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échevin, puis Maïeur de la ville de Seurre, sera, lui, le premier de sa famille, qualifié noble homme; François Ier, en considération de ses services dans l'échevinage, surtout dans l'office de Maïeur de Seurre, s'étant, selon toute apparence, porté à l'anoblir. De ce temps. seulement il conviendra, comme il semble, de dater l'humble noblesse des Bossuet, récompense de leur dévouement sans bornes aux intérêts de la cité; et ceux qui, dans l'histoire imprimée du duché de Bourgogne, trouvant mentionné parmi les jeunes gentilshommes de la maison de Philippe le Bon, comte de Charolais, en l'année 1407, un Perrin BossUET, le priront pour l'un des aïeux de l'évêque de Meaux, avaient eu tort d'en croire sur parole le bénédictin dom Plancher', trop prompt à lire, dans les Roles antiques du duché de

Seurre et poëte, né en 1520 à Seurre, mort à Tournus le 26 juin 1572, âgé de cinquante-deux ans, Familier avec la versification latine, il composa, en vers latins, plusieurs ouvrages, parmi lesquels il y en a de relatifs à la médecine et à l'histoire naturelle. Deux seulement ont été imprimés :

1o Celui intitulé: De arte medendi lib. XII, ex veterum et recentiorum medicorum sententià, omnibus medicinæ studiosis admodum utiles. Authore Francisco Boussucto, Surregiano, doctore medico; Lugduni, apud Matthiam Bonhomme, 1557, dédié au roi Henri II; in-8° de 287 pages.

2o Un Epitome du grand ouvrage de Guillaume Rondelet : De piscibus. François Bossuet y décrit sommairement, dans des Epigrammata ( avec figures gravées), les poissons dout a parlé Rondelet. It est intitulé : Francisci Bonssueti, Surregiani, D. M., de naturà aquatilium, carmen; Lugduni, apud Matthiam Bonhomme, 1558, in-4o, 135 p. Au 10o feuillet, verso, est le portrait de l'auteur, gravé sur bois. Au bas on lit: Franciscus Boussuetus. Les Bossuet s'appelèrent anciennement Boussuet. J'ai vu nombre d'actes qui en font foi. Sur les jetons que la ville de Dijon fit frapper en 1613, sous la mairie de Jacques Bossuet, aïeul de l'évêque de Meaux, ce nom fut encore écrit ainsi : Boussuct.

'Histoire du duché de Bourgogne, par dom Plancher, 1748 in-f", 1. III, pièces, fol. CCLV, 2e colonne; ordonnance de Jean, duc de Bourgogne, 27 mai 1407, pour le gouvernement de la maison du comte de Charolais, son fils.

Bourgogne, le grand nom de Bossuet, au lieu de celui de Bossuol, que tous, après un attentif examen des originaux déposés aux archives de cet ancien duché, à Dijon, y pourront lire distinctement, comme nous l'avons lu nous-même '.

Armoiries

Ce que dit Palliot de la roue comme signe

Les Bossuet, anoblis, avaient, conformément à l'usage, ou reçu du roi ou pris des armoiries, que long- des Bossuet. temps on put voir au frontispice de leur antique maison de Seurre; elles étaient d'azur, à trois roues d'or, posées héraldiques deur et une. Le docte Pierre Palliot, cet oracle en matière héraldique, parlant en 1661 de la roue comme pièce d'armoirie: « Elle est (dit-il) le hieroglyphe de la théologie, parce que, ainsi qu'elle touche par en bas la terre à fleur, et le reste élevé en haut, de même l'âme, conduite par la crainte de son Créateur, s'élève toujours au plus loin de la terre [ en sorte que] son mourement représente le théologien, dont l'office est de s'élever des choses basses et terriennes à la considération des hautes; puis descendre des choses divines aux humaines pour montrer comment elles sont liées et unies ensemble3. Passionné pour la Bourgogne, pour tout ce qui lui semblait propre à en illustrer l'histoire, Palliot, parlant ainsi en 1661, pensa-t-il à Jacques-Bénigne, l'insigne enfant de Dijon, prédicateur en renom dès cette époque, et dont un sermon, prononcé en 1656, à Dijon même, dans la sainte chapelle, avait laissé de profonds souve

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- Perrin BossUOT... tailleur et varlet de garde-robe... Etat de la maison de Mgr le comte de Charolois, à la suite des comptes des argentiers des dues de Bourgogne; compte particulier de Jean Sarrot (1407-1408). (Archives du duché de Bourgogne, à Dijon (Préfecture).

