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l'appellent avanonsfía. On n'ôse donner ce mot pour un nom bien établi dans nôtre langue. Nos bons Auteurs ne s'en fèrvent point. Quelques pèrfonnes le difent pourtant & l'écrivent. Baius & Janténius conviennent avec Luther fur l'eflence du péché originel, & c'eft de leur part une inconféquence évidente de l'abandonner dans le refte. MÉM. DE TRÉ V.

On fe fert de ce mot hors des matières dogmatiques & dans l'ufage ordinaire pour marquer l'oppofition dans les conduites différentes de la vie ; par exemple, entre les jugemens de l'efprit & les actions. C'est une étrange inconféquence de croire un enfèr, & de mener une vie déréglée. Ce fut par un éffèt de ce bon fens qu'il (M. le Dauphin Duc de Bourg.) comprit dès lors combien il y a d'inconféquence à faire profeffion du Christianisme fans fuivre fes maximes dans la pratique. P. MARTI

INCONSIDERATION. fubft. f. Imprudence. Imprudentia. Cet étourdi a pèrdu fa fortune par fon inconfidération. INCONSIDÉRÉ, É E. adj. Imprudent, peu judicieux; qui ne confidère pas affez les chôfes; qui les fait étourdiment, & précipitamment. Imprudens. Il a lâché des paroles inconfidérées qui lui ont fait une grande affaire. Faire des largelles inconfidérées. ABLANC.

INCONSIDÉRÉ, É E, fe prend auffi quelquefois substantivement. C'est un étourdi, c'eft un inconfidéré. Je hais la mort; car c'est une inconfidérée qui ne réfpécte rien, & qui vient toûjours mal à-propos. M. SCUD.

INCONSIDÉRÉMENT. adv. Imprudemment; d'une manière prompte, étourdie & inconfidérée. Imprudenter. Il s'eft jetté inconfidérément dans les éfcadrons ennemis, & il y eft demeuré. Il s'engagea inconfidérément dans un lieu étroit. VAUG. INCONSOLABLE. adj. m. & f. Qui ne peut être confolé. Inconfolabilis, infolabilis. Il fe dit des chôfes auffi bien que des pèrfonnes. VAUG. RE M. La pèrte de l'honneur rend inconfolable. A la mort d'une pèrfonne bien aimée on eft inconfolable. Il eft dans une douleur inconfolable.

INCONSOLABLEMENT. adv. D'une manière inconfolable. Inconfolabiliter, citra confolationem. La mort de sa femme l'a affligé inconfolablement.

INCONSTAMMENT. adv. D'une manière inconftante. Inconftanter. Hylas dans l'Aftrée foutient le parti de ceux qui aiment inconftamment.

INCONSTANCE. ff. Légèreté, inftabilité; manque de fèrmeté, de durée, de réfolution. Inconftantia. L'inconftance eft un vice de l'âme qui la porte fucceffivement à des chôses différentes. La fortune eft changeante, & je (Darius) ne fuis moi-même qu'un trop illuftre éxemple de fon inconftance. VAUG. Comme la fèrmeté raifonnable n'eft pas inflexible, & qu'au contraire elle fe rend à la vérité dès qu'elle la voit paroître, tout changement n'eft pas inconftance, ainfi que le vulgaire fe l'imagine. M. És r. La vivacité des femmes fait leur inconftance. BELL. Les revolutions continuelles de nôtre éfprit, & l'inconftance de nos paffions, ne nous laiffent pas dans une affiette affez fèrme pour établir le répos de notre vie. S. EVR. Tout nous inftruit de la fragilité, & de l'inconftance des chôses humaines. FLECH. Dieu feul eft exempt d'inconftance. Ego Deus & non mutor. Le fymbole de l'inconftance eft une fortune peinte fur une boule, & la variété des couleurs de l'iris. La girouette marque l'inconftance du tems. La foibleffe de l'efprit humain eft la cause de fon inconftance. C'est une marque d'inconftance, & de légèreté d'efprit, que de ne fe trouver bien nulle part. BELL. Les Amans appréhendent fans ceffe l'inconftance de la pèrfonne aimée. Le tableau de l'inconftance a été fait par Pièrre de Lancre en un gros volume.

INCONSTANT, ANTE. adject. Qui n'a point de fermeté, de conftance. Inconftans. La fortune eft inconftante. Les Amans font d'ordinaire inconftans. Sénéque dit à un inconftant, fais du moins qu'on te puiffe reconnoître quelquefois. On ne fait pas revenir les inconftans par des plaintes, & par du fracas. B. RAB.

Je t'aimois inconftant ; qu'aurois-je fair fidelle? RAC. Faifons des inconftans, des Jaloux odieux. DE LA MOTE. On dit auffi, le tems eft inconftant, tantôt il pleut, tantôt il fait beau.

INCONTÉSTABLE. adj. m. & f. Qui eft hors de contéstation. Certus. Ce droit eft clair & incontestable. Tître incontestable. PAT. Vérité incontestable. MoL. Il faut des démonftrations d'une évidence incontestable pour hazarder l'étèrnité. M. P. INCONTESTABLEMENT. adv. D'une manière inconteftable. Abfque controverfia. Cette tèrre lui appartient inconteftablement.

INCONTINEMMENT. adv. D'une manière incontinente.

Incontinenter. On châtie les jeunes gens, on les reffèrre, quand ils ont vécu incontinemment.

;

INCONTINENCE. f. fém. Vice oppôfé à la continence ; déréglement de vie. Incontinentia. L'incontinence feule fépara Henri VIII. de l'Églife Catholique. M AUG. Il faut des Eunuques, de doubles grilles pour brider l'incontinence des femmes. Le vice qui décrie le plus eft l'incontinence. INCONTINENT, ENTE. adj. Qui n'a pas la vèrtu de continence, qui ne fçait pas modérer les appétits de la chair. Incontinens. Saint Paul menace les incontinens de l'éxclufion du Paradis. Il ne fe dit guère que dans les matières de pieté. INCONTINEN T. adverbe de tems. Sur l'heure, dans un moment. Statim. Ce que vous m'ordonnerez, je le ferai tout incontinent. J'irai là incontinent après dîné.

INCONVENIENT. f. m. Difficulté qui fe préfente en une affaire, qui fèrt d'obstacle à fa conclufion. Difficultas. Il n'y a point d'affaire qui n'ait fes avantages, & fes inconvéniens. Il eft impoffible de remédier à tous les inconvéniens. Je ne vois point d'inconvénient d'accepter cette proposition. Engager quelqu'un

dans un inconvénient. Boss. INCONVENIENT, fignifie auffi, Malheur, fuitte, conféquence fâcheufe. Incommodum. L'inconvénient du mariage pour les jeunes gens, c'eft qu'ils font chargez d'une grande famille avant que d'avoir établi leur fortune. L'opinion' d'Ariftote du monde étèrnel eft fujette à beaucoup d'inconvéniens, de conféquences dangereuses.

