ses propres agents, sur lesquels elle réagissait', en les mettant entre eux dans un état respectif de suspicion. Aucune lettre, ni aucuns papiers publics ne franchissaient les barrières des îles sans avoir passé à l'épuration. Des sphinx argutieux, répandus dans les lieux publics, proposaient des questions auxquelles il était aussi dangereux de répondre que de chercher à les éluder. L'approbation qu'on donnait aux mesures de l'autorité passait pour ironie; la censure qu'on en faisait était regardée comme un délit, et le silence même était pris en mauvaise part. Enfin on en vint au point de regarder la concorde entre les différentes communions chrétiennes, comme une tendance à des vues criminelles. La police, informée que l'évêque catholique romain devait être accompagné, le 21 juin, à la procession du saint sacrement, par le clergé et les fidèles du rit grec, lui fit défendre de sortir en public. Le prélat, afin d'éviter un scandale, dut alors se mettre au lit en prétextant une attaque de goutte, et il éloigna par cette condescendance le moment de sa séparation d'une église et d'une population auxquelles ses vertus l'avaient rendu aussi cher, qu'il était, à cause d'elles, devenu suspect aux agents britanniques. Les chrétiens, à leur tour, levèrent les yeux au ciel; mais, lorsqu'ils eurent connaissance du supplice des trente Zantiotes empalés à Patras, la puissance de l'inquisition anglaise ne fut plus maîtresse de contenir l'indignation publique. On éclata en malédictions contre un gouvernement qui semblait n'avoir favorisé les Turcs que pour faire égorger les Grecs. On jura de se venger, à la première occasion, d'hommes qui n'auraient dû abandonner les Ioniens, même coupables, qu'en désespoir de cause. En effet, un consul qui aurait fait une démarche, quoique infructueuse, en faveur des Ioniens, aurait réconcilié la politique avec la morale aux yeux mêmes des infidèles, moins étonnés d'avoir vu Parga vendu au satrape de Janina, que de l'abandon absolu des Zantiotes par ceux qui étaient leurs défenseurs naturels. Dès lors, les Turcs se crurent tout permis contre les Francs; mais en scrutant de près la foi punique, on put croire qu'elle ne délaissait ainsi les Ioniens que parce qu'elle les considérait comme des partisans de la Russie; car un paquebot venant de Malte, qui était chargé de poudre et de balles pour le compte des insurgés, leur fut exactement consigné. On permettait en même temps de leur vendre des armes! On tâchait aussi de leur inspirer l'idée de n'avoir d'espérance qu'en eux seuls, de s'émanciper par leurs propres moyens, sauf à les appuyer, s'ils s'en montraient dignes, afin de les opposer un jour, comme une digue, aux prétentions ambitieuses de la Russie. FIN DU TROISIÈME VOLUME. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TROISIÈME VOLUME. LIVRE IV. - CHAPITRE II. - Tremblement de terre.- Prodromes ou signes avant-coureurs de l'insurrection. agas des Schypetars. - - - - - - avec Alexis Noutza. Le déclare son fils. Sa lettre aux Souliotes. Plan - - qu'il adopte. Trahison et désertion des chefs Schypetars. vier. - -- - Mesures Sa défaite. Victoire des impé- - Fermentation générale des esprits. - Khourchid sort de Tripolitza pour se rendre à Janina. Incertitudes. - Premières émeutes à Patras; - s'apaisent; - repro- duites en Arcadie. Divisions entre les consuls de Russie et d'Angleterre. Éclaircissements sur l'insurrection.- Préparatifs des Grecs et des Turcs. - Faute de Khourchid à la nouvelle des premières commotions. - Mouvements des émis- saires d'Ali Tébélen. - Insurrections partielles. - Allégresse de la garnison de Janina. Fausses mesures du commandant turc de Prévésa. Campagne de l'archevêque Porphyre contre les Souliotes, qui le battent. - Otages arrachés aux Grecs. Ordre imprudent du kiaya de Morée. - Ses suites. - Conférences entre les Souliotes et les Turcs. - Perfidie de ces derniers. Battus à Coumchadèz. Lettre du polémarque de Souli à l'aga de Prévésa. - Premier avis de l'insur- rection de la Moldavie. Khourchid arrive à Janina. Parti qu'il tire des papiers saisis sur un agent d'Alexandre Hypsilantis, assassiné à Naoussa. Rupture des conférences entre Ali et Khourchid. - Habileté des Souliotes. Considérations politiques.-Portrait d'Alexandre Hypsilantis.-Sa conduite jugée, - Ses agents. - - - - - Signalement de quelques Hétéristes. — Proclamation. — Per- - - - - - mystérieux qu'il expédie à Constantinople. Affaires de l'Épire; réponse d'Ali Tébélen aux Souliotes. - 53 - - - · Marche de l'archevêque Germanos. — - Chant religieux. - Révolution de l'Eleuthero-Laconie. - Constance Zacharias passe les Turcs au fil Projet d'extirpation du christianisme détaillé. - Proclamation d'Alexandre Hypsi- démentis par les faits. - - - -- - - - Commencement des arrestations et des massacres, - - - 115 CHAPITRE II. Soulèvement général de la Grèce. - Situation politique des îles d'Hydra, de Spetzia et de Psara. Elles proclament l'indépendance. — Patriotisme de leurs armateurs. Continuation des affaires de Moldavie et de Valachie. Mauvaise direction des insurgés. Marche du pacha d'Ibraïlof. - Combat de Galatz. — Valeur brillante d'Athanase et des Grecs.-Se retirent sur le Pruth.-Remontent à Iassy; arrivée de Cantacuzène dans cette ville. Arrestation de Théodore Vladimiresco. Il est décapité. — Retraite d'Hypsilantis. Défection de Can- tacuzène. Bataillon sacré des hétéristes. - Dévouement sublime d'Athanase. - Combat de Skullen. — Objet de l'admiration de la postérité. — Fin glorieuse de Spiros d'Alostros. - Noms des héros morts pour la patrie. Combat de Dra- gachan.- Destruction du bataillon sacré. Fuite d'Hypsilantis. —Sa proclama- tion injurieuse.-Se réfugie en Autriche, est arrêté et incarcéré à Montgatz. 141 - Cérémonie de l'insurrection. - Psara. Son adhésion à l'épanastasie. L'amiral grec devant Chios. - Proclamation qu'il adresse aux habitants. Refus qu'ils font d'y adhérer. - Représailles exercées contre les Turcs. - Mas- sacres des chrétiens dans l'Asie mineure. - Charité recommandable des Psariens. — Adresse des insurgés au clergé orthodoxe. Ordre du jour. - Pavillon grec; sa devise. Confédération des îles de l'Archipel; leurs préparatifs de défense. — Mycone. — Enthousiasme de Modena Mavrogénie.- Contingents en vaisseaux Martyre de Cyrille, archevêque du mont Hémus, de Dorothée, ancien élève de |