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S. HÉRIBERT, ARCHEVÊQUE DE Cologne. HÉRIBERT, issu d'une des plus illustres familles d'Allemagne, naquit à Worms dans le Palatinat du Rhin. Ses parens l'ayant envoyé achever ses études au monastère de Gorze en Lorraine, il n'en seroit jamais sorti, s'il eût été maître de disposer de sa personne. De retour à Worms, il fut fait prévôt de l'église de cette ville. Devenu chancelier de l'empereur Othon II, il lui rendit les plus importans services. On l'élut, malgré lui, pour remplir le siége archiepiscopal de Cologne, qui étoit devenu vacant en 998. De Bénévent où l'empereur l'avoit fait venir, il alla à Rome recevoir le pallium des mains du pape Silvestre II, et partit ensuite pour Cologne, où il fut sacré le 24 Décembre 999.

Le nouvel archevêque retraça la vie des plus saints pasteurs. On ne pouvoit se lasser d'admirer son zèle, sa douceur, son amour pour les pauvres, son humilité, sa ferveur dans la prière. Il vivoit dans la plus parfaite mortification de ses sens, et portoit toujours un rude cilice sous son habit. Le saint empereur Henri, successeur d'Othon, fut quelque temps prévenu contre Heribert; mais il lui rendit enfin justice. Il mit en lui toute sa confiance, le créa chancelier de l'empire, et se servit utilement de ses conseils en plusieurs occasions.

Heribert, faisant la visite de son diocèse, fut arrêté dans la petite ville de Duitz, par une maladie dont il mourut le 16 Mars 1022. On l'enterra dans le monastère qu'il y avoit fondé (a) de l'au

(a) Ce monastère s'appelle en latin Tuitiense ou Divitense. Le célèbre Rupert, mort en 1155, en fut le dixième abbé.

tre côté du Rhin, vis-à-vis de Cologne. Ce monastère ayant été rasé en 1376, on dit que ses reliques furent transportées à Sibourg ou Siebourg, au comté de la Marck. Il fut canonisé par le pape Grégoire IX ou Grégoire XI. Sa principale fête se célèbre le 16 Mars dans les lieux où l'on honore sa mémoire.

Voyez la vie du Saint, par Rupert, abbé de Duitz, aveċ les notes des Bollandistes.

S. PATRICE, Apôtre d'Irlande.

Entre un grand nombre de vies de saint Patrice, on en distingue deux principales, l'une écrite par Probus, qui vivoit dans le septième siècle selon Bollandus, l'autre écrite par Jocelin, moine de Cîteaux, qui florissoit dans le douzième siècle. Ce dernier auteur cite quatre vies composées par les disciples du Saint: mais son ouvrage n'en mérite pas pour cela plus de créance; on y trouve comme dans celui de Probus, des faits apocryphes, ou qui ne sont appuyés que sur des bruits populaires. L'écrit appelé la Confession de saint Patrice, et sa lettre à Corotic, seront nos principaux guides. Ces deux pièces ont paru à M. de Tillemont avoir des marques certaines d'authenticité : elles portent l'une et l'autre le nom du Saint, qui s'y nomme plusieurs fois, elles ont d'ailleurs le même caractère et le même style. La Confession de saint Patrice est citée par tous les anciens auteurs de sa vie. Pour la lettre à Corotic, elle fut certainement écrite avant la conversion des Français sous le roi Clovis, c'est-à-dire, avant l'an 496, circonstance qui convient parfaitement à notre Saint. Voyez Tillemont, t. XVI, p. 455, et la Britannia sancta.

L'AN 464.

S'IL est vrai que l'éclat de la vertu des enfans rejaillisse sur les pères, quelle gloire pour saint Patrice d'avoir été le fondateur d'une église qui fut

Rupert est connu par divers écrits sur l'écriture sainte, sur la théologie, sur les offices et les cérémonies de l'église. On les imprima à Cologne en 1578, 3 vol. ; à Anvers en 1565, 1577, 1598 et 1602; à Paris en 1638, 2 vol. Le pére Grégorio Cannoni, de l'ordre des ermites de saint Augustin, les a fait réimprimer à Venise en 1748, 1752, 4 vol. in-fol.

durant tant de siècles si féconde en héros chrétiens, qui peupla de saints un grand nombre de régions étrangères, et qui même, dans ces derniers temps s'est montrée si ardente à conserver le dépôt de la foi, malgré toutes les persécutions que l'hérésie lui a suscitées !

Patrice naquit, sur la fin du quatrième siècle, dans un village de la Grande-Bretagne, qu'il nomme dans sa Confession Bonaven Tabernia (a). Il se donne lui-même les titres de Breton et de Romain (b), et dit que son père, nommé Calphurnius, étoit d'une bonne famille, et citoyen d'une ville voisine qui appartenoit aux Romains (c). Sa mère, selon quelques auteurs, s'appeloit Concesse, et étoit nièce de saint Martin de Tours. A l'âge de quinze ans, le jeune Patrice commit une faute, qui ne paroît pourtant pas avoir été bien considérable; il en conçut un si vif regret, qu'il la pleura tout le reste de sa vie. Il nous apprend qu'il ne connoissoit point encore Dieu dans sa seizième année; ce qui signifie, non pas qu'il étoit idolâtre, mais qu'il n'étoit point encore parvenu à cette ferveur de charité qui caractérise le vrai disciple de Jésus Christ: aussi ne pouvoit-il retenir ses larmes dans la suite, quand il réfléchissoit sur la manière dont il avoit passé ses premières années.