INCORPORALITÉ. f. fém. Ce mot fe dit proprement de Dieu & des Ésprits, en tant qu'ils n'ont rien de corporel, ni d'étendu. Spiritualitas, immunitas, feparatio à corpore. Je les entends crier tout le jour, & parler d'idées & d'incorporalité. ABLANC. INCORPORATION. f. f. Union, mélange, jonction d'un corps avec un autre. Cooptatio, coagmentatio. Il faut pétrir ces drogues enfemble, les laiffer bien infufer jufqu'à une pleine in corporation.

On le dit auffi au figuré des corps politiques. Depuis qu'on a fait incorporation de ces deux compagnies enfemble. INCORPOREL, ELLE. adj. Substance fpirituelle qui n'a point de corps. Incorporalis, fpiritualis. Les Anges font des créatures incorporelles. L'âme de l'homme eft incorporelle, & peut fubfifter indépendamment du corps. Ces idées indépendantes des corps ne peuvent ni être corporelles, ni être reçues dans un fujer corporel. Elles me découvrent la nature de mon âme, qui reçoit ce qui eft incorporel, & qui le reçoit au dedans de foi d'une manière incorporelle. D'où me vient une idée fi incorporelle des corps mêmes? Je ne puis la porter par ma propre nature au dedans de moi, puifque ce qui connoit en moi les corps eft incorporel. &c. FÉNEL.

INCORPORE L. En Droit on appelle chôfe, ou poffeffion incorporelle, la poffeffion des chôfes qu'on ne peut toucher, & qui confiftent en droits, & actions: comme font les droits feigneuriaux. INCORPORER. v. act. Mêler, ou joindre des chôfes enfemble pour en faire un même corps. Conflare. Les acides & les alcalis s'incorporent fi bien enfemble, qu'ils ne font plus qu'un corps. Le plomb réduit en poudre s'incorpore facilement avec l'huile. GLASER. Les richeffes s'attachent, & pour ainsi dire, elles s'incorporent à notre cœur. Boss.

INCORPORER, fe dit auffi figurément en Morale. On a incorporé les Officiers de ce Bailliage qu'on a supprimé, avec ceux d'un Préfidial qui avoit été créé auparavant. INCORPORÉ, É E. part. paff. & adj. Province unie & incorporée à la couronne. PATRU. Albe fut vaincue & ruinée : fes citoyens incorporez à la ville victoricufe l'agrandirent & la fortifièrent. BossUET.

INCORRIGIBILITÉ. f. fém. Dans le difcours ordinaire on ne prononce qu'uner, dans un difcours foutenu on les prononce toutes deux. Indocilité, mauvaise qualité de celui qui ne fe corrige point de fes fautes, après en avoir été fouvent avèrti. Indocilitas, obftinatio. On s'eft défait de lui à caufe de fon incorrigibilité. La malignité & l'incorrigibilité des peuples empêchent le fruit de leurs travaux. Aв. DE LA TR. Il arrive fouvent que nous nous pèrdons nous mêmes en voulant fauver ceux que nous ne fauvons pas ; foit que la complaifance empêche de faire pour cela autant que l'on doit; ou bien que le zèle qui s'échauffe contre l'incorrigibilité, nous emporte au delà des bornes que la charité & la fagetfe nous doit préfcrire. I D. INCORRIGIBLE, & ordinairement INCOIRIGIBLE. adj. m. & f. Indocile, opiniâtre, qui ne veut point fouffrir de corréction. Inemendabilis. Il ne fe dit que des pèrfonnes. Cet enfant, ce valèt, font incorrigibles.

INCORROMPU, U. adj. Qui n'eft point corrompu, qui

n'eft

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n'eft point gâté. Incorruptus. La nature incorrompue. PASCAL, Ce tèrme ne fe peut employer tout au plus que dans le ftile dogmatique pour éviter un long détour de paroles. INCORRUPTIBILITE, ou INCORRUPTIBILITÉ. fubft. f. Qualité par laquelle une chôse eft incorruptible. Incorruptibilitas. L'incorruptibilité est une des proprietez des corps glorieux.

INCORRUPTIBILITÉ, fe dit auffi au figuré, & fignifie, Intégrité, qualité qui empêche quelqu'un d'agir contre fon devoir. L'incorruptibilité de mon Juge me raffure.

INCORRUPTIBLE, & INCORRUPTIBLE. adj. m & f. Qui ne fe peut corrompre. Incorruptibilis. Le ciel eft de fa nature incorruptible, les fubftances fpirituelles font incorruptibles, comme les Anges, l'âme raisonnable, parcequ'elles n'ont point en elles la matière de corruption. Les fèls, le vèrre, le mèrcure, font incorruptibles.

INCORRUPTIBLE, fe dit figurément en chôfes morales. Nef ciens corruptionem, integer. Il y a peu de gens dont la probité foit incorruptible. M. ESP. Un bon Juge doit être incorruptible. Un fujèt doit avoir une fidélité incorruptible. INCORRUPTIBLE. f. m. & f. Nom de fecte. Incorruptibilis. Les incorruptibles étoient un rejetton des Eutychiens. FLEURY. Les Incorruptibles difoient que le corps de J. C. étoit incorrupti ble; par là ils entendoient que dès qu'il fut formé dans le fein de fa fainte mère, il n'étoit fufceptible d'aucun changement, ni d'aucune altération, pas même par les paffions naturelles & innocentes, comme la faim & la foif; enforte qu'avant fa mort il mangeoit fans befoin, comme après la réfurrection. On voit par là d'où leur venoit ce nom. L'inquiétude de l'Empereur Juftinien, & fa curiofité fur la religion, aboutir à l'èrreur des Incorruptibles. I D.

INCORRUPTION, ou INCORRUPTION. f. f. Tèrme de Phyfique. État des chôfes qui ne fe corrompent point; vèrtu qui empêche que les chôfes ne fe corrompent. Incorruptio, integritas. L'incorruption eft une des qualitez des corps glorifiez. Saint Paul dit que nous revétîrons l'incorruption, lorfque nous ferons réflufcitez.

