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pourrait construire un réservoir et les bassins de dépôt ou de décantation 1.

Avec le moteur au gaz pauvre, plus économique que la machine à vapeur, et dont la consommation ne dépasse pas 600 grammes d'anthracite par cheval effectif et par heure, la dépense annuelle de combustible serait de 18,400 francs par an pour les 2,000 pouces élevés à une hauteur de dix-huit mètres au-dessus du niveau de la Garonne 2; tandis que la location d'une chute d'eau d'égale force (140 chevaux environ) louée aux moulins de notre ville, à raison du prix actuel de 200 francs par cheval et par an, coûterait 28,000 francs et aurait l'inconvénient de ne pouvoir fonctionner en temps de

crues.

Le complément nécessaire de l'adoption d'une canalisation d'eau non filtrée serait l'exécution de travaux de réparation et de protection pour les filtres de la prairie et pour ceux de Portet, qui, laissés dans un état d'abandon à peu près complet, depuis bien des années, malgré le revenu considérable 3 qu'ils procurent à la ville, ont été ravagés par diverses crues et pourraient à la longue être complètement détruits.

Les filtres de Portet ont eu particulièrement à souffrir, et une grande partie de la galerie de filtration se trouve aujourd'hui dans le lit même du fleuve.

On parviendrait sans aucun doute à les rétablir dans leur état primitif et à les préserver de toute nouvelle érosion du fleuve, en construisant suivant la ligne des anciennes berges disparues une digue submersible, de faible hauteur composée de gros blocs artificiels en béton, analogues à ceux qui ont servi récemment à réparer le quai de la Daurade. Ils devraient être d'un volume tel qu'ils ne puissent en

1. En plaçant de tels bassins sur le bord du fleuve avant l'aspiration, on userait moins les pompes; mais le nettoyage de ceux-ci devient alors moins facile, et les ouvrages nécessaires pour les mettre à l'abri des grandes crues seraient fort dispendieux.

2. On a supposé dans ce calcul un rendement de 0,80 pour les pompes, et un prix de 2 fr. 50 par 100 kilogrammes pour l'anthracite, prix actuel de ce combustible rendu à Toulouse.

3. Près de 200,000 francs.

aucun cas être roulés par les eaux des grandes crues. De la sorte, les affouillements produits par les crues ne pourraient que faire affaisser ces blocs sur place, sans que la berge soit jamais entamée. Un fort épi à tête insubmersible appuyée sur la rive gauche, à environ 300 mètres en aval de la culée de l'ancien pont de Portet, protègerait la partie amont du banc de gravier, en rejetant les eaux vers la rive opposée. Enfin quelques digues transversales de peu d'importance, placées de distance en distance dans la partie enlevée, aideraient à la reconstitution de ce banc par les sables que roulent les grandes crues, tout en le protégeant contre les érosions centrales que celles-ci pourraient produire sur un terrain dénudé. Dans le cas où ces dépôts tarderaient trop à se produire, on pourrait sans de trop grands frais emprunter une certaine quantité de ceux-ci à la rive opposée et la transporter le long des anciennes galeries aujourd'hui submergées, de façon à rétablir leur fonctionnement 1.

Des berges en blocs artificiels devraient également défendre la prairie actuelle des filtres contre les érosions qui la menacent.

En ce qui concerne l'aqueduc amenant en ville les eaux du filtre de Portet, nous avons appelé en septembre 1884 l'attention de l'administration sur certains dangers résultant de son passage à proximité de l'asile de Braqueville.

Le choléra sévissait à cette époque avec intensité dans cet établissement et le cimetière de Lafourguette étant devenu insuffisant, on était sur le point de créer un cimetière spécial dans l'enclos de l'asile.

Or, l'aqueduc de Portet, qui ne passe qu'à environ 260 mètres de l'angle nord-est de cet enclos, recueille sur

1. L'exécution de travaux de défense pour ce filtre s'impose aujourd'hui sans retards, sous peine de s'exposer à voir bientôt quelque grande crue enlever ce qui reste encore de ce vaste banc de gravier très pur que la ville de Toulouse avait l'heureuse fortune de posséder au bord du fleuve, à peu de distance de ses murs, en anéantissant à tout jamais le fruit de travaux considérables, dont le coût s'élève à près d'un million.

son parcours, vis-à-vis l'asile (ainsi que nous l'avons constaté à l'occasion d'une expertise, avec M. Tranié, ingénieur à Toulouse, et feu M. Moffre, directeur du canal du Midi), un certain nombre de sources1 qui descendent du coteau de Saint-Simon ou de la partie haute de la plaine.