-

2 La vraye et parfaite science des armoiries, de Gelliot, augmentée de plus de six mille écussons, par Pierre Palliot, 1661 in-fo, p. 575-76, Lettre de M. Henri Baudot | à M. CI, Xavier Girault, déjà citée. 3 P. Palliot, à Fendroit eité,

nirs dans tout ce pays! Les Bossuet sont, quoi qu'il en soit, mentionnés par lui à la même page avec leurs armoiries (trois roues d'or sur champ d'azur), et, remarque l'auteur, <«< cette famille a donné quatre conseillers au parlement de Dijon '; un à celui de Metz (c'est Bénigne, le père de l'évêque de Meaux); enfin un receveur général des finances en Bourgogne » (c'est Antoine, l'un des frères de Jacques-Bénigne). Si bien renseigné sur tous les Bossuet, Palliot put-il ne l'être pas en ce qui touche le grand archidiacre de Metz? Ces armoiries, concédées aux Bossuet dans le seizième siècle, auraient donc à ce compte été, elles aussi, un pronostic en ce qui regarde Jacques-Bénigne ! Elles eurent, quoi qu'il en soit, l'origine la plus simple du monde; car Étienne Bossuet, reçu en 1460 bourgeois de Seurre, portant aussi, comme on l'a vu, le nom de Rouyer 2, de ce dernier nom apparemment étaient venues les trois roues d'or, qui, pour tout dire, furent des armes parlantes. Mais « le blason (Bossuet lui-même l'a remarqué quelque part), le blason étant moins que rien 3, » n'est-ce pas trop longuement avoir ici parlé du sien?

3

1 1o Jacques(aïeul du grand Bossuet) reçu le 1o avril 1579. 2o Claude, fils aîné du précédent, reçu le 11 août 1610. 3o Étienne, fils ainé de Claude, reçu le 15 décembre 1637. 4o Jacques, deuxième du nom, frère puiné d'Étienne, reçu le 11 mars 1642. (Le Parlement de Bourgongne, par P. Palliot, 1649, in-fo. )

2 Dans le Cartulaire de Seurre, déjà cité, on lit (fo XXV) ; « Année 1460, Jacquet Boussuct, alias Rouyer, est créé bourgois, IV fr.

D

3 Bossuet, Lettre à Mme d'Albert de Luynes, 30 septembre 1695, t. XXXIX, 374.

4 Les Bossuet, avant l'anoblissement, avaient eu une singulière devise, sorte de rébus, que l'on vit longtemps gravée dans leur antique maison de la place de l'Estaple, et jusque dans les églises de Seurre, à savoir : un cep de vigne très-rugueux, avec cette légende bon-bois-bossuet. M. Baudot

Bossuet, bisaïeul de

Jacques Be

nigne,

pere de

ct

vers 1540.

Le bisaïeul de l'évêque de Meaux, Antoine Bossuet, Antone ayant, vers le milieu du seizième siècle, quitté avec les siens la ville de Seurre pour se venir fixer à Dijon, y était, en 1543, devenu auditeur à la chambre des Comptes Jacques, se du duché de Bourgogne'. Jacques Bossuet, aïeul et parrain de Jacques-Bénigne, était l'aîné des fils d'Antoine. Connu de nous un peu déjà, ne convient-il pas que nous le connaissions mieux encore, et avec lui les autres grands parents de l'évèque de Meaux; que nous sachions de quels hommes avait été environné le berceau de Jacques-Bénigne, et quels sentiments avait pu puiser à une telle école cet enfant intelligent et plein de cœur?

Conduite des

Bossuet,

des Breta

gne, lors des

troubles de la Ligue.

