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ARTICLE VIII. Des Parenthefes & des Crochets.

On confond quelquefois deux fignes qui ont néanmoins un ufage fort différent ce font les Parentheses & les Crochets.

Les Parenthefes fervent à conferver quelques parties qui apartienent au difcours, mais qui en interrompent la fuite: les Crochets fervent à enfermer quelques paroles qu'on infere dans un discours, mais qui ne lui apartienent pas.

Ainfi on dira: Les idolâtres (tant ils font aveugles!) adorent des Dieux qui font les ouvrages de leurs mains. Ici c'est une réflexion qui interrompt la fuite du difcours; c'eft une feconde phrafe qui coupe la premiere, & sépare le Nominatif d'avec son Verbe: cela doit être entre parenthetes. Mais fi l'on raporte les paroles d'un Auteur, & que pour en éclairer le lens, on y ajoute quelques mots, ces mots étrangers au texte doivent être entre deux crochets. Je fuppofe qu'on raporte ce que dit M. Boffuet en parlant d'Annibal: » Ce grand Capitaine [ Annibal] » réduit à se sauver de fon pays, remua l'Orient contr'eux, [contre les » Romains, ] & attira leurs armes en Afie.» Ce qui eft mis ici entre crochets n'apartient point au difcours; ce ne font point des paroles de l'Auteur; mais elles font ajoutées à fon texte : voilà pourquoi elles doivent être, non pas entre parentheses, mais entre crochets.

Dans l'ufage des parenthetes & des crochets, il s'eft élevé une question fur la place que doivent y occuper les ponctuations, qui quelquefois les terminent: les ponctuations doivent-elles être dehors ou dedans? Il est peutêtre affez étonant qu'on ait pu être indécis fur cela; car dès que ces pon&tuations apartienent aux paroles enfermées dans ces parentheses ou dans ces crochets, il est évident qu'elles doivent y être renfermées. Ainfi on dira avec M. Rollin : » On fit dans cette Campagne, (c'étoit la troisieme » de la feconde guerre Punique ;) ce qui ne s'étoit jamais pratiqué juf» ques alors. » Il est évident que ce point-virgule eft relatif à la phrafe enfermée dans la parenthefe, & qu'ainfi il doit y être lui-même renfermé. D'ailleurs les parentheses doivent être difposées de maniere qu'en les fupprimant avec tout ce qu'elles renferment, le difcours demeure. ponctué comme il devroit l'être s'il n'eût pas été interrompu. Ôtez la phrafe renfermée ici dans ces parentheses; que reftera-t-il ? » On fit dans cette campagne, ce qui ne s'étoit jamais pratiqué jufques alors. » Voilà le difcours ponctué comme il doit l'être. Si le point-virgule étoit hors la parenthefe, il viendroit alors fe réunir avec la virgule qui précede la parenthese; vous auriez deux ponctuations au lieu d'une; & ce feroit celle-là qui deviendroit inutile, parce qu'elle n'apartenoit qu'à ce que renfermoit la parenthefe : elle devoit donc y être elle-même renfermée.

Il y a cependant un cas où la penétuation peut fe mettre après la parenthese c'eft dans les Tables alphabétiques où les prénoms fe tranIpofent, & fe mettent entre parentheses après le nom. Exemple: De Lufignan ( Hugues ), Cardinal. La virgule doit être après la parenthese :

pourquoi ?

pourquoi? parce qu'elle ne fe raporte pas à Hugues, mais à de Lufignan, qu'elle sépare d'avec Cardinal, c'est-à-dire, que le fens de cet énoncé ett, Hugues de Lufignan, Cardinal: voilà la vraie place de cette virgule. Pouroit-on la mettre avant la parenthese? pouroit-on écrire, de Lufignan, (Hugues) Cardinal? Non: parce que de Lufignan & Huges font inséparables: le fens eft Hugues de Lufignan: mais ces deux mots inséparables doivent être séparés du mot Cardinal par une virgule; Tunique place de cette virgule eft donc entre la parenthefe & le mot Cardinal.

Autre question fur l'ufage des parentheses dans les Tables: on demande s'il ne faudroit point mettre Lufignan (Hugues de), Cardinal. On prétend que cela est néceffaire pour rendre dominante la lettre L qui détermine le rang de ce nom dans une Table alphabétique. Mais premiérement c'eft mutiler ce nom que d'en séparer le de. Il est évident que ce de n'apartient point à Hugues mais à Lufignan. Dans ce nom Hugues de Lufignan, il n'y a que deux noms à diftinguer, favoir le prénom Hugues, & le nom de famille de Lufignan. On peut bien séparer & tranipofer le prénom Hugues, mais l'article de eft inséparable du nom ; i en fait partie effentiele: de Lufignan. La feule précaution qu'il y ait à prendre relativement à l'ordre alphabétique où fe trouve ce nom, c'est de ne donner qu'une petite lettre l'article de afin que la lettre initiale du nom qui fuit foit feule dominante: de Lufignan ( Hugues ), Cardinal.