Quelques-unes des sources importantes qui se jettent ainsi dans l'aqueduc passent certainement sous l'enclos de l'asile, et comme elles coulent en cet endroit sur le tuf imperméable à quelques mètres seulement au-dessous de la surface du sol, il pouvait s'ensuivre qu'à la suite de grandes pluies, des eaux souillées de produits morbides vinssent se mêler à celles qui alimentent les fontaines de Toulouse.

A la suite de notre lettre et après une entrevue à ce sujet avec MM. les adjoints Conte et Doublé, l'Administration renonça à la création du cimetière projeté. L'épidémie acquit si peu d'importance à Toulouse, que l'eau de l'aqueduc ne paraît pas avoir été contaminée par les déjections des malades de l'asile; mais il serait facile de faire disparaître toute chances de danger, pour le cas où de semblables faits se présenteraient de nouveau. Il suffirait de creuser jusqu'au tuf deux tranchées le long des lisières nord et est de l'enclos, de construire sur le tuf un petit mur de faible hauteur en béton imperméable, d'appuyer contre ce mur du côté intérieur de l'asile, un drain de pierres sèches qui recueillerait les eaux passant sous l'enclos; enfin, de jeter ces eaux à l'angle nord-est de celui-ci dans un conduit étanche, les amenant de l'autre côté de l'aqueduc de Portet en passant sous cet ouvrage. Cette traversée sous l'aqueduc pourrait se placer à l'endroit où il est coupé par le lit du ruisseau appelé le Roussimort; car, en ce point, se trouve sous le radier une faille profonde du tuf.

Avec les filtres réparés, on pourra compter sur un produit d'environ 700 pouces 2; et cette quantité d'eau sera

1. Ces sources, étaient si abondantes, lors de la construction de l'aqueduc que, renonçant à les épuiser, on dut jeter dans l'ouvrage la plupart d'entre elles.

2. On pourrait l'augmenter encore sensiblement, en amenant aux

encore pendant longtemps suffisante pour assurer l'alimentation des ménages toulousains, surtout si, pour éviter les gaspillages considérables d'eau qui se font en été et qu'il est à peu près impossible de constater et de réprimer, on soumettait les concessionnaires à l'emploi de compteurs ou de robinets à débit limité tels que celui de M. Chameroy.

Cette alimentation combinée avec la distribution d'eau non filtrée dont nous avons parlé, qui desservirait très abondamment l'arrosage et la décoration de nos voies publiques, placerait Toulouse au rang des villes les mieux dotées à cet égard.

puisards du nouveau château-d'eau une partie des sources importantes qui coulent à proximité de la ville sur les flancs du coteau de Lardenne et dont le débit total s'élève à une centaine de pouces.

Toulouse, le 1er juillet 1887.

TENUE AU CAPITOLE, SALLE DE L'ACADÉMIE

LE DIMANCHE 5 JUIN 1887

SUR LA PUISSANCE

QUE L'HOMME POSSÈDE

DE MODIFIER L'ORGANISATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES

PAR M. BAILLET 1

MESSIEURS,

Lorsqu'au début de l'année académique vous m'avez appelé à l'honneur de présider vos travaux, j'ai été heureux de ce témoignage de vos sympathies, et j'ai accepté, avec reconnaissance, les fonctions que vous avez bien voulu me confier. Je ne songeais pas alors au jour où il me faudrait, pour justifier vos suffrages, prendre la parole dans une séance solennelle et traiter, devant la Société d'élite que vous conviez tous les ans à assister à la distribution de vos récompenses, un sujet qui fût digne de son attention. Aujourd'hui que le moment est venu de remplir cette partie de ma tâche, je ne l'aborde pas sans être pris d'une certaine appréhension, et plus que jamais je sens combien j'ai besoin de votre indulgence.

Je me propose de vous entretenir de quelques-uns des faits qui témoignent de la puissance considérable que

1. Lu dans la séance publique du 5 juin 1887.

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