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D'APRÈS LES NOUVEAUX PROGRAMMES OFFICIELS

MORCEAUX CHOISIS

DES

CLASSIQUES FRANÇAIS

DU XVII SIÈCLE 8858

(PROSATEURS ET POÈTES)

précédés d'un

TABLEAU DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE AU XVII SIÈCLE

PAR

N. M. BERNARDIN

Ancien élève de l'École normale supérieure, Agrégé des Lettres,
Professeur de rhétorique au lycée de Vanves.

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LIBRAIRIE CH. DELAGRAVE

15, RUE SOUFFLOT, 15

1891

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AVERTISSEMENT

Sur les derniers plans d'études de l'enseignement secondaire classique, en tête de la liste des ouvrages qui doivent être étudiés dans les classes de lettres et de grammaire figurent maintenant des Morceaux choisis des classiques français. Les nouveaux plans d'études faisant naturellement naître de nouveaux livres pour les classes, il a paru dans ces derniers temps un assez grand nombre de Morceaux choisis; quelques-uns de ces recueils, les derniers surtout, faits avec beaucoup de goût et de soin, répondent absolument à ce qu'on attendait d'eux dans l'enseignement secondaire classique. Si, malgré cela, nous réunissons à notre tour des Morceaux choisis, c'est d'une part que les programmes de l'enseignement secondaire spécial et de l'enseignement secondaire des jeunes filles portent aussi des Morceaux choisis des classiques français; c'est, d'autre part, que la pratique de plusieurs de ces recueils dont nous venons de parler nous a montré quelques inconvénients dans la façon dont ils sont disposés; nous ne prétendons pas que les nôtres n'en auront point, et que nous avons fait mieux que nos prédécesseurs; nous avons essayé de faire autrement.

1

Tout d'abord il était jusqu'ici d'usage de donner aux élèves ces extraits de nos classiques dans deux recueils, l'un contenant les prosateurs, l'autre renfermant les poètes. Cette méthode ne nous paraît pas irréprochable. En effet, si l'élève n'a qu'un de ces gros volumes entre les mains, n'estil pas exposé à ignorer que la prose de l'auteur du Cid et de Polyeucte a, elle aussi, une mâle tournure, que les vers de

1. C'est parce que certains de ces recueils doivent être mis entre les mains des jeunes filles que nous y avons inséré quelques-unes des pages que madame de Maintenon, Fénelon, Rollin et Rousseau ont consacrées à l'éducation des filles, et que nous avons puisé avec moins de discrétion que nous ne l'eussions fait dans les œuvres de mesdames de Motteville, de La Fayette, de Sévigné, de Maintenon, du Deffand, de Staël, de Girardin, George Sand, qui d'ailleurs occupent un rang si honorable dans notre littérature.

l'auteur de l'Histoire de Charles XII et du Siècle de Louis XIV étaient de son temps plus admirés que sa prose, ou que la prose du poète des Orientales et des Châtiments craint peu de rivales? S'il a les deux volumes à sa disposition, cet inconvénient n'existe plus, naturellement, à condition que l'élève soit studieux, qu'il lise et qu'il cherche; mais alors il s'aperçoit que cette démarcation si rigoureuse entre la poésie et la prose a produit (et il n'en pouvait être autrement) de nombreuses redites dans les notices et dans les notes des deux recueils. Ce danger et ce défaut, nous les avons évités, en présentant aux élèves, sous la même couverture, tous les écrivains d'un même siècle, prosateurs et poètes; dès lors a disparu cette singularité qui consistait à placer dans un volume certaines scènes en prose du théâtre de Molière, et dans l'autre des scènes rimées du même théâtre; l'élève voit aussitôt que Voiture, qui a signé tant de lettres fameuses, a été le poète à la mode de son temps; que l'éloquent Pellisson écrivait des vers qui ne sont point à dédaigner, et que la contrainte de la rime ne faisait point perdre à SaintEvremond l'esprit qu'il semait à profusion dans sa prose; il saisit ainsi d'un seul coup d'œil la physionomie de chaque écrivain, et la physionomie de chaque siècle; et, au centre de chacun de ces trois siècles, sur toute l'étendue desquels rayonnent leur influence et leur gloire, il se trouve amené à placer de lui-même les trois grands noms de Corneille, de Voltaire et de Victor Hugo.

