voie qui mène à ce Dieu qu'elle a si longtemps abandonné. Mais, en demandant à la connaître, elle se résout de conformer à la vérité connue le reste de sa vie; et comme sa faiblesse naturelle avec l'babitude qu'elle a au péché où elle a vécu l'ont réduite dans l'impuissance d'arriver à la félicité qu'elle désire, elle implore de sa miséricorde les moyens d'arriver à lui, de s'attacher à lui, d'y adhérer éternellement. Tout occu pée de cette beauté si ancienne et si nouvelle pour elle, elle sent que tous ses mouvements doivent se porter vers cet objet; elle comprend qu'elle ne doit plus penser ici-bas qu'à adorer Dieu comme créature, lui rendre gråces comme redevable, lui satisfaire comme coupable, le prier comme indigente, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus qu'à le voir, l'aimer, le louer dans l'éternité. VIE DE PELLISSON. .4 PELLISSON-FONTANIER (PAUL), né à Béziers, en 1624, d'une famille de robe, originaire de Castres, perdit son père de bonne heure. Sa mère l'éleva dans la religion prétendue réformée. Ses talents donnaient des espérances à cette secte; il avait autant de pénétration que de vivacité dans l'esprit. Il étudia successivement à Castres, à Montauban et à Toulouse. Les auteurs latins, grecs, français, espagnols, italiens, lui devinrent familiers. A peine avait-il donné quelques mois à l'étude du droit, qu'il entreprit de paraphraser les Institutes de Justinien. Cet ouvrage, imprimé à Paris, in-8°, en 1645, était écrit de façon à faire douter que ce fût la production d'un jeune homme. Pellisson parut bientôt avec éclat dans le barreau de Castres; mais lorsqu'il y brillait le plus, il fut attaqué de la petite-vérole. Cette maladie affaiblit ses yeux el son tempérament, et le rendit le modèle de la laideur. Sa figure était tellement changée, que Mile de Scudéri, son amie, disait en plaisantant qu'il abusait de la permission qu'ont les hommes d'être laids. Il était étroitement lié avec cette personne aussi laide que lui, et il figura dans les romans de cette femme auteur sous les noms d'Acante et d'Herminius. Plusieurs ouvrages qu'il composa à Paris l'y firent connaitre avantageusement de tout ce qu'il y avait alors de gens d'esprit et de mérite. Il s'y fixa en 1652, et l'Académie française, dont il avait écrit l'Histoire, fut si contente de cet ouvrage, qu'elle lui ouvrit ses portes. Fouquet, instruit de son mérite, le choisit pour son premier commis el lui donna toute sa confiance. Ses soins furent récompensés en 1660, par des lettres de conseiller d'état. Il avait eu beaucoup de part aux secrets de Fouquet; il en eut aussi à sa disgrace. Il fut conduit à la Bastille, et n'en sortit que quatre ans après, sans qu'on pût jamais le détacher de son maître. Il y composa pour Jui des Mémoires qui sont des chefs-d'œuvre. Si quelque chose approche de Cicéron, dit l'auteur du Siècle de Louis XIV, ce sont ces trois Factums. Ils sont dans le même genre que plusieurs discours de ce célèbre orateur, un mélange d'affaires judiciaires et d'affaires d'état, traitées solidement avec un art qui parait peu, et une éloquence touchante. » Fouquel se serait peut-être perdu sans la présence d'esprit de Pellisson. Confrontés ensemble, le premier craignait qu'on ne lui opposât des pièces redoutables : il demeurait interdit, lorsque Pellisson s'écria: Monsieur, si vous ne saviez pas que les papiers qui attestent le fait dont on vous charge, sont brûlés, vous ne le nieriez pas avec tant d'assurance. Fouquet, ainsi averti, tint ferme et ne put être convaincu. Pellisson avait conservé une foule d'amis dans ses malheurs, et ces amis obtinrent enfin sa liberté. Le roi le dédommagea de cette captivité par des pensions et des places. Il le chargea d'écrire son histoire, et l'emmena avec lui dans sa première conquête de la Franche-Comté. Pellisson méditait depuis longtemps d'abjurer la religion protestante; il exécuta ce dessein en 1670. Peu de temps après, il prit l'ordre de sous-diacre, et obtint l'abbaye de Gimont et le prieuré de Saint-Orens, riche