CHARLOTTE. Ça n'y fait rian, Piarrot. Si tu m'aimes, ne dois-tu être bien aife que je devienne Madame? PIERRO T. pas Jernigué, non. J'aime mieux te voir crevée que de te voir à un autre. CHARLOTTE. Va, va, Piarrot, ne te mets point en peine. Si je fis, Madame, je te ferai gagner queuque chofe, & tu apporteras du beurre & du fromage cheux nous. PIERRO T. Ventreguenne, je gni en porterai jamais, quand tu m'en pairais deux fois autant. Eft-ce donc comme ça que t'écoutes ce qu'il te dit? Morguenne, fi j'avois fü ça tantôt, je me ferois bian gardé de le tirer de gliau, & je gli aurois baillé un bon coup d'aviron fur la tête. D. JUAN s'approchant de Pierrot pour le frapper. Qu'est-ce que vous dites? PIERROT fe mettant derriére Charlotte. Jerniguienne, je ne crains parfonne. D. JUAN passant du côté où eft Pierrot. Attendez-moi un peu. PIERROT repaffant de l'autre côté. Je me moque de tout, m01. D. JUAN courant après Pierrot. Voyons cela. PIERROTfe fauvant encore derriére Charlotte J'en avons bien vû d'autres. Quais ! D. JUAN. SGANARELLE. Hé, Monfieur, laissez-là ce pauvre miférable. C'est confcience de le battre. (à Pierrot, en fe mettant entre lui & D. Juan.) Ecoute,mon pauvre garçon, retire toi, & ne lui dirien, PIERROT paffant devant Sganarelle,& regardant fiérement D. Juan. Je veux lui dire, moi. D. JUAN levant la main pour donner un foufflet à Pierrot. Ah! Je vous apprendrai .. ... (Pierrot baiffe la tête, & Sganarelle reçoit le foufflet.) SGANARELLE regardant Pierrot. Pefte foit du maroufle! D. JUAN à Sganarelle. Te voilà payé de ta charité. PIERRO T. Jarni, je vas dire à fa tante tout ce ménage-ci. SCENE I V. DOM JUAN, CHARLOTTE, SGANARELLE. D. JUAN à Charlotte. m › les hommes, & je ne changerois pas mon bonheur contre toutes les chofes du monde. Que de plaifirs quand vous ferez ma femme, & que... SCENE V. DOM JUAN, MATHURINE, CHARLOTTE, SGANARELLE. SGANARELLE apercevant Mathurine. AH, ah! MATHURINE à D. Juan. Monfieu, que faites-vous donc là aveuc Charlotte? Eft-ce que vous lui parlez d'amour auffi? D. JUAN bas à Mathurine. Non. Au contraire, c'eft elle qui me témoignoit une envie d'être ma femme, & je lui répondois que j'étois engagé à vous. CHARLOTTE à D. Juan. Qu'est-ce donc que vous veut Mathurine? D. JUAN bas à Charlotte. Elle eft jalouse de me voir vous parler, & voudroit bien que je l'époufaffe; mais je lui dis que c'eft vous que je veux. MATHURINE. Quoi, Charlotte... D. JUAN bas à Mathurine. Tout ce que vous lui direz sera inutile, elle s'eft mis cela dans la tête. CHARLOTTE. Quement donc, Mathurine... D. JUAN bas à Charlotte. C'est en vain que vous lui parlerez, vous ne lui ôterez pas cette fantaisie. Eft-ce que ... MATHURINE. D. JUAN D. JUAN bas à Mathurine. n'y a pas moyen de lui faire entendre raifon. CHARLOTTE. Je voudrois... D. JUAN bas à Charlotte. Elle eft obftinée comme tous les diables. D. JUAN bas à Charlotte. Laiffez-la là, c'eft une extravagante. MATHURINE. Non, non, il faut que je lui parle. CHARLOTTE. Je veux voir un peu fes raisons. Quoi... MATHURINE. D. JUAN bas à Mathurine. Je gage qu'elle va vous dire que je lui ai promis de l'époufer. Je... CHARLOTTE. D. JUAN bas à Charlotte. Gageons qu'elle vous foutiendra que je lui ai donné parole de la prendre pour femme. MATHURINE. Holà, Charlotte ça n'eft pas bian de courir fu le marché des autres. CHARLOTTE. Ça n'eft pas honnête, Mathurine, d'être jaloufe que Monfieu me parle. MATHURINE. C'est moi que Monfieu a vû la premiére. Tome III. Cc CHARLOTTE. S'il vous a vû la premiére, il m'a vû la feconde, & m'a promis de m'époufer. D. JUAN bas à Mathurine. Hé bien, que vous ai-je dit? MATHURINE à Charlotte. Je vous baife les mains; c'eft moi, & non pas vous qu'il a promis d'épouser. D. JUAN bas à Charlotte. N'ai-je pas deviné? CHARLOTTE. A d'autres, je vous prie ; c'est moi, vous dis-je. MATHURINE. des Vous vous moquez gens; c'est moi coup. CHARLOTTE. Le vlà qui eft pour le dire, fi je n'ai pas raison. MATHURINE. Le vlà qui eft pour me démentir, fi je ne dis pas vrai. CHARLOTTE. Eft-ce, Monfieu, que vous lui avez promis de l'époufer? D. JUAN bas à Charlotte. Vous vous raillez de moi. MATHURINE. Eft-il vrai, Monfieu, que vous lui avez donné parole d'être fon mari? D. JUAN bas à Mathurine. Pouvez-vous avoir cette pensée ? CHARLOTTE, Vous voyez qu'al le foutient. D. JUAN bas à Charlotte, Laiffez-la faire. MATHURINE, Vous étes témoin comme al l'affure. |