INCRASSANT, ANT E. adj. Tèrme de Médecine. Qui épaiffit le fang & les humeurs, qui appefantit. Craffum efficiens, faciens craffefcere; craffamen, craffamentum, craffitudinem inducens. Il y a des remédes affoupiffants & incraßans, des plantes affoupillantes & incraffantes. Les chôfes incraffantes, dit M. Harris après Blanchard, font celles qui font compofées de parties épaiffes & gluantes, & qui quand on les mêle à une liqueur claire, la réduisent à une confiftance épaiffe, en joignant & liant fes parties ensemble.

INCREDIBILITÉ. f. m. Ce qui fait qu'on ne peut croire une chôle. Incredibilitas. Comme il y a des motifs de crédibilité, il y a auffi des motifs d'incrédibilité. La contradiction maniféfte eft un motif d'incrédibilité. Hors les difputes de l'école ce mot n'eft pas en ufage.

INCREDULE. adj. m. & f. Libèrtin, qui ne croit rien. Incredulus. On a plus de peine à convèrtir les incrédules que les Hérétiques. L'incrédule infulte dans fon cœur aux foibles éfprits que la Religion fait trembler.

qui ne mérite point de croyance. Incredibilis. Tous les mystères des Payens, desÉgyptiens, font fi éxtravagans, qu'ils font toutà-fait incroyables. Accident incroyable à ceux qui ne l'ont pas vû.

VOIT.

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INCROYABLEMENT. adv. D'une manière incroyable. Incredibiliter. Il y avoit du monde incroyablement à cette Procéffion, à cette folennité, en nombre incroyable. Nous ne croyons pas ce mot fort ufité.

INCRUSTATION. fubft. f. Ornement d'Architecture qui fe fait de pièrre dure & polie, ou autres chôfes brillantes, qu'on applique dans des entailles faites éxprès dans le corps d'un bâtiment. Les incruftations du Château de Madrid ne font que de poterie: celles du Louvre font de marbre. On dit incrustation de pièrre, ou de marbre, quand une muraille en eft revétuë. Les Anciens nommoient les enduits des incrustations. INCRUSTER. v. act. Orner un bâtiment de plufieurs incruftations, de plufieurs marbres, ou autres pièrres brillantes appliquées dans les entailles des murs. Incruftare. INCRUSTÉ, ÉE. part. & adj. Colomne incruftée. C'est une colomne faite de plufieurs côtes, ou branches minces de marbre râre, maftiquées fur un noyau de pièrre de brique, ou de tuf: ce qui fe fait autant pour épargner la matière prérieufe, comme le jafpe, & l'agathe, que pour en faire paroître les morceaux d'une grandeur éxtraordinaire par la propreté de l'incruftation qui rend les joints imperceptibles avec un mastic de même couleur.

INCUBATION. f.f. Incubatio. C'est l'action de la poule qui fe met, & demeure fur fes œufs pour les couver. INCUBE. f. m. Incubus. Démon qu'on s'imagine venir coucher avec les femmes, & en abufer. Lés Philofophes ont fait plufieurs Diffèrtations fur la nature des incubes ; & pour éxaminer s'il y en avoit éffectivement. Il y a bien de l'apparence que la fable des Démons incubes n'avoit d'autre fondement que la maladie dont on parlera dans l'article fuivant, & peutêtre enfuite la débauche de cèrtaines femmes. Voyez fur les incubes Delrio, dans fon Commentaire fur l'Hèrcule furieux de Sénéque P. III. & dans les Difquifitiones Magica L. II. quaft. 15. INCUBE, eft auffi une maladie qui confifte dans une oppreffion de poitrine, fi grande, qu'on ne peut refpirer, ni parler. Elle fe fait de nuit ordinairement. En cette maladie les fens ne font point pèrdus, mais étonnez, endormis & hébêtez, auffi bien que l'entendement & l'imagination, ce qui fait croire au patient que quelque ennemi fe vient ruer fur lui, ou le follicite à luxure. Les enfans font fujèts à l'incube, auffi bien que les pèrfonnes graffes & les gens de lettres, dont l'eftomac a de la peine à faire la digeftion. L'incube eft coufin gèrmain de l'épilépfie & de l'apopléxie; car s'il dure longtems il dégénère en l'une ou l'autre de ces maladies.

Ce mot vient du Latiu Incubare, qui fignific, Se mettre fur quelque chôfe & la preffer. Les Grècs l'ont nommée páxins, c'està-dire, le fauteur, ou celui qui fe ruë fur quelqu'un. Le vulgaire-l'appelle cauchemar.

INCREDULE, fe dit auffi de ceux qu'on a de la peine à pèrfuader. Il faut être prudemment incrédule. S. É v R. Il faut avoir de fortes raifons pour convaincre cet homme-là, car c'eft un incrédule. L'Apôtre Saint Thomas a été incrédule. INCREDULITÉ. f. f. Difpofition d'éfprit qui fait qu'on a peine à croire les, chôfes, à moins qu'elles ne foient bien prouvées. Incredulitas. L'incrédulité eft utile en Phyfique, mais elle eft dangereufe en Morale. C'eft une fentence d'Epicure, qu'il n'y a rien de plus utile aux mortèls qu'une fage incrédulité.BOIL. L'incrédulité eft le commencement de la fageffe. MÉNAGE. INCREDULITÉ, fe dit auffi de la répugnance qu'on a à croire les mystères de la Religion. L'incrédulité eft une témérité qui hafarde tout, & un orgueil qui ne peut fouffrir d'autorité légitime. Boss. Les peuples à qui on a annoncé l'Évangile, & qui ne l'ont pas reçu, feront punis févèrement à caufe de leur incrédu-Ce lité. Ceux qui contéftent les miracles modèrnes font des profanes, qui couvrent leur incrédulité du titre fpécieux de Bon fens. A B. DE T. La crédulité a plus fait de mal à la Religion que l'incrédulité. S. É V R. Cela eft faux: Il falloit feulement dire que la trop grande crédulité a quelquefois fait tort à la Religion. La Princelle gémiffoit dans fon incrédulité, qu'elle n'avoit pas la force de vaincre. Boss.

INCRÉÉ, É É E. adj. Qui n'a point eû de commencement, & qui n'a point été créé. Increatus. C'eft un des attributs de Dicu que d'être incréé. La fageffe incréée, c'est le Vèrbe incréé, & étèrnel.

