1 Lettres qui s'addonnoient à la Poëfie Testa Au refte les Sectateurs du Tefti ne fu- Ce qu'il y a encore de remarquable dans les Poëfies du Tefti, c'eft que les fujets ferieux y font traittez d'une ma Hugon. niere plaifante & fort agreable, & qu'au contraire les matieres joieufes & ga lantes s'y trouvent menagées avec quelque forte de grávité, & dans un air de majefté qui eft capable de furprendre un Lecteur qui s'imagineroit qu'il n'y a que la maniere fimple & groffiere de debiter une galanterie qui pourroit luy faire du tort. 1 Lorenzo Craffo tom. 1. Elog. d'Huom. Letterat. pag. 386,387. 2 Jan. Nicius Erythraei Pinacothec. 3. um. 57. pag. 213, 214, 215. M. CCCCXIV. HERMAN HUGUES ou HUGON Jefuite, né à Bruxelles, l'an 1588. mort de pefte à Rhinberg, le 10. Septembre de l'an 1629. âgé de 41. ans, Poëte Latin. Et Auteur eft plus connu par le peCtit volume de les vers, que par le grand nombre des autres Ouvrages qu'il a faits en Profe, quoiqu'il y en ait parmi ees derniers qui luy ont acquis la répu- Hugon tation de bon Ecrivain. Nous avons fes vers fous le titre de Pieux Defirs, divifez en trois livres, dont le premier 'contient les gemiffemens de l'ame Penitente, le fecond les Vœux de l'ame fainte, le troifieme les Soupirs de l'ame Amante. L'ouvrage eft accompagné d'Emblemes affez ingenieufes & de reflexions touchantes des Peres de l'Eglife. Ce font des vers Elegiaques pleins de pieté & de tendreffe, & l'ouvrage pourroit peut-être fervir d'objection aux maximes de nos pretendus Maîtres de l'Art Poëtique qui veulent nous perfuader qu'il n'y a que l'amour profane ou de la creature qui puiffe entrer dans la belle Poëfie, & y dominer. La verfification y eft affez heureuse: on y remarque de la facilité & de l'abondance qui peut aider principalement les jeunes gens à amplifier les fujets qu'ils ont à traitter; (1) les frequentes digreffions y font une varieté agreable, & le ftile en eft affez rond & affez plein; mais le tour des vers n'eft pas toûjours naturel, l'expreffion n'y eft pas égale,tantôt il eft élevé & tantôt il tombe & rampe fort bas, ce qui ne s'acorde pas bien avec le caractere de la matiere qu'il a choifie & qui veut être toûjours exprimée noblement. On juge auffi qu'il a fait trop d'honneur aux Divinitcz & aux perfonnages de la Fable Païenne de les representer quelquefois foit dans fes vers, foit dans fes Emblemes fous pretexte d'embellir fon fujet. Ol. Borrich. Differt. de Poët. Lat. 5/ n. 161. pag. 144. & alii paffim.' Morin, M. CCCCXV. M. MOTI N Poëte François, du temps de" Malherbe & du Satyrique Regnier. Otin n'étoit un Poëte tout Ma fait méprifable, mais il avoit un peu trop de flegme & trop peu de feu. M. Defpreaux en parle comme d'un Poëre froid & morfondu en ces termes. (1) Un froid Ecrivain ne fçait rien Motin. qu'ennuier. Faime mieux Bergerac, fa burlesque Qué ces Ce paffage me fait fonger à ce que |