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bénédictins, qui en furent dépouillés violemment par un moine bernardin, élu à l'épiscopat du diocèse d'Aleth, et connu sous le nom de Jean de la Grille. Ce fut de son tems que parut le fameux Eon de l'Étoile, qui semble avoir voulu rétablir à cette époque les maximes de l'antique religion druïdique dans la forêt de Brécilien (1), appelée maintenant forêt de Paimpont. Il le fit condamner comme magicien dans un concile tenu à Rheims, et fit mourir par des supplices une multitude de ses disciples. Multi..... præsertim, in alethensi episcopatu, diversa usquè ad mortem pertulere supplicia. Dom Lo

(1) Cette forêt de Brécilien a été mal à propos supposée être la forêt de Lorges, proche Loudéac, parce qu'Eon de l'Étoile se trouvait natif de Loudéac; mais ce n'est pas ordinairement dans son propre pays que l'on peut devenir prophète. Celui-ci essaya de l'être où l'avait été Merlin, où il passait pour reposer avec son épouse sous des aubépines, où était son perron fameux, ainsi que la miraculeuse fontaine de Barenton, en haute forêt, proche la commune de Concoret, dont les habitans ont toujours conservé le sobriquet de sorciers de Concoret, à cause de cela, et où l'on dit aussi en proverbe que les saints de Concoret ne datent de rien, parce que la plupart des malades ont été pendant long-tems de préférence porter en secret leurs pélerinages à cette fontaine, et à d'autres monumens du druidisme dans la forêt.

bineau, en rapportant ceci dans son Histoire de Bretagne, ajoute : « L'on vit dans la mort » des disciples que le mensonge a quelquefois » ses martyrs comme la vérité, et que pas un >> ne donna des marques de repentir, quoiqu'on >> leur fît endurer, plusieurs supplices dans le >> diocèse de Saint-Malo, par le zèle de l'évêque » nommé Jean de la Grille »>.

Les disciples étaient des personnes crédules qui avaient été fanatisées, et leur maître était un illuminé ou un intrigant; mais ce n'était ni un magicien ni un imbécile, quoique l'on ait publié contre lui cette double accusation, dans des livres trop peu réfléchis. C'eût été un pauvre magicien que celui qui n'avait pas su prévoir le malheur qui lui arriva, ainsi qu'à toute sa secte; mais aussi un imbécile n'aurait pas réussi à former une secte assez nombreuse pour donner de l'inquiétude au clergé jusqu'au point d'occasionner la tenue d'un concile, et n'aurait pas opéré la persuasion sur l'esprit de tant de sectateurs, avec cette fermeté qui leur faisait endurer le martyre pour soutenir sa doctrine. Le gouvernement de la Bretagne était alors faible et divisé par suite de la mésintelligence qui existait entre le duc Conan III et son épouse, dont il finit par désavouer l'enfant,

qui devait hériter du duché. Plusieurs partis se formaient en secret, et cherchaient à se fortifier pour se préparer à la guerre civile, qui était imminente. Il est probable que l'un de ces partis voulut essayer les effets qu'aurait pu produire l'ancienne religion druïdique, dans les environs de la forêt de Brécilien, où elle s'était conservée plus long-tems que par-tout ailleurs (1). D'autres faisaient de leur côté des vœux et des donations. C'est de cette époque que datent la plupart de nos fondations religieuses et monastiques; car, après la conquête des romains, leurs sacrificateurs, conservant

(1) Le druïdisme, première religion des gaulois, avait été détruit, ou tout à fait dénaturé, pendant les cinq cents ans de la domination romaine; mais il fut momentanément rétabli en Bretagne, dans le petit royaume de Domnonée, fondé par les gaulois émigrés, qui revinrent d'outre-mer, après l'expulsion des romains. La tradition est que le chef-lieu de leur gouvernement aurait été à Gaël, et que le principal siége du culte druïdique rétabli par eux aurait été dans la forêt de Brécilien, qui se trouve à côté. Leur grand-pontife, Merlin, sur lequel ont été faits tant de contes et de romans, doit y avoir été enterré, ainsi que son épouse Viviane, vers la fin du cinquième siècle cette antique religion s'y conserva encore long-tems après, et ne fut abolie que par le roi domnonéen Saint-Judicaël, vers le milieu du VII. siècle.

le nom de druïdes, et même une partie du vêtement, s'étaient fait concéder presque tous les biens attachés au druïdisme. Les véritables druïdes, rentrés dans le petit royaume de Domnonée lors de l'expulsion des romains, recouvrèrent tout ce qu'il leur fut possible des anciens domaines originairement consacrés à l'entretien de leur culte. Enfin les moines, qui vinrent à leur tour remplacer les druïdes lors de l'introduction du christianisme, s'emparérent autant qu'ils purent de leurs établissemens, sous prétexte de combattre l'erreur dans les endroits où elle se trouvait le plus enracinée. Mais les normands vinrent, sur la fin du IX. siècle, et au commencement du X., ravager

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Saint-Salomon, autre roi domnonéen, mort assassiné au milieu du IX. siècle, étant fils de Rivallon, chef d'un parti soulevé en faveur du druïdisme, avait même encore été élevé dans les principes de cette religion, qu'il apostasia pour le christianisme, ainsi qu'il résulte de la lettre que lui adressa le pape, et qui est insérée dans le décret de Gratien III, Quæst.: hæc quippè, où l'on trouve: « Ortus enim est in vobis sol justitiæ, quod ipse Chris» tus est, et INFIDELITATIS TENEBRÆ DEFECERUNT ». C'était donc vraisemblablement les restes épars des anciens sectateurs du druïdisme, qu'avait cherché à rallier Eon de l'Etoile dans les environs de la forêt de Bré¬ çilien.

tout le pays, brûler les monastères et chasser les moines, qui furent obligés de se réfugier en Anjou, en Berri, en Bourgogne, etc., avec leurs trésors et les reliques de leurs saints chantant des litanies auxquelles ils avaient ajouté ce verset si connu, A furore normanorum libera nos, Domine. Lorsque le pays fut pacifié, les moines y rentrèrent successivement, à mesure qu'ils parvinrent à se faire restituer les biens dont ils avaient eu la possession et dont les différens seigneurs féodaux s'étaient emparés, après les avoir défendus contre les normands. Je crois que c'est la principale cause de cette multitude de fondations religieuses, qui se fit dans le XI. et le XII.° siècles.

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Selon la plus commune croyance, ce fut à la suite d'une dernière incursion des normands, en 969, que les alethiens, dégoûtés d'une ville où ils avaient sans cesse à craindre pour leurs richesses, leur liberté et leur vie, cherchèrent à s'établir dans un lieu plus sûr et plus à couvert du pillage des ennemis. Ce serait donc depuis cette époque seulement qu'aurait été bâtie la ville de Saint-Malo. Le terrain sur lequel on l'a construite se nommait anciennement źle d'Aron, comme nous l'avons dit; mais l'invasion de la mer au VIII.° siècle, en resserrant

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