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Ces airs de bienfaisance et ce brillant vernis
Ne trompent que les sots, je vous en avertis :
De cette belle ardeur je ne suis point la dupe ;
De vous, je le vois bien, vous voulez qu'on s'occupe.
Le monde où nous vivons est plein de charlatans
Qui tâchent d'arrêter les regards des passants.
Répand-on des bienfaits, il faut qu'un journaliste
Dans sa feuille aussitôt en imprime une liste.
La charité jadis s'exerçait sans éclat;

A Paris maintenant on s'en fait un état.
Tout n'est plus que calcul, et cette ardeur factice
Est un masque nouveau qui couvre l'avarice.

DERVIÈRE.

A faire des heureux appliquez-vous donc bien:
De tout empoisonner on trouve le moyen.

DUPRÉ.

Mais où sont, s'il vous plaît, les heureux que vous faites? Je n'en ai jusqu'ici vu que dans les gazettes.

Avez-vous obligé des parents, des amis?

L'humanité pourtant respire en vos écrits;
Vous y plaignez le sort des nègres de l'Afrique ;
Et vous ne pouvez pas garder un domestique.

DER VIÈRE.

Fort bien de la satire épuisez tous les traits:
De semblables discours ne m'atteindront jamais,

Est-il des mécontents? qu'ils parlent sans rien craindre.

DUPRÉ.

Il en est quelques-uns de trop fiers pour se plaindre.

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A se taire toujours s'ils veulent s'obstiner,

Je n'ai pas, j'en conviens, l'art de les deviner.

DUPRÉ.

Vos vœux sont accomplis: ils ont parlé, mon gendre;
Mais il ne paraît pas qu'ils se soient fait entendre,
Adieu. C'est aujourd'hui que je sors de chez vous.
Je n'oublierai jamais un accueil aussi doux,
Et vous pouvez compter sur la reconnaissance
Dont je suis pénétré pour votre bienfaisance.

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