Images de page
PDF
ePub

introduire une nouvelle bigarrure dans l'Orthographe. Un mot ne doit pas être écrit différemment d'un autre qui a la même terminaison, parce qu'il a plus ou moins de fyllabes. Cette variété eft trop contraire aux principes de l'analogie.

[ocr errors]

Il feroit bien plus fimple & plus raifonnable de ramener tous les pluriels à une loi uniforme, en les formant par la feule addition d'une S & par conféquent en confervant le t dans les pluriels de tous les noms en ant & ent. M. Reftaut en a donné de bonnes raisons, & il y a conformé fon Orthographe dans fa Grammaire. M. l'Abbé Girard a penfé comme lui dans fes vrais Principes de la Langue Françoife; mais il a refpecté un ufage qu'il regardoit comme le plus général, & il n'a ofé s'en écarter. Cependant il y a encore plufieurs bons Écrivains, & entr'autres le favant & pieux Auteur de l'Abregé de l'Hiftoire de l'Ancien Teftament, qui ne fe font pas laiffé entraîner au torrent de cet ufage, & qui continuent de laiffer le t avec l's des pluriels des noms en ant & ent. C'eft ainfi que l'Académie les écrivoit dans la précedente Édition de fon Dictionnaire, & il lui en a encore échappé plufieurs dans la nouvelle. Tous ces motifs & ces exemples nous déterminent à adopter cette Orthographe & à écrire les pluriels de tous les noms en ant & ent avec un t & une s dans cette Édition.

Les mots Latins qui ont été Francisés comme Opéra, impromptu, trema, récépiffé, Factum, & femblables, n'ont point encore de pluriel certain, les uns les écrivant avec unes, les autres fans s. Ainfi j'attends qu'il plaife à l'ufage de ftatuer fur ce qu'on doit fuivre.

DES NOMS DE NOMBRE S.

[ocr errors]

une,

Les noms de nombres font indéclinables & de tout genre, excepté le premier, car on dit un les uns les unes. Il y en a cependant qui écrivent cens au pluriel. Pour moi je crois qu'on ne doit écrire cens avec une s, fans t, que dans la fignification du mot Latin cenfus. Lorsqu'il ne s'agit que d'une centaine, il me femble que l'on doit écrire cent; mais quand il s'agit de plufieurs centaines, il faut écrire cents: Exemp. cent hommes, cent pistoles; deux cents hommes trois cents écus: La prononciation en devient plus douce & plus agréable à l'oreille, quand ce nom de nombre se rencontre immédiatement devant une voyelle ou une h fans afpiration. J'ajouterai même que les regles fondamentales de

POrthographe l'exigent, puifque ce mot étant multiplié par lui-même, il convient de l'écrire avec la lettre caractéristique du pluriel, ainfi que tous les autres noms. Mais je foutiens avec Danet, M. Reftaut, & plufieurs autres Savants, qu'en fait de date cent eft indéclinable.

que

Pour ce qui eft du mot mille, il eft conftant qu'il eft pareillement indéclinable, & qu'on doit écrire deux mille hommes, trois mille livres, à quatre mille lieues, cinq mille ans, & femblables. La raifon ne s'oppoferoit pas à ce que mille s'écrivit avec une s en certains cas auffi-bien " cent; mais l'ufage général ne le permet pas. Quelle bizarrerie! A l'égard des dates on doit écrire mil avec trois lettres, & cent fans s. Exemples, l'an mil fept cent, en mil fix cent, au mois de Mai mil quatre cent, & ainfi des autrés dates. M. Reftaut écrit avec l'Académie foixante & dix & en quelques occafions quatre vingts. Voyez ma Remarque fur le mot vingt.

[ocr errors]

DES MOTS TERMINÉS EN ion.

[ocr errors]

Les mots en tion & fion ont un fon fi uniforme, qu'il faut néceffairement avoir recours aux Latins dont ils font dérivés, pour ne pas écrire avec une s ceux qui doivent l'être avec un t. Ainfi pour bien écrire extenfion, & femblables, il est néceffaire de favoir que ce mot vient du fupin extenfum; & qu'au contraire intention doit être écrit avec un t, parce que ce mot vient d'intentum. Il en eft de même des mots terminés en tion & en xion dans l'Orthographe defquels on pourroit fe tromper, fi l'on n'avoit pas recours aux Latins dont ils tirent leur origine. C'est pourquoi il faut favoir que diction vient de dictum, & réflexion de reflexum, pour ne pas confondre le & avec l'x

DES ADJECTIF S.