bénéfice du diocèse d'Auch. L'archevêque de Paris ayant été reçu à l Aca démie française en 1671, Pellisson répondità ce prélat avec autant d'esprit que de grâce. Ce fut dans cette occasion qu'il prononça le Panégyrique de Louis XIV, traduit en latin, en espagnol, en italien, en anglais, et même en arabe par un patriache du Mont-Liban. Il fut reçu la même année maître des requètes. La guerre s'étant rallumée en 1672, il suivit Louis XIV dans ses campagnes. Son zèle pour la conversion des calvinistes lui mérita l'économat de Cluny en 1674, de SaintGermain-des-Prés en 1675, et de Saint-Denis en 1679. Le roi lui confia en même temps les revenus du tiers des économats, pour être distribués à ceux qui voudraient changer de religion, et qui par là pourraient se trouver dans l'abandon et le besoin. Il était occupé à réfuter les erreurs des protestants sur l'eucharistie, lorsqu'il fut surpris par la mort à Versailles, en 1693. Il ne reçut point les sacrements, parce qu'il n'en eut pas le temps. Il est faux qu'il les ait refusés, comme l'assurent encore aujourd'hui les calvinistes, et il est très-certain qu'il avait communié peu de jours avant sa mort. On a de lui un grand nombre d'ouvrages. Les principaux sont: Histoire de l'Académie française, qui parut pour la pre mière fois en 1653, à Paris, in-12, et dont la meil leure édition est celle de l'abbé d'Olivet, qui l'a continuée, en 1730 vol. in-12. Trop de minuties sur de petits écrivains et d'inexactitudes dans les faits ont nui à cet ouvrage, d'ailleurs assez curieux ; Histoire de Louis XIV, depuis la mort du cardinal Mazarin, en 1661, jusqu'à la paix de Nimègue en 1678, 3 vol. in 12, 1749; Abrégé de la vie d'Anne d'Autriche, in-fol. Histoire de la conquête de la Franche-Comté, en 1668, dans le tom. 7. des Mémoires du père Desmolets; Lettres historiques et œuvres diverses, 3 vol. in-12, Paris, 1749. Ces lettres sont comme un journal des voyages et des campements de Louis XIV, depuis 1670, jusqu'en 1688; il y en a 273; Poésies chrétiennes et morales dans le recueil dédié au prince de Conti; Réflexions sur les différends de la religion, avec une réfutation des chimères de Jurieu et des idées de Leibnitz sur le tolérantisme, en 4 volumes in-12. Traité de l'eucharistie, in-12. Ces deux ouvrages méritent l'estime des gens sensés, autant pour le fond des choses que pour la modération avec laquelle ils sont écrits. On a imprimé en 1739 les OEuvres diverses de Pellisson, Paris, 3 vol. in-12, et en 1805, Desessarts a publié les OEuvres choisies de Pellisson, 2 vol. in-12.- Extrait du dictionnaire historique de Feller, continué par M. Pérennès. Préface. Ce n'est ici que le commencement d'un plus grand ouvrage; mais on a tâché de faire que ce commencement en fût aussi l'abrégé; et cela pour secourir plus promptement quelques personnes de bonne foi qui cherchent bien moins à disputer qu'à s'instruire. Ceux que Dieu aura mis en cet état et qui liront ce livre avec attention, y trouveront peut-être sans aller plus loin, de quoi se détromper sur toutes les questions principales. Quatre choses y sont comme démontrées. La première, c'est que par le principe de ceux qui sont séparés de nous, ils sont indispensablement obligés à un grand et profond examen de la religion, impossible aux uns, difficile el dangereux aux autres, inutile à tous, parce qu'avec tout leur travail ils ne peuvent avoir une certitude de foi ni, à vrai dire une religion, tant qu'ils n'établiront pas une infaillibilité, ou chacun en soi-même, de quoi ils ont honte; ou dans un corps d'Eglise visible, ce qu'ils ne veulent pas. C'est ce qu'ils verront dans le premier traité qu'on appelle aussi Introduction ou traité général. La seconde, c'est que par leurs propres auteurs ils ont contre eux sur tous les points qui nous séparent (s'ils en exceptent celui de l'Eucharistie), quatorze, quinze ou seize siècles d'antiquité, sans avoir que de vaines conjectures pour s'imaginer qu'il n'en était pas de même auparavant. C'est ce qu'ils verront, tant dans le