Il n'étoit point encore sorti de sa seizième année,

(a) On croit que c'est le bourg de Kill-patrick en Ecosse situé à l'embouchure de la Cluyd, entre Dunbriton et Glascow. Ussérius et Tillemont placent la naissance de saint Patrice en 372; mais il ne s'accordent pas sur l'année de sa mort. Le premier la met en 493, et le second en 455. On lit dans Nennius, publié par Gale, que le Saint mourut 57 ans avant la naissance de S. Colomb, et par conséquent en 464. Nous avons suivi cette date.

(b) Apparemment qu'il étoit Breton d'un côté, et Romain de l'autre.

(c) Les Romains abandonnèrent la Bretagne en 409.

lorsqu'une troupe de barbares l'enlevèrent de son pays avec plusieurs esclaves et plusieurs vassaux de son père. On le mena en Irlande, où il fut réduit à garder les troupeaux sur les montagnes et dans les forêts. Tandis qu'il exerça cette profession, il eut beaucoup à souffrir de la faim, de la nudité, des pluies, des neiges et des glaces : mais Dieu eut pitié de son ame; il lui découvrit toute l'étendue de ses devoirs, et lui inspira la volonté de les remplir fidèlement. Patrice vit son état en chrétien, et ne chercha plus que les moyens de s'y sanctifier. Depuis qu'il eut une fois goûté combien le joug du Seigneur est doux, il s'appliqua de plus en plus à allumer dans son cœur le feu sacré de l'amour divin. Il passoit en prières une grande partie du jour et de la nuit, et demandoit sur tout à Dieu cet esprit de religion qui fait supporter les épreuves avec patience, et même avec joie.

Patrice resta six ans attaché au service du même maître. Son esclavage, que Dieu n'avoit permis que pour sa sanctification, prit fin dans le temps qu'il y pensoit le moins. Il fut averti en songe de retourner dans son pays, et une voix intérieure lui dit qu'un vaisseau étoit prêt à mettre à la voile. Le Saint se trouvoit fort éloigné de la côte ; il n'y connoissoit d'ailleurs personne. Ces obstacles ne l'arrêtèrent point, parce qu'il s'agissoit d'accomplir la volonté du ciel. Enfin, après plusieurs jours de marche, il arriva au port d'où le vaisseau devoit partir; il demanda à être admis au nombre des passagers, mais on ne voulut point le recevoir. Ce refus venoit apparemment de ce qu'il n'avoit point de quoi payer son passage. Patrice, au lieu de murmurer de cet incident, reprit avee simplicité la route de sa cabane, priant Dieu de disposer de lui pour l'intérêt de sa gloire. Les maîtres du vaisseau,

quoique Païens, se laissèrent pourtant attendrir, ils rappelèrent le Saint, et le reçurent parmi eux.

La navigation ayant été heureuse, on prit terre au bout de trois jours. Il paroît que ce fut au nord de l'Ecosse. Quoi qu'il en soit, le pays où l'on aborda étoit désert, et l'on erra vingt-sept jours, sans pouvoir trouver aucune sorte de provisions. Comme Patrice avoit souvent entretenu ceux qui montoient le vaisseau de la toute-puissance du Dieu qu'il adoroit, ils lui demandèrent pourquoi il ne le prioit pas de s'intéresser en leur faveur. Animé d'une vive confiance, il leur répondit que s'ils vouloient joindre leurs prières aux siennes, et les offrir de tout leur cœur au Dieu des Chrétiens, ils ressentiroient infailliblement les effets desa protection. Ils le firent, et dès le jour même ils rencontrèrent un troupeau de porcs qui les nourrit jusqu'au moment où ils entrèrent dans un pays habité. La foi de notre Saint fut tentée durant ce pénible chemin, On lui présenta, pour apaiser sa faim, des viandes offertes aux idoles ; mais il n'en voulut point manger. Un jour qu'il prenoit un peu de repos, une grosse pierre détachée d'un rocher tomba, et étoit près de l'écraser; il eut recours à l'intercession d'Elie, et il se trouva délivré du danger.

Ayant passé quelques années dans sa patrie, il perdit une seconde fois sa liberté; mais il la recouvra au bout de deux mois. De retour dans la maison paternelle, Dieu lui fit connoître par plusieurs visions qu'il se serviroit de lui pour la conversion de l'Irlande. Il lui sembla voir, entre autres choses, tous les enfans de ce pays, qui, du sein de leurs mères, lui tendoient les bras, et imploroient son secours avec des cris lamentables (d).

(d) On lit dans la chronique de saint Prosper, que saint Pallade fut ordonné évêque des Scots, en 431, par le pape

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