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REG

MONACENSIS.

Al valen et onrat En F. Guessart, de part Paul Meyer, lo sieu disciple, salutz corals et en totas res obezir.

Bel senher maestre, pois de la vostra honor m'avetz tal fieu donat qu'ieu melhor non quier, so es la conoissensa del parlar proensal, ben es dreitz e razos qu'ieu vos en renda las merces eus en fassa bon servizi, si com hom deu far a son leial senhor. E per so car plus cortes messatge nous poiria mandar, vos ai tramesa Na Flamenca, que ben es tals que gen vos sabra proferre lo mieu homenatge. Araus prec, bel senher, quel vuelhatz grazir e la messatgeira acuelhir, per amor celhui que vos es totz aclis.

Facha a Paris el mes de mai M DCCC LXV.

1

INTRODUCTION

I

Raynouard est le premier qui ait fait connaître par une analyse et des extraits le poëme dont je publie la première édition. L'unique manuscrit qui nous l'a conservé ayant perdu ses premiers et ses derniers feuillets, il n'y avait point à compter sur l'incipit ni sur l'explicit pour fournir un titre à l'ouvrage. Il a donc fallu l'imaginer. Raynouard a choisi Roman de Flamenca » du nom de l'héroïne,

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comme il aurait pu dire «Roman de Guillaume de Nevers », puisque tel est le nom du héros. J'adopte le titre consacré.

Ce roman occupe dans la littérature provençale une place à part. Il n'a rien de commun avec les vieilles traditions carlovingiennes ou bretonnes; le sujet n'en est pas emprunté aux légendes que l'antiquité a transmises au moyen-âge; et on ne saurait non plus y voir un de ces récits populaires que l'on retrouve presque en chaque littérature, et dont le caractère impersonnel empêche de démêler l'origine. Flamenca est la création d'un homme d'esprit qui a voulu faire une œuvre agréable où füt représentée dans ce qu'elle avait de plus brillant la vie des cours au XIe siècle. C'était un roman de mœurs contemporaines.

Archambaut, seigneur de Bourbon, a obtenu la main de Flamenca, fille du comte Gui de Nemours; les noces sont célébrées avec magnificence, et le nouvel époux, ne voulant pas être en reste de libéralité, revient seul à Bourbon afin d'y ordonner une fête dont l'éclat dépassera toutes celles qu'on a vues jusqu'à ce jour. Ses préparatifs terminés, il fait annoncer sa cour; il y invite le roi de France et le prie de lui amener Flamenca restée à Nemours.

La fête est splendide. Cependant un incident futile vient troubler ponr longtemps le bonheur d'Archambaut. Le roi s'était avisé, on ne sait pourquoi, de fixer au bout de sa lance une manche de femme. La reine s'en aperçoit; irritée, elle fait appeler Archambaut, et lui laisse entendre que ce gage d'amour pourrait bien venir de Flamenca. Archambaut se défend d'en rien croire, toutefois, il quitte la reine plus affecté qu'il ne veut en avoir l'air. Certains faits qu'en une autre situation d'esprit il n'eût pas remarqués, certaines galanteries du roi à l'égard de Flamenca viennent augmenter ses soupçons; cependant il se contient jusqu'au départ de ses hôtes, mais alors il éclate en reproches insensés contre sa femme, il se croit trompé, il accuse le roi. Désormais, un seul moyen peut assurer sa sécurité, c'est de tenir sa femme renfermée dans une tour. L'infortunée vécut ainsi deux ans, ne sortant que pour aller à l'église, les dimanches et jours de fêtes, ayant constamment à supporter la mauvaise humeur de son mari.

En ce temps vivait en Bourgogne un jeune chevalier dont le poète nous trace le plus séduisant portrait; il était jeune, si jeune qu'il grandissait encore, et déjà la

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