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DÉFENSE UR

DES OPPRIMÉS.

L'abonnement de ce journal qui paroît trois fois la semaine, les mardi, jeudi et samedi, est pour Paris de 30 livres pour un an, 16 livres pour six mois et 9 livres pour trois mois, et pour la province de 33 livres pour un an, 18 livres pour six mois, et 1o livres 10 sols pour trois mois. On souscrit à Paris chez Madame Bégirard, rue du petitCarreau, numéro 18.

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Du 19 Mars 1791.

NOUVELLES

DE PARIS.

ASSEMBLÉE NATIONAL E.

Séance du Lundi 14.

M. de Montesquiou a été porté au fauteuil.

Il n'est pas inutile d'observer

que l'assemblée nationale prodigue ses faveurs à ceux-mêmes qui ne cessoient de mendier celles de la cour. Qelque révolution qu'éprouve un état, les courtisans n'en sont jamais les victimes. Elle ne change même rien à leurs habitudes. Ils trouvent toujours de l'occupation. Ils se traînent

aux pieds de la puissance du jour, quelque méprisable qu'elle soit ; ils ramperoient devant un insecte. L'encensoir ne tombe point de leurs mains, ils le soulevent vers un autre piedestal, ils ne font que changer d'idole. MM. de Lameth, de Montesquiou, et tant d'autres qui ne valent pas l'honneur d'être nommés n'ont été connus dans l'ancien régime que par leurs bassesses, que par leur lâche assiduité à solliciter des graces qu'ils arrachoient à la faveur, et déroboient au mérite. Le plus grand tort de la cour est d'avoir donné de l'éclat à des hommes, qu'il falloit laisser végéter dans l'obscurité. Ses imprudentes bontés ont eu le prix qu'elles devoient avoir. De l'ingratitude, des calomnies, d'horribles noirceurs, voilà ce qu'il faut attendre de ces vils flatteurs, quand ils s'agenouillent devant un nouveau pouvoir. L'assemblée nationale ne cesse de reprocher amèrement à la cour sa foiblesse pour les intrigans. L'assemblée nationale a raison de blâmer cette foiblesse, très-condamnable, sans contredit. Mais l'assemblée ne mérite-t-elle point le même reproche? Les mêmes intrigans qui ont égaré la cour, ne l'égarent-ils point? Après avoir entraîné la premiere dans des excès difficiles à excuser, n'ont-ils point entraîné l'autre dans des excès plus coupables encore? M. de Montesquiou étoit au château de Versailles au faite de la faveur, aujourd'hui il préside une assemblée qui.. . que de réflexions ce rapprochement fait naître ? L'abeille abandonne la rose, dont elle a pompé tout le suç, et vole

vers celle qui vient d'éclôre; voilà le cour

tisan.

Dans une constitution républicaine, les élections occupent une très-grande place, et forment un article très - important. Il est donc tout simple que la question de savoir quels seront les juges compétens des contestations relatives au droit d'élection, soit discutée dans l'assemblée nationale avec beaucoup de chaleur, et y excite de vives agitations. L'embarras des démagogues est facile à concevoir. Armerontils d'une pareille autorité les conseils ou directoires des départemens? Les conseils ou directoires des départemens sont dans la dépendance du pouvoir exécutif; et l'on sait que le nom seul du pouvoir exécutif fait trembler le côté gauche. Cette crainte n'est pas ce que les circonstances offrent de moins extraordinaire. Le roi effrayer l'assemblée nationale! Elle a donc, ainsi que les enfans, peur d'une ombre. Les tribunaux seront-ils revêtus de ce pouvoir? Ah! Dieu! Gardons-nous en bien, ce seroit ressusciter l'autorité des anciens corps judiciaires. Que faire donc? Investir l'assemblée nationale de cette nouvelle puissance, afin que ce gouffre politique dévore tous les genres d'autorité. C'étoit là l'opinion de l'extrémité du côté gauche. Le centre l'a un peu modifiée ; et il a été décrété que les difficultés relatives à l'élection des membres du tribunal de cassation, du haut juré et du corps législatif, seront exclusivement de la compétence du corps législatif. Les contestations relatives à la régularité des convocations, à la formation et à

la tenue des assemblées primaires, seront décidées par les corps administratifs, sauf le recours au corps législatif.

Le côté gauche se peuple d'évêques. Les démagogues distribuent les croix avec autant de profusion qu'ils distribuent les fusils. Chaque jour voit éclore un évêque, ils se multiplient comme les chenilles dans la canicule. On n'a jamais tant juré et sacré. Aujourd'hui c'est M. de Lydda qui joue un rôle dans cette farce constitutionnelle. Il est élevé au siége épiscopal de Paris. Dans l'excès de sa joie et de sa reconnoissance, il vole à l'assemblée nationale, s'élance à la tribune, et prononce, hors d'aleine, un discours qui annonce que Mgr. l'évêque de Paris ne se possède plus. Le voici; il est curieux: » Messieurs, la confiance détermine le choix, l'acceptation du choix impose des obligations. Quant à moi, messieurs, qui me trouve honoré de celui du corps électoral de Paris pour le siége épiscopal et métropolitain de ce département, je m'impose un devoir particulier qui doit précéder mon installation. Oui, messieurs, vous êtes les représen tans du souverain et nos législateurs (on assure que l'effet d'une joie excessive a fait conduire beaucoup de gens aux petites maisons, ce qui me fait trembler pour Mgr. l'évêque de Paris. ) Vous avez régénéré le siége auquel on m'élevé. (Si cela est, M. de Lydda a tort de s'y asseoir.) Je vais être votre créature; (tout le monde le dit; ) et en même-tems votre pasteur; (le pasteur du côté gauche M. le pasteur aura là un joli troupeau.) Parce que vous avez accordé

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