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d'elle-même. Sainte Thérèse avoit coutume de dire, au sortir de la prière, qu'elle venoit d'un monde auquel mille mondes comme celui-ci ne pouvoient être comparés. Saint Bernard ne se prêtoit qu'avec regret à la cessité de converser avec les hommes; il craignoit que l'attachement aux créatures n'arrachât son ame des chastes embrassemens de son céleste époux.

S. MARTIN DE DUME, ARCHEVÊQUE DE BRAGUE En Galice, et aujourd'hui EN PORTUGAL.

CE Saint, qui étoit originaire de Panonie, se rendit si habile dans les sciences, qu'au jugement de saint Grégoire de Tours, il surpassoit tous ceux de son siècle. Il fit un pélerinage en Palestine pour visiter les lieux saints; après quoi il passa dans la Galice, où les Suèves, infectés de l'hérésie arienne, avoient établi leur domination. Il y instruisit dans la foi le roi Théodomir, qui avoit été guéri de la lèpre par l'intercession de saint Martin de Tours. Par ses prédications, le nouvel apôtre ramena celte partie de l'Espagne à l'unité catholique. Hy bâtit, vers l'an 560, plusieurs monastères, dont le principal fut celui de Dume, près la ville de Brague, aujourd'hui en Portugal. Il prit la conduite de ce monastère. Les évêques de la province l'érigèrent en évêché, par respect pour le mérite extraordinaire du Saint, qu'ils élevèrent sur le nouveau siége en 567. Les rois des Suèves voulurent que Martin fût l'évêque de leur cour; ce qui l'a fait appeler évêque de la famille royale, par l'auteur d'une ancienne notice du pays. Il continua son premier genre de vie, et gouverna toujours ses religieux avec une parfaite régularité. Il fut ensuite élevé sur le siége de Brague, mé

tropolitain de toute la Galice (a). Il a toujours été regardé comme une des plus brillantes lumières de l'église d'Espagne, et comme un des plus beaux ornemens de l'état monastique. Fortunat, qui lui a adressé les premiers vers de son cinquième livre, dit de lui qu'il avoit hérité du nom et du mérite de saint Martin de Tours. Il n'a pas moins servi l'église par ses écrits que par ses vertus (b). II mourut le 20 Mars 580, et est honoré en ce jour. Son corps fut transporté de Dume à Brague en 1606.

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Voyez S. Isidore de Séville in Catal. et in Chron. Suev. ; S. Grégoire de Tours, Hist. i. 5, c. 38, et de mirac. S. Martin; Mabillon, sect. 1, Ben.; Ceillier, t. XVI, p. 625.

(a) Ou des églises des Suèves en Espagne. La ville de Brague avoit reçu de bonne heure les lumières de la foi, et fut depuis délivrée des premières du joug des Sarrasins. C'est pour cela que son archevêque a disputé long-temps à celui de Tolède la primatie de toute l'Espagne. L'évêché de Dume fut réuni à celui de Brague dans le septième siècle.

(b) Les écrits de S. Martin de Dune sont, 1.o une Collection de quatre-vingt-quatre Canons. Elle est adressée à Nitigius, évêque de Lugo, et divisée en deux parties, dont la première regarde, les évèques et les clercs; la seconde regarde les laïques. Cette collection se trouve dans les divers recueils des conciles dans l'appendice du premier tome de la Bibliothèque canonique de Justel, Paris, 1661.

et

2. Formule d'une vie honnête, ou traité des quatre vertus cardinales. Ce livre est adressé à Myron, roi de Galice, qui avoit prié le Saint de lui donner des instructions sur la manière dont il devoit se conduire. Il a été imprimé dans la Bibliothèque · des Pères, t. X, p. 382, et dans les Spiciléges du P. d'Achéry, t. X, p. 626.

3. Le traité précédent est suivi, dans la Bibliothèque des Pères, d'un livre de saint Martin, intitulé des Maurs. C'est un tissu de maximes morales, également propres à former l'homme à la vertu, et à la pratique des devoirs de la société civile.

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4. Il y a encore quelques autres écrits de notre Saint, entre autres un recueil de sentences des solitaires d'Egypte, qui se trouve dans l'appendice des Vies des Pères, par Rosweide. Voyez sur les écrits de saint Martin de Dume, le savant cardinal d'Aguirre, Notit. Conc. Hispan. p. 92.

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S. WULFRAN, ARCHEVÊQUE DE SENS,

PATRON D'ABbeville.

WULFRAN étoit fils d'un officier qui servoit dans les armées du roi Dagobert. Il passa quelques années à la cour, sous Clotaire III, et sainte Bathilde sa mère: mais il n'échoua point contre les écueils où la vertu des courtisans fait si souvent naufrage; il sut allier les devoirs de son état avec la pratique des maximes de l'évangile. Il avoit une estime particulière pour les vrais serviteurs de Dieu, et sur-tout pour les religieux de Fontenelle ou de Saint-Vandrille en Normandie, auxquels il donna sa terre de Maurilly.

