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plus, mais il ne fe fait pas fi bien lorfqu'il y en a moins. On affine auffi l'or par la cémentation, en mettant couche fur couche des lames d'or, & du ciment compofé avec de la brique en poudre, du fel ammoniac & du fel commun, & on calcine le tout au feu il y en a qui mettent du vitriol; d'autres du verd-de-gris, :

&c.

C'eft avec le vif argent qu'on purifie l'argent fortant des mines. Nous avons décrit ailleurs la maniere dont les anciens pratiquoient cette méthode. A l'égard de l'argent en maffe & alliagé, il y a l'affinage au plomb, & l'affinage au falpêtre. L'affinage au plomb fe fait avec une coupelle (a) bien feche, qu'on fait rougir dans un fourneau de réverbere, & dans laquelle on met enfuite du plomb qu'on laiffe fondre; après cela on y met l'argent qui fe fond auffi dans la coupelle, s'y agite & devient immobile, paroît rouge, puis blanchit au point qu'on a peine à le diftinguer de la coupelle. Pendant que l'argent tourne & s'agite, on fouffle fur la coupelle pour le dégager de la litharge; on présente à la litharge un écoulement, en pratiquant une échancrure au bord de la coupelle, & on retire la litharge avec un rateau. L'affinage de l'argent au falpêtre fe fait en faifant fondre de l'argent dans un creufet (b), dans un fourneau à vent. Lorfque l'argent eft fondu, on jette du falpêtre dans le creufet, & on laiffe bien fondre le tout enfemble. On retire le creufet du feu, & on verse par inclination, dans un baquet plein d'eau, où l'argent se met en grenailles, pourvu qu'on remue l'eau avec un bâton ou autrement. Si l'eau eft en repos, l'argent tombe en masse. On fond ainfi l'argent trois fois, en y mettant du falpêtre & un peu de borax, chaque fois; & la troisieme fois on laiffe refroidir le creufet fans y toucher, & on le verse dans une lingotiere; enfuite on le casse, & on y trouve un culot d'argent fin: les fcories qui font deffus, font compofées du falpêtre & de l'alliage, qui étoit dans l'argent.

Quand l'or, au fortir de la mine, a été purifié & affiné par les lavures, ou par le moyen de la manche, on le jette en lingots ou en plaques de huit à dix marcs. On jette de même l'or qui a été tiré des mines en pepins ou en larmes, & celui qui a été

(a) La coupelle eft un vafe fait d'une matiere poreufe, & propre à réfifter à la violence du feu fans fe fondre.

(b) Le creufet eft un vaiffeau de terre, dont la forme la plus ordinaire eft celle d'un gobelet.

amaffé dans les torrens & les fleuves. On négocie enfuite ces lingots ou plaques. L'argent purifié & affiné de même se jette en barres, & on le négocie de la même maniere. A l'égard de l'or, on marque fur les lingots ou plaques le titre par karats & grains de fin, & on les met dans le commerce fur ce pied-là : mais comme le titre n'y eft pas toujours fort jufte, on ne les achete en France que fur le pied de l'effai. On partage les degrés de l'or en 24 karats, aux Indes & en Espagne, comme en France: mais chaque karat y eft divifé en 24 grains, & c'eft pour cela que les Espagnols marquent le titre de l'or par karats & grains de fin. On apporte auffi en France de la poudre d'or de Guinée, & même de petits ouvrages d'or que l'on a négociés au Sénégal. Cette poudre eft ordinairement à 21 karats, & même au-deffus de 22 karats, quand elle eft pure & fans mélange. Mais il eft arrivé quelquefois que les Negres y ont mêlé de la poudre de laiton ou de celle d'émeri, ces matieres étant de même couleur que l'or. On y a trouvé d'abord du laiton; enfuite ayant foupçonné quelque mélange, on a jetté cette poudre dans de l'eau forte, laquelle s'étant chargée du cuivre, l'or y eft demeuré pur. Cette expérience ne fuffifant pas pour faire découvrir la poudre d'émeri, parce que l'eau forte n'agit pas fur cette poudre, on a pris la précaution de fondre dans un creufet cette poudre alliagée ; & alors on a vu l'or fe précipiter au fond, & l'émeri furnager en craffes. Si dans cette opération l'alliage eft du laiton, il fe fond avec l'or; mais cet or paroît après cela fi aigre, qu'il eft facile de découvrir la fraude. Cela fait que l'on n'achete la poudre qui vient du Sénégal, que fur le pied de l'effai, & on en ufe de même pour les petits ouvrages d'or.