INCROYABLE. adj. m. & f. Qui n'est point vraisemblable ;

INCULQUER. v. act. Inculcare. Faire entrer par force une chôle dans l'éfprit, dans la mémoire, à force de la répéter & de la rebattre. On ne fçauroit trop inculquer dans l'éfprit cette maxime. Il est néceffaire de bien inculquer ces véritez aux Chrétiens. FLEURY.

mot vient du Latin inculcare, qui fignifie proprement, Faire entrer à force de marcher deffus, calcando immittere. INCULTE. adj. m. & f. Incultus. Qui eft en friche, qui n'eft point cultivé. Les tèrres d'Espagne font la plûpart incultes faute d'habitans. Tèrre inculte, & fauvage. BEN S. INCULTE, fe dit figurément de l'efprit. Groffiér,qui n'eft point poli; qui n'eft point cultivé. Les Sauvages ont de l'éfprit, mais ils font incultes, & féroces. C'eft dommage de laiffer l'éfprit de ce jeune homme inculte,il a beaucoup de génie; il réuffiroit,s'il étoit culti vé. Le Prince n'étoit pas de ces Héros incultes, qui de la bravoure fe font un droit d'ignorance pour tour le refte. Le P. BOURD. Les Dictateurs de Rome fe tîroient de la charruë, & la reprenoient après l'éxpédition, moins par le choix d'une condition NNn iij tranquille

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INCURABLE. adj. m. & f. Il fe dit des chôfes & des pèrfonnes, & fignifie, Qui ne fçauroit être guéri. Infanabilis. La folie, l'entêtement, la préocupation des hommes, font les plus incurables de tous les maux. Les Amans difent que leur mal eft incurable.

L'amour dont je me plains est un mal incurable. CORN.

Il n'appartient pas à l'amitié de faire des incurables : c'est un des prodigieux éffèrs de l'amour. B. RA B. Si l'aveuglement des peuples n'avoit pas été incurable, la Reine auroit guéri les élprits. M. DE M.

INCURABLES. f. m. plur. Infanabilium nofodochium. Maifon fondée pour les pauvres malades, dont la guérison est désespérée. Avoir une place aux Incurables.

Il fe dit auffi des malades mêmes. L'hôpital des Incurables fut le partage de Xavier. BOUHOURS. INCURSION, f. f. Irruption d'armées ennemics dans un païs pour le ravager & défoler en le courant & le travèrfant. Incurfio. L'Empire Romain a beaucoup fouffert par l'incurfion des Barbâres. Les Tartâres font des incurfions en Pologne, & fe retirent au plûtôt.

On dit Incurfion gaillarde & amoureufe. C'eft une phrase burlefque.

INCUSE. f. & adj. f. Tèrme de Médaillifte. C'eft le nom qu'il donne aux médailles qui n'ont point d'inscription au revèrs: ou qui portent en creux la tête qui eft en boffe de l'autre côté. Nummus incufus, numifma incufum. Les médailles incufes font râres. Cette médaille eft bonne, c'eft une incufe. Ce mot vient du Latin incufus.

IN D.

INDAGUE. adj. Vieux mot, qui fignifioit autrefois, Homme mal mis & mal vétu, ou décontenance; parce que c'étoit alors la mode de porter la dague au côté ; de forte que celui qui fortoit fans dague étoit appellé indague, c'est-à-dire, fans ajuftement, fans grâce & fans contenance. Turpis. Le peuple dit encore, Cela eft indague ; pour dire, vilain, malhonnête, indigne. INDAL. f. m. Nom propre d'un village ou bourg de la Suéde, fitué dans la Médelpadie, dont il eft le lieu principal. Indalia.

MATY.

INDE, ou INDUS. f. m. Nom propre d'une rivière qu'on appelle auffi Send. Indus. C'eft une des plus célébres rivières de Ï'Afie. Elle donne fon nom à une très-grande contrée de cette prémière partie du monde. Elle prend la fource aux montagnes du Caucale, dans le Royaume de Caffimère, ou Kachemire ; elle travèrse ceux d'Attock, de Multam, de Ruckor, & de Tatta, où elle fe décharge dans la mèr de l'Inde, coulant du nord au midi.

nommoient India intra Gangem, eft au couchant de cette riviè re, & l'Inde au delà du Gange, qui portoit le nom d'India extra Gangem, eft à l'orient du Gange. On la divife aujourd'hui en trois parties. I. L'Inde feptentrionale, ou le Mogolistan, qui eft l'Empire du Mogol, dont on parlera en fon lieu. 2. La prèfqu'ifle de l'Inde deçà le Gange. 3. La prèfqu'ifle de l'Inde de là le Gange. MATY.

L'Inde en l'année 1501. lorfque Babar s'y tranfporta, étoit habi tée par des peuples de quatre nations différentes. P. CATROU.J. Tous les Rajas de l'Inde ne fûrent pas également foumis au fils de leur vainqueur. ID. Les Mogols étoient maîtres de quelques Royaumes de l'Inde occidentale. ID. On dit l'Inde en deçà du Gange, l'Inde audelà du Gange; l'Inde orientale, eft celle qui eft à l'orient du fleuve Indus; l'Inde occidentale, eft celle qui eft à l'occident de ce fleuve.

Maffée a écrit fort élégamment en Latin l'hiftoire des Indes. L'Afie de Barros, que les Portugais appellent leur Tite Live, est une hiftoire des Indes orientales. Nous avons un fi grand nombre de voyages des Indes en toutes langues, qu'on en feroit une jufte Bibliothéque.

Dans l'ufage ordinaire on fe fert beaucoup plus du pluriel de ce mot que du fingulier. Aller aux Indes, revenir des Indes, faire un voyage aux Indes, le voyage des Indes, les Indes orientales, les Indes occidentales; dans ces phrâfes on ne diroit pas bien Inde au fingulier. Les Indes entamées d'abord par Tamèrlank, avoient eû le tems de refpirer. P. CATROU. J. Miracha, qui caufa la mort de Tamèrlank fon père, lui fuccéda à l'Empire des Indes. Ib. Uffum-Caffan fe vit maître de la Pèrfe jufqu'aux Indes. ID. Ce Marchand a demeuré dix ans dans les Indes. Celui-ci a été quinze ans Conful aux Indes. Ce vaiffeau fera bientôt voile pour les Indes. Le commèrce des Indes, les marchandifes des Indes. Les toiles des Indes, une idôle des Indes. Un port des Indes. Nous allâmes attendre la mouffon dans un port des Indes. Ville des Indes, Royaume des Indes, les épiceries des Indes. Dans toutes ces phrafes, & femblables, quoiqu'on pût quelquefois mettre le fingulier, le pluriel eft toujours mieux. Le fingulier eft furtout infuportable avec la prépofition à. Aller à l'Inde, il eft demeuré à l'Inde, ne se peuvent fouffrir. Cependant le datif n'eft pas fi défagréable, combien donnez-vous d'étendue, ou de degrez à l'Inde? On égale prèfque la Chine à l'Inde en grandeur. Ces éxpreffions, & d'autres femblables, ne choquent point tant l'oreille. Le fingulier paffe fur tout, quand il y a un adjectif avec l'Inde. Les Mogols donnent la loi à toute l'Inde, ou bien à l'Inde entière, éxcepté quand c'est l'epithéte d'orientale, ou d'occidentale, fi ce n'eft pour marquer deux parties des Indes, d'Afie, comme on le voit ci-deffus, & comme on va l'expliquer encore ci-après.

