cipitation. Il était donc devenu nécessaire, avec les progrès que la critique orientale a faits dans ces derniers temps, de soumettre la relation elle-même à un nouvel examen. Le point par lequel il fallait commencer était la publication du texte arabe. Le manuscrit de la Bibliothèque royale est unique; il manque un certain nombre de feuillets à la relation; la copie, quoique en général d'une écriture nette, offre de l'incertitude dans plusieurs endroits: on y trouve, d'ailleurs, des expressions qui peuvent fournir matière à difficultés. En 1811, feu M. Langlès fit imprimer l'édition qu'on voit ici, et inséra à la suite le morceau qui, dans le manuscrit, est placé immédiatement après, à savoir le tableau d'une partie des forteresses de la Syrie et de la Mésopotamie, au x11° siècle de notre ère. Mais, bien que M. Langlès ne soit mort qu'en 1824, il ne s'occupa pas de revoir l'édition, ni de l'accompagner d'une préface ou d'un avis quelconque, et l'édition a. est restée jusqu'à présent dans les maga- Il est à croire que si M. Langlès laissa 1 M. Langlès annonce, dans la préface qu'il a arabe, je n'osai pas me charger de la tâche qui m'était offerte. Je reconnus qu'il y avait une révision utile à faire; en même temps je fus effrayé des difficultés qui se présentaient. Depuis cette époque, je me suis beaucoup occupé de la géographie orientale. Une foule de questions, qui autrefois me paraissaient insolubles, se sont successivement éclaircies pour moi. Je me suis alors proposé moi-même à M. Lebrun, directeur de l'Imprimerie royale, pour la tâche à laquelle je m'étais jadis refusé; et M. Lebrun, dont tout le monde connaît le zèle éclairé, a bien voulu agréer ma proposition. J'ai commencé par revoir avec soin le texte imprimé, et l'on trouvera, à la suite des notes de la traduction, les remarques auxquelles l'examen du manuscrit a donné lieu. Ensuite, je me suis occupé de contrôler et de compléter ce qui semblait inexact dans le manuscrit ou ce qui y manquait, à l'aide d'autres ouvrages où il est traité de matières analogues. Dès l'année 1764, Deguignes annonça que Massoudi, célèbre écrivain arabe de la première moitié du xo siècle de notre ère, avait, dans son ouvrage intitulé Moroudj-al-dzcheb, ou Prairies d'or, reproduit, quelquefois dans les mêmes termes, une partie de ce qui est dit dans cette relation. Je me suis empressé de lire ou plutôt de relire toute la première partie du traité de Massoudi, en relevant successivement les morceaux qui touchaient de près ou de loin au sujet en question. Ce travail de comparaison m'a mis en état d'éclaircir et de compléter plusieurs passages qui, sans cela, auraient été incompréhensibles. Il existe un autre ouvrage de Massoudi où j'avais remarqué plusieurs faits qui se trouvent aussi dans la présente relation. Cet ouvrage est intitulé, dans la plupart des manuscrits, Ketab-al-adjayb, ou Livre des merveilles 1. On y remarque une 1 On en trouve, à la Bibliothèque royale, plusieurs exemplaires, mais avec des titres différents. Le n° 901, ancien fonds arabe, lequel suite de récits sur les différentes parties dont se compose l'univers et sur la manière nous offre une copie ancienne et belle, porte le titre de Ketab-mokhtasser-al-adjayb, ou Abrégé du livre des merveilles. Dans le n° 517 du supplément arabe, le même ouvrage, copie également belle et ancienne, est intitulé: Akhbaral-zeman-oua-garayb-al-bahr-oual-omran, c'est-àdire, Histoires du temps et singularités de la mer et du monde habité; ce titre distingue suffisamment le traité en question du grand ouvrage historique de Massoudi, intitulé Akhbaral-zeman, ouvrage qui ne nous est point parvenu, mais sur lequel on peut consulter le Dictionnaire bibliographique de Hadji-Khalfa, édition de M. Flügel, tom. Ier, pag. 186. Enfin, dans l'ancien fonds arabe, n° 955, le Ketab-aladjayb est attribué à Cazouyny, si connu par son Traité d'histoire naturelle. Édrisi, dont l'autorité est grande en ces matières, cite dans sa préface, parmi les sources où il a puisé, le Ketab-al-adjayb de Massoudi, et j'ai retrouvé, dans les n° 901 de l'ancien fonds et 517 du supplément, un grand nombre de passages rapportés par Edrisi. Mais, d'un autre côté, Edrisi (tom. Ier de la traduction française |