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ce même traité (1779); elle s'applique par ces actes à fonder son autorité dans le pays, sur les sentimens religieux qui dominent les habitans, et sur des démonstrations de bienveillance aussi captieuses qu'attentatoires à la souveraineté de la Porte Ottomane.

Par ces traités, le gouvernement turc s'engage envers la Russie à ne troubler en aucune manière l'exercice de la religion grecque dans les deux provinces, à restituer aux couvens les biens qui leur avaient précédemment appartenu;

A accorder aux ecclésiastiques des deux principautés les distinctions dues à leur rang;

A se contenter des impositions ordinaires qui lui seront apportées tous les deux ans par des députés, sans qu'elles puissent être augmentées ;

A souffrir que les deux princes aient chacun auprès de la Porte un chargé d'affaires, lequel doit être considéré comme jouissant du droit des gens.

Ce principe d'usurpation a été développé et fortifié par Ja dernière guerre et par le traité qui l'a déterminée; enfin a paru cet acte d'intervention de la cour de Pétersbourg, d'après lequel la forme constitutive des deux états a été changée, intervention manifestement contraire au traité deKainardjy, qui avait restreint l'intercession de la Russie en faveur des deux principautés, aux objets spécifiés dans l'article 7 de cet acte.

L'Autriche n'est pas dans cette attitude agressive; cependant en 1774, elle a obtenu de la complaisance inté ressée des Russes et de la facilité des Turcs, une portion de la Moldavie (la Bukovina), et cette cession, en la rendant maîtresse du territoire embrassé par le Syreth, a fait disparaître pour ses armées la barrière naturelle des deux empires.

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Ainsi le flot de l'envahissement s'avance sur le territoire ottoman; et cette puissance, qui est déjà comme submergée par la civilisation toujours croissante des états adjacents, peut disparaitre en un instant du monde politique.

Il est vrai qu'en 1771, lorsque les Russes se trouvaient maîtres de ce pays par la victoire, on a vu l'Autriche proposer à la Porte Ottomane d'employer jusquà la force des armes pour lui faire restituer cette conquête; mais qu'elle était la condition de cette intervention? L'abandon à l'Autriche elle-même d'une partie de la Walachie.

Il reste à considérer la situation intérieure de la Moldavie et de la Walachie: on trouvera là, encore plus que dans les actes publics du cabinet russe, la révélation de ses projets; cette puissance a voulu, par ses traités avec la Porte, se créer des droits sur les deux principautés; elle prépare l'exercice de ces mêmes droits en insinuant son autorité dans leur administration.

Au surplus, le dévouement des princes envers la Russie n'a pas seulement pour effet de préparer les voies à l'ambition de cette puissance: les deux hospodars sont en possession d'informer le ministère ottoman des événemens politiques de l'Europe. Ils ont à cet effet des agens sur divers points; ils reçoivent les principales gazettes dont ils font des extraits qui sont traduits en turc et expédiés à Constantinople; cette correspondance donne lieu à l'envoi de quatre ou cinq estaffettes par mois. On se ferait difficiment une idée du soin que les hospodars mettent à être informés de ce qui se passe et à en instruire promptement le ministère; c'est leur principal mérite auprès de lui, et peut-être un des plus gros articles de leur dépense: on rappelera à cette occasion que lors de la mort de Catherine II, la Porte reçut cette nouvelle cinq jours avant l'am bassadeur russe, et que ce fut le prince de Moldavie qui

la donna.

Il est aisé d'apercevoir que les princes, au moyen de cette correspondance et de leurs intelligences particulières à Constantinople, acquièrent une influence nécessaire sur l'opinion, et sur les déterminations du divan, et que la Russie faisant ainsi réagir sur le gouvernement turc la puissance au moyen de laquelle elle dispose des deux princes, accroît et consolide son ascendant, et éternise l'état de dépendance dans lequel elle tient la Porte Ottomane.