Combien tous les Bossuet étaient dévoués à leurs rois, à leur pays, au devoir, leur conduite, lors des troubles des Mochet, de la Ligue, l'avait bien fait connaître. Devenu en 1573 gouverneur de la Bourgogne 2, le duc de Mayenne y avait dès longtemps toute l'autorité, dans la ville de Dijon surtout, qui, par son influence, fut des premières gagnées à l'Union 3. Venant donc les grands événements

a vu ce rébus sculpté sur une grande cheminée, aujourd'hui démolie, de la maison de Bossuet, à Seurre; il dessina alors cette cheminée et ses curieux accessoires. Lui-même, il m'a donné ces détails et un dessin du rébus. (Voir sa lettre, déja citée.)

Lettre de M. Henri Baudot, déjà citée.

Antoine Bossuet, nommé, en 1543, clerc-auditeur-extraordinaire à la chambre des comptes de Dijon, fut nommé auditeur ordinaire, par lettres du 23 août 1553. (Archives de Bourgogne, chambre des Comptes, Registre VII, fol. 14.) Il mourut avant le 6 février 1571, comme en fait foi l'acte de mariage d'Élisabeth, sa fille, en date dudit jour. Il avait epousé Jeanne Richard de Béligny.

Les provisions de gouverneur de Bourgogne pour le duc de Mayenne furent siguées le 17 mars 1573. (Traité de la chambre des Comptes de Dijon, par Hector Joly; Dijon, 1653, in-fol., p. 108. )

* Description générale et particulière du duché de Bourgogne, par Courtépée et Béguillet, 1775, t. I, 280; II, 69.

de 1589, la faction, bientôt, fut maîtresse ouvertement dans ces quartiers', son venin y ayant infecté tous les ordres, les échevins d'abord, les officiers de la cité, mais plus qu'eux tous le vicomte maïeur Jacques de La Verne. Il devait même à cause de cela être, au mépris de toutes les règles, maintenu six années durant dans cel office, où, avec un zèle infatigable, il servait la Ligue, dont il finit par être la victime, pour avoir, avec le temps, reconnu sa faute et voulu revenir au devoir2. Dans le parlement même, la plupart n'ayant pas su s'en défendre, Jacques Bossuet, commissaire aux requêtes, indigné d'une telle défection, avait des premiers fui la cité rebelle. Son beau-père, le vénérable Claude Bretagne, conseiller, son beau-frère, Antoine Bretagne fils de Claude), commissaire aux requêtes, avaient, comme lui, <«<les fleurs de lis gravées bien avant dans le cœur3. » Prompts, avec lui, à sortir de Dijon, aussitôt que dans cette ville la faction eut jeté le masque, abandonnant leurs

Palma Cayet, chronologie novenaire, année 1589.

* Palma Cayet, chronologie novenaire, année 1594. (Collection Petitot, 2o série, t. XLII, 371.) Description générale et particulière du duché de Bourgogne, par Courtépée et Béguillet, 1775, in-12, t. I, 281.

3 Mémoires de Guillaume de Saulx de Tavanes, collection Petitot, 1re série, t. XXXV, 330 et suiv.

4 Claude Bretagne, né à Dijon le 27 novembre 1523, reçu conseiller au parlement de Bourgogne le 18 juin 1555, mort le 16 août 1624. (Le Parlement de Bourgongne, par Pierre Palliot; Dijon, 1649 in-fol.) Il avait écrit sur la coutume de Bourgogne. (Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, par Papillon, article: Bretagne (Claude) t. I, 104.) Le 18 avril 1579, contrat de mariage entre noble homme Jacques Boussuet, commissaire aux requêtes du palais, à Dijon (fils d'Antoine Boussuet, en son vivant auditeur en la chambre des Comptes, à Dijon) et demoiselle Claude Bretagne, fille de noble Claude Bretaigne, docteur ès droits, conseiller au parlement de Bourgogne, et de demoiselle Denise Barjot.

5 Journal du règne de Henri III, par Pierre de l'Estoile, 21 janvier

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