Images de page
PDF
ePub
[graphic]
[ocr errors]

Sur les noms et les titres que les Anciens donnaient à leurs comédies et aux différents personnages mis en scène.

[ocr errors]

S1

Si la collection que nous offrons au public n'était faite

que pour ceux qui possèdent de riches bibliothèques, ou qui sont à portée de consulter les bibliothèques de la capitale ou des grandes villes, nous nous serions dispensés d'un travail qui leur deviendrait inutile, sous le double rapport de leurs propres ressources et de l'étendue et la variété de leurs connaissances. Notre motif. n'est point de faire ici parade d'ébullition; mais de Pẻ-mettre succinctement sous les yeux de ceux qui voudront lire avec fruit le Théâtre complet des Latins, les renseignements les plus propres à aplanir les difficultés que l'on rencontre à chaque pas dans l'étude des poètes dramatiques de l'antiquité. Nous avons donc cru devoir réunir sous le titre de Dissertations les plus précieux matériaux, afin d'épargner des recherches aux lecteurs Le choix de MM. Duval et le mien tomberont sur les objets les plus intéressants, ou que j'aurais simplement effleurés dans les notes ; tels sont ceux qui font la matière de cette Dissertation.

D'abord, voyons par quels noms on indiquait les différents genres de comédies.

Certaines satires assez semblables à celles des Grecs, non-seulement par le choix des sujets, mais encore par les caractères des acteurs, des danses et de la musique, furent appelées atellanes, d'Atella, ville du pays des Osques, ancien peuple du Latium où elles avaient pris naissance. Cicéron, dans la 16e lettre du livre IX des Épîtres familières, nous apprend que le genre des atellanes fut d'abord sérieux, mais que, de son temps, ce n'étaient plus que des farces ridicules. C'est peut-être la raison pour laquelle plusieurs auteurs n'ont établi aucune distinction entre les mimes et les atellanes, dont le style et les pen sées étaient beaucoup moins obscènes, et ne l'étaient même pas du tout dans l'origine. Cependant, c'est plutôt sous le rapport des pensées que sous celui de la diction, que Donat parle avantageusement des atellanes, composées dans le langage grossier et peu épuré du pays des Osques (1.). Les mimes étaient joués par un seul acteur les atollanes l'étaient par plusieurs.

Les atellanes étaient jouées par des personnes libres, et les mimes et les autres pièces par des esclaves, des affranchis ou des étrangers, disent encore Tite-Live, et Valère Maxime. Ordinairement les atellanes étaient gaies, mais elles n'excluaient pas tout sujet noble ou sérieux. Quelquefois c'était une pastorale héroïque, quelquefois même un mélange bizarre de tragique et de comique. On nommait les acteurs atellans ou exodiaires,

(1) Voy. Tite-Live, lib. VII, c. 2; et Valer. Max, lib. II, c. 3, § 4.

parce que, dit un ancien scholiaste de Juvénal, ces acteurs n'entraient qu'à la fin des jeux, afin que les larmes et la tristesse que causaient les passions dans la tragédie, fussent tempérées par les ris et la joie qu'inspiraient les atellanes, connues aussi sous le titre d'exodiae, c'est-àdire, issue, fin du spectacle. Horace se plaint de voir subsister ce genre de poëmes, quand il dit :

Manserunt, hodieque manent vestigia ruris.

Cependant on continua de les jouer pendant plus d'un siècle après la mort de ce poète, et Suétone leur donne plus de cinq cent cinquante ans de durée.

Leur personnage principal était le Manducus (1), nom que les Romains donnaient à certaines figures hideuses qu'ils présentaient sur la scène pour faire rire les uns, et pour épouvanter les autres. Ce Manducus avait un masque énorme, une bouche horriblement ouverte, des dents longues et pointues qui produisaient un bruit épouvan➡ table lorsque l'acteur les appuyait, les unes contre les autres. Les femmes menaçaient les enfants du Manducus quand ils n'étaient pas dociles.

Tandemque redit ad pulpita notum

Exodium, cum personae pallentis hiatum

In gremio matris formidat rusticus infans.

(Juvénal, sat. III. v. 174.)

Plaute fait dire à un de ses acteurs, dans le Rudens, acte II, scène 6, v. 51, qu'il 51, qu'il ne lui manque rien pour faire le personnage de Manducus.

(1) Manducus, chez les Grecs μορμολυκεῖον, προςωπεῖον, ἐπέροβον.

Dans la suite, les atellanes devinrent si libres qu'elles furent reléguées à Atella d'où elles étaient sorties, et les habitants de cette ville les continuèrent avec tant d'indécence que le sénat fut obligé d'en interdire les représentations.

Sous la dénomination de mimes, il faut comprendre et les pièces de ce genre, et les acteurs et les actrices qui les représentaient. On attribue l'invention des mimes à Sophron de Syracuse, dont Platon parle avec éloges, et à Philistion de Nicée, contemporain de Socrate.

Le mime était une imitation de choses et de personnes viles. Ce mot signifie également l'imitation d'un discours quelconque, d'un mouvement indécent, d'actions honteuses, et quelquefois de personnes illustres, dont un acteur imitait: les gestes, le maintien ou les ridicules, en entremêlant à des louanges et à des éloges, des plaisanteries fades obscènes et de mauvais goût. Cette espèce de farce ne se donnait ordinairement que dans les entr'actes d'une tragédie ou d'une comédie régulière. Point de conduite, point de vraisemblance, point de dénouement dans ces sortes de pièces. Pour se tirer d'embarras, dit l'auteur du Dictionnaire des auteurs classiques, lorsque les préparatifs d'une nouvelle déco ration étaient faits, l'un des mimes prenait la fuite, les autres le poursuivaient, la symphonie se faisait entendre, et le grand spectacle recommençait.

Je ne dirai rien des dicélies, scènes représentées dans les orgies, plus licencieuses encore que les atellanes.

« PrécédentContinuer »