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en présence des Anges & des Saints, en même temps que fur la terre le Prê tre vous donnera l'abfolution de vos péchez. C'eft alors que ce que JefusChrift nous a dit, s'accomplira pour vous dans le Ciel: Car on s'y réjouïra de voir vôtre cœur rétabli en l'amour de Dicu, & rentré dans la fociété des Anges & des Saints; qui s'uniront à vôtre ame en efprit d'amour & de paix, & qui chanteront en la prefence de Dieu le faint Cantique de l'allegrefle fpirituelle.

O Dieu, Philothée, l'admirable &

l'heureux traité que celuy-là, › par le

quel vous vous donnez à Dieu, & il fe donne à vous, en vous rendant à vousmême pour vivre éternellement. Il ne vous refte donc plus rien à faire, qu'à prendre la plume pour figner l'acte de vôtre proteftation: Et puis allez-vousen à l'Autel où Jefus-Chrift ratifiera l'abfolution de fon Miniftre, & confirmera la promeffe qu'il vous a faite de vous donner fon Paradis, en fe mettant luy-même par fon Sacrement, comme un fceau facré fur vôtre cœur, ainfi renouvellé en fon amour.

Voila donc vôtre ame à ce prémier degré de pureté, lequel confifte dans

l'exemption du péché mortel, & de toutes les mauvaises affections qui peuvent vous y porter. Cependant comme ces affections renaiffent fouvent, & facilement en nous ; foit par la raifon de nôtre infirmité; foit à caufe de nôtre concupifcence, que nous pouvons bien. modérer & régler, & que nous ne pouvons jamais éteindre: Il est néceflaire que je vous précautionne contre ce danger, & contre ce malheur, par les avis qui me femblent les plus falutaires. Mais parce que ces mêmes avis peuvent vous conduire à un fecond dégré de la pureté d'ame, beaucoup plus excellent que le prémier: Il faut qu'avant de vous les donner, je vous parle de cette pureté d'ame plus parfaite, à laquelle je defire de vous conduire.

CHAPITRE XXII.

Qu'il faut purifier l'ame de toutes les affections au péché véniel.

A Mefure que le jour croît le ma

tin, nous voyons mieux dans le

miroir les taches & les foüilleures de nôtre vifage: De même à proportion

que le Saint-Esprit nous communique plus de cette lumiére intérieure, qui éclaire nôtre confcience; nous décou→ vrons plus diftinctement & plus evidemment les péchez, les imperfections, & les inclinations, qui peuvent mettre en nous quelque oppofition à la fainte dévotion : Et remarquez que cette même lumiére, qui éclaire nôtre efprit fur nos défauts, excite encore dans nôtre cœur un ardent defir de nous en corriger.

C'eft donc ainfi, Philothée, que vôtre ame ayant été purifiée des péchez mortels, & de toute affection au péché mortel; vous y découvrirez encore un grand fonds de méchantes difpofitions, qui l'inclinent au péché véniel : Je ne dis pas que vous y decouvrirez beaucoup de péchez véniels; mais que vous la trouverez remplie de beaucoup de mauvaises affections, qui font les principes des péchez véniels. Or l'un eft bien différent de l'autre ; car par exemple fe plaire habituellement au menfonge, eft bien autre chofe que de mentir une fois ou deux de gayeté de cœur : Nous ne pouvons pas nous préferver fi univerfellement de tout péché véniel, que nous perfévérions long-temps dans

cette parfaite pureté d'ame: Mais détruire en nous toute l'affection au péché véniel, c'eft ce que nous pouvons avec la grace de Dieu, & nous devons nous y appliquer.

Cela étant ainfi préfuppofé, je dis qu'il faut afpirer à ce fecond dégré de pureté d'ame, lequel confifte à ne nourrir en nous volontairement, aucune mauvaise inclination à quelque péché véniel que ce foit: Car en vérité ce feroit une grande infidélité, & une lâcheté bien coupable, que de conferver en nous habituellement & de deffein, une difpofition auffi defagréable à Dieu, que celle de vouloir luy déplaire. En effet le péché véniel pour petit qu'il soit, déplaît à Dieu; bien qu'il ne luy déplaife pas au point de nous attirer fa malédiction éternelle : Si donc le péché véniel luy déplaît, certainement cette affection habituelle que l'on a au péché véniel, n'eft autre chofe qu'une difpofition habituelle d'efprit & de cœur,à vouloir déplaire à fa divine Majefté Seroit-il donc poffible qu'une ame bien réconciliée avec fon Dieu, voulût non seulement luy déplaire, mais s'affectionner à luy déplaire.

Toutes ces affections déreglécs, Phi

lothée, font directement oppofees à la dévotion; comme l'affection au péché mortel l'eft à la charité: Elles rendent l'efprit languiffant, elles éloignent les confolations divines, elles ouvrent le cœur aux tentations; & bien qu'elles ne donnent pas la mort à l'ame, elles luy caufent de grandes & dangereuses maladies. Les Mouches mourantes, dit le Sage, font perdre à un baume précieux toute la bonté de fon odeur, & toute fa vertu. Il veut dire que les mouches ne s'y arrêtant que legerement, & n'en prénant que tant foit peu de la fuperficie, elles ne le gâtent pas dans toute fa maffe; mais que fi elles y meurent, elles le corrompent entiérement. De même la dévotion ne fouffre qu'une légére atteinte des péchez véniels, que l'on commet de temps en temps; mais s'ils forment dans l'ame une vitieuse habitude, ils détruisent entiérement la fainte dévotion.

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Les Araignées ne tuent pas les mouches à miel, mais elles gâtent leur miel, & quand elles s'attachent à la ruche elles en embarraffent fi fort les rayons avec leurs toiles, que les Abeilles ne peuvent plus y travailler: Airfi les péchez véniels ne donnent pas la mort à Dy

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