ARTICLE IX. Des Guillemets.

Les doubles Virgules que l'on nomme Guillemets, ont, dit-on, été ainfi appelées du nom de celui qui le premier s'en fervit. On les emploie pour diftinguer dans le difcours certaines phrafes, certains paffages plus ot moins étendus, que l'on emprunte d'ailleurs, & que l'on y infere. Mais on vatie dans la maniere de les tourner & de les placer. Les uns les emploient comme les virgules"; les autres les retournent a, pour ne les pas confondre avec les virgules: d'autres les emploient de l'une & de l'autre maniere comme les parentheses, diftinguant Guillemess ouvrans & Guillemets fermans ». A l'égard de ceux qui fe continuent depuis l'ouverture jufqu'à la clôture, les uns les mettent à droite, & les autres à gauche. On a auffi vu communément des textes par un Guillemet ouvrant «, & les continuer par des Guillemets fermans : cette pratique eft affez visiblement difcordante: car lorfqu'on diftingue Guillemets ouvans & Guillemets fermans », il eft affez évident que l'ouverture doit continuer depuis le premier jufqu'au dernier, qui feul doit être fermant. Mais la pratique la plus fimple, &, ce femble, la plus naturele, eft de négliger totalement cette diftinction, en mettant tous les Guillemets en forme de doubles virgules, & toujours à gauche. La raifon de préférer gauche, c'eft qu'à droite, à la fin des lignes, ils furchargent les divilions qui peuvent s'y trouver, ils coupent trop le fil du discours, au

m...

xcviij

PREFACE GRAMMATICALE. lieu qu'à gauche, ils ne nuifent jamais à rien. A l'égard des ponctuations qui les terminent, il eft affez évident qu'elles doivent les précéder, comme elles doivent précéder la parenthese fermée.

Ceux qui voudront en favoir davantage fur tous les points de Grammaire ou d'Orthographe dont nous avons parlé, trouveront de quoi fe fatisfaire dans les Méthodes de MM. de Port-Royal, dans leur Grammaire générale & raifonée, dans la Grammaire Françoise du Pere Buffier, dans celle de M. Reftaut, dans les Remarques de M. l'Abbé d'Olivet, & dans le Dictionaire de l'ACADÉMIE.

EXPLICATION DES ABBREVIATIONS insérées dans le corps de cet Ouvrage.

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On ne raporte point ici les noms de tous les Auteurs à qui on a eu recours pour faire ce Traité, parce qu'on les cite dans les endroits où on a befoin de leur autorité.

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ART. I. De la formation du Plu-
riel des Noms, foit Subftantifs,
foit Adjectifs.

ART. II. Des Noms de nombre
Cardinaux.

E. ART. III. Des Noms terminés
F. en ION.

G. ART. IV. De la formation du
Féminin des Adjectifs.
ART. V. Des Adverbes dérivés des
Adjectifs.

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ART. XL.

K.

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ART. VI. Des Participes.

ART. VII. Des Verbes

TROISIEME SECTION.

DES ACCENS,

Et autres Signes ufités dans

l'Écriture.

ART. I. De l'Accent Circonflexe.
T. ART. II. De l'Accent Grave.
U. ART. III. De l'Accent Aigu.
V. ART. IV. Du Tréma, ou double
point place fur les Voyeles.

ART. V. De l'Apoftrophe.

ART. VI. De la Divifion.

ART. VII. De la Ponduation.

ART. VIII. Des Parentheses &

des Crochets.

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AVIS.

Quelque attention qu'on ait eue dans le cours de l'impreffion de ce Traité, nous ne pouvons nous flater de n'avoir point laissé paffer quelque faute : nous prions le Lecteur indulgent de vouloir les corriger à la main; & fi on s'aperçoit que dans quelques mots nous n'avons pas fuivi l'Orthographe défignée, on doit faire attention qu'il eft impoffible que dans un Ouvrage de cette espece, il ne fe gliffe quelques variantes, principalement dans les mots où l'Ufage ne paroît pas encore décidé. Nous ofons nous promettre de l'attention avec laquelle nous avons suivi cette Édition, qu'il s'en trou

vera peu.

TRAITÉ

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