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apres avoir vertueusement combattu pour la querelle du Fils de Dieu, en laquelle consiste nostre salut eternel. Au reste, Monseigneur, j'ay prins la hardiesse de vous adresser le porteur pour vous exposer quelque affaire que vous entendrez plus au long de sa bouche, s'il vous plaist lui donner audience. Je croy quand vous l'aurez ouï, que vous ne trouverez pas l'advertissement mauvais ni la poursuite impertinente: pour le moins que vous jugerez selon vostre prudence que je ne procure que le repos et la prosperité du royaume. Je ne dissimule pas le desir que j'ay qu'il fust proveu a ceste povre ville, afin qu'elle ne soit en pillage. Mais pour ce que j'estime que la seureté d'icelle vous est pour recommandée, vous ne condamnerez pas le soin que j'en ay auquel Dieu m'oblige. Surtout quand il ne tend qu'au bien public de France et en depend. Sur quoy faisant fin, Monseigneur, apres m'estre humblement recommandé a vostre bonne grace, je supplieray nostre bon Dieu vous tenir en sa protection, vous augmenter les dons de son Esprit, afin que son nom soit de plus en plus glorifié en vous.

Ce 16 de janvier 1561.

Lettres de Calvin, n° 108 des manuscrits de la Bibliothèque de Genève. Ruchat, vii, p. 381.

No 48.

LETTRE DE CALVIN AU ROI DE NAVARRE.

Sire,

Le restablissement d'un tel royaume merite bien que rien n'y soit espargné. Et par plus forte raison le devoir est encore beaucoup plus grand a procurer que le règne du Fils de Dieu, la vraye religion, la pure doctrine de nostre salut, qui sont choses plus pretieuses que tout le monde, soyent remises en leur entier. Ce n'est pas mon naturel de coustume de

m'ingerer ny d'entreprendre, mais il m'a semblé que c'estoit mon devoir de vous adresser ce porteur pour vous declarer plus a plein de bouche ce qui en est.

Le 16 de janvier 1561.

Lettres de Calvin, no 108 des manuscrits de la Bibliothèque de Genève. Ruchat, VII, p. 382.

en

No 49.

LETTRE DE PRÉVOST A CALVIN.

Monsieur et père, voyant qu'il estoit besoin que j'eusse communication de ce qu'il se doit traiter au synode, j'ay pensé que mon debvoir estoit de me transporter jusques icy pour avant les eglises et savoir le recit de la deliberation qui aura esté prinse en nostre ville quand je seray arrivé au lieu qui m'est assigné. Par ce moyen un chascun aura plein de loisir et opportunité d'y penser et d'y ajouster ou diminuer selon que l'exigeance du pais le portera. L'on desire fort des advis sur les moiens qu'il fauldra tenir a mon conseil general, et comment les eglises s'y doivent gouverner. Ceux de nostre eglise m'ont remonstré le besoin qu'ils ont d'estre promptement secouruz et aidez d'un ministre, d'autant qu'ils en ont troys qui sont la pluspart du temps comme inutiles, a cause qu'ils sont trop remarquez et congnuz. S'il se pouvoit faire que Mons de Colonges y vint pour un temps, ils s'en sentiroient fort tenuz et obligez, outre les benefices qu'ils ont receus continuellement de vous tous. Ils m'ont donné charge de vous en advertir et prier instamment, afin qu'il vous plaise d'en adviser avec les frères. Au reste quelques autres que le roy ayant invoquées a nostre court de parlement il n'y a pas un seul prisonnier qui soit delivré. L'on est aprez pour obtenir leurs patentes, mais cependant méz pauvres freres languissent. Le meilleur que j'y vois et dont nous avons occasion de

louer Dieu, c'est que la bourse nous est ouverte au conseil privé et que par toutdefense est faite a tous nos prisondesmouvoir.

