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mains; qu'elle se remplisse avec une ardente soif des actes des apótres et de leurs épitres.... qu'elle apprenne par cœur les prophètes, les sept premiers livres de l'écriture, ceux des rois et des paralipomènes avec ceux d'Esdras et d'Esther; qu'elle n'apprenne qu'à la fin et sans péril le cantique des cantiques, de peur que si elle le lisait au commencement, elle ne fit blessée, ne comprenant pas sous ces paroles charnelles le cantique des noces spirituelles de l'époux sacré. Il est visible que saint Jérôme ne prétend point violer par ce plan d'éducation la discipline de l'église de son temps, et qu'au contraire il ne fesait que suivre dans ce plan l'usage universel pour l'éducation des filles chrétiennes. Que si ce père voulait qu'une trèsjeune fille apprit ainsi toutes les saintes écritures, et les sût presque toutes par cœur, que ne doit-on pas conclure pour tous les hommes d'un àåge mûr, et pour toutes les femmes d'une piété et d'une discrétion déjà éprouvée D'ailleurs en ces temps-là les saintes écritures, et même toute la liturgie, étaient en langue vulgaire : tout l'Occident entendait le latin dans lequel il avait l'ancienne version de la bible que saint Augustin nomme la vieille Italique : l'Occident avait aussi la liturgie dans la même langue qui était celle de tout le peuple. Pour

l'Orient, c'était la même chose; tous les peuples y parlaient le grec, ils entendaient la version des septante et la liturgie grecque, comme nos peuples entendraient une version française. Ainsi sans entrer dans aucune question de critique, il est plus clair que le jour que tout le peuple avait dans sa langue naturelle la bible et la liturgie qu'on fesait lire aux enfans pour les bien élever; que les saints pasteurs leur expliquaient de suite dans leurs sermons les livres entiers de l'écriture; que ce texte était très-familier aux peuples; qu'on les exhortait à le lire continuellement ; qu'on les blàmait d'en négliger la lecture; enfin qu'on regardait cette négligence comme la source des hérésies et du relâchement des mœurs. Voilà ce qu'on n'avait aucun besoin de prouver, parce qu'il est clair dans les monumens de l'antiquité.

II. D'un autre côté, monseigneur, on ne saurait nier que l'église qui usait d'une si grande économie pour ne découvrir que peu-à-peu le secret des mystères de la foi, de la forme des sacremens, etc. aux catéchumènes, n'usat aussi par le même esprit d'une économie proportionnée aux besoins pour faire lire l'écriture aux néophytes, ou aux jeunes personnes qui étaient encore tendres dans la foi. Les Juifs avaient donné l'exemple d'une si nécessaire méthode, lorsqu'ils ne permettaient la lecture du com

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mencement de la zanegas droits d'Ezechiel er to samtíume les santiques, que quant on était parsamna in ga mûr. Nous venona de ruzme sant ferime gardait aussi e menole vi

pour donner à la meme Lone favort og tains livres, et esta muu ang que le cantique des exirena tumar au donné le denier, mire me be persona charnelles son discus eæ nysare tur noces sacrées de l'ome avec fegrouz r caché, auraient på besser som Parur to ou les lui est coufiées avant one's elt fait me certain progres dans la simplicité de la foi et dans les vertus intérieures. Ainsi d'un có ý l'écriture était donnée à tous les fiacles : de l'autre, elle n'était néanmoins donnée a chacun qu'à proportion de son besciu et de son progrès.

III. Ce serait même un préjugé dangereux et trop approchant de celui des protes tans, que celui de penser que les chrétiens ne peuvent pas être so. sement instru ́ts des toutes les vérités, quand ils ne lisent point les saintes écritures. Saint Irénée était Lien éloigné de ce sentiment, quand il disait (1): Quoi done! si les apótres ne nous eussent pas méme laissé des écritures, n'aurait-il pas fullu suivre l'ordre de la tradi

(1) Adversus Hær. 1. 3, c. 4

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tion qu'ils ont mis en dépôt dans les mains de ceux auxquels ils confièrent les églises ? Beaucoup de nations barbares qui ont reçu la foi en Jesus-Christ ont suivi cet ordre, conservant, sans caractère ni encre, les vérités du salut écrites dans leurs coeurs par le Saint-Esprit gardant avec soin l'ancienne tradition, et croyant, par Jesus-Christ fils de Dieu, en un seul Dieu créateur du ciel et de la terre et de tout ce qui y est contenu.... Ces hommes qui ont embrassé cette foi sans aucune écriture, sont barbares par rapport à notre langage; mais quant à la doctrine, aux coutumes et aux mœurs, par rapport à la foi, ils sont parfaitement sages et agréables à Dieu, vivant en toute justice, chasteté et sagesse. Que si quelqu'un parlant leur langue naturelle leur proposait les dogmes inventés par les hérétiques, aussitôt ils boucheraient leurs oreilles et s'enfuiraient bien loin, ne pouvant pas même se résoudre à écouter un discours plein de blasphemes. Ainsi étant soutenus par cette vieille tradition des apôtres, ils ne peuvent même admettre dans leur simple pensée la moindre image de ces prodiges d'erreurs. On voit par ces paroles d'un si grand docteur de l'église presque contemporain des apôtres, qu'il y avait de son temps, chez les peuples barba

res, les fidèles innombrables qui étaient très - spirituels, très - parfaits, et riches, comme parle saint Paul, en toute parole et en toute science, quoiqu'ils ne lussent jamais les livres sacrés. Cette vérité ne diminue en rien le prix du sacré dépôt des saintes lettres, et ne doit en rien ralentir le zèle des chrétiens pour s'en nourrir avec une humble dépendance de l'église : mais enfin le fait est constant par un témoignage si clair et si décisif. La tradition suffisait à ces fidèles innombrables pour former leur foi et leurs mœurs de la manière la plus parfaite et la plus sublime. L'église, qui nous donne les écritures, leur donnait sans écritures, par sa parole vivante, toutes les mêmes instructions que nous puisons dans le texte sacré. La parole non écrite, qui est dans la bouche de l'épouse du fils de Dieu, suppléait au défaut de la parole écrite et donnait le même aliment intérieur : en cet état ces fidèles étaient si éclairés qu'au premier discours contagieux ils auraient bouché leurs oreilles, tant ils étaient affermis dans la simplicité de la foi, et de la docilité pour l'église; tant cette heureuse simplicité leur donnait de discernement et de délicatesse contre la séduction la plus subtile des novateurs. On se tromperait donc beaucoup, selon saint Irénée, si on croyait que l'église ne peut pas élever ses enfans à la plus haute

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