Naturellement, donnant dans le même volume tous les principaux écrivains d'un siècle, il nous était impossible d'adopter comme classement le seul ordre chronologique; comment les élèves, dans cette confusion, auraient-ils pu suivre le développement et le progrès de l'éloquence religieuse, de l'histoire, ou du théâtre? Afin d'éviter dans nos notes les renvois et les répétitions, nous avons d'abord partagé nos auteurs en trois grandes catégories : les Prosateurs, les Poètes, et entre eux, comme lien, des écrivains qui, presque tous, sont à la fois prosateurs et poètes, les Auteurs dramatiques. Pour la catégorie des Auteurs dramatiques, comme pour celle des Poètes, nous n'avons pas voulu multiplier les subdivisions, les poètes ayant presque tous rimé des épîtres, des satires et des odes, presque tous les auteurs dramatiques ayant écrit tour à tour des comédies et des tragédies. Mais la prose comprend des genres plus nombreux et plus tranchés; il est impossible de placer mademoiselle de Scudéry à côté

de Bossuet, mademoiselle de Montpensier à côté de Pascal; il fallait donc créer des subdivisions, et partager les prosateurs en plusieurs groupes d'abord les Moralistes et les Philo

sophes, puis les Théologiens et les Prédicateurs, les Orateurs, les Erudits et les Savants, les Historiens, les Auteurs de Mémoires, enfin les Epistoliers et les Romanciers, ces derniers servant comme de transition entre la catégorie des Prosateurs et celle des Auteurs dramatiques. Dans chacune des subdivisions de la catégorie des Prosateurs, comme dans les deux catégories des Auteurs dramatiques et des Poètes, les écrivains sont placés dans l'ordre chronologique.

On nous objectera peut-être que certains auteurs se sont distingués dans plusieurs genres tout à fait différents; que nos extraits des Mémoires sur les Grands-Jours d'Auvergne de Fléchier se trouvent ainsi entourés d'extraits de sermons et d'oraisons funèbres; qu'on lit des vers de Sarrasin au milieu de pages empruntées à des ouvrages d'histoire; et qu'il y a par conséquent quelque chose d'artificiel dans notre classement. Il n'en saurait être autrement; toutefois, lorsqu'un écrivain s'est fait remarquer particulièrement dans un genre, comme Fléchier dans l'éloquence religieuse, ou Sarrasin dans l'histoire, nous étions autorisé à le placer, avec toutes ses œuvres, parmi les écrivains qui ont cultivé le genre où il a excellé. Quand l'élève étudiera les mémoires ou la poésie de salon au dix-septième siècle, son professeur lui indiquera qu'il ne doit oublier ni Fléchier ni Sarrasin. On peut voir que, si nous avons établi des subdivisions, nous avons essayé de ne pas les multiplier à l'excès. Voilà pourquoi tous les écrivains qui n'avaient pas dans tel ou tel groupe leur place nettement marquée, soit qu'ils aient excellé dans plusieurs genres, soit qu'ils n'aient excellé dans aucun, ont été réunis par nous dans un même groupe sous l'étiquette commode de Polygraphes: on y trouvera un pamphlétaire, comme Bussy-Rabutin, à côté d'un soldat, comme Vauban, et d'un roi, Louis XIV. Une table des auteurs par ordre alphabétique évite d'ailleurs toute incertitude au lecteur.

Ces recueils étant destinés à fournir des lectures aux élèves, même en dehors de la classe, il fallait que les élèves eussent encore un autre guide que leur professeur pour les diriger dans cette revue de nos grands écrivains ils le trouveront, pour chaque siècle, dans ce Tableau de la littérature française que nous plaçons en tête de chacun de nos trois

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