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77. Par ce moyen on peut conferver parfaitement le biscuit, en y introduifant de temps à autre un air nouveau, felon que l'expérience en fera connoître le befoin. Pour cet effet, on fera jouer le Ventilateur pendant une heure qu'on choifira au milieu des jours fecs, & lorfqu'on pourra ouvrir les Sabords pour renouveller l'air dans les entre-Ponts. Il vaudroit mieux autrement tirer l'air du dehors par un conduit, qui du muffle du foufflet iroit paffer hors du Sabord le plus proche, pour ne pas pouffer dans la Soute aux bif cuits, un air chargé de la fumée qui fe trouve dans les entre-Ponts, furtout quand les Sabords font fermés. Ces fumées, à ce que j'ai appris, gâtent le biscuit, qui ne fe conferve pas auffi bien dans les Vaiffeaux où il y a beaucoup de monde, que dans ceux où il y en a peu.

78. Et puifque les pois, & le gruau, font fujets à s'échauffer &

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à fe corrompre dans les tonneaux, principalement dans les pays chauds, il eft aifé de prévenir cet accident, en les confervant dans une grande caiffe dont le fond fera une toile de crin qu'on pofera fur des barreaux de bois, tels qu'on les trouvera décrits aux num. 103. 104. (Fig.) 8. Au moyen de cette précaution, on pourra faire paffer de nouvel air au travers de la caiffe dans des temps convenables avec le petit Ventilateur, de la même maniere que nous l'avons dit pour le bifcuit.

VIII.

79. Selon cette méthode, on peut conferver le biscuit, les pois, & le gruau, & remédier même au mauvais goût qu'ils auroient contracté, fuppofé qu'ils fe. fuffent échauffés. Mais on ne détruira pas par-là les calandres, les vers & les fourmis, qui font en grand nombre, fur-tout dans les climats chauds, & qui font beaucoup de

dégât. Le moyen qui me paroît le plus commode pour faire périr ces infectes, feroit de porter des vapeurs de fouffre enflammé dans la Soute aux bifcuits, & d'en faire paffer au travers des pois, avec le petit Ventilateur, ce qui peut fe pratiquer de la maniere fuivante.

On attachera aux trous qui font au muffle du Ventilateur, & par lefquels l'air eft attiré en dedans, un tuyau quarré dont la cavité aura cinq pouces de diamétre. Ce tuyau fera long d'environ fix ou huit pieds, & fortira de trois ou quatre pieds hors du Vaiffeau, par un des Sabords expofés au côté d'où vient le vent. A l'extrêmité de ce tuyau qui fera en dehors,on attachera en deffous un entonnoir de bois, dont l'ouverture fera tournée en embas. Cet entonnoir aura environ deux pieds en quarré. Il fera de même qu'une grande partie du tuyau, doublé en dedans d'une feuille d'étain, pour empêcher qu'ils ne foient l'un & l'autre brûlés par les fumées du fouffre. On fufpendra au-deffous

au-deffous de l'entonnoir, & à environ un demi-pied de distance de fa partie inférieure, un vaiffeau de fer ou de cuivre, au fond duquel on mettra quelque peu de cendre, parce qu'elles ne donnent aucune mauvaise odeur par elles-mêmes. Il faut mettre du fouffre fur les cendres, de maniere qu'on puiffe placer dans le milieu un boulet rouge. Alors en faifant jouer le Ventilateur, les fumées du fouffre feront portées dans la Soute aux biscuits, ou dans le coffre aux pois, & feront mourir tous les infectes qui s'y trouveront. Cette opération réüffiroit mieux, s'il faifoit un peu de vent, pour entraîner par les Sabords, la fumée: qui fe trouvera dans les entre Ponts.

80. Et pour être sûr que cette fumée n'eft pas capable de porter aucun dommage au Vaiffeau, &. afin de ne rien propofer qui pût nuire à ceux pour le fervice defquels je me fuis donné beaucoup

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de peine depuis long - temps, j'ai fait chez moi cette expérience, en plaçant au-deffus d'un vafe qui contenoit du fouffre enflammé, un entonnoir quarré, qui avoit fervi dans un moulin à Cidre, & dont le tuyau étoit long de 15 pieds: & j'ai obfervé par le fecours du Thermométre, que lorfque le Ventilateur étoit en jeu, la chaleur qu'avoient les fumées à cette diftance, n'étoit égale qu'à la moitié de la chaleur du fang; de forte qu'il n'étoit pas furprenant qu'elles n'enflammaffent pas le papier l'étoupe, la poudre à Canon, ou l'eau-de-vie double que je leur préfentai. L'on voit par cette expérience, qu'on ne court aucun rifque de mettre le feu aux matiéres même les plus combuftiles du Vaiffeau.

81. Une grande caiffe, telle que celle dont j'ai parlé, aura de plus cet avantage, qu'au lieu que fept cent quatre-vingt boiffeaux de pois & de gruau entier, qui eft la pro

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