L'Inde où jette l'Hydafpe une vague affez forte, Sans lui faire fentir le tribut qu'il lui porte. BREBEU F. INDE. f. f. ou INDOSTAN, ou plutôt INDOUSTA N. f. m. Nom propre de la plus grande & la plus confidérable des fix parties qui compôlent l'Afie. India. Elle prend fon nom de l'Inde, une de fes plus fameufes rivières. Elle eft renfèrmée selon les grandes Cartes de Samfon, entre le 105. & le 145 degrez de longitude, & entre le 2o de latitude feptentrionale, & le 38. D'autres l'avancent jufqu'au 41. Ses bornes font, au couchant la Pèrfe; au nord la grande Tartarie; au levant la Chine; & au midi la mèr de l'Inde. L'air y eft différent, mais généralement chaud. L'Inde & le Gange en font les principales rivières; & le tèrroir eft très-fèrtile en ris, en millet, en fruits, & en épiceries. On y recueille quantité de cannes de fucre, quantité de coton, dont on fait ces belles toiles blanches & peintes qu'on apporte en Europe; quantité de foye; mais la principale plante de ce païs eft cette élpéce de palmier qui porte la noix de cocos dont nous parlons en fa place. Outre les animaux de l'Europe on trouve dans l'Indouftan des éléphans, des chameaux, des finges, & des pèrroquers vèrds & rouges. Il eft riche en mines. On y en trouve d'or, d'argent, de diamant, de rubis &c. & on pêche de fort belles pèrles le long de fes côtes. Les Anciens ont divifé l'Inde en deux parties générales, dont le Gange faifoit la féparation; l'Inde au deçà du Gange, qu'ils

Enfin, il y a des phrâfes où ce mot fe doit toujours dire au fingulier, d'autres où il le faut mettre au pluriel, & d'autres où il fe peut mettre à l'un ou à l'autre, mais où généralement parlant il eft mieux au pluriel qu'au fingulier.

Il faut dire au fingulier, l'Inde en deçà du Gange, l'Inde au delà du Gange. La prefqu'ifle occidentale de l'Inde, la prèfqu'ifle orientale de l'Inde, un coq d'Inde, une poule d'Inde.

Il faut dire au pluriel, la Compagnie des Indes, un vaiffeau des Indes. Les Indes orientales, les Indes occidentales, pour fignifier le païs d'Afie & d'Amérique qui porte ce nom; car au fingulier l'Inde orientale & l'Inde occidentale, défigneroit plutôt la partie orientale & la partie occidentale de l'Inde, païs d'Afie, que nous nommons l'Inde en deçà du Gange, & l'nde audelà du Gange. J'ai dit plutôt; car on ne laifferoit pas de le dire en l'autre fens. Le vainqueur de l'Inde c'eft Bacchus.

La prèfqu'ifle de L'INDE deçà le Gange. Peninfula India intra Gangem. C'est une des trois parties générales de l'Inde. Elle eft. baignée par la mèr au couchant, au midi, & au levant ; & bornée au nord par l'Empire du Mogol. Les montagnes de Gate, qui la travèrfent du Septentrion au midi, la divifent en deux parties. L'occidentale, où font les païs de Décan, de Balaguate, de Cuncan, de Canara, & le Malabar. L'orientale, où l'on trouve les Royaumes d'Orixa & de Golconde, & la côte de Coromandel, qui renferme le Royaume de Narfingue, ou de Bifnagar, & les principautez de Gingi, de Tanjor, &

de Maduré. MATY.

La prèfqu'ifle de L'INDE delà le Gange. Peninsula India extrà Gan. gem. C'eft une des trois parties générales de l'Inde. On la nomme auffi le Zirbat, c'eft-à-dire, le païs fous le vent. Elle eft bornée vers le nord par l'Empire du Mogol, la grande Tartarie, & les monts Damafiens, qui la féparent de la Chine; la mèr de l'Inde l'environne vèrs le midi. On la divife en trois parties. La feptentrionale, qui contient plufieurs Royaumes, dont les plus connus font ceux d'Ava, de Pégu, d'Arracan, de Brama, & de Martaban. La méridionale, où eft le Royaume

de

de Siam, & la prèfqu'ifle de Malaca. L'orientale, où l'on trou-
ve les Royaumes de Tunquin, de Cochinchine, de Chiampa, &
de Cumboya. MATY.

Le Golfe de L'INDE. C'est une partie de la mèr de l'Inde. Indi-
cus finus. Ce Golfe eft formé par les eaux de la rivière d'Inde,
& par celles du Paddèr, & il eft renfermé entre les provinces de
Tatta, de Soret, & de Guzarate. MATY.

pon

La mèr de L'INDE. Mare Indicum. C'est la partie de l'océan
oriental, qui baigne les côtes de l'Inde. Elle s'étend depuis l'em-
bouchure de l'Inde, jufqu'aux confins de la Chine. MATY.
INDE ORIENTALE, ou plutôt INDES ORIENTALES, OU GRAN-
DES INDES. India orientalis, India orientales, ou India majo-
res. Sous ces noms on ne comprend pas feulement l'Inde propre,
mais encore les ifles de l'océan Indien, celle de Ceylon, les
Maldives, celle de la Sonde, les Philippines, & même le Ja-
& la Chine; & ainfi on entend par les Indes orientales tou-
te la partie de l'Afie, qui eft au levant de la Pèrfe, & au midi
de la grande Tartarie. MATY. Le plurier Indes orientales est
plus en ufage que le fingulier. Grandes Indes ne fe dit guère.
INDE OCCIDENTALE, ou plutôt au pluriel IN DES OCCIDEN
TALES. India occidentalis, India occidentales. On a donné ce
nom à l'Amérique, parcequ'elle eft à l'occident de nôtre conti-
nent, qu'elle fut découvèrte peu de tems après que les Portu-
gais eurent découvèrt le chemin des vrayes Indes, par le cap de
Bonne Efpérance, & parceque les Éfpagnols s'empreffèrent d'y
aller chercher de l'or & de l'argent, & d'autres richeffes, com-
me les Portugais en alloient chèrcher dans l'Inde propre. MA-
TY. Il dit qu'on les appelle auffi petites Indes; mais ce n'eft point
l'ufage en nôtre langue. Laët a fait la défcription des Indes oc-
cidentales.