[ocr errors]
[ocr errors]

C. Les mots terminés au mafculin par un c, forment leur féminin en ajoutant he après cette finale. Exemp. franc, blanc, font franche blanche. Il ne faut excepter de cette regle que public, Turc, caduc qui veulent au féminin publique, Turque, caduque. Dans les précédentes Éditions de cet Ouvrage, nous avions auffi excepté Grec, & nous écrivions au féminin, Gréque; mais l'Académie Françoise le Dictionnaire de Trevoux, MM. de Port-Royal, & tous

[ocr errors]

les bons Auteurs écrivent au féminin Grecque, & non pas

Gréque.

D. Ceux qui font terminés en d., prennent un e après cette finale. Exemp. Grand, froid, laid, fécond, profond lourd, fourd, gaillard, &c. au féminin font, grande, froide, laide, féconde, profonde, lourde, fourde, gaillarde, & ainfi les autres. On ne doit excepter que ces deux mots nud & crud, qui au féminin font nue & crue.

E. Les terminés en é Aigu, prennent au féminin un e fimple après la finale du mafculin. Exemp. courbé, effacé, gardé, créé, étouffé, changé, bouché, roulé, aimé, né, frappé ciré, aife, vanté, trouvé, annexé, & généralement tous les participes paffifs des verbes de la premiere conjugaison ajoutent un e muet après la finale du mafculin pour en former le féminin. Exemp. courbé fait courbée; effacé, effacée; &c.

Ceux qui font terminés par un e fimple, ne reçoivent aucun changement; car on écrit aimable, ferme, maigre, rouge, & femblables au mafculin comme au féminin.

[ocr errors]

Ceux en f, changent cette lettre en ve au féminin. Exemp. neuf, veuf, vif, Juif, pofitif, actif, oifif, captif, femblables, font au féminin, neuve, veuve, vive, Juive pofitive, active, oifive, captive, &c.

Il eft vrai qu'autrefois on laiffoit la lettre fau féminin & qu'on écrivoit neufve, veufve, & femblables; mais ce n'eft plus l'usage, on la retranche à présent de tous ces fémünins.

[ocr errors]

G. Ceux en g, veulent gue au féminin. Exemp. long, longue. I. Ceux en i forment leur féminin en ajoutant un e après la finale du mafculin. Exemp. ami, bouffi, cueilli, fleuri gu éri, hardi, & femblables, au féminin font, amie, bouffie, cu sillie, fleurie, guérie, hardie, &c.

[ocr errors]

L. Il faut obferver que les mots terminés en al & en il prennent fimplement un e après cette finale pour former leurs féminins. Ainfi égal fait égale; fubtil, fubtile; & de même tous leurs femblables. Mais ceux qui font terminés en el ou en eil, doublent la finale du mafculin, avant que d'y ajouter une pour en faire le féminin. Exemp. naturel, naturelle ; par eil, pareille ; & ainfi des autres.

Quelques-uns croient que c'eft cette raifon qui a fait écrire Ch. incellerie, chandelle, Chapelle, Châtellenie, & plufieurs aut res avec deux, quoique l'ufage veuille qu'on écrive avec une feule, Chancelier chandelier, Chapelain, Châte

lain

[ocr errors]

lain, &c. Mais fi l'on y apporte toute l'attention nécessaire, on trouvera la raifon de cette Orthographe dans la prononciation que l'on a eu deffein de marquer en écrivant ces mots avec deux ll.

A l'égard des mots en ol, comme fol & mol, qui font aujourd'hui d'un rare ufage, il faut en doubler la finale du mafculin avant que d'y ajouter un e pour en faire le féminin. Ainfi mol & fol font molle, folle. Il en eft de même de ceux en ul, comme nul, qui veut nulle au féminin. C'est le sentiment des Savants, entr'autres de M. Restaut.

N. Les mots terminés en ain, ein, in & un, comme certain, plein, enclin, & brun, au féminin ajoutent un e après la finale du masculin; ainfi on doit écrire, certaine, pleine encline, & brune au féminin. Il faut cependant remarquer qu'il y a des mafculins en in, qui au féminin font igne, comme malin & benin, qui font maligne, benigne.