niers et

n'outrager ny

un peuple a sedition. Ainsi, il y a bien apparence de quelque relasche; mais Satan avec ses suppost est si plein de vieilles ruzes et cautéles qu'il nous donne bien occasion de veiller plus que jamais. Le parlement de Roan, tant s'en faut qu'il ayt obey aux ordres du Roy en delivrant les prisonniers qu'il a renvoyé en court d'esglise un prisonnier qui estoit condamné a estre bruslé, et ce pour autant que l'edit de Remorantin leur a esté. delivré en forme, attaquant ainsi lesdits ordres du Roy et qu'il veut estre retenuz que le dit edict soit gardé et observé selon sa forme et teneur. J'ai presenté vos lettres à madame la marquize 1 qui les a leues et releues avec un si grand contentement qu'elle vous prie bien fort de luy escrire plus souvent comme vostre commodité le porte. Nous pouvons passer par Montargis sans nous destourner des trois grandes journées du chemin qu'il nous faut tenir. J'ay baillé vostre lettre à M. Cappel, l'un des principaux de nostre esglise, lequel lez presentera fidelement. J'espere partir demain au plaisir de Dieu, lequel je prie vous maintenir tousiours en sa sainte garde et protection, apres avoir presenté mes tres humbles recommandations a vos bonnes graces et prieres. De Paris, ce 2 fevrier 1561.

1

Votre tres humble fils en notre Seigneur,

PREVOST.

A Monseigneur, Monseigneur d'Espeville,

1 Probablement, la marquise de Rothelin, mère du duc de Longueville, avec laquelle Calvin se trouvait en correspondance.

2. Il est question de ce Cappel dans Bèze, 1 vol, p. 180.

Cette lettre se trouve dans le n° 196, des manuscrits de la Bibliothèque de Genève, qui a pour titre, Lettre à Calvin, par diverses Eglises, par divers. Il y a plusieurs mots qu'il nous a été impossible de déchiffrer.

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No 50.

LETTRE DU MINISTRE MOYSE A CALVIN.

Grace et paix par`Jesus-Christ, amen.

Monsieur, le present porteur qui est un de nos frères de l'Eglise de Libourne qui, dès le commencement, s'est monstré fort affectionné envers la religion, comme maintenant aussi le monstre par le fait, s'en va par devers vous et nos autres pères par delà des parts de tout l'Esglise pour vous supplier leur prester la main encore une foys, si possible est, leur adressant un homme tant pour appasteler plusieurs qui incessamment a la faim qu'aussi pour arrester aucuns qui autrement par faute de conducteur sont menacés de ruine prochaine ainsi que le puis prouver (a mon grand regrect) tant pour nostre voisinage comme pour y avoir esté souvent selon ma charge et petites commoditez. Bref, je ne saurait par deça lieu entre plusieurs ou il y ait si grand besoin de vostre faveur que là. J'espere que bientost par vostre moyen la necessité urgente y sera pourveue. Au reste, nostre Eglise et autres part deça s'augmentent de jour en jour et se fortifient (Dieu mercy) entre plusieurs empaischements qui mieux vous pourront estre declairez, si desirezi les cognoistre, par le present pourteur de bouche qu'adverty par moy et lettres et laquelle pour ce respect sera plus briefve, qui sera fin.

Monsieur, m'estant tres humblement recommandé tant a vostre bonne grace que prieres, suppliant le Seigneur continuer longuement et augmenter les graces qu'il a mises en

vous desquelles tous les jours nous nous ressentons.

De Castillon, ce 12 Mars.

Vostre tres humble serviteur

MOYSE.

à Monsieur,

Monsieur CALVIN,

à Genève.

Cette lettre se trouve dans le n° 195 des manuscrits de la Bibliothèque de Genève, qui a pour titre: Lettres à Calvin, par diverses Eglises, par divers.

No 51.

LETTRE DE JEANNE D'ALBRET, AU MINISTRE DE LA RIVIÈRE.

Mons. de la Riviere, l'asseurance que j'ay de votre bonne vie et doctrine me faict vous escripré pour vous faire entendre qu'en nostre ville de Tournon, il y a ung asséz beau commencement d'eglise, assemblée et congregation de fidelles craignant et aymant Dieu, aspirant a ceste pasture spirituelle. Qui est cause que je vous prye incontinent la presente reçeue vous transporter en nostre dite ville pour là y resider et leur prescher et annoncer tant sa sainte parole que administration de ses sacremens. Et m'asseurant que vous en acquiterez si fidellement sous telle edification que vous atirerez ceux 1. . . . . les ignorans a sa sainte congnoissance. Le lui priant vous y faire la grace et vous donner augmentation d'icelles. De notre ville de Pau, cé 23 april 1561.

La bien votre,

JEHANNE.

à Mons. de la Rivière,

ministre.

1 Il y a deux mots que nous n'avons pu déchiffrer.

Cette lettre se trouve dans le no 197 des manuscrits de la Bibliothèque de Genève, qui a pour titre. Lettres diverses à divers.

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