traité général que dans la relation qui le suit, et particulièrement dans les preuves où les passages de leurs auteurs sont simplement et nûment rapportés sans commentaire, et divisés en chapitres suivant les questions. La troisième, c'est que sur la grande et importante question de l'Eucharistie, ils savent bien ce qu'ils ne veulent pas croire, mais ils ne savent pas ce qu'ils croient, ou ne croient point ce qu'ils font profession de croire; l'opinion de Calvin, dont ils devraient être, étant bien plus difficile à concevoir que celle de l'Eglise romaine, et les autres opinions qu'ils se font eux-mêmes chacun à son gré, plus difficiles à soutenir que celle de Calvin,contre l'autorité de l'Ecriture et des pères. C'est ce qui est particulièrement expliqué dans la relation et confirmé dans les preuves par les passages entiers de leurs propres auteurs, où entre autres choses on découvre l'artifice d'Aubertin qui, dans un gros volume de l'Eucharistie, n'a jamais bien expliqué de quelle opinion il était, mais a avoué en plusieurs lieux, que tous les pères dé l'Eglise ont cru plus que lui et ceux qui le suivent. La quatrième et dernière, c'est qu'avec un peu de sincérité on ne peut douter que l'Eglise du quatrième siècle n'ait cru ce que nous croyons sur ce sujet, par quatre grandes et amples instructions qu'elle nous a laissées, faites alors pour ceux qu'elle allait initier ou qu'elle venait d'initier aux mystères. Les traductions fidèles de ces quatre instructions, sans discours ni commentaire, font la dernière partie de ce livre, sous le nom de Preuves pour le traité de l'Eucharistie. L'ouvrage entier doit être suivi sur le même plan, par des traités fort courts et des traductions entières d'un bon nombre de pièces choisies sur tous les points dont on dispute. Il y a lieu d'espérer avec l'aide de Dieu, qu'au moins en ce qui regarde ces riches monuments de l'antiquité, il sera de quelque édification pour toute sorte de personnes, et même de quelque ornement pour les vérités que l'Eglise enseigne; mais au fond il ne fera que prouver plus clairement et plus amplement ce que les seules parties différentes de ce volume prises ensemble, prouvent assez pour les esprits sages et modérés. RÉFLEXIONS SUR LES DIFFÉRENDS DE LA RELIGION, AVEC LES PREUVES DE LA TRADITION ECCLÉSIASTIQUE ("), INTRODUCTION, OU PREMIER TRAITÉ QUI EST DE L'EXAMEN DES DIFFÉRENDS EN GÉNÉRAL. vaincre en secret, plutôt que d'être convaincu en public. Semons, plantons, arrosons sans nous rebuter, mais n'attendons que du ciel cette secrète vertu qui peut faire pousser et croître (I Cor. III, 6). VI. Il ne faut pas cependant que nos frères s'endorment sur ce mot, de bonne foi. Sans sonder ici les abîmes des jugements de Dieu, qui nous sauve tous par grâce et nous peut tous laisser périr par justice, la suite de ces réflexions leur fera connaître comme nous l'espérons qu'ils ne sont point dans cette bonne foi prétendue, tant qu'ils n'au ront pas examiné leur religion à fond; ce qu'ils ne font point, lors même qu'ils pensent le faire. La nécessité indispensable de ce grand et profond examen, les grandes difficultés qu'ils y doivent trouver et quelques conseils pour en sortir, seront le sujet de ce premier traité. SECTION I. Préparation nécessaire à cet examen. I. Un homme ne convertit point un autre homme, c'est Dieu qui nous convertit tous (Rom. 9, 1 et 18). Il endurcit qui il lui plaît, il fait miséricorde à qui il fait miséricorde (Exode, XXXIII, 19). II. Mais il ne veut pas nous convertir sans nous, et il se sert ordinairement de deux moyens qu'il nous inspire lui-même: la prière et l'étude. Sous ce dernier mot nous comprenons l'application, les conférences, et en général toutes les recherches que nous pouvons faire pour découvrir la vérité. III La prière avec une grande confiance en Dieu pourrait réussir sans l'étude par un effet extraordinaire de sa grâce: mais l'étude ne réussira pas sans la prière. Toutes les lumières humaines ne font que nous égarer quand il ne nous conduit pas. Il regarde