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donc indispensable de réparer cette perte sensible. La Société a pensé que le moyen d'y parvenir était d'avoir recours aux généreuses dispositions de MM. Ternaux et Hennet, qui ont accordé gratuitement à quelques départements de l'est de la France deux béliers et quatre brebis de race pure par cent moutons, dont se composent leurs troupeaux. Cette faveur insigne, Messieurs, a été obtenue avec une grâce infinie de cette estimable et honorable compagnie, par l'un de nos commissaires : nos cultivateurs en sont prévenus; ceux d'entr'eux qui en apprécieront tout le mérite savent déjà qu'ils peuvent s'adresser à MM. les vétérinaires de leurs arrondissements, qui sont spécialement chargés de la stipulation des conditions, ainsi que de la correspondance. (1)

Vous savez, Messieurs, , que la race tant recherchée des chevaux colentins pour l'attelage, pour leur beauté, la régularité de leurs formes et leurs rares qualités, est singulièrement abâlardie par des croisements avec des étalons danois, généralement hauts sur jambes, leur poitrine serrée et leur tête longue et busquée. M. Leprevost a fait habilement sentir, dans un rapport profondément raisonné, les inconvenances de ces croisements, dont malheureusement on s'est aperçu trop tard, et qu'on a vainement cherché à réparer depuis. vingt-cinq ans; malgré tous les efforts et les sacrifices, qu'ont pu faire les éleveurs, ils n'ont pu encore parvenir à faire disparaître les défauts que cette race étrangère a imprimés à la race cotentine.

(1) Ces vétérinaires sont, pour l'arrondissement de Rouen, MM. Leprevost père et Yver; pour celui d'Yvetot, MM. Carpentier, Parent et Rousse; pour celui de Dieppe, MM. Dussaux et Sellier; pour celui du Havre, MM. Selingue, Malétras et Deschamps, tous correspondants de la Société.

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M. Leprevost, d'accord avec l'opinion de M. Cline, fait judicieusement observer que les anglais n'ont amélioré leur race de chevaux, et ne lui ont donné le dégré de supériorité qu'elle possède, que par des croisements avec des étalons arabes, naturellement trèspetits. D'ailleurs l'expérience atteste que les chevaux d'origine orientale possèdent éminemment et exclusivement la faculté de produire des animaux plus hauts qu'eux, dans les climats tempérés.

Ce qui doit encourager de plus en plus les éleveurs de chevaux, et les conduire à l'amélioration de la race colentine, c'est la haute protection que vient récem ment d'accorder Sa Majesté aux départements de l'ancienne province de Normandie, en voulant, par sa décision, que dorénavant les chevaux destinés à la remonte des compagnies de ses gardes, ne soient plus achetés que dans les foires de Caen, Alençon, Bernay et Guibray. Cet encouragement, Messieurs, promet à nos départements, et notamment à l'agriculture, des avantages précieux.

Nous devons à M. Leprevost, indépendamment de son lumineux rapport sur la race de nos chevaux, une infinité d'articles intéressants sur l'hygiène de ces animaux, sur les dangers auxquels ils sont exposés lorsqu'on les nourrit avec des foins vasés, sablés ou moisis. Il indique les moyens curatifs. L'instruction qu'a donnée, à cet égard, notre collègue, est imprimée dans le vingt-neuvième cahier de nos Annales, afin que les cultivateurs, les maîtres de poste et de messagerie puissent se pénétrer des utiles vérités qui y sont renfermées. Nous sommes redevables, Messieurs, au zèle éclairé du conseil général du département, d'un bienfait digne de l'humanité qui caractérise toutes ses décisions. Affligé du prix élevé de la viande, dans l'intérêt de la classe infortunée qui ne peut s'en nourrir, il a, dans sa sagesse,

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arrêté que la Société centrale d'Agriculture est autorisée à décerner, en son nom, en octobre 1830 et années subséquentes, un prix de mille francs à celui de MM. les cultivateurs qui, sans pâturages naturels, renonçant aux jachères, et adoptant un système d'assolement en harmonie avec les principes développés dans l'instruction publiée par la Société, engraissera à l'étable le plus grand nombre de bestiaux possible, proportionnellement à la quantité de terres arables exploitées par lui, et livrera à la boucherie au prix le plus modéré, afin que les pauvres puissent plus fréquemment et plus abondamment se nourrir de viande. Les conditions de cette philanthropique institution seront développées par M. le sécretaire du bureau.