INDE. f. m. Indicum. Fécule bleuë foncée qu'on nous apporte en
maffe, ou en pâte féche des Indes occidentales: elle eft tirée des
feules feuilles d'une plante que les Indiens & Efpagnols appel-
lent anil, & les François indigo, par le moyen de l'eau & d'un
peu d'huile d'olive. Il y a plufieurs éfpéces d'inde, ou indigo, car
c'eft la même chôfe; le meilleur eft celui qu'on appelle inde de
Serquiffe, à caufe d'un village nommé Sèrquiffe où il fe fait: on
le choifit en morceaux plats, d'une épaiffeur raifonnable,
moyennement dur, nèt, nageant fur l'eau, inflammable, de
belle couleur bleue, ou violette foncée, parfemé en dedans de
quelques paillettes argentées, & paroiffant rougeâtre quand on
le frotte fur l'ongle. L'inde en marons eft encore d'une affez
bonne qualité, on l'appelle indigo d' Agra, il eft en figure de
mârons, d'où vient fon nom.

L'inde eft employé dans la peinture, broyé & mêlé avec du blanc
pour faire une couleur bleuë; car fi l'on s'en fèrvoit fans mélan-
ge, il peindroit en noirâtre: on le broye auffi avec du jaûne
pour faire une couleur vèrte. Les Teinturiers s'en fèrvent pour
la teinture, & les Blanchiffeufes en employent pour donner une
couleur bleuâtre à leur linge, en Latin Indicum, parceque cette
drogue eft préparée aux Indes.

Il ya une autre forte d'inde qui fe fait de l'écume du paftel que tî-
rent les Teinturiérs. Voyez indigo.

INDE, fe dit auffi d'un bois fort rouge, qu'on appelle Bois d'Inde,
Bois de la Jamaïque, ou Bois de Campêche. On le tire du cœur d'un
gros arbre qui croît abondamment dans les Ifles de la Jamaïque,
de Campêche, & de Sainte Croix en Amérique. Son écorce eft
mince, unie, douce au toucher, grife, argentée, ou jaûne : fes
feuilles approchent en figure de celles du Laurier, ayant un
goût de gérofle fon fruit eft grôs comme un pois, orné d'une
petite couronne de couleur jaunâtre; il est attaché à l'arbre par
une petite queue, fon goût eft âcre & piquant, affez agréable,
fentant le gérofle: il contient trois petites femences. On le nom-
me à caufe de fon ôdeur & de fon goût Graine de Gérofle, ou
Poivre de la Jamaique, ou Amôme, il fortifie le cèrveau & l'éf-
tomac; il aide à la digestion, il éxcite la transpiration, il chaf-
fe les vents. Le Bois d'Inde eft employé pour la teinture; fa dé-
coction eft fort rouge, on a remarqué que fi l'on met de cette
décoction dans deux petites bouteilles, & que l'on mêle dans
l'une un peu de poudre d'alun, celle-ci deviendra d'un très-
beau rouge clair qu'elle confervera, & l'autre deviendra jaû-
nâtre dans moins d'un jour, quoique les deux bouteilles foient
fermées de même; & fi on laiffe à l'air une partie de cette dé-
coction, elle deviendra noire comme de l'encre dans le même
éfpace de tems.

COQ D'INDE, POULE D'INDE. Voyez CoQ,DINDON,

DINDONEAU.

INDÉCEMMENT. adv. d'une manière indécente. Indecenter.
Les mauvais Chrétiens affiftent au fèrvice divin fort indécem-
ment, n'y apportent pas tout le refpèct néceffaire.
INDECENCE. f. f. Pofture, action qui eft contre le devoir, la
bienséance & l'honnêteté. Indecorum. C'est une indécence d'être

à

debout, & de caufer à la Melle. Un jour je demandois raifon
Monfieur Defpreaux de la bizarrerie & de l'indécence des Dieux
d'Homère. DE LA MOTTE.

tes. PAT.

INDECENT, ENTE. adj. Qui eft contre le devoir & l'honnê-
teté. Indecorus. Ce danfeur fait plufieurs geftes, & poftures in-
décentes. Il est indécent à un Prélat de paroître en public dans un
état qui ne convient point à la gravité de fon caractère. Ils re-
chèrchent la prééminence par des voyes & des pratiques indécen-
INDECHIFFRABLE. adj. m. & f. Qui ne fe peut lire, dé-
chiffrer, deviner. Inextricabilis, indeprehenfus. Un chiffre bien
fait, & à double clef, eft indéchiffrable. Les caractères des obé-
lifques qui font étrangers ou effacez font indéchiffrables. Un éx-
ploit de Sergent eft fi griffonné, qu'il eft indéchiffrable, qu'on
ne le peut lire.

INDÉCHIFFRABLE, fignifie auffi, Obfcur, embrouillé, qu'on
ne peut éxpliquer. Perplexus, obfcurus. Les anciens Auteurs ont
beaucoup de paffages qui ont été indéchiffrables à tous leurs
Commentateurs. Les Oracles des Payens étoient fi obfcurs,
qu'ils étoient indéchiffrables, jusqu'à ce que le hafard ou l'évene-
ment y euffent fait trouver quelque fens.
INDECIS, IS E. adject. Qui n'eft point décidé, ni détèrminé.
Non decifus, dubius, pendens. Il y a des queftions que les Doc-
teurs laillent indécises; auxquelles ils n'ont point voulu toucher.
Ce procès eft encore pendant & indécis.
INDECIS, ISE. fe dit auffi dans la Chambre des Comptes, &
fignifie, qui n'est pas admis, à cause de quelque manque de for-
malitez. C'eft une recepte indécife. Il y a une partie de cette re-
cepte qui eft indécife.

INDECLINABLE. adj. m. & f. Tèrme de Grammaire. Qui
ne fe peut décliner. Indeclinabilis. Il n'y a point de Langue qui
n'ait plufieurs mots indéclinables.

INDÉCROTABLE. adj. m. & f. Tèrme de raillerie qu'on ap-
plique aux Régens des Colléges, parcequ'ils font crottez ordi-
nairement. On a défini un Pédant, un animal indécrotable.
INDÉCROTABLE, fe dit de moeurs & des manières, & il
fignifie, qui ne peut fe polir, ni quitter fa groffièreté, fa rufti-
cité. Vir indomita rufticitatis. Balzac appelle Démftérus, Écof-
fois, & Régent à Paris, l'indécrotable Démftérus; c'est-à-dire,
féroce & mal poli. Il faifoit allufion au malheur qu'ont les Ré-
gents d'Univerfité d'être fouvent crottez dans Paris.
INDÉCRO TABLE, fe dit auffi des chôfes, & fur tout des dif
cours, & il fignifie alors obfcur, inéxpliquable. Inexplicabilis,
obfcurus. Il y a dans cet Auteur des endroits indécrotables. Voilà
un paffage indécrotable.