les humbles et il résiste aux superbes (Jac. IV, 6; Prov. III, 34). Comment nous accorderait-il la plus grande et la plus importante de toutes les grâces sans la lui demander? lui qui nous a dit si expressément : Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez; frappez, et il vous sera ouvert (Matth. VII, 7). IV. Si quelqu'un priait deux fois le jour avant que d'entrer dans cette étude; qu'il prie maintenant quatre fois et huit fois, et à toutes les heures du jour, avec un cœur soumis et humilié. V. Si quelqu'un veut servir de guide aux autres dans cette étude, qu'il ne prie pas moins; qu'il éloigne de lui toute colère, tout chagrin, tout orgueil; qu'il prenne des entrailles de charité pour ses frères qui errent de bonne foi. Qu'avons-nous fait à Dieu pour ne pas errer comme eux? Et si nous avons tout reçu, pourquoi nous en glorifier (I Cor. IV, 7)? Jamais on n'a persuadé quelqu'un en lui disant des injures. La nature de l'esprit humain n'est pas de rendre les armes aussitôt à l'esprit humain : il veut y penser, y revenir, en délibérer avec lui-même, se con SECTION II. Obligation indispensable à nos frères d'un grand et profond examen de leur religion. I. Chaque opinion en général, en quelque nature de choses que ce puisse être; chaque religion en particulier, est obligée de suivre trement il ne la faut pas écouter; car elle se ses propres principes, bons ou mauvais: audétruit elle-même, comme un syllogisme qui nierait dans la conclusion ce qu'il aurait établi dans le première proposition ou dans la seconde. Si nous en voulons croire Aristǝle, c'est le fondement général de tous nos raijours cette vérité: Il ne se peut faire qu'une sonnements; ils supposent et enferment tou même chose soit et ne soit pas, ni que quelqu'un le croie, quand même il le dirait. Ce qu'il post en un lieu, il ne le peut nier en un autre. C'est ce qu'on a dit il y a longtemps, que la vérité est une qu'il n'y a que la fausseté qui puisse être double et contraire à elle-même. De tout cela il s'ensuit aussi que les principes communs aux deux religions, et qu'elles ont posés l'une et l'autre, ne peuvent plus être niés ni contestés. II. C'est un principe commun de l'ane el de l'autre religion, qu'il faut croire les articles de foi, pour être sauvé: jusque-là elles sont d'accord. Mais quand il est question de savoir si chaque particulier doit examiner par ses propres lumières les articles de foi pour les croire, les deux religions se séparent, et leurs principes sont différents et opposés. III. Le principe de la religion catholique est que nul particulier, comme particulier, n'est obligé de faire cet examen, dont la plupart ne sont pas capables; que Dieu, qui veut que tous soient sauvés (I Tim. II, 4), a établi un moyen universel, uniforme, sûr et certain, pour sauver également les simples et les habiles, les ignorants et les savants, qui est de croire par l'autorité de l'Eglise; qu'il n'y a point a chicaner sur le mot Eglise; que celle dont on entend parler, est toujours visible; que son étendue, que la succession des pasteurs la font assez connaître; qu'il n'y a enfin qu'à ne pas fermer les yeux pour découvrir cette cité qui ne saurait se cacher, fondée, comme elle est, sur la montagne (Matth. V, 15). IV. La religion qui se dit et se prétend réformée, établit un principe tout contraire. Il faut, dit-elle, et pour le corps des fidèles en général, et pour chaque fidèle en particulier, tout examiner et retenir ce qui est bon (I Thess. V, 21). Il y a bien une Eglise cachée et invisible, où ne sont que les prédestinés, et qui ne se peut tromper: mais toute Eglise visible est sujette à se tromper et à se corrompre; et on ne peut découvrir si elle est véritable Eglise, non fausse et non corrompue, qu'en examinant sa doctrine. En un mot, nul de nos frères qui suivent ce principe ou cette erreur, ne demeure, selon lui, séparé de nous par autorité, mais par raison. Ce n'est pas parce que son père ou son aïeul se sont séparés, ni parce que Calvin l'a dit; mais parce que son père