Quant aux barres d'argent, elles font ordinairement caractérisées par quatre marques fur chacune celle du poids, celle du titre, celle du millésime, & celle de la Douane où les droits ont été acquittés. On remarque que le poids des barres eft proportionné au titre du métal; par exemple, celles qui font à 11 deniers 19 à 20 grains, appellées de toute loi, font de 200 marcs & plus, & celles de moindre titre ne font que de cent à 150 marcs. Le marc d'Efpagne eft différent de celui de Paris; celui d'Espagne eft plus foible; en forte que 100 marcs de Caf tille ne font que 93 marcs de Paris. A l'égard des degrés de bonté ou du titre de l'argent, on y divife le marc de loi en 12

deniers, & le denier en 24 grains, comme en France. Le marc d'argent, poids de Paris, au titre de 11 deniers 19 grains, fans remedes, fur le pied de l'argent monnoyé en France, vaut 53 liv. 7 fous 10 deniers environ. Le marc d'argent, poids de Castille, au même titre & fans remedes, ne vaut, argent de France, que 50 livres i fou 10 deniers environ. Le titre ou le prix eft marqué fur les barres, par des numéros qui repréfentent autant d'ochavos ou de maravedis de plate forte : ce maravedis est un sou multiple ou numéraire de la Plata antique ou vieille, l'unique dont on se fert pour les changes; ce numéraire eft tel: La piaftre antique ou Sévillane de 1718, qu'on appelle piece de huit, vaut huit réaux de plate monnoie forte, 16 réaux de veillon, 272 maravedis de plate forte, appellés ochavos, 544 maravedis de veillon; le réal de plate monnoie forte, vaut 2 réaux de veillon, 34 ochavos, 68 maravédis de veillon; le réal de veillon vaut 17 ochavos, 34 maravedis de veillon; l'ochavo vaut 2 maravédis de veillon. Le barres de toute loi font donc numérotées 2376 ou 2380, & ces numéros repréfentent autant d'ochavos, dont les 2380 font 38 livres 2 fous de notre monnoie; c'eft le prix du marc de ces barres, prises aux Indes occidentales. Quand elles font de moindre titre, par exemple, à onze deniers 17 grains, elles ne font numérotées que 2355. Le marc des barres de toute loi eft évalué à 70 réaux de plate monnoię forte, aux Indes, ce qui fait 2380 ochavos, comme nous l'avons dit: fur ce pied, fi un négociant y vend pour 2000 piaftres de marchandifes on le paie en ces fortes d'efpeces, ou bien on lui donne 228 marcs 4 onces 4 gros, poids d'Espagne, en barres de toute loi. Ces barres de toute loi valent en Espagne 72 réaux par marc: on les a même vu pousser jufqu'à 75 réaux, qui valent 40 livres 16 fous 5 deniers, à cause des frais de voiture & du rifque. Quand les barres que l'on négocie aux Indes & en Efpagne ne font pas de toute loi, on en fait le compte fur le pied du titre, qui y eft marqué; mais comme ce titre n'y eft pas toujours fort jufte, on ne les reçoit en France que fur le pied de l'effai qui en est fait.

On apporte auffi en France des plaques, des culots & des pignes, qui font des reftes de l'argent qui a été amalgamé en faifant les lavures dont il a été parlé; & comme on met cet argent dans des vaiffeaux, pour en féparer le vif argent, il retient la figure de ces vaiffeaux, ou en plaques, ou en culots, ou en pignes,

On les achete au hazard fur les lieux, parce que le titre n'y est pas marqué; mais on en fait l'effai en France, & on ne les achete que fur ce pied-là.

y

Tel eft l'état des métaux précieux lorfqu'on les reçoit aux Hôtels des Monnoies, pour la fabrication des efpeces. S'ils étoient toujours également affinés & à un degré convenable, il ne refteroit qu'à les tailler en flaons, pour en frapper les monnoies; mais nous voyons au contraire qu'on les envoie dans des états de pureté fort différens il faut donc corriger ce défaut, foit par l'affinage, foit par l'alliage. L'affinage, dont nous avons parlé, eft difpendieux. L'alliage eft le réfultat d'un calcul facile à faire. Nous allons tacher d'en développer la théorie.