Ce mot et toujours bas & burlesque. Il s'eft fait par métaphôre de
décroter, qui veut dire ôter les crotttes d'un habit, des fou-
liers, & il fignifie qui a des défauts qui gâtent, comme les crotes
gâtent un habit,& qu'on ne peut ôrer.

INDÉFINI, IE. adj. Indéterminé, qui n'a point de bornes cèr-
taines, ou auquel l'éfprit humain ne peut en concevoir. Inde-
finitus. Mr. Defcartes a fubftitué ce mot au lieu d'infini dans la
Philofophie, foit pour les nombres, foit pour les quantitez,
pour fignifier un nombre qu'on ne peut concevoir, fi grand
qu'on n'y puiffe ajouter une unité; une quantité fi grande qu'el-
le ne fouffre aucune addition. Il a dit que les aftres vilibles
& invifibles étoient en nombre indéfini, & non pas comme les
Anciens, qu'ils étoient en nombre infini; qu'une quantité fe
pouvoit divifer en plufieurs parties, en un nombre indéfini, &
non pas à l'infini.

INDÉFINI, IE. Tèrme de Grammaire. Il fe dit des noms, des
pronoms, des vèrbes, des particules, des articles, des dic-
tions mifes dans un fens vague & indétèrminé. On appelle pré-
térit indéfini dans la langue Françoife, ce que les Grècs appel-
lent Aorifte, abgisor de la particule privative a, & de ős,
finis; parce qu'il a une fignification moins détèrminée dans le
paffe. On s'en fert pour raconter ce qui eft arrivé, pourvû que
ce ne foit pas dans le jour même que l'on parle, j'allai hier.
Vaugelas & quelques autres donnent à ce prétérit le nom de
défini. Mais les Grammairiens le nomment indéfini.

Pour les articles indefinis, ils s'employent dans le même fens. On
met du devant un nom mafculin qui commence par une con-
fone, & de la, devant un fubftantif féminin qui commence
par une voyelle : j'ai du vin: de la viande: d'éxcellents raifins.
Au pluriel le prémiér cas de l'article indefini, ou fon nominatif &
fon quatriême cas, ou fon accufatif, eft de, comme De faux
fçavants en font accroire; Des par éxemple, Des fçavans èr-
rent quelquefois; Des demi fçavans s'imaginent ne rien igno-
rer, D'excellents vins fûrent fervis à ce repas, D'honnêtes fem-
ines ne fe donnent point ces libèrtez, Des matrones grâves ne
paroiffent jamais dans de pareilles affemblées. Le fecond cas a
de: Une quantité de bien, une pinte d'eau,une troupe de gens in-

connus

connus m'aborda. Le troifiême & le fixiême, c'est-à-dire, le datif & l'ablatif, prend à de, & à des: aux. A de grands fèrvices des recompenfes ordinaires ne fuffifent pas. C'est une éxtréme foibleffe à des Sçavans, de ne pouvoir fouffrir qu'on les contredife, & qu'on les réfute. Il faut aux grands hommes de grandes occafions.

Le P. Buffier ne reconnoit d'article indéfini que de, pour le génitif, & à pour le datif à tous les nombres, & à tous les genres. Tout le refte, felon cet Auteur, eft une troifiême éfpèce d'article, qu'il nomme partitif, dont le premier cas eft du, de la, de le au fingulier. Du bien, de la paille, de l'eau, de la naiffance, de l'efprit, de l'argent. Au pluriel des & de, des Sçavans ont èrré; de faux fçavans fe font écouter. Le fecond cas de: pour les deux nombres, une quantité de bien, une pinte d'eau. Le troifiême cas à du, à de la, à pour le fingulier ; & à des, à de pour le pluriel. N'afpirer qu'à du bien; comparer à de la paille; J'ai oui dire à des fçavans.

Quoique le P. Buffier ait fans contredit traité ce qui regarde les articles plus fçavamment & plus exactement qu'on ne fait d'ordinaire, ceci ne nous paroit point encore aflez jufte; tâchons de le déveloper & de le rectifier. 1°, Et d'abord remarquons que ce qu'on nous donne pour article eft quelquefois une diction fimple, Le, la, les, de, des; & qu'il eft quelquefois compôle de deux ou même de trois dictions monofyllabes; comme de le, de la, à du, à de la, à des, à de. Et de même encore du, au, des, & aux. Je dis & de même encore; car du eft la même chôfe que de le, dont il s'eft formé, & des la même chôfe que de les, & au la même chôfe que à le, & aux la même chôle que à les, comme nous en avons déja marqué quelque chofe au mot Au, Tom. I. p. 700.

II°. De ces deux ou trois dictions qu'on joint ensemble il n'y en a jamais qu'une qui au vrai foit article, à fçavoir le, la, ou les: De & a ne font point des articles, ni des parties d'articles, ce font des prépofitions. En éffèt, de & à mis devant le, la, les, c'est-à-dire, joints à l'article, ne deviennent pas plus articles pour cela qu'ils deviennent noms quand on les joint à un nom : dans de Pierre, à Pièrre, de Rome, à Rome, ce n'est point ces deux dictions prifes enfemble qui font un nom; c'eft Pierre tout feul, Rome tout feul, qui font nom; pour de & à ce font des prépofitions, dont nous nous fèrvons pour éxprimer les différens rapports que peut avoir un nom. Car comme dans nôtre langue les noms, les pronoms, & les articles ne fe varient pas par des différentes tèrminaifons qu'ils prennent, & qu'ils changent pour marquer ces rapports, de même qu'en Grèc, en Latin, & en quelques autres langues; nous nous fervons pour cela des prépofitions de & à. Ainfi comme dans de Pierre, à Piere, de & à ne font point nom, mais prépofitions, ils ne font donc pas non plus article dans de le, de la, du, à le, à la, au, à du, à de la, des, à des, aux, mais prépofitions: car ces monofyllabes ne changent point de nature pour changer de compagnie, fi je puis ainfi parler; elles font toujours la même chôfe, foit avec un nom, foit avec l'article, c'est-à-dire, elles font toujours ce qu'elles font en elles mêmes, des prépofitions. III. Il s'enfuit delà que ne donner pour article indéfini que de & à, c'eft n'en point donner du tout. Car ce qui n'eft point article ne peut être article indéfini, comme ce qui n'eft point animal, ne peut être animal raifonnable. Il eft bien vrai que de & à le trouvent fouvent fans autre article devant des noms, qui ont un fens indéfini, comme, Degrands fervices ne font fouvent que des ingrats; A de grands fervices les récompenfes ordinaires ne fuffifent pas. Mais il ne s'enfuit pas que à & de foient là articles; il en faut feulement conclure, ce qui eft très-vrai, que le fens indéfini exclut fouvent l'article,qu'il ne le demande pas toujours. En un mot ce font là des phrâfes, des locutions indéfinies, mais il n'y a point là d'articles indéfinis.