ou son aïeul ont bien fait, et parce que Calvin a bien dit. V. De ce principe il s'ensuit nécessairement qu'il est obligé d'examiner sa religion autant que son père ou que son aïeul ont dû le faire, avant que de se résoudre à l'action la plus terrible du monde, qui était de se séparer de l'Eglise, autant ou à peu près, que Calvin a du le faire lui-même; excepté que le travail de Calvin peut faciliter le sien. VI. Examiner la religion de cette sorte, ce n'est pas lire seulement ce que Calvin en a écrit, mais aussi ce qu'on a écrit contre Calvin; éclaircir et vérifier les faits où Calvin et ceux qui ont écrit contre lui, se trouvent contraires; juger, après une grande et mûre délibération, des conséquences qu'on en a tirées de part et d'autre. VII. C'est encore moins examiner la religion à fond, et de cette sorte, que de lire seulement la réponse de M. Claude au petit traité de la Perpétuité, le préservatif ou quelqu'un de ces autres écrits nouveaux, comme on lirait la gazette de Hollande, ou le journal des savants, et en discourir quand l'occasion s'en présente, sans suite, sans mé thode, sans application que fort légère et fort médiocre. VIII. Que nos frères s'interrogent euxmêmes. N'est-il pas vrai que pour la plupart, s'ils ont examiné leur religion, ils n'en ont fait qu'un examen de cette dernière nature? Se sont-ils enfermés pour cela certains jours de la semaine, certaines heures du jour ? Ont-ils vu la centième partie de ce qu'ils pouvaient voir sur ces grandes et importantes matières? Ont-ils suivi ce travail par ordre? Ont-ils fait, pour juger ce grand différend, ce qu'ils feraient pour juger un procès de conséquence, s'ils en étaient rapporteurs. ou pour s'en instruire eux-mêmes, s'ils y étaient parties? IX. Cependant la bonne foi n'excuse pas; ou pour mieux parler, n'est pas bonne foi, quand on n'a pas fait ce qu'on devait pour être éclairci; surtout, après qu'on en a été souvent averti. Il n'y a point de bonne foi quand on ne suit point son propre principe: car on reconnaît et on avoue ce qu'il faut faire, et on ne le fait pas. Ainsi, que pas un de nos frères ne se flatte, jusqu'à ce qu'il ait fait ce grand et difficile examen de toute sa religion, auquel son propre principe l'oblige: il ne peut, ni devant Dieu, ni devant les hommes, être excusé sur sa bonne foi. SECTION III. Deux objections contre ce qui a été dit. Première objection. Il ne faut point de grand examen, parce que la chose est claire. Réponse. I. Deux objections combattent la force de ces raisons dans l'esprit de nos frères: l'une est publique par leurs écrits et par leurs discours; l'autre est secrète et ne sort presque pas de leur cœur. Tâchons à les aider sur l'une et sur l'autre. II. L'objection publique est celle-ci: En vain, disent-ils, on veut nous faire peur d'un prétendu examen fort laborieux, fort long et fort difficile. Il y a des vérités si claires, que le bon sens les découvre d'une seule vue. Il ne faut rien écouter de contraire, si l'on n'a dessein de s'éblouir et de se tromper soimême Deux et deux font quatre. Tous les raisonnements d'arithmétique et d'algèbre, pour obscurcir cette vérité, ne nous toucheraient pas nous trouverions même ridicule de nous y arrêter. La règle infaillible de la foi est la parole de Dieu: il est clair comme le jour que ce que nous rejetons, n'y est pas ; il ne nous en faut pas davantage. III. Le premier avis que nous avons à leur donner là-dessus, est que les grandes erreurs en religion ont presque toujours pris ce même fondement d'une grande clarté prétendue; et qu'au moins il est juste de s'en défier. Qu'y avait-il de plus clair, au dire des ariens, quelques-uns d'un très-grand esprit, d'un très-grand savoir, d'une vie sans reproche, que ces paroles: Le Père est plus grand que moi (Jean, XIV,28)? Et Nestorius, bon pasteur en apparence, sage, réglé, possédant parfaitement toute l'Ecriture sainte, faisant profession comme nos frères, de ne rien savoir et de ne rien croire qu'elle ne lui eût enseigné ; ne voyait-il pas encore