Si la Société, Messieurs, s'est essentiellement occupée des animaux utiles, elle n'a rien négligé pour la destruction des animaux nuisibles; elle s'est empressée de publier les moyens qui ont été proposés pour préserver les pommiers des ravages du puceron lanigère. Tous les remèdes ont leur efficacité plus ou moins grande sur cet anima!. cule; l'application de chacun d'eux est la chose difficile, surtout sur les grands arbres, où les injections fortes et réitérées peuvent senles avoir quelques succès; on ose à peine les conseiller, quoique ce soit la seule mesure qu'on puisse raisonnablement adopter.

La destruction du ver blanc ( larve du hanneton ), est également un objet qui captive l'attention de toutes les Sociétés. Celle d'horticulture de Paris, avec laquelle nous avons le précieux avantage d'être en correspondance par l'échange mutuel de nos travaux, qui ont beaucoup d'analogie, vient de proposer un prix de 400 fr. à l'auteur du meilleur mémoire sur la destruction de cet animal vorace.

Une autre société non moins zélée, se plaignant amèrement du ravage des insectes en général, qui nuisent

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que

tant aux arbres qu'aux fruits de toute espèce, a sollicité le concours des autorités locales et celui du gouvernement pour interdire la petite chasse, celle des oiseaux autres les moineaux. En effet, Messieurs, vous savez que la nature, en créant les animaux, a également donné naissance à leurs ennemis, qui s'en nourrissent et nous préservent de leurs ravages : les uns vivent de chenilles, les autres de fourmis; les corbeaux mangent les hannetons, dévorent avidement leurs larves ; ils en sont tellement friands qu'ils suivent ordinairement le sillon tracé par la charrue pour se les disputer. Cependant l'homme se fait un plaisir de la chasse de tous ces oiseaux; leurs nids sont la proie des jeunes gens; celle destruction générale prive l'homme de ses plus douces jouissances. Il a suffi au ministère actuel, auquel rien n'échappe de ce qui est bien, de connaître les doléances de ces départements, pour y faire droit, en prohibant la chasse des oiseaux. Il est à désirer que cette mesure prohibitive s'étende d'un bout à l'autre de notre belle France.

D'après les expériences faites par la Société d'horticulture, nous nous sommes fait un devoir d'instruire le public que le moyen le plus efficace pour détruire les animaux gluants et rampants dans les jardins, consiste dans des traînées de chaux vive pulvérisée.

L'attention de la Compagnie s'est continuellement fixée sur les assolements, parce que de l'intelligence d'en appliquer les principes à la nature du sol qu'on cultive, dépendent les succès et la prospérité des champs, les facultés d'élever, nourrir et engraisser un plus grand nombre d'animaux; elle a surtout proclamé les avantages incalculables qui résultent de la culture des racines, qui, pendant toute la saison longue et rigoureuse des hivers, fournissent abondamment une nourriture fraîche et succulente, nourriture infiniment préférable à celle

des fourrages qui ne sont pas toujours exempts d'inconvénients, tels ceux dont nous venons de parler, et que notre collègue M. Leprevost a cherché à signaler dans son instruction sur l'hygiène des animaux.

La culture de ces racines, indépendamment de ce qu'elle offre d'économie, a le précieux avantage de préparer favorablement les terres destinées aux céréales. Dans le nombre de ces racines, la Société recommande spécialement la culture du panais, qui surpasse en qualité les autres racines pour la nourriture des vaches laitières, pour l'engraissement des porcs et des autres animaux. Les essais nombreux qui ont été faits ont toujours eu d'étonnants succès.

Au surplus, Messieurs, nous aimons à vous annoncer que les conseils salutaires proclamés par la Société, sur la culture de toutes ces racines, se sont fortement accrédités dans le département, et principalement dans les arrondissements des sous-préfectures d'Yvetot et du Havre. Nous avons reçu, sur les cultures de ce dernier arrondissement, trois mémoires d'un intérêt tout particulier. Nous en sommes redevables à M. Cartier, souspréfet au Havre, dont le zèle pour le bien de ses administrés ne se ralentit jamais. Qu'il reçoive ici l'hommage de la Société, dont il est le correspondant.

Vous entendrez, dans cette séance, la lecture d'un mémoire sur les avantages qu'offre la culture de la racine de disette, ou racine d'abondance.

De cette analyse, Messieurs, vous apercevez sans doute et vous serez convaincus par ce qui suit, que l'art de féconder la terre n'est pas l'unique soin du cultivateur; l'hygiène de ses animaux, la prévoyance de leurs besoins journaliers, leurs multiplications, leur engraissement; l'appropriation des récoltes aux besoins continuels de la population; les influences du climat, qui ont tant d'empire sur les végétaux comme sur les

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