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Princes de de la maifon d'Orléans, à Belle-Chaffe, ces illuftres rejettons embraffent Salmon & la comble de careffes, tandis que Madame la Comteffe de Genlis la tient ferrée dans fes bras; (1) partout enfin la préfence de Salmon produit des fcènes attendriffantes.

Mardi fept de ce mois, le Comte de C*** envoya la voiture pour prendre la fille Salmon avec fon défenfeur & les conduire à Passy, afin de donner à cette infortunée des marques de fon fouvenir accompapagnées de fon portrait.

Les Poiffardes de Paris & de Verfailles ont cru que leur dignité ne feroit pas compromife, en venant

(1) Madame de Genlis écrivoir dernièrement à M. le Cauchois; » je vous prie, Mr., » de dire à Marie Salmon qu'elle a laiffé » dans mon cœur une impreffion profonde;

que je goûterai un bonheur inexpri» primable, en contribuant à la dédom » mager des maux affreux qu'elle a fouf» ferts, &c.

féliciter Salmon, avec des tambours, des bouquets, des lauriers ; & les Comédiens François & Italiens ont donné cinquante louis à Salmon, en lui accordant fes entrées à leur fpec tacle.

Jeudi huit de ce mois, Victoire Salmon, pour la première fois de fa vie, vint au Théâtre François; elle s'étoit placée dans la gallerie mais les Comédiens invi tèrent M. le Cauchois & Salmon à vouloir bien paffer aux balcons; ce fut alors que le public témoigna par des applaudiffemens réitérés, l'in térêt que lui infpire cette innocente victime échappée des flammes. On donnoit Mufiapha, & pour petite pièce Amant bourru, dans laquelle M. Moté jouoit le rôle de Morinzer, & Mile. Contat celui de la Comteffe.

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A la troifième fcène du troifième acte, Mlle. Contat adreffa au public ces trois vers que dit la Comteffe,

La vérité perce mal aifément, Mais elle n'a befoin que d'un jour favorable Er fon triomphe en eft plus éclatant,

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L'application en fut faifie avec transports, tous les regards fe tournèrent fur Salmon & fon Défenseur; les battemens de mains redoublèrent, & M. Molé, ainfi que Mlle, Contat crurent pouvoir mêler leurs applaudiffemens à ceux du public.

Ne pouvant fe fouftraire à l'empreffement des fpectateurs & des Comédiens, il étoit près de dix heures lorfque Salmon defcendit fous le veftibule, qu'elle trouva rempli d'une multitude de perfonnes que le defir de la voir encore avoit retenu, & elle fut reconduite à fa voiture, ainfi que M. le Cauchois, au bruit des plus vives acclamations.

Je vais, en terminant cette lettre, vous faire connoître, Monfieur, un trait de bienfaifance de la fille Salmon. Il y avoit dans la même prifon où elle étoit détenue à Paris, une jeune fille débauchée, arrêtée pour caufe de contrebande, avec un enfant de vingt mois. La mère mourut, & Salmon prit foin de l'enfant. Le Curé des Enfans trouvés vint offrir des fecours à Salmon : « Je n'ai besoin

» de rien, lui répondit-elle, M. L » Cauchois pourvoit à tout; mais je → vous recommande cet enfant; il ne » doit pas fouffrir de l'incontinence de fa mère, & je ne puis lui donner » ici

que de foibles fecours » : cette propofition fut acceptée, & l'enfant placé à l'Hôpital des Enfans trouvés, (1) le 23 Mai, jour où Marie-Victoire-Françoife Salmon a vu triompher fon innocence.

J'ai l'honneur d'être, &c.

(1) Dans l'incertitude de favoir fi cer enfant avoit été baptisé, ou non, le Curé fit proposer à Salmon de nommer l'enfant qu'elle avoit adopté, avec fon Avocat; cette cérémonie fut faite en présence de douze cent personnes que la circonftance y avoit attiré, & l'enfant nommé PierreNoël-Daniel-Innocent Moreau.

Traduction nouvelle de l'Optique de Newton, faite fur la dernière édition originale, ornée de vingt-une planches, dédiée au Roi, approuvée par l'Académie Royale des Sciences, & dont M. Bauzée, de l'Académie françoife eft l'Editeur. Ouvrage propofe par foufcription, fans exiger aucune

avance.

Le Traité de Newton fur les cou leurs fublime production du plus grand Phyficien, eft fans contredit le meilleur livre élémentaire qui ait été publié fur la plus belle & fa plus intéreffante des fciences exactes. Auffi cet ouvrage a-t-il été traduit dans la plupart des langues. Mais de toutes les traductions qui ont paru jufqu'ici, aucune n'eft plus défectueufe que la traduction françoife. Infidèle & obfcure, fervile & barbare, elle rend en termes toujours impropres & fouvent

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