Fuyons la solitude, empire des ennuis; Viens, suis-moi, Lycoris... Ah ciel! que dis-je encore? Quel nom m'échappe? Amour, en vain donc je t'abhorre! Dieu cruel! n'est-il plus d'asile sous les cieux Fuyez, portez ailleurs vos charmes superflus, Bergers, chasseurs, guerriers, vous ne me charmez plus; J'essuierois vos travaux et vos courses pénibles Dans ses sables brùlants j'irois cacher ma vie, Bornons ici nos airs; Muses, sortons des bois : Ils plairont à Gallus, si d'elle ils sont chéris; Retournons au bercail,c'est trop chanter à l'ombre: NOTES. Le poëte, sous des images pastorales, déplore l'opiniâtre passion de Gallus pour Cythéris, actrice fameuse du théâtre romain, qui avoit beaucoup d'esprit et de goût. Elle est ici appelée Lycoris, nom sous lequel Gallus l'avoit célébrée dans ses élégies. Pour ajuster son sujet au génie de l'églogue, Virgile fait un berger de son ami. Il feint que Gallus s'est retiré dans les bois de l'Arcadie, où les dieux tâchent en vain de lui faire oublier l'infidèle Cythéris. Aux antres du Lycée, attirés par tes pleurs... Montagne de l'Arcadie. LE SIÈCLE PASTORAL. IDYLLE. PRÉCIEUX jours dont fut ornée La jeunesse de l'univers, Par quelle triste destinée N'êtes-vous plus que dans nos vers? Votre douceur charmante et pure Telle qu'une tendre peinture La terre, aussi riche que belle, Tout l'univers étoit champêtre, Tous les hommes étoient bergers; Les noms de sujet et de maître Sous cette juste indépendance, Tous dans une même abondance Leurs toits étoient d'épais feuillages, Les dieux descendoient sur la terre, Que ne souilloient aucuns forfaits, Dieux moins connus par le tonnerre Que par d'équitables bienfaits. Vous n'étiez point dans ces années, Sophismes, erreurs, imposture, |