plus clairement que l'Ecriture n'avait jamais appelé la sainte Vierge, Mère de Dieu; mais seulement, Mère de Jésus, Mère du Seigneur, Mère du Christ, RÉFLEXIONS SUR LES DIFFÉRENDS DE LA RELIGION, SECTION I. Préparation nécessaire à cet examen. I. Un homme ne convertit point un autre homme, c'est Dieu qui nous convertit tous (Rom. 9, 1 et 18). Il endurcit qui il lui plait, il fait miséricorde à qui il fait miséricorde (Exode, XXXIII, 19). II. Mais il ne veut pas nous convertir sans nous, et il se sert ordinairement de deux moyens qu'il nous inspire lui-même: la prière et l'étude. Sous ce dernier mot nous comprenons l'application, les conférences, et en général toutes les recherches que nous pouvons faire pour découvrir la vérité. III. La prière avec une grande confiance en Dieu pourrait réussir sans l'étude par un effet extraordinaire de sa grâce: mais l'étude ne réussira pas sans la prière. Toutes les lumières humaines ne font que nous égarer quand il ne nous conduit pas. Il regarde les humbles et il résiste aux superbes (Jac. IV, 6; Prov. III, 34). Comment nous accorderait-il la plus grande et la plus importante de toutes les grâces sans la lui demander? lui qui nous a dit si expressément : Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez; frappez, et il vous sera ouvert (Matth. VII, 7). Et dans les Preuves suivantes, on a aussi ajouté les Preuves de ce qui est contenu en l'Addition. 5 propres lunc les croire, les et leurs princi INTRODUCTION, OU PREMIER TRAITÉ QUI EST DE L'EXAMEN DES DIFFÉRENDS EN GENERAL vaincre en secret, plutôt que d'être convaincu qu'il n'y a ess établit cr 21.1 frères s'endorment sur ce mot, de bonne foi. peut tr sujette a en on ne Eglise, n Le principe d que nul part 1st obligé de f part ne sont pa real que tous sci a un moven u ain, pour sauver habiles, les in de croire par celle Try a point a que a ujours visite ssion des past par autor parce qu epares, n: SECTION II. Obligation indispensable à nos frères d'une que grand et profond examen de leur religion. parce ece prin 1 le fatr naires: nature de choses que ce puisse être; chaque son per I. Chaque opinion en général, en quelque est ati religion en particulier, est obligée de suivre at que c IV. Si quelqu'un priait deux fois le jour trement il ne la faut pas écouter; car elle se igise, au. ses propres principes, bons ou mauvais: au-ble du avant que d'entrer dans cette étude; qu'il détruit elle-même, comme un syllogisme qui prie maintenant quatre fois et huit fois, et à toutes les heures du jour, avec un cœur sounierait dans la conclusion ce qu'il aurait de Calvi établi dans le première proposition ou dans miner 1. mis et humilié. la seconde. Si nous en voulons croire Aristotelire jours cette vérité: Il ne se peut faire que qui on. sonnements; ils supposent et enferment tout-dirdir et c'est le fondement général de tous nos rai-mis auss même chose soit et ne soit pas, ni que quelqu' le croie, quand même il le dirait. Ce qu'il portion en un lieu, il ne le peut nier en un autre part. C'est ce qu'on a dit il y a longtemps, que enco vérité est une: qu'il n'y a que la faussete que De tout cela il s'ensuit aussi que les principe Per communs aux deux religions, et qu'elles de ces posés l'une et l'autre, ne peuvent plus trait JUL la st rép V. Si quelqu'un veut servir de guide aux autres dans cette étude, qu'il ne prie pas moins; qu'il éloigne de lui toute colère, tout chagrin, tout orgueil; qu'il prenne des entrailles de charité pour ses frères qui errent de bonne foi. Qu'avons-nous fait à Dieu pour ne pas errer comme eux? Et si nous avons tout reçu, pourquoi nous en glorifier (I Cor. IV, 7)? Jamais on n'a persuadé quelqu'un en lui disant des injures. La nature de l'esprit humain n'est pas de rendre les armes aussitôt à l'esprit humain: il veut y penser, y revenir, en délibérer avec lui-même, se conadditious, il en a été fait une plus considérable à la section Lv, à la fin de l'article Ier, depuis ces paroles: on En cette seconde édition, outre aurait beau le dissimuler. |