IV. Il s'enfuit encore de là qu'il n'y a donc d'articles que le, & la pour le fingulier, & les pour le pluriel.

PLURIEL.

DE GENRE COMMUN.
Prémier Cas: Les, des.
Second Cas: Des.
Troifiéme Cas: Aux, à des.

valent autant

Il faut fe fouvenir toujours que du, au, des, aux,
que de le, à le, de les, à les, ou plûtôt que c'est de be, à le, de
les, àles, abregez par ufage & par corruption.

yo. Voici toutes les combinaifons de ces trois articles, ou comme on parle en Grammaire, toute leur déclinaison.

SINGULIER

ARTICLE MASCULIN.

Prémier Cas: Le, de le, du.
Second Cas: De le, du.

Troifiême Cas: Ale, au, à de le, à du.

ARTICLE FÉMININ.

Prémier Cas: La, de la.
Second Cas: De la.
Troifiême Cas: A la, à de la.

VI°. Ces articles, non plus que les noms, ne font de foi ni défi-
nis ni indéfinis; ils ne font l'un ou l'autre que par le fens de la
phrâfe où ils fe trouvent, de même que les noms. Ces articles
comme les noms peuvent donc avoir un fens défini, & un fens
indéfini. De plus, il faut reconnoitre avec le P. Buffier, une troi-
fiême éfpéce d'article, qu'il nomme très-proprement partitif,
parcequ'il défigne la partie d'une chôfe, ou d'un tout. La diffi
culté eft de démêler, & de détèrminer dans ces articles quels
font ceux qui font définis, ceux qui font indéfinis, & ceux qui
font partitifs. Pour le faire, il faut voir quelle idée on attache
à ces noms défini, indéfini, (car pour celui de partitif, il est
clairement éxpliqué & s'entend affez) & quelle notion, quelle
étendue on leur donne. Le P. Buffier entend par un nom pris
dans un fens défini,celui lequel foit par lui même, foit par fes circonf-
tances défigne un objet particulier, ou une même espéce d'objets; ce
qui fait, ajoute-t-il, deux fortes de fens définis, l'un individuel,
l'autre fpécifique. Je crois que c'eft érendre trop loin la fignifica-
tion du fens défini; car fouvent au moins cette feconde forte de
fens défini qu'il appelle fpécifique eft véritablement un fens indé-
fini. Par exemple, L'Idolatre & le Mahometan eft plus fidéle ob-
fervateur de la Religion que le Chrétien. L'Idolâtre, le Maho-
métan, le Chrétien, ou au pluriel les idolâtres, les Mahomé-
tans, les Chrétiens, font ici des tèrmes définis. Ils renferment
cependant de foi une totalite fpécifique. Auffi cet Auteur ayant
renfermé dans le défini, non feulement l'individuel, mais auffi
toutes les totalitez fpécifiques, il n'a plus trouvé pour article in-
défini, que des particules, qui ne font nullement articles, mais
prépofitions, comme je l'ai montré ci-deffus. D'ailleurs, il met
dans fes articles partitifs des articles qui font pour le moins au-
tant indéfinis que partitifs; ceux-ci, par exemple, Du bien, de
la naiffance, de l'esprit, donnent de l'accès dans le monde. Se peut-
il dire que de la naiffance, de l'éfprit, ayent un fens partitif? Il y a
différentes éfpéces ou degrez de nailfance, & d'éfprit, mais il
n'y a point de parties de naiffance. Cette phrâfe a donc un fens
indéfini, parcequ'on ne dit point quelle éfpéce, & quel degré
de naiffance,d'éfprit &c. donne de l'accès dans le monde, mais
elle n'a point de fens partitif, parcequ'on n'entend pas plus par-
ler de partie que de tout, ou de totalité, & qu'on ne prétend
point dire que ce foit feulement une partie de bien, une partie
de naiffance, une partie d'éfprit qui donne de l'accès, comme
quand on dit, donnez-moi du pain, on ne veut pas que vous
donniez tout le pain, mais feulement un morceau du pain.
VII. Si nous ne cherchons qu'une définition de nom, il n'est pas
difficile de dire ce que c'eft que défini & indéfini; le prémiér
fignifie ce qui eft déterminé, & marqué, defigné en particulier:
l'autre ce qui eft indéterminé, vague, général, qui fignifie
plufieurs chôfes fans défigner l'une plutôt que l'autre; mais ce-
la ne fuffit pas, il faut une définition de chôses, c'est-à-dire, qu'il
faut déterminer quelles font les chôses renfermées fous ces
noms défini & indéfini. Et c'est la difficulté. Voici ce que j'ai
penfé fur cela. 1°, Quand la chôse dont on parle dans une
phrâfe, l'objet dont on parle ; ou pour parler en tèrme de Dia-
lectique, quand le fujet d'une propofition eft marqué & distin-
gué de tout autre, enforte que l'on peut dire, c'eft un tel, ou
une telle chôfe en particuliér; ou ce font telle & telle, telles &
telles chôfes; la phrâfe ou la propofition eft définie, elle a un
fens défini quand on ne peut point dire précisément c'est un tel,
ou une telle chôse; ou ce font tels & rels, la propofition eft in-
définie. 2o, Le fujet d'une propofition eft toujours ou un être par-
ticulier, qu'on appelle individu, fuppôt, ou un affemblage
de plufieurs chôfes particulières, une totalité. 3°, Cette totalité
eft de deux fortes; une totalité métaphyfique (qu'il me foit pèr-
mis d'ufer de ces tèrmes) & une totalité phyfique. J'appelle
totalité métaphyfique, l'affemblage de plufieurs éfpéces qui font
un genre, ou de plufieurs individus qui font une éfpéce. J'appel-
le totalité physique, l'affemblage de plufieurs parties qui font
un tout. Et il faut remarquer que le même tèrme & la même
chôfe peut quelquefois fignifier & être ou une totalité meta-
physique, ou une totalité phyfique, felon qu'on les regarde ou
comme des genres compôlez de plufieurs éfpèces, ou des éfpé-
ces compofées de plufieurs individus, ou comme des tours
compofez de plufieurs parties phyfiques & fubfiftantes réelle-

ment

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