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foi et l'hommage de leurs vassaux, et qu'ils en gardoient les titres. De la tour du Louvre, détruite sous les derniers des Valois, relevoient les grands vassaux de la couronne.

1137-40.

Ces mouvemens furent apparemment Modération peu inquiétans, puisque le jeune roi de Louis. ne jugea pas à propos de prendre comme ses ancêtres, la précaution de se faire sacrer de nouveau. Il montra beaucoup de modération dans une af faire que suscita la prétention de la reine Eléonore sur le comté de Toulouse, comme petite fille de Philippine, frustrée de la succession de son père, par la vente que celui-ci avoit faite de son duché à Raymond de Saintfrère, son si renommé dans la première croisade. Du poids de sa puissance Louis auroit pu écraser le -petit-fils de Raymond qui en jouissoit au préjudice de son épouse; mais il eutla complaisance de se prêter au desir de plusieurs grands de sa cour, qui sollicitoient pour le possesseur, et il se contenta de l'hommage.

Gilles

Une autre affaire, entre prise aussi Incendie de par considération pour Eléonore, causa

son époux un repentir bien amer. Raoul, comte de Vermandois, cousin du roi, ayant fait divorce, comme il

Vitry.

1.41.

1141

n'arrivoit que trop fréquemment dans ce temps, Louis trouva bon qu'il épousât la princesse Pétronille, sœur puînée de sa femme.Thibault 11, comte de Champagne, qui étoit oncle de l'épouse répudiée, appela au pape de la sentence de divorce qu'il prétendoit mal fondée. Il vint un légat qui la cassa, réprimanda les évêques qui l'avoient prononcée, menaça d'excommunication Raoul et la belle-sœur du roi, si elle ne quittoit son mari, et signifia à Louis qu'il mettroit le royaume en interdit s'il continuoit de protéger les coupables.

La menace eut son effet, parce que le roi tint bon. En vengeance des troubles que l'interdit causoit dans ses états, le monarque entra avec des forces considérables sur les terres du comte de Champagne, et les ravagea cruellement. Le comte, trop foible, demanda grâce et l'obtint, à condition qu'il travailleroit auprès du pape pour faire lever l'excommunication. Louis, dans cette confiance congédie son armée, mais elle n'est pas plutôt séparée, que le pape lance de nouveau ses foudres. Le roi soupçonne de la collusion de la part du comte de Champagne, rentre sur ses terres le fer d'une main

et le flambeau de l'autre, met à feu et à sang ce malheureux pays, assiège la ville de Vitry en Perthois, la prend d'assaut, et dans le transport de la colère que lui cause une trop longue résistance, il fait mettre le feu à l'église où s'étoient réfugiés trois mille cinq cents habitans. Ils y périrent tous. Le moment de la fureur passé, Louis, naturellement bon, voit toute l'énormité de son crime; il en est pénétré de douleur. De ce moment, dit-on, il s'interdit tous les amusemens et tous les plaisirs. On ajoute que dans les premiers jours qui suivirent cette catastrophe, il en oublioit les affaires, et que souvent on l'a surpris fondant en larmes au souvenir de la déplorable suite d'un instant de vivacité non réprimée.

1141.

la seconde

Dans cette disposition d'esprit, il Motifs de ne fut pas difficile d'obtenir du mo- croisade: narque le consentement à toutes les 1142-44. mesures qui pouvoient contribuer à terminer cette malheureuse affaire du divorce, dont on ignore l'issue. Il fut aisé de lui persuader que, pour réparation d'un si affreux abus de la force, il falloit une action de grand éclat, et très-utile à la religion. Les croisades, dont on s'occupoit beauTom. III.

E

1142-44. coup, paroissoient réunir ces deux caractères. Les papes n'avoient cessé d'en entretenir la ferveur, par des prédicateurs distribués dans toute l'Europe. Leur principal organe en France étoit saint Bernard, réformateur de l'ordre de Cluni, fondateur et abbé de Clairvaux. Sa naissance et l'austérité de ses mœurs lui donnoient un grand crédit à la cour où ses parens tenoient un rang distingué. Son éloquence étoit à la fois convaincante et insinuante. La douce persuasion couloit de ses lèvres.

1144-45.

Outre les motifs religieux qui avoient fait entreprendre la première croisade, il se trouvoit pour celle-ci des raisons qu'on ne pèse pas assez lorsqu'on la blâme. La première avoit formé en Asie des royaumes et des principautés : les possesseurs et titulaires de ces états étoient parens, assez proches des seigueurs français, et presque tous puînés de familles illustres. Comme cadets favorisés de la fortune, ils peu étoient allés former en Asie des établissemens qui leur manquoient dans leur patrie. Environnés d'Arabes, nommés Sarrasins, anciens propriétaires, les nouveaux étoient dans un état de guerre perpétuelle. Harcelés. par des hordes sans cesse renaissantes

affoiblis même par leurs victoires, ils tendoient leurs mains suppliantes vers l'Europe, demandoient aide et protection, prioient sollicitoient. Le comté d'Edesse venoit de leur échapper par l'indolence d'un Courtenay, lâche de Joscelin, son père,

successeur

qui indigné de la pusillanimité de son fils, lors des premières attaques de Noradin, s'étoit fait porter mourant sur le champ de bataille, et dont les dérniers regards avoient vu fuir les Sarrasins. Sans doute il auroit été à désirer que les princes de l'Europe n'eussent pas provoqué et favorisé dans le principe ces établissemens asiatiques; mais la faute étoit faite. Convenoit-il de laisser périr sans secours, des guerriers valeureux, auxquels on étoit attaché les liens du sang, et par la profession d'une même religion, les plus chers intérêts qui ont coutume de déterminer des hommes.

par

1144-45.

Parlement

On ne peut guère douter que ces considérations n'aient influé sur la ré- de Vézelay. solution que prirent les seigneurs 1146. français de se rendre à l'assemblée que le roi convoqua à Vézelai en Bourgogne, pour y traiter cette affaire. C'est la première qu'on a nomméc parlement. Ils s'y trouvèrent, avec

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