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Cohorte fatellite, mais Pierrot qui croit que 1691. c'est Arlequin Cadet, appelle du fecours, bat les Archers & le Commiffaire & retire fon ami de leurs mains. L'aparition des deux Arlequins à la fois & leur reconnoiffance fraternelle leve l'équivoque; la Piéce fe termine par le mariage d'Ifabelle avec Geronte ; & Octave jeune avaricieux qui l'aimoit fe retire. Arlequin l'Aîné épouse Colombine & le Cadet Marinette. Cette Piéce pourroit bien avoir place dans le Repertoire. Les Menechmes de Plaute ont pu donner l'idée de cette Comédie, comme ils ont occafionné celle de Renard en 1706.

33. ULISSE ET CIRCÉ, C. en trois Actes 1691. & en Profe. Gherardy l'a inférée toute entiére dans fon Recueil, à quelques Scènes près qui étoient en Italien. L'Auteur n'a pas profité du bon exemple que venoit de lui donner Le Noble, qui le premier a fçû donner de la régularité à fes Piéces ; cependant celleci, malgré ses défauts, eft paffable, & il y a même certains endroits qui font neufs & bien tournés. Suivant le Systême de l'Auteur Circé, pour fatisfaire la curiofité naturelle à fon fexe, s'envelope avec Colombine fa Suivante dans un nuage épais qui les conduit au fiége de Troyes. Elle y voit cette belle Grecque qui a fait armer tant de fameux Guer

691. riers; & parmi les Héros, Ulisse se trouve le feul digne de fes regards & de fon eftime. Par le lecours de fon Art enchanteur elle fait fi bien qu'Uliffe, qui s'eft embarqué avec fes Compagnons pour retourner à Itaque, vient échouer à l'Ile d'Acaé, que Circé habitoit, fuivant la Fable. A mesure que les hommes fortent des Vaiffeaux, elle les change en différens animaux, à l'exception d'Arlequin. Ces métamorphofes donnent lieu à des Scènes très-boufones, Uliffe, après avoir été bien reçû de Circé, veut partir; mais comme il fe trouve arrêté par les circonftances, il feint, par les confeils d'Arlequin & de CoLombine, de répondre aux tendres empreffemens de Circé, qui rétablit dans leur premiere forme les Gens de la fuite d'Uliffe, für la pro meffe qu'il fait de refter encore quelque tems dans l'Ifle & d'y revenir bientôt. Circé,

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pour cimenter l'engagement, fait épouser Colombine à Arlequin, & Marinette à Mezetin. Cette Piéce, terminée par un Divertiffement que Circé donne à Uliffe en réjouiffance de leur union, mérite d'avoir place au Repertoire. Ce même fujet de la Fable a produit un Opera comique fort joli, fous le Titre des Animaux raifonnables.

34. LE PHENIX, Comédie en trois Actes, en Profe & en Vers. La Bibl. dit qu'elle

Les Rech. ne 1691

fut jouée avec grand fuccès. font que l'annoncer. Le Mercure d'Octobre 1691. dit que les Italiens préparent une Piéce nouvelle avec un grand fuccès d'agrémens à leur maniere; qu'elle eft intitulée le Phénix ou la Femme fidelle, & que le deffein de l'Auteur eft de faire voir que comme il n'y a rien de plus rare que le Phénix, il n'y a rien auffi qui le foit plus qu'une femme qui garde la fidélité, Quoiqu'il ne reste que dix Scè nes françoises recueillies par Gherardy, voici (cependant à peu près le sujet. Un Prince qui n'a point de nom, pouffe la délicateffe, en fait de jaloufie, jufqu'à vouloir éprouver la vertu de la Princeffe fon époufe: Pour y parvenir, il engage Colombine à fe déguiser en Bacha Turc; il lui fait monter un Vaiffeau, rempli de faux Turcs, qui fe tient à la rade prêt à enlever la Princesse. Pour faciliter l'entreprife, l'on donne une Fête magnifique fur le bord de la Mer, ou en Mer même, car les Scènes françoises ne le marquent pas précisément. Colombine ne manque pas l'occafion d'enlever la Princesse; alors elle lui fait faire des propofitions par Arlequin déguisé en Turc, qui dans une Scène en Vers met toute fa Rhétorique grotefque pour perfuader la Princeffe de fe rendre aux feux preffans de fon Maître, & finit par ces Vers:

1691.

Je vais vîte au Bacha conter notre entretien,
Et je vous donne ma parole,
Que fi j'ai bien joué mon Rôle
Le Bacha joura mieux le fien.

Effectivement, Colombine en Bacha, employe d'abord tout ce que la galanterie a de plus fort pour féduire la Princeffe, ce qui donne occafion à Arlequin de dire qu'il ne faudroit que deux femmes comnie celle-là pour mettre les maris à une mode qui pafferoit bien vîte. Cette Scène eft affés jolie, & le feroit encore plus fans quelques plaifanteries un peu groffiéres dont irlequin affaifonne la converfation du Bacha.

La Princeffe, pour se tirer d'intrigue, feint d'être folle; elle y réuffit au point que fon époux, qui en eft alarmé, va confulter les Philofophes anciens, ce qui donne lieu à la Scène des Philofophes, qui eft remplie de Portraits où beaucoup de gens peuvent encore fe reconnoître, étant dans le goût du fiécle. La Sc. de la Folie, où la Princeffe, déguifée en Auteur, feint d'apporter une Piéce aux Comédiens, eft affés dans le naturel. La Sc. du Colonel paroît hors d'oeuvre, puifqu'elle n'a pas un rapport direct au fujet : La Piéce finit par la Se. des MatroArlequin, déguifé en Commiffaire infernal, ordonne que toutes les femmes anciennes & modernes qui font en odeur de ver

nes.

tu, graces, dit-il, à la fatuité de nos Ancê- 1691
tres, comparoiffent pour faire apurer leurs
comptes de chafteté pardevant lui. Lucrece,
Artemife, Penelope & Didon, qui paflent en
revue, effuïent des quolibets affés plaifans ; il
conclut que tous leurs honneurs broïés enfem-
ble ne valent pas celui de la Princesse, qu'il
appelle un Phénix; mais pour confoler les
Spectateurs, il finit par ce joli Quatrain.

Car s'il n'eft qu'un Phénix, ou, foit dit entre nous,
Qu'une femme fidelle à qui ce nom convienne,
Hé bien, chaque mari jaloux

N'a qu'à croire que c'eft la fienne.

35. ARLEQUIN PHAETON, Comédie 16924 en trois Actes. Elle n'eft qu'annoncée par la Bibl. & les Rech. Gherardy l'a inférée toute entiere dans fon Recueil.

Le Sujet,

qui eft tiré de la Fable, eft affés bien rendu à
la maniere des Italiens, c'eft-à-dire bu lef-
quement. Phaeton fous l'habit d'Arleq in,
& Epaphus fous celui de Pierrot, chacun de
leur côté, viennent confulter la Nymphe Do-
ris, fçavante Devinereffe, afin d'être inftruits
du fort de leur amour pour Galathée, qu'ils
aiment tous deux fans le fçavoir : ils
querelle ensemble fur leur naissance. Epa-
phus reproche à Phaeton qu'il ignore l'auteur
de la fienne, & qu'Apollon n'eft pas même fon

prennent

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