LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST CHAPITRE LXXIV LES JUIFS DEMANDENT A JÉSUS UN SIGNE DANS L'AIR Jésus-Christ venait de confondre les scribes et les pharisiens en leur reprochant leurs erreurs et leurs blasphèmes. Quelques-uns d'entre eux, cependant, plus audacieux que les autres, cherchant à le surprendre et voulant mettre sa puissance à l'épreuve, lui dirent: Maître, nous voudrions bien vous voir opérer un prodige dans l'air. Les insensés! Les miracles dont ils avaient été les témoins et dont ils avaient profité, ne leur suffisaient pas encore; sans doute ils auraient voulu que le Sauveur fit, comme Moïse, tomber la manne du ciel, ou que, comme Josué, il arrêtât le soleil, ou qu'il opérât toute autre merveille extraordinaire, mais alors dans leur malice ils lui eussent opposé les prodiges des magiciens d'Égypte à la cour de Pharaon. Comme leur demande n'était dictée ni par la piété ni par le désir de croire en lui et d'embrasser sa doctrine, mais bien plutôt par la curiosité et par la raillerie, Jésus-Christ leur répond : Race perverse et adultère! il les traite d'adultères, non pas que les Juifs eussent quitté le culte du vrai Dieu pour adorer les idoles, mais parce qu'ils s'éloignaient du Christ, le véritable époux de leurs âmes. Vous me demandez un prodige dans l'air; mais c'est pour vous tourner encore contre moi, comme vous l'avez fait jusqu'à présent, après les signes que vous avez déjà vus. Remarquons ici que quand les Juifs insultent le Sauveur en l'accusant de chasser les démons par la puissance du prince des démons, il leur répond avec douceur en les réfutant par de solides raisons, mais quand ils cherchent à le flatter en le traitant de Maître, il les reprend avec aigreur, nous montrant par là, selon saint Chrysostôme, que si les injures ne pouvaient l'irriter, la flatterie ne pouvait non plus le séduire, et qu'à son exemple, nous devons chérir les opprobres et fuir les adulateurs. Puis il ajoute : Nul prodige ne leur sera donné, si ce n'est celui du prophète Jonas, qui est un signe d'humiliation et d'abaissement, pour confondre leur orgueil; comme s'il disait : Génération corrompue, vous demandez un signe de ma puissance et de ma gloire, mais il ne vous sera donné qu'un signe de ma passion et de la faiblesse de mon humanité, dont le prophète Jonas était la figure par ses paroles et par ses actes. En effet, le prophète Jonas fut tout à la fois pour les Ninivites et un signe de paroles, en ce qu'il les exhorta à se convertir au Seigneur s'ils ne vou |