Mais ceux en ien & en on doublent la finale du mafcuJin; ainfi ancien fait ancienne; mien, mienne; bon, bonne ; & ainfi les autres. Cette regle eft générale chez les meilleurs Auteurs.

A l'égard des noms terminés en an, ils font dans leurs dérivés écrits avec beaucoup de variation. Les uns doublent la finale dans le féminin, comme paysanne, qu'on trouve par-tout avec deux nn: au contraire courtisane n'en a fouvent qu'une. La regle générale eft d'écrire tous ces mots avec deux nn, à caufe que la pénultieme n eft breve; car une des regles les plus fûres de notre Langue, & qui lui est propre, c'eft de doubler une confonne quand on veut rendre une fyllabe breve. Couronne, perfonne, & un trèsgrand nombre d'autres mots, en font la preuve.

[ocr errors]
[ocr errors]

R. Les mafculins en r, forment leur féminin en ajoutant un e après la finale du masculin. Exemp. groffier, groffere; dur dure; léger, légere; & femblables. Ceux en eur varient; car trompeur fait trompeufe; acteur, actrice; vengeur, venger effe; & ainfi quelques-autres qu'on trouvera dans leur ordre alphabétique.

S. Les noms terminés en s, fuivent la même regle. Exemp. ras fait rafe; gris, grife; mauvais, mauvaise; acquis, acquife, clos, clofe; inclus, inclufe; & femblables.

De cette regle on ne doit excepter que les mots fuivants, gras, bas, las, épais, & gros, qui font au féminin, graffe, baffe, laffe, épaiffe, & groffe. Frais veut fraiche; & abfous, abfoute.

T. Ceux qui font terminés en t au mafculin, forment leur féminin en y ajoutant un e après la finale du masculin. Exemp. délicat fait délicate; plat, plate; favant, favante; faint fainte; teint, teinte; innocent innocente; fubit, fubite; maudit, maudite; dévot, dévote; fufpect, fufpecte; & femblables.

[ocr errors]

y

Il faut cependant excepter de cette regle les mots terminés en et, dont le plus grand nombre double au féminin la finale du mafculin, avant que d'y ajouter un e; comme les mots ci-deffus en el, en eil, en en, & en ón. Exemp. muet fait muette; fujet, fujette; & ainfi des autres. Cette regle est prefque généralement reçue, & notamment par M. Reftaut. U. Ceux en u , prennent un e par augmentation, & mettent deux points ou un Trema, e, lorfque cet Adjectif féminin pourroit être confondu, quant à la prononciation de la derniere fyllabe, avec quelqu'autre mot; c'est-à-dire, que cet ë Trema n'eft néceffaire que dans les Adjectifs féminins terminés en gue, comme ambiguë, &c. La même regle doit être obfervée dans les noms Subftantifs féminins dont l'ë n'eft pas muet, comme ciguë, &c. On fent aflez combien eft différente la prononciation de la fyllabe finale dans figue rogue, &c. A l'égard des autres noms féminins terminés en l'e final n'exige pas ces deux points, parce que la prononciation n'en peut être confondue avec aucune autre fyllabe finale. Il faut donc écrite, grenue de grenu; menue de menu; mouffue de mouffu; branchue de branchu ; entendue d'entendu; venue de venu; &c.

[ocr errors]
[ocr errors]

X. Enfin les mafculins qui font terminés en x, changent cette finale en fe au féminin. Exemp. hideux fait hideufe; orageux, orageufe; fâcheux, fâcheufe; & ainfi les autres, dont on ne doit excepter que faux, doux, & roux, qui au féminin font, fauffe, douce, rouffe.

Ces Remarques fur les Terminaifons des Adjectifs font pour la plupart tirées de l'Officina Latinitatis.

DES ADVERBES.

La plupart des adverbes terminés en ment, fe forment fur l'Adjectif féminin dont ils font dérivés, en y ajoutant la fyllabe ment: c'eft pourquoi ils doublent la finale du mafculin dans les mots où le féminin la double, & l'ont fimple dans ceux où les féminins l'ont fimple. En voici des exemples fur toutes les finales.

« PrécédentContinuer »