Ayant été élevé sur le siége de Sens en 682, il se livra tout entier aux fonctions de l'épiscopat; mais à peine eut-il gouverné son diocèse deux ans et demi, qu'il résolut de le quitter pour aller prêcher la foi dans la Frise, à l'exemple de plusieurs missionnaires anglais qui travailloient de ce côté-là. Il fit, avant de partir, une retraite dans le monastère de Saint-Vandrille. Ses prédications dans la Frise eurent les plus heureux succès. Un grand nombre de personnes, parmi lesquelles on comptoit le fils du roi Radbod, se convertirent et reçurent le baptême.

C'étoit la coutume des peuples de la Frise d'immoler des hommes à leurs idoles: ils choisissoient les victimes par la voie du sort, et ceux qui avoient été désignés étoient ou pendus, ou noyés, ou mis en pièces. Un jour qu'on alloit attacher à la potence un de ces malheureux, nommé Ovon, le Saint se fit son intercesseur auprès du roi, et demanda instamment qu'on lui sauvât la vie. Le peuple accourut en foule, et s'y opposa, sous prétexte Tome III. D

que l'honneur de ses dieux y étoit intéressé. Tout ce qu'on put obtenir d'eux, fut que si le Dieu des Chrétiens pouvoit sauver Ovon, celui-ci auroit la liberté de l'adorer, et de suivre la volonté de son ministre. Il fut donc pendu, et resta deux heures à la potence, de sorte que tout le monde le croyoit mort; mais la corde ayant cassé par la vertu des prières de Wulfran, il tomba par terre, et se trouva plein de vie. Le Saint auquel on le donna, comme on en étoit convenu, l'instruisit des vérités de la religion chrétienne. Ovon fut depuis moine et prêtre de Saint-Vandrille. Wulfran rendit aussi la vie à deux enfans qu'on avoit jetés dans la mer en l'honneur des idoles du pays.

Radbod, qui avoit été témoin oculaire du second miracle, promit d'embrasser le christianisme, et se fit instruire; il entra même dans le baptistère pour être régénéré avec les autres cathécumènes : mais il se rendit indigne de cette grâce par une question déplacée. Il demanda au Saint où étoit le plus grand nombre de ses ancêtres. « L'enfer, ré>pondit Wulfran, est le partage de tous ceux qui » sont morts dans l'idolâtrie. » A cette réponse, Radbod se retira sans vouloir être baptisé. Il invita depuis saint Wulfran à venir l'instruire conjointement avec saint Wilibrod; mais il mourut avant son arrivée. Ce fut ainsi qu'à force de temporiser par une criminelle indolence, il alla paroître devant Dieu, sans avoir renoncé au culte superstitieux des idoles.

Notre Saint se retira ensuite au monastère de Saint-Vandrille, où il mourut le 20 Mars 720. Il se fit, en 1027, une translation solennelle de ses reliques dans l'église de Saint-Vandrille, ainsi que de celles de saint Erembert, évêque de Toulouse, de saint Condé, solitaire du pays de Caux, et des

SS. Martyrs Maxime et Vénérand. Saint Wulfran est patron d'Abbeville où ses reliqués furent transférées au cominencement du troisième siècle.

Voyez la vie de saint Wulfran, écrite onze ans après sa mort , par Jonas, moine de Saint-Vandrille. Il s'y étoit glissé quelques erreurs que D. Mabillon a fait disparoître, sect. 3, Ben. Voyez encore l'histoire de la découverte des reliques de saint Wulfran, faite à Saint-Vandrille, avec une relation des miracles opérés lors de leur translation à Rouen en 1062. Cette histoire, bien écrite, est l'ouvrage d'un anonyme qui avoit assisté à la cérémonie de la translation. On en trouve plusieurs morceaux dans le Spicilège du P. d'Achéri, t. III, p. 248, dans Mabillon et dans les Bollandistes, Les savans Jésuites d'Anvers ont encore publié une relation de plusieurs miracles qu'on dit avoir été opérés à Abbeville par l'intercession de saint Wulfran.

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S. AMBROISE DE SIENNE, DOMINICAIN.

AMBROISE Sortoit de l'illustre famille des Sansedoni, ou Saint-Sidoine de Sienne en Toscane. Il naquit le 16 Avril 1220, et passa toute sa jeunesse dans l'innocence et la vertu. Il prit l'habit chez les Dominicains à l'âge de 17 ans. Il enseigna la théologie, et annonça la parole de Dieu avec un grand succès. Ses compatriotes ayant été excommuniés deux fois par le saint-siége, il trouva le moyen de faire leur paix, ce qui lui attira la plus haute considération. Il fut chargé de plusieurs négociations importantes, dont il s'acquitta avec une prudence consommée. Quoiqu'obligé de converser avec les gens du siècle, il n'en étoit pas moins fidèle à tous les exercices prescrits par sa règle. On dit qu'il fut honoré, dès son vivant, du don de prophétie et de celui des miracles. Il mourut à Sienne le 20 Mars 1286. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain, quoiqu'il n'ait point été canonisé selon les formes ordinaires. La ville de Sienne l'a mis au nombre de ses patrons.

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