Le consulat-général russe à Yassy est un autre instrument, au moyen duquel ce gouvernement étend sur ce pays les liens de sa souveraineté : Le consul-général déploie ici la représentation d'un ministre, et les moyens feels dont il dispose en font une autorité du pays. Le nombre de ses protégés se monte à plus de 4,000, dont les nationaux russes ne forment que le très-petit nombre.

Par un des articles du dernier traité, les habitans du pays ont eu, pendant quinze mois, la faculté de passer sous la domination russe. On a profité de cette circonstance pour attirer tous les Rayas de quelque importance, et même des Boyards. Après l'expiration d'un aussi long

terme, on n'a pas encore renoncé à acquérir de nouveaux sujets. Il suffit que les Rayas (non Moldaves) fassent un voyage dans une des villes de la Pologne russe, qu'ils y prennent un titre russe; ils entrent de droit à leur retour, sous la protection du consul-général, sans aucune opposition ou observation de la part du prince. Tous les gros négocians sont sous la protection russe, qu'ils recherchent toujours, à cause de la déférence obséquieuse envers l'agent de cette puissance, et de la faveur dont jouissent ceux qui trafiquent sous sa bannière. Les marchands de la classe inférieure, qui ne sont pas immatriculés chez le commissaire-genéral se donnent comme attachés aux négocian's protégés. Sous cette qualité, ils reçoivent des passeports russes, et jouissent d'une protection implicite.

(Extrait du Moniteur.)

Dans un moment où tous les regards de l'Europe paraissent se porter sur l'empire ottoman, où cet empire si redoutable, il n'y a pas encore 150 ans, paroît menacé d'une dissolution prochaine, il ne sera pas indifférent de savoir ce que le grand-seigneur, dans l'état actuel des choses, pourroit encore opposer de forces à ses ennemis; quelle est au juste l'étendue des pays qu'il gouverne, leur population et leur industrie.

La Turquie d'Europe a 81,760 mille carrés et une population de 8 millions d'habitans. La Turquie d'Asie 345,800 mille carrés, et une population de 10 millions d'habitans." En tout 18 millions d'habitans, et une étendue de 528,560 miles (non compris Egypte) L'armée est de 150 mile hommes, la marine de 30 vaisseaux de ligne, les revenus de 166 millions.

Les villes principales en Europe sont : Constantinople, dont la population est évalué à 400,000 ames: Andrinople qui, suivant Fabri, contient 130,000 habitans; Sofia, 70,000; Silistria en Bulgarie, 60,000; Salonique, 60,000; Belgrade, 25,000. Les villes principales en Asie sont: Alep, qui passe pour avoir 200,000 habitants; Damas, 180,000; Bassora, 150,000, Smyrne, 120,000. Prusa, 60,000; Angora, 60,000, Tokat, 60,000, Bagdad, 20,000 Si ce tout était plus compact et mieux né, il pourrait encore résister longtems aux chocs extérieurs dont il est ménacé. Lees manufactures et le commerce des Turcs sont principalement dans les mains des étrangers. Il s'xporte pe d'objets fabriqués de la Turquie en Europe, et ces objets sont particulièrement des tapis. Mais les substances brutes qui en sortent, ont une grande valeur : elles consistent

principalement en raisins de Corinthe, figues, safrans, marbres, cotons, laines, soies et drogues. L'éducation des Turcs est totalement négligée; le despotisme a étouffé toutes leurs lumières.

Il y a en rade à Corfou deux vaisseaux russes de 74, une frégate, un brick et cinq chaloupes canonnières. Un major russe dirige l'insurrection de la Morée. (Idem).

La cour de Vienne a donné ordre de porter dans l'Albanie et la Dalmatie tout ce qu'elle avait de troupes disponibles dans les états ci-devant vénétiens. Cette cour ne dissimole plus son mécontentement de l'occupation de Corfou par les russes. Elle a senti vivement les conséquences qui en pourraient résulter paur elle.

Des bords du Mein, 4 septembre. Les communications amicales qui ont eu lieu si long temps entre le cabinet de Pétersbourg et plusieurs princes d'Empire, ont cessé toutà-fait on attribue cette circonstance aux refus qu'ils ont fait de suivre à la diète les instructions que les ministres russes ont voulu leur donner à l'égard de l'événement d'Offenbourg et d'Etteinheim.

Le bruit est généralement répandu en Allemagne que le roi de Prusse va se faire proclamer empereur: de Brandebourg.

PARI S.

On n'a encore aucune nouvelle de M. de Ségur le fils, sous-préfet de Soissons, dispar le 15 thermidor, et dont on a depuis ce jour entièrement perdu la trace. Il était parti de la maison de monsieur son père, à Paris à quatre heures et demie du matin, ayant 15 à 20 louis dans sa poche. M. le cardinal Manry, a écrit à M. l'archevêque de Paris qu'il est entièrement dévoué à la dynastic actuelle, ainsi qu'aux principes de gouvernement adoptés depuis peu en France. On dit qu'il a écrit aussi à S. M. I. (Journal des Débats.) -M. de Talleyrand, grand chambeilan de S. M. I., a présenté, à S. M., dans l'audience qui a eu lien le 18 palais impérial d'Aix-la-Chapelle, les ambassadeurs et ministres plénipotentiaires qui avaient reçu de leur cour de nouvelles lettres de créance, ou de félicitatiou, adressées a S. M. l'empereur, sur son avénement.

au

M. le comte de Cobentzel, ambassadeur de S. M. l'em

pereur des Romains et d'Autriche, etc. auprès de S. M. l'empereur des Français, a remis en cette qualité ses lettres de créance, et les félicitations de sa cour. Il a aussi présenté ses lettres de créance comme ministre plénipotentiaire de S. A. I. l'électeur de Salsbourg, M. le comte de Lima, ambassadeur extraordinaire de S. A. R. le prince régent de Portugal, euvoyé de Lisbonne avec la mission de féliciter S. M. I. sur son avénement, a présenté les lettres qui l'accréditent en cette qualité, et les lettres de félicitation de S. A. R. le prince réhent M. de Souza, envoyé extraordinaire, et ministre plénipotentiaire de S. A. R. le prince régent de Portugal, a présenté ses nouvelles lettres de créance. M. le Bailli de Ferrette, grand-prieur de Dacie ministre plénipotentiaire de l'Ordre de Malte, a présenté à S. M. I. ses lettres de créance et les lettres de félicita tion de son altesse éminentissime le grand-maître de Malte. M. le marquis de Gallo, ambassadeur extraordinaire de S. M. le roi də Naples et des Deux-Siciles, qui avait remis précédemment ses lettres de créance, a présenté les lettres de félicitation de sa cour sur l'avènement de S. M. I.

-La plupart des acteurs tragiques de la comédie française sont partis il y a quelques jours pour Mayence. On ne joue en ce moment que des comédies sur ce théâtre. -M. de Barral, évêque de Meaux, est nommé à l'archevêché de Tours.

-On voit depuis quelques jonrs au Luxembourg, les statues destinées à décorer le grand escalier et la salle des séances du palais du sénat. Ces statues, sont au nombre de 28; savoir: celle de Solon, Aristide, Scipion l'Africain, Démosthènes, Cicéron, Lycurgue, Camille, Cincinnatus, Caton d'Utique, Périclès, Phocion, Leonidas, Epaminondas, Miltiade, Beauharnais, Thouret, Mirabeau, Barnave, Condorcet, Chapelier, Hoche, Desaix, Dugommier, Caffarelli, Marceau, Vergniaux, Kléber, Joubert.

Erratum. Dans le dernier Numéro, dernière page de l'article sur Balzac. Le ton touchant; lisez le ton tranchant.

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