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LETTRE

XV.

Galerie univerfelle des Hommes qui fè font illuftrés dans l'empire des lettres, depuis le fiècle de Léon X jufqu'à nos jours, des grands Miniftres, & Hommes d'Etat les plus diftingués ornée de leurs Portraits; dédiée à Leurs Alteffes Séréniffimes Mgrs, le Duc DE CHARTRES, le Duc DE MONTPENSIER & le Comte DE BEAUJOLOIS; préfentée au Roi, avec cette Epigraphe :

C'eft en les comparant, qu'on peut mieux les connoître,

A Paris, chez Lottin de S. Germain, Imprimeur-Libraire, rue St. André des Arcs, No. 27; & Leroy, Libraire, rue St. Jacques, vis-àvis celle de la Parcheminerie, 1787, avec approbation & privilége du Roi,

СЕТТЕ

ETTE livraifon, Monfieur, offre Eloge hiftorique de Charles-Frédéric II2

Roi de Pruffe. Il eft dédié à son augufte Neveu & fucceffeur; & l'Epître dédicatoire eft fuivie de la Réponse du Prince, qui honore également & celui qui l'écrit & celui qui l'a reçue Ceft particulièrement le Philofophe l'ami des Mufes & des Poëtes l'homme de lettres même, qu'on s'attache à peindre ici. Dans une Galerie de Rois guerriers, de grands Capitaines, Frederic Il tiendroit encore un rang plus diftingué; mais depuis Jules-Cefar, il eft peu de Souverains & de Guerriers qui fe foient autant illuftrés par le don de penfer & d'écrire.

Un des premiers traits & des plus touchans de la Vie privée de Frédéric 11, c'eft fa tendre amitié pour fon frère le Prince Henri.

«Frère Monarque d'un Guerrier illuf »tre, qui fit tout ce que peut un « Héros fans diadême ».

Que cette union eft touchante ! & qu'il eft bean de voir un Prince aimer aussi bien, & chanter fi bien les dou ceurs de cette amitié !

Ovous, à quijedois le plus fincère amour, En qui j'aime le fang qui nous donna le jour,

De mes plus chers parens la reffemblante image;

Vous, qui de leurs vertus poffédez l'af femblage!

O frère! en qui je vois briller avant les

ans,

Toutes les qualités qu'ont les héros naiffans; Recevez d'un cœur franc un hommage fin

cère.

Il aimoit bien tendrement aussi sa Sœur, la Margrave de Bareith ; & c'eft à elle qu'il adreffoit les vers fuivans:

Ovous, fage Minerve, aimable & tendre

Soeur !

O vous, qui poffédez tous les talens du

cœur !

Vous penfez, je le fçais, qu'un noble caractère,

Ne trouve en fa grandeur de plaifir qu'à bien faire;

Qu'à daigner partager à l'homme fon égal, Les favent's dont pour lui 1. c.el fut libérala

Sans doute Frédéric fentoit tout tela; mais peut-on croire qu'il fût bien pénétré de l'efprit pacifique qui femble avoir dicté ce qui fuit :

Bellone! jusqu'à quand ta rage frénétique, Veut-elle défoler nos peuples malheureux ? Er pourquoi voyons nous de leur fang héroïque,

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En tous lieux prodiguer les torrens géné

reux ?

La terre infortunée eft livrée aux pillages, Aux flammes, aux combats, aux meurtres, aux carnages.

ODE V.

C'eft encore Frédéric II qui, dans la même Ode, s'écrioit

Ce monftre, au front d'airain, le démon de la guerre ;

Monftre avide de fang & de destruction Ne s'eft donc arrogé l'empire de la terre, Que pour l'abandonner à la profcription?

Je retrouve au moins le Roi de Pruffe dans fon Poëme fur l'Art de la Guerre; il eft divifé en fix Chants,

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& dédié au Prince qui tient à préfent fa place, & qui étoit bien fait pour l'entendre: il n'eft pas ordinaire de voir un grand Guerrier, reveler le fécret de fon métier, en vers; tels que ceux-ci :

N'allez pas vous flatter, novices de la guerre,

Que vous débuterez par d'immortels ex

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plois ; Commencez, fans rougir, par les derniers emploits.

Tous fermes dans vos rangs, en filence
immobiles;

L'œil fixé fur le chef, à fes ordres dociles, Attentifs à fa voix, s'il commande, agiffez, En mouvemens égaux à l'infant exercés, Apprenez à charger vos tubes homicides.

Sans flotter, fans ouvrir & fans rompre
Suci vos r

rangs
Tirez par pelotons, en obfervant le temps;
Promes fans inquiétude, & pleins de vigi,

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