuse efficace pour tous >> ceux qui s'adressent à lui avec confiance. » Saint François de Sales a employé son dix-neuvième

(d) Elle est divisée en douze poëmes, intitulés: Josephina. On y trouve sur chaque circonstance de la vie de saint Joseph, des affections pieuses et des méditations.

entretien à recommander la dévotion envers saint Joseph, et à louer ses vertus, surtout sa virginité, son humilité, sa constance et son courage.

Les Syriens et les autres Orientaux font la fête de saint Joseph le 20 Juillet; mais on la fait le 19 Mars dans les églises d'Occident. Les papes Grégoire XV et Urbain VIII ordonnèrent, l'un en 1621, et l'autre en 1642, que cette fête tût d'obligation.

Quelle vie que celle que menoient Marie et Joseph dans leur pauvre cabane! Toujours ils jouissoient de l'aimable présence de Jésus; toujours ils brûloient pour lui de l'amour le plus tendre ; toujours ils travailloient et vivoient pour lui. Eux seuls pourroient nous dire quelle impression faisoit sur leur ame le bonheur de le voir, de l'entendre, de le posséder. O vie vraiment céleste! ô anticipation de la bienheureuse éternité! ô conversation toute divine! Nous pouvons, malgré notre foiblesse, imiter Marie et Joseph, et participer à leur bonheur, du moins jusqu'à un certain point. Ce que nous avons à faire pour cela, c'est de marcher sans cesse en la présence de Dieu, de contracter la sainte habitude de converser souvent avec Jésus, et de réfléchir sur son infinie bonté, pour allumer en nous le feu sacré de son amour. Aimons-nous véritablement JésusChrist? Ceux qui l'aiment se revêtent de son esprit, imitent ses exemples, cherchent Dieu en tout, et regardent comme perdu tout le temps qui n'a point été employé avec lui ou pour sa gloire.

S. ALCMOND, MARTYR EN ANGLETERRE. ALCMOND étoit fils d'Elred et frère d'Osred, tous deux rois des Northumbres. Il fit un saint usage

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