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BOSSUETINES

LETTRES SUR BOSSUET

ADRESSEES A UN HOMME D'ÉTAT

PAR M. POUJOULAT

ནང

PARIS

AUGUSTE VATON, LIBRAIRE ÉDITEUR,

RUE DU BAC, 50.

L'auteur se réserve le droit de propriété et de traduction de cet ouvrage dans les États etran-
gers, conformément aux conventions conclues entre la France et ces Etats, pour la garantie de
la propriété littéraire. Toutes les formalités prescrites a cet effet ont elé remplies.

1854

210.b.85.

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AVANT-PROPOS

Les lettres dont se compose ce volume ont été adressées à un noble étranger qui occupe en Europe une position considérable, et qui aime la littérature française et surtout les génies de notre XVII siècle. Le commerce des intelligences ne s'arrête pas aux frontières des États; il y a pour les idées une république universelle où l'on ne connaît plus ni diversité de peuples ni diversité d'intérêts, et qui se gouverne uniquement par la vérité, le savoir et le bon goût. Ces relations des esprits, malgré la longueur des distances et les différences de patrie, ne sont pas une des moindres merveilles de la civilisation; la France, avec sa langue européenne, se plaît dans les libres échanges d'idées et de jugements. Au XVIIIe siècle, ces expan

sions ont profité à l'empire du mal; elles aideront au bien dans le temps présent, car le mouvement de notre âge est un noble effort de reconstruction. Le public n'était entré pour rien dans l'idée première de ces lettres sur Bossuet; elles répondaient à la curiosité bienveillante d'un esprit élevé ; l'étendue qu'elles ont prise a été l'œuvre même du sujet; les grandes études ont d'irrésistibles entraînements, et quand l'amitié elle-même y a sa part, comment chercher à s'y dérober? L'auteur ne s'attendait pas à voir ces Bossuetines, comme on les a appelées, sortir sitôt de la paisible obscurité du portefeuille; on lui a répété de près et de loin que beaucoup de gens se trouvaient à l'égard de Bossuet dans la même situation que l'homme distingué à qui les lettres sont adressées, et que leur publication pouvait être de quelque utilité à d'autres. Si un peu de bien doit naître de la lecture de ces pages accumulées dans l'espace de quinze mois, je n'ai pas le droit d'en différer d'un seul jour l'impression.

Cet ouvrage (il faut bien lui donner ce nom, puisque ces lettres sont devenues quelque chose comme un

livre), cet ouvrage, dis-je, n'est pas une histoire du grand évêque de Meaux; M. de Beausset l'a écrite ; il y aurait place encore pour la patiente et habile érudition, éprise des détails; mais la tâche que je me suis proposée n'a été en aucune manière celle d'historien ou de biographe. Je n'ai pas songé à suivre une vie; j'ai voulu faire connaître un génie, une âme, un caractère; je me suis efforcé de rendre Bossuet familier à un homme du monde, non pas le Bossuet de telle œuvre ou de telle question, mais Bossuet tout entier. Les gens les moins studieux ont lu quelque chose de ce grand homme, mais je doute qu'il se trouve en France et en Europe vingt personnes qui l'aient tout lu. On lui donne une place d'honneur dans la bibliothèque, on l'ouvre à certains endroits, on le consulte, on relit des pages qui ne lassent pas l'admiration; on ne va ni en deçà ni au delà; certaines limites ne sont pas franchies, certaines habitudes l'emportent. Un culte est voué à ce vaste génie; il a suffi du Discours sur l'histoire universelle, des Oraisons funèbres ou de toute autre production pour allumer au cœur le feu de l'enthousiasme; on hésite devant le reste,

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