Par ce terme alliage, on entend le mélange des métaux: ainfi allier n'est autre chofe que mêler & fondre ensemble différens métaux, fuivant une certaine proportion.

Question j. On veut faire un alliage de deux lingots d'argent à différens titres; favoir, 4 marcs d'argent à 8 deniers, & 6 marcs d'argent à 12 deniers; on demande quel fera le titre moyen après le mélange? Soit a=4, b = 8, c = 6, d = 12, & x =

moyen; vous aurez x=

ab + cd
a+c

3272 104

10

=

10

le titre

10 deniers. La démonftration de ce procédé eft que 4 marcs à 8 deniers valent 2 marcs de fin, lefquels ajoutés à 6 marcs à 12 deniers, font 8 marcs d'argent fin: or 10 marcs, qui font la maffe de l'alliage à 10 deniers, valent également 8 marcs d'argent fin; donc l'opération eft exacte.

Autre exemple fur la même question. On veut fondre ensemble plufieurs lingots d'argent à différens titres & de différens poids, favoir un lingot de 2 marcs à 12 deniers, un lingot de 12 marcs à 2 deniers, un lingot de 8 marcs à 4 deniers, & un lingot de 4 marcs à 8 deniers; on demande le titre de l'alliage. En partant de l'exemple précédent, vous arrangerez vos nombres comme il fuit: 2 × 12 + 12 × 2 + 8 × 4 + 4×8 24+24+32 + 32

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112

26

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deniers. On s'affurera de l'exactitude de cette opération, en confidérant que la fomme des lingots ci- deffus eft équivalente à neuf marcs & un tiers d'argent fin, ce qui eft également la valeur de 26 marcs, au titre de 4 deniers .

On fuivra toujours la même maniere, lorfqu'il y aura un plus

grand nombre de lingots à différens titres; & cette maniere confifte à faire la fomme des produits du poids en marcs, de chaque lingot par fon titre, & à divifer cette fomme par celle du poids en marcs de tous les lingots. La même regle, dans ces deux exemples, fervira pour déterminer un alliage compofé de lingots d'or à des titres différens. Elle pourroit encore fervir à évaluer un mélange d'or & d'argent de quelque titre que ce foit; mais parce que les numéraires qui fervent à affigner les degrés de pureté de ces métaux ne font pas femblables, & qu'il faudroit faire entrer dans ce calcul la proportion fractionnaire de prix qui regne entre eux, il feroit moins embarraffant d'évaluer en monnoie de compte les marcs d'or d'une part, & de l'autre les marcs d'argent, dont on feroit la fomme, que l'on diviferoit par la totalité des marcs d'or & d'argent. Le résultat de cette opération donneroit la valeur d'un marc de cet alliage, dont on pourroit ensuite asfigner le titre, s'il en étoit befoin, foit en karats foit en karats, foit en deniers.

Queftion ij. On a de l'argent à 12 deniers de fin, & d'autre à 9 deniers; on demande quelles parties ou quels poids il faut prendre de chacun, pour en compofer un alliage qui foit au titre moyen de 11 deniers. Ecrivez ces nombres comme il fuit,

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Prenez la différence du plus haut titre 12 & du moyen 11, laquelle eft 1, qu'il faut écrire vis-à-vis du plus bas titre 9. Prenez enfuite la différence du plus bas titre 9 & du moyen 11, laquelle eft 2, qu'il faut écrire vis-à-vis du plus haut titre 12. Ce nombre 2 indique qu'il faut prendre deux parties d'argent à 12 deniers, & le nombre 1, qu'il faut prendre feulement une partie d'argent

9 deniers, le tout pour compofer l'alliage à 11 deniers. Ces nombres 2 & 1 font donc les parties de l'alliage 1 = , compofé de d'argent fin ou à 12 deniers, & de d'argent à 9 deniers.

43

9

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Il fuit du procédé de cet exemple, que faifant a = 12, b = 11, x la quantité cherchée du plus grand titre, & y la quantité du plus petit, vous aurez ces